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LA TYPOLOGIE DES ENVELOPPES DE LA GEOSPHERE

Les 5 derniers groupes définis rassemblent chacun très peu d'hoplexols, mais ils s'opposent

V. 2.4.2 Les groupes d'hoplexols du métaplexion strict.

V.2.4.2. f Les dynamiques particulières de la surface du sol.

Le sixième type d'hoplexol (TVI) présenté dans ce paragraphe n'inclut qu'un seul groupe

(t19) ne rassemblant lui-même qu'un seul hoplexol (tableau 5.29). Il correspond de ce fait à une dynamique tout à fait singulière qui fait depuis le début de l'analyse l'objet d'une description et d'une interprétation unique : il s'agit des bas-fonds humides de Kamech. Deux spécificités caractérisent cette organisation et permettent de définir ses dynamiques. Tout d'abord, la forte part de microgravelon dénote d'une tendance à l'accumulation globale des matériaux érodés plus en amont. Ceci n'est toutefois pas réservé à cette entité. En effet, de nombreuses accumulations de sables apparaissent dans les paysages sans pour autant être rattachées à cet ensemble. En revanche les fortes teneurs en nécrophytion et surtout en mélanumite laissent transparaître ses particularités les plus flagrantes : ce dernier matériau ne peut-être créé qu'en présence d'eau. En effet, il correspond à un stade très avance de la dégradation des végétaux morts (le nécrophytion) et présente une structure fondue qui pourrait s'apparenter à de la vase. L'odeur caractéristique des végétaux dégradés en présence d'une eau stagnante conforte d'ailleurs cette idée. Un contexte topographique, géologique et géomorphologique favorable à la rétention de l'eau dans les sols, sur des périodes suffisamment longues, doit donc exister pour permettre à ce type de matériau de se former. Or

ce contexte particulier n'existe que dans de très rares cas et renvoie nécessairement à des cheminements de l'eau dans le milieu qui le distingue des autres formes d'accumulations sableuses et impose son intégration dans un type différent…

Tableau 5.29 : la surface du sol des bas-fonds humides de Kamech.

TYPE Groupe Hoplexols

(nombre) Composition moyenne Interprétation…

TVI t19 1

(Dermilite, 46%), mélanumite (17%),

microgravelon (15%), nécrophytion

(12%), rhizophyse (7%), aérophyse (3%).

Position h-1 ; Les bas-fonds humides de Kamech… dynamique accumulative généralisée et tendance à la dégradation avancée des végétaux morts sous l'action de

l'eau stagnante…

Les questions relatives à la mise en place de la structure ne sont pas abordées ici car elles nécessitent, pour apporter des éléments de réponse pertinents, de s'intéresser au système de pente et au contexte géologique dans lequel elle s'inscrit. Toutefois, il est d’ores et déjà possible de préciser que cet ensemble connaît une dynamique fortement accumulative. En effet, du fait de l'importante végétation qui y prend place et de l'aplatissement de la pente en ces lieux les eaux de surface subissent un ralentissement notoire qui se traduit inéluctablement par une perte de leur capacité de transport. Les sédiments en transit cessent donc leur progression au niveau de ces unités et il en résulte des accumulations de matières minérales qui tendent à s'épaissir. Outre ce fait, il semble aussi que l'eau s'y infiltre de manière préférentielle et que l'absence de drainage hypodermique, du fait de la présence d'un affleurement de grès imperméable, directement en aval, conduit à un état de saturation des sols. Cette couche imperméable entraîne d'ailleurs la stagnation de l'eau dans les sols et participe au développement des processus de dégradation et de transformation des végétaux morts.

Le fait que ces particularités n'aient été rencontrées qu'une seule fois sur l'ensemble des relevés n'est en rien problématique dans une optique d'extrapolation. En effet, les secteurs présentant des formes similaires à ce relevé sont bien connus et facilement repérables sur les photos aériennes et les images satellitales.

Le tableau 5.30 permet de définir le septième type d'hoplexol (TVII), dans lequel un seul groupe composé d'un hoplexol unique prend place. Avec ce type apparaît une autre forme particulière de la surface du sol où se mêlent des éléments issus du transport hydrique, des concrétions ferrugineuses ainsi que quelques écailles de marnes non altérées.

Par sa composition, ce septième type d'hoplexol renvoie à des dynamiques complexes, qui apparaissent dans un contexte topographique et géologique bien particulier. En effet, les accumulations de microgravelons sableux se justifient facilement par la présence, à proximité, d'un affleurement gréseux permettant l'apport et le dépôt de ce matériau. Toutefois, du fait du système de pente dans lequel ce type d'hoplexol s'inscrit il est plus probable que l'on soit dans une dynamique transitive et que les particules ne fassent que passer avant d'être emportés plus en aval lors du prochain épisode érosif.

