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INTRODUCTION

Cette deuxième partie vise à analyser de façon méthodique les paysages retenus. Il s’agit de déterminer pour les bassins versants de Kamech, d’El Hnach et d’Abdeladim, les structures verticales et latérales qui les caractérisent et ce dans le but d’étudier, d’une part, leurs organisations respectives et, d’autre part, le cheminement des flux hydriques qui s’y produisent. C’est grâce à la notion de segment de paysages, que cet objectif peut-être atteint. Comme cela est sous-entendu dans la définition de cette notion, l’établissement des segments de paysages et par là même l’élaboration des modèles d’organisation qu’ils représentent, réclame une double opération. D’une part, il est nécessaire de mettre en évidence les cadres topographiques utiles à leurs délimitations spatiales et d’autre part il faut déterminer leurs contenus c’est-à-dire les différentes structures verticales (et leurs extensions latérales) qui permettent leurs déterminations organisationnelles et dynamiques. En d’autres termes, cela revient à matérialiser les facettes topographiques puis à leur attribuer un contenu mésologique.

La mise en œuvre de ce type de modèle nécessite un niveau de synthèse suffisant pour être pertinent et véritablement explicatif : les huit mois effectifs passés sur le terrain ont permis d’amasser une quantité de données très importante sur les organisations élémentaires de la géosphère. Il est de ce fait impératif de résumer ces observations de terrain pour obtenir un niveau d’abstraction tel que seuls les éléments essentiels restent. Toutefois, il est également important de conserver suffisamment de détails pour que les unités définies conservent leur caractère propre et ne tombent pas dans la banalité. Il s’agit donc de mettre en œuvre toute une série de traitements statistiques dont le but est la réalisation de cette synthèse.

L’objectif de cette seconde partie est de nous amener progressivement au cœur des paysages étudiés et de montrer l’ensemble des étapes utiles à la différenciation des unités qui les caractérisent. Elle présente ainsi au travers de trois chapitres, les données collectées, les traitements qu’elles permettent ainsi que les résultats (partiels) établis en vue de cartographier les segments de paysages et de « modéliser » les paysages concernés. De cette manière, le chapitre IV est rédigé dans le but de caractériser les types de facettes topographiques que l’on rencontre dans nos trois bassins versants. Il présente à la fois les données, les traitements et les résultats obtenus. Il fixe ainsi, d’une certaine manière, les cadres spatiaux des segments de paysages. Les deux chapitres suivants (V et VI) visent alors à définir leurs contenus mésologiques : ils correspondent respectivement à la typologie des hoplexols puis à la typologie des géons de la géosphère. Là encore, chaque étape présente les données nécessaires, les traitements réalisés et les résultats proposés. Notons toutefois que si à la fin de cette partie il est possible d’avoir une vision globale des paysages et de leurs dynamiques, les modèles définis et les interprétations finales des organisations spatiales et de leurs dynamiques hydriques n’y sont pas encore présentés : ils apparaissent à la fin de l’étude et figurent à ce titre dans la troisième partie du rapport.

Avant d'entrer dans le vif du sujet il faut encore préciser que les analyses statistiques présentées dans les pages qui suivent, du moins celles relatives aux organisations verticales du milieu naturel, réalisent des traitements conjoints des données recueillies sur les trois paysages. Cela est nécessaire à des fins de rapprochement et de comparaison. C'est donc les trois paysages brièvement présentés dans le premier chapitre qui prennent part à cette analyse

et tous les résultats formulés dans cette partie y font donc référence. Compte tenu de ce fait, il apparaît comme normal qu'à la fin du rapport, la cartographie des segments de paysages soit également réalisée pour chacun des trois bassins versants. Malheureusement dans le temps qui nous est imparti, seul le paysage de Kamech sera traité en totalité, c'est-à-dire jusqu'à la différenciation des segments de paysages et l'analyse des comportements hydrodynamiques. Celui-ci est choisi pour trois raisons :

• Tout d'abord c'est le seul espace pour lequel toutes les toposéquences sont représentées graphiquement. Vu le temps disponible et devant l'ampleur de la tâche à réaliser pour achever ces représentations graphiques sur les deux autres paysages, nous sommes dans l'impossibilité de formuler la totalité des modèles.

• Ensuite le paysage de Kamech est celui où les flux d'eau sont les plus visibles et pour cause… c'est le seul où cette eau se trouve en quantité suffisante pour pouvoir être visualisée sur le terrain. En outre, les processus de transformation de la matière auxquels ils conduisent sont fort intéressants à analyser d'un point de vue spatial car ils mettent en avant des éléments importants à la compréhension des circulations d'eau dans le milieu naturel.

• Enfin c'est le plus étudié par les hydrologues et les pédologues du LISAH. De ce fait de nombreuses données issues de dispositifs variés sont disponibles sur cet espace. Ces données pourront, dès que cela sera possible, être utilisées à des fins de validation des systèmes établis. En outre, plusieurs personnes travaillent actuellement pour tenter d'estimer ses flux à partir de modèles de simulation semi-distribués… Elles pourront peut- être envisager de s'appuyer sur nos résultats pour paramétrer leurs modèles et orienter leurs réflexions.

Il apparaît clairement que de ne pas formuler les modèles finaux sur les trois paysages présentés dans cette thèse et sur lesquels s'appuient l'ensemble des traitements nous laisse un peu sur notre faim et provoque un certain déséquilibre dans cet ouvrage. Mais cela est nécessaire pour pouvoir espérer terminer dans les temps.

