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LA TYPOLOGIE DES FACETTES TOPOGRAPHIQUES

IV. 1.2 Les facettes topographiques de Kamech.

Sur le bassin versant de Kamech, le travail de délimitation des facettes topographiques a été réalisé au printemps 2002 par Faiza Allouch-Khébour, Meriem Labiadh, Jean Morschel et Elise Temple-Boyer lors d'une étude préliminaire dont le but était de déterminer les chemins de l'eau sur cet espace. Le travail effectué sur une durée approximative d'un mois, a permis la collecte de quelques 1305 facettes topographiques (figure 4.1) caractérisées en fonction des règles énoncées dans le premier point de ce paragraphe.

Parmi l'ensemble des facettes relevées sur le terrain, seulement 869 prennent effectivement part à l'analyse typologique. En effet, 436 facettes répertoriées se répartissent dans deux ensembles directement discernables sur le terrain et sont par conséquent exclues des

traitements qui permettent de déterminer les types d'unités topographiques : les facettes anthropiques telles que les pistes, les routes et les habitations d'un côté et les facettes du réseau hydrographique correspondant aux lits "mineurs" des oueds, ravins, ravines et rigoles remarquables, de l'autre.

Figure 4.1 : Les 1305 facettes topographiques retenues sur le bassin versant de Kamech.

(D'après les levés de terrain réalisés par Allouch-Khébour, Labiadh, Morschel et Temple-Boyer, Mai/Juin 2002).

Il convient toutefois de préciser que ces facettes particulières sont ajoutées à la classification finale et qu'elles prennent donc place dans le découpage en segments de paysage. Leur importance est d'ailleurs à signaler dans la caractérisation et l'explication du cheminement de l'eau dans le milieu naturel. Cela semble évident en ce qui concerne les lits mineurs des cours d'eau puisqu'ils représentent les principaux drains collecteurs dans le paysage. En revanche, l'importance des axes anthropiques tels que les pistes et les routes dans la collecte et la concentration du ruissellement est souvent négligée. Dans le cas présent, ils sont, dans la

mesure du possible raccordés au réseau hydrographique naturel afin d'être pris en compte dans l'analyse.

Figure 4.2 : Les données quantitatives caractérisant les facettes topographiques de Kamech.

(D'après les levés de terrain réalisés par Allouch-Khébour, Labiadh, Morschel et Temple-Boyer, Mai/Juin 2002).

Les facettes topographiques répertoriées et cartographiées sont définies en premier lieu par des paramètres quantitatifs : l'altitude moyenne, la pente moyenne et l'orientation moyenne. La figure 4.2 montre ces trois paramètres ainsi que leur répartition spatiale.

Ces paramètres chiffrés présentent un double intérêt. Ils autorisent en effet des traitements statistiques et sont par conséquent à la base des classifications réalisées. Ensuite, ils sont d'une importance majeure dans l'analyse des dynamiques du milieu qu'ils conditionnent au moins pour partie. Ainsi, un type de facette donné sera avant tout composé d'une classe d'altitude, d'une classe de pente et d'une classe d'orientation. Autant d'éléments qui entrent en considération dans la définition des dynamiques érosives globales et dans la succession de ces dynamiques dans le paysage.

POUR COMPRENDRE LES CHOIX REALISES. Il est important de noter que les valeurs moyennes d'altitude, de pente et d'orientation par facette topographique utiles aux traitements ne sont pas celles qui sont directement mesurées sur le terrain. Elles proviennent d'un couplage avec un Modèle Numérique de Terrain (MNT) sous support SIG. Deux raisons justifient ce choix : tout d'abord car il était impossible d'obtenir une mesure précise de l'altitude faute d'avoir un instrument adapté (pas d'altimètre disponible, mesures altimétriques interpolées à partir d'un GPS trop hasardeuses)… Ensuite, les mesures de pente et d'orientation réalisées avec un clinomètre et une boussole ne fournissaient pas non plus de valeurs suffisamment fiables pour pouvoir être utilisées. L'exemple présenté en figure 4.3 montre les différences entre les valeurs de pente mesurées sur le terrain et les valeurs moyennes obtenues grâce au MNT.