A l'inverse de ces processus, les concrétions ferrugineuses (et les morceaux de marnes non altérées mais détachées de l'ensemble auquel elles appartiennent normalement) connotent une dynamique fortement érosive. En effet, ce matériau se forme lors de la mise en place de la roche mère et correspond à la migration, à la concentration et à l'induration des oxydes de fer qu'elle contient. Il appartient donc théoriquement au domaine de l'infraplexion notamment

lorsqu’on est en présence d'un tanolite marneux. Le fait que ces concrétions se trouvent en surface témoigne donc d'un dysfonctionnement du milieu naturel. La seule explication permettant de justifier leur présence est donc l'action érosive qui conduit à dégager en grande partie les sols pour faire remonter la roche mère à l'affleurement. D'ailleurs, l'apparition de ce matériau en surface se produit très fréquemment dans les secteurs de ravinements (type bad- lands). Toutefois, dans le cas qui nous concerne, aucun ravinement n'est constaté, en revanche il est vrai que le système de pente dans lequel l'unique relevé qui constitue ce groupe s'inscrit (le versant d'une colline de la rive droite du bassin versant de Kamech) présente un très faible développement au niveau du métaplexion inférieur ce qui conduit inéluctablement à porter le tanolite marneux du substrat à affleurer. Quoi qu'il en soit, la présence de ce matériau en cette position et en ce lieu dans le paysage, traduit une dynamique très érosive.

Tableau 5.30 : la surface du sol sur un versant pentu et fortement soumis à l'érosion.

TYPE Groupe Hoplexols (nombre) Composition moyenne Interprétation

TVII t20 1

(Dermilite, 51%) microgravelon (23%),

blastolite (17%), aérophyse (5%),

nécrophytion (2%), alté-tanolite (1%), rhizophyse (1%).

Position h-1 ; Milieux de badlands et de talus subissant une ablation importante Décapage généralisé du sol et affleurement

de tanolite à proximité de l'épipause. Dynamique érosive à trans-érosive en proximité d'un affleurement de roche dure.

Il existe donc un antagonisme dynamique à l'intérieur de ce type avec d'un côté un caractère plutôt transitif et de l'autre une action érosive très marquée. De ce fait, il est probable que ce soit la seconde caractéristique qui l'emporte sur la première et que les microgravelons sableux ne restent qu'un temps très limité en ces lieux. Ce type est donc associé à une dynamique trans-érosive pour marquée par le caractère temporaire des accumulations qui se mettent en place et qui dépendent plus d'une rupture momentanée de la capacité de transport de l'eau que des conditions topographiques nécessaires à la mise en place d'une réelle dynamique accumulative. Du point de vue hydrique, le ruissellement à la surface du sol se fait de manière diffuse même si quelques rigoles peu marquées apparaissent (celles-ci pourraient toutefois conduire, si la dynamique érosive actuelle se perpétue ou s'accentue, à la formation d'un ravinement plus important). La faible profondeur des sols et la macroporosité limitée de l'ensemble doivent d'ailleurs contribuer à l'accroître fortement.

Le huitième type d'hoplexol établi à la suite des traitements numériques (tableau 5.31)

correspond une nouvelle fois à une particularité rarement rencontrée dans le milieu naturel. Seulement deux hoplexols sur la seconde toposéquence d'El Hnach constituent l'unique groupe qui y figure. Toutefois, là encore, ce type met en avant une dynamique très particulière qui fait ressortir, même si elle est très limitée spatialement (et donc négligeable en terme de contribution à la dynamique globale du paysage), des éléments dont il est important d’en tenir compte pour comprendre les dynamiques hydriques globales et le devenir des flux dans une partie du paysage d'El Hnach.

La teneur importante en microépilites kéritiques et en calcinite montre un colmatage progressif des pores du dermilite et sa transformation en un ensemble cohérent et compact qui laisse penser à la néo-formation d'une croûte calcaire (ou du moins un encroûtement ramolli) à la surface du sol. Ce phénomène est très probablement lié à des phases d'hydromorphie temporaires permettant la dissolution et la migration des carbonates et à des phases plus

sèches favorisant le dépôt en ensembles continus et cohérents. Ce processus est exacerbé par le fait qu’on se situe sur un versant nord, donc plus favorable au maintien de l'eau dans les sols durant une période suffisante pour permettre la migration des éléments. De plus, le fait que l'on se situe sur le revers géologique du relief de commandement calcaire joue également un rôle dans la mise en place de cette structure et ce pour deux raisons principales.