L'orientation donnée au paysage et à son analyse ne résulte pas d'un choix fortuit : le paysage s'étudie ici dans le sens de l'eau, c'est-à-dire de l'amont vers l'aval, car les principales dynamiques qui conduisent à son organisation (et réciproquement) suivent cette orientation. En ce sens, le paysage s'apparente au géosystème (modèle spatio-temporel, reposant sur une interconnexion par échange de matière et d'énergie entre substrat, sol, eau, masses d'air et communauté d'êtres vivants, hommes compris - Da Lage et Métaillé, 2000) de la science du paysage soviétique, même si cette notion est beaucoup plus riche du fait du nombre d'éléments et de processus qui entrent théoriquement dans sa définition (Rougerie et Beroutchachvili, 1991).

Figure 3.4 : La synthèse paysagère du matériau au paysage.

L'analyse du paysage se fait donc dans le sens de l'écoulement de l'eau, en abordant les différents milieux que sa dynamique (et la dynamique érosive qui lui est étroitement liée) met en place. Cependant, de par sa nature "englobante" le paysage impose une multiplicité de combinaisons et la complexité induite par cette multitude rend impossible, en l'état actuel des connaissances, la création d'un modèle d'ensemble comme il en existe pour les segments par exemple (Richard, 2001). Ainsi, chaque paysage est considéré comme un système unique, ce qui rend difficile, voire impossible, la conceptualisation (Bertrand, 1978a.. In. Rougerie & Beroutchachvili, 1991) et par conséquent la comparaison directe de paysages entre eux. Ceci est en outre traduit par le fait qu'aucun langage issu de l'ATM n'est proposé à ce jour pour définir les types de paysages qui existeraient à l'échelle du globe ou tout du moins de ses régions.

Quoi qu'il en soit, il est tout de même possible, après l'analyse fine d'un paysage donné, d'élever ce dernier au rang de modèle. Le travail doit être d'ailleurs réalisé dans ce sens : comprendre comment le milieu s'organise selon la verticale et l'horizontale depuis l'élément jusqu'à la structure d'ensemble qui regroupe les différents éléments et dont l'arrangement définit le paysage. C'est dans ce sens que s'oriente cette thèse : caractériser les segments de paysages au travers de l'analyse de différentes séquences paysagiques puis formaliser les successions définies dans un (des) modèle(s) spatial(aux) afin de déterminer et de comparer les organisations les dynamiques présentes sur les paysages de Kamech, d'El Hnach et d'Abdeladim et les rapports qu'ils entretiennent dans le cadre du cycle de l'eau.

CONCLUSION

Ce troisième chapitre fixe donc les cadres de l'analyse du milieu naturel et des paysages tels qu'ils sont présentés par l'ATM. Depuis l'hoplexol, niveau le plus élémentaire de l'analyse, jusqu'au paysage, niveau le plus global que nous sommes amenés à considérer, le suivi de ces règles permet de caractériser et de comprendre les agencements verticaux puis latéraux du milieu naturel. En d'autres termes cela est utile à l'explication précise et complète de l'organisation de la géosphère et par là même de celle des flux qui y circulent.

La délimitation des hoplexols ainsi que le l'inventaire des composantes qui s'y inscrivent correspondent au point de départ de l'analyse : réalisée sur le terrain cette première étape cherchera à déterminer le plus grand nombre possible d'hoplexols pour garder le maximum de précision pour la suite des traitements. Ce faisant, définir des hoplexols équivaut à caractériser l'hétérogénéité et la complexité du milieu naturel.

Rassemblés par la suite en relevés de milieu (successions verticales d'hoplexols en un point donné) et étudiés en fonction des changements qui surviennent dans les successions verticales d'enveloppes de la géosphère, les hoplexols permettent la caractérisation des unités paysagiques élémentaires : les géons et des géotopes. Les ensembles ainsi définis se caractérisent à la fois en fonction de leur complexité et de leur développement mais aussi, et surtout, en fonction de leurs extensions spatiales. Ils ajoutent de cette manière la dimension latérale à l'analyse du milieu naturel et permettent de passer d'un niveau ponctuel à un niveau aréolaire. A ce titre, le passage d'une échelle à l'autre est réalisé grâce au suivi des changements entre les différents relevés de milieu positionnés le long d'une toposéquence. Les géons assurent ainsi la définition d'un contenu du milieu naturel. Cette unité paysagère est donc nécessaire à la compréhension globale du milieu naturel. Toutefois, compte tenu du fait qu'elle n'intègre pas les contraintes topographiques dans sa définition, il est nécessaire de s'intéresser à une maille paysagère plus englobante : le segment de paysage. Associant des géons au sein d'enveloppes topographiques placées entre deux ruptures de pente, les segments de paysage sont les éléments clés pour expliquer les organisations latérales et verticales présentes dans la nature. Ce sont ces entités que nous chercherons à matérialiser et à décrire précisément dans la suite de ce rapport pour expliquer les cheminements de l'eau dans les bassins versants retenus ici. C'est d'ailleurs à partir de ces unités spatiales qu'il est possible de caractériser les paysages. Représentant des séquences paysagiques le long desquelles se répartissent des segments de paysages et qui se répètent toujours à l'identique, les paysages sont les ensembles les plus vastes que l'on sera amené à considérer ici. Procédant de par synthèses successives, le milieu naturel est analysé de manière fine, complète et précise. C'est d'ailleurs cette démarche théorique qui fut suivie tout au long de cette étude, depuis le terrain jusqu'à la définition finale des paysages. Les étapes nécessaires à sa mise en place et les résultats qu'elle propose sont à ce titre présentés dans les chapitres suivants.

DEUXIEME PARTIE

DONNEES ET TRAITEMENTS :

DU TERRAIN VERS UN MODELE

D'ORGANISATION DU MILIEU NATUREL…

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