Figure 4.3 : Comparaison entre les valeurs de pente mesurées et les valeurs de pente moyennes calculées à partir du MNT.

Cette carte montre le résultat de la différence entre ces deux valeurs (terrain - MNT) et permet de déterminer les différences systématiques qui apparaissent entre les deux modes d'obtention de l'information.

(D'après les levés de terrain réalisés par Allouch-Khébour, Labiadh, Morschel et Temple-Boyer, Mai/Juin 2002).

Il est possible de constater que les écarts sont nombreux et qu'ils apparaissent tant en terme de surestimation (cas majoritaire) qu'en terme de sous-estimation des mesures de terrain par rapport au MNT. Mais au delà de cet aspect élémentaire, le fait que ces erreurs soient systématiques est à relever : la grande majorité des cas de surestimation des mesures de terrain ont lieu lorsque la pente des facettes topographiques est moins accentuée et inversement, la majorité des cas de sous-estimation apparaît dès lors que la pente est très marquée. Ces différences retournent de plusieurs facteurs : les mesures de terrain sont parfois réalisées trop rapidement ou par divers opérateurs ce qui entraîne inéluctablement des erreurs. Mais aussi, chaque facette sur le terrain est caractérisée par un seul levé situé à mi-pente. Ceci a tendance à lisser tous les petits changements d'inclinaison qui surviennent dans ces ensembles (comme par exemple les concavités et les convexités) car aucun versant n'est jamais parfaitement rectiligne, même s'il est décrit comme tel. Les moyennes extraites du MNT en revanche tiennent compte de ces changements et apparaissent donc comme plus précises que les mesures de terrain. Le problème de la mesure des orientations est d'ailleurs similaire même s'il est moins flagrant. C'est pour ces raisons que le choix d'employer les valeurs moyennes fournies par le MNT est effectué.

En outre, ce choix est aussi motivé par le souhait d'utiliser des valeurs issues d'une même source d'information afin d'éviter les déformations inhérentes à des données de résolution différente. Les altitudes ne pouvant être obtenues que par traitement numérique il semble alors logique de se rabattre vers cette source d'information pour quantifier les deux autres paramètres.

Outre les variables quantitatives qui viennent d'être présentées et qui sont à la base de la typologie des facettes topographiques, des variables qualitatives (figure 4.4) sont aussi relevées pour caractériser les ensembles définis sur le terrain. Le jeu de données auxquelles elles renvoient n'est pas pris directement en compte dans les traitements statistiques mais sont des aides précieuses dans la description des types obtenus et dans l'interprétation des dynamiques hydriques et érosives qui les caractérisent.

Figure 4.4 : Les données qualitatives caractérisant les facettes topographiques de Kamech.

Les variables retenues dans le cas de Kamech (figure 4.4) sont :

• Les types d'écoulement (figure 4.4-A), caractérisés par 6 modalités,

• Les types de modelés (figure 4.4-B), définis par 8 modalités en ce qui concerne les facettes topographiques, complétés par 4 modalités décrivant les facettes du réseau hydrographique et 4 modalités pour les facettes anthropiques,

• Les types d'occupation du sol (figure 4.4-C), décrits par 9 modalités,

• Et enfin les types de pratiques culturales (figure 4.4-D), déclinées en 4 modalités. La caractérisation qualitative des facettes topographiques est dans ce cas essentiellement axée vers ce qui permet d'expliquer le cheminement de l'eau dans le milieu. Les descriptions sont simples et il apparaît clairement qu'elles sont incomplètes (aucune information sur la forme des versants par exemple). Mais malgré ces manques, elles fournissent tout de même une précieuse source de renseignements qui apporte des précisions sur les types de facettes issues des traitements réalisés sur les données quantitatives d'une part et qui, d'autre part, permet de faciliter les liaisons entre les facettes topographiques et l'analyse réalisée sur les profils verticaux de la géosphère. Il est toutefois important de noter que pour cette campagne de terrain aucun protocole de collecte des données n'était établi à l'avance puisque c'est cette première étude qui a permis sa définition. Il s'agissait du premier travail de terrain de l'équipe et bien des choses restaient à apprendre. Les études du même genre réalisées par la suite sont plus systématiques quant aux données collectées et offrent une richesse d'information qui n'existe donc pas pour Kamech.

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