Tableau 5.31 : la surface du sol armée par des concentrations de calcaires.

TYPE Groupe Hoplexols (nombre) Composition moyenne Interprétation…

TVIII t21 2

(Dermilite, 33%), microgravelon (18%),

phorophytion (15%), calcinite (10%),

mésoépilite (9%), Aérophyse (8%), macroépilite (7%).

Position h-1 ; milieux où le dermilite s'arme d'une gangue calcaire qui tend à accroître sa cohérence et lui permet de résister aux agents érosifs… la dynamique est accumulative.

Tout d'abord, la structure géologique de l'ensemble, constitué par une alternance de couches marneuses et calcaires, est favorable à une lente circulation souterraine de l'eau précipitée sur le front des couches (et donc sur le versant sud…). Il est alors possible que ce cheminement particulier lui laisse le temps de se charger considérablement en carbonates qu'elle pourra, à loisir, déposer lors de son arrivée en surface et de son évaporation.

Ensuite, les sols qui se développent dans cet ensemble ne mesurent pas plus d'une dizaine de centimètres d'épaisseur, ce qui permet d'atteindre rapidement des concentrations nécessaires à la mise en place d'un encroûtement superficiel que seul l'écoulement de surface, trop rapide, ne permettrait pas. En effet, si l'eau devait suivre un cheminement long et complexe dans les sols, il est très probable qu'elle se déchargerait des carbonates qu'elle est susceptible de contenir, lors de la remontée capillaire liée à l'évaporation, bien avant qu'elle n'atteigne la surface du sol. Notons d'ailleurs, pour confirmer ce propos, que ce phénomène n'est jamais observé sur le glacis fossilisé de Q1 : l'épaisseur des sols est telle que l'eau souterraine remontante n'est plus suffisamment chargée lorsqu'elle arrive à la surface du sol pour permettre la formation d'une croûte superficielle. Quoi qu'il en soit, la mise en place d'une telle structure à la surface du sol témoigne d'une grande stabilité du milieu (la fixation de la croûte par des formes de végétation pionnières - le phorophytion- confirme cette hypothèse). Toutefois, si le laps de temps utile à la mise en place d'une croûte calcaire superficielle est assez court comparé à celui utile à la formation d'une croûte épaisse et profonde (telle qu'il est possible de l'observer sur Q1), il est nécessaire que le système reste en place pendant quelques dizaines ou même quelques centaines d'années avant que cela ne se produise… Il est entendu qu'il ne s'agit là que d'une hypothèse formulée à partir de quelques observations seulement, le long de la toposéquence concernée mais aussi de part et d'autre de celle-ci, sur l'ensemble du revers du relief de commandement. Elle ne semble d'ailleurs s'appliquer qu'en ces lieux, les croûtes calcaires profondes de Q1 renvoyant l'explication de leur origine à des processus similaires sur le principe mais très différents dans l'absolu.

Ainsi, malgré leur apparente rareté, les hoplexols de ce groupe renvoient à des cheminements particuliers de l'eau dont il est fondamental de tenir compte lors de la mise en place des modèles spatiaux explicatifs. En effet, les zones contributives qu'ils mettent en évidence s'étendent bien au-delà des quelques points d'observations permettant la définition de ce type d'hoplexols : l'ensemble des reliefs de commandement d'El Hnach sont concernés par ces phénomènes. Compte tenu de la superficie qu'ils occupent au sein de cet espace, il est aisé de comprendre l'ampleur de ce phénomène. Toutefois, la question du cheminement de l'eau dans

le paysage ne peut être traitée pour l'instant car elle implique bien évidemment de connaître l'ensemble des organisations verticales ainsi que leur arrangement latéral avant de pouvoir l'aborder… Elle apparaîtra donc avec la synthèse finale réalisée dans les chapitres suivants. En l'état actuel des choses, seules quelques pistes d'analyse utiles à la compréhension du milieu naturel et de ses dynamiques ne peuvent être formulées pour l'instant…

Le dernier type particulier qui ressort des analyses (TIX), présenté dans le tableau 5.32,

rassemble 5 hoplexols qui s'inscrivent dans un unique groupe (t22). Ces quelques enceintes de la géosphère mettent en avant une dynamique qui n'a pas été abordée précédemment et qui dépend d'une localisation très particulière : il s'agit de la couche superficielle du sol qui apparaît au sommet d'un ensemble d'altération sur un substrat gréseux.

Tableau 5.32 : la surface du sol en présence d'une altération avancée des affleurements gréseux.

TYPE Groupe Hoplexols (nombre) Composition moyenne Interprétation…

TIX t22 5 (Dermilite, 54%), microgravelon (24%), aérophyse (7%), mésoépilite (4%), rhizophyse (4%), macroépilite (3%), rhizagé (2%), nécrophytion (2%), gigaépilite (1%), hypso-régolite (1%), phorophytion (1%).

Position h-1 ; les hoplexols du domaine altéritique, localisés à l'aplomb d'affleurements gréseux sur Kamech, la dynamique de la pédogenèse conduit à laisser en place un amas sableux peu cohérent qui se retrouve sur tout le profil. Les dynamiques

sont autonomes à faiblement érosives.

La forte part de microgravelons sableux tendrait à rapprocher les hoplexols de ce type de ceux formés dans le cadre d'une dynamique entaférique telle qu'il est possible de les observer en aval du glacis d'Abdeladim. Toutefois, l'emplacement de ces hoplexols et les relevés auxquels ils appartiennent ne permet aucune confusion quant à leur origine : placés en position dominante dans le milieu (ils figurent en effet toujours à l'amont d'un talus structuré par un affleurement gréseux) ils ne peuvent en aucun cas subir de dépôts de sédiments provenant de l'amont. Ils sont donc formés sur place, sans qu'intervienne un quelconque apport extérieur. Du point de vue de leur dynamique récente, les hoplexols représentatifs de cet état de la surface du sol ne semblent pas subir outre mesure, et ce en dépit de leur position dans le milieu naturel, l'action érosive de l'eau (nous parlons ici de l'érosion hydrique induite par le ruissellement superficiel) : les processus d'altération responsables de leur mise en place sont des processus très lents, surtout dans le contexte climatique actuel. En effet, un tel complexe d'altération ne peut se faire qu'en présence d'eau (permettant de véhiculer des agents chimiques actifs tels que l'oxygène, le dioxyde de carbone…) sous un climat chaud. Or, si la contrainte de la température est respectée, celle de l'eau l'est moins. Les conditions climatiques sont en effet plus propices au démantèlement de la structure qu'à son développement. En effet, l'ensemble affiche une épaisseur remarquable ce qui permet de penser que cet état de la surface du sol ne subit pas outre mesure l'action des agents érosifs atmosphériques. Si les départs de sédiments existent, ils ne sont pas réellement conséquents : l'eau précipitée en ces lieux s'infiltre modérément à cause d'une porosité relativement faible mais le ruissellement induit n'atteint pas une vitesse suffisante pour permettre une forte érosion du fait de la faiblesse et de la courte longueur de la pente (sommets étroits et plats des talus…). La dynamique de l'ensemble peut alors être qualifiée d'autonome à faiblement érosive bien que peu infiltrante.

Les types uniques de surface du sol (dans le sens où ils correspondent souvent à un ou quelques hoplexols seulement) qui viennent d'être présentés renvoient à des dynamiques toujours singulières du milieu naturel dont il est important de tenir compte pour comprendre son organisation et suggérer les principes de leur mise en place. Toutefois, présenter des dynamiques de formation d'un type particulier de relevé en se basant uniquement sur la surface du sol n'est pas facile. L'exemple du type TIX est d'ailleurs représentatif de ce problème : ce qu'il est donné de voir en surface ne reflète pas vraiment les phénomènes de formation de l'ensemble et il est impératif de s'interroger sur ce qui intervient au dessous de cette interface pour les comprendre. Les états de la surface du sol ainsi présentés sont la résultante de processus rares et souvent complexes qui interviennent au niveau de l'ensemble du relevé et parfois même d'un contexte géomorphologique plus large. Mais il est quand même nécessaire de justifier leur présence en présentant les dynamiques globales dans lesquelles ils s'inscrivent afin de pouvoir expliquer les raisons de leur présence et celles de leur différenciation typologique… Il est d'ailleurs certain qu'un grand nombre d'incompréhensions subsistent pour l'instant. Elles sont simplement dues au fait que l'analyse approfondie des dynamiques du milieu naturel ne peut être réalisée à la seule lecture de la surface du sol (ou d'un hoplexion donné). De ce fait, seules quelques pistes d'interprétation peuvent être fournies pour l'instant. L'analyse complète de ces milieux particuliers (et des autres aussi d'ailleurs) n'étant possible qu'une fois les relevés reconstitués et les segments de paysage définis, celle-ci est réalisée ultérieurement…

V.2.4.2.g - La surface du sol dans un contexte colluvial à majorité de

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