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LA TYPOLOGIE DES ENVELOPPES DE LA GEOSPHERE

V. 1.1.2 L'emplacement des points de mesure de la géosphère.

Une fois les lignes d'échantillonnages définies et caractérisées topographiquement (chaque toposéquence faisant l'objet d'un levé topographique détaillé de son profil (figure 5.1), il faut encore choisir les points de mesure de la géosphère le long de ces dernières, en d'autres termes, déterminer l'emplacement des relevés du milieu qui servent à caractériser les agencements verticaux du milieu naturel et à comprendre l'ordonnance à l'intérieur de chacun de ses géons. Dans ce cas encore, il faut le faire rigoureusement afin de ne pas effectuer deux mesures identiques pour un même ensemble, un seul relevé étant suffisant à la caractérisation d'un géon. Même si cela n'est pas préjudiciable au niveau de l'analyse, la duplication d'un relevé donné implique une redondance inutile et impose un temps plus important imparti pour la collecte des données.

Figure 5.1 : Positionnement des relevés le long d’une toposéquence (Kamech, toposéquence 1).

Cette figure, réalisée à partir des observations collectées sur le terrain, présente la première toposéquence du bassin versant de Kamech (KAM Q1) en coupe et en plan. Cette figure permet de montrer comment sont définis les emplacements des relevés (noté Rx sur la coupe et sur la carte) en fonction des changements d’inclinaison de la pente et de la longueur de l’unité topographique. Ainsi, les relevés R1, R5, R6, R7 et R8 s’inscrivent dans des unités topographiques uniques clairement délimitées par des inflexions de pente alors que R2, R3, R4 et R5’/R4 appartiennent à une même unité topographique dont la longueur impose la réalisation de plusieurs relevés pour sa caractérisation. Les emplacements matérialisés par de simples numéros représentent les forages réalisés à l’aide d’une tarière et dont le but est de suivre les changements du milieu qui surviennent entre deux relevés (c.f : VII.1.1.4). La carte qui représente cette toposéquence sur une bande de 30 m de large matérialise par des flèches les directions des écoulements en surface, la densité des flèches variant en fonction de l’inclinaison de la pente. Sur cette carte il est possible de constater que tous les relevés ne sont pas parfaitement alignés sur l’axe de la toposéquence. Ceci est essentiellement dû à l’occupation du sol : s’il est possible d’ouvrir une fosse pédologique dans une friche ou une jachère, il n’est pas concevable de le faire sur des parcelles agricoles cultivées ; de ce fait, il est parfois nécessaire de créer des relevés virtuels qui correspondent à des points d’observation fictifs pour lesquels sont superposés des informations concernant les hoplexols supérieurs d’un point de la géosphère et des informations concernant les hoplexols inférieurs d’un autre lieu qui lui est proche spatialement et

statistiquement. Sont dans ce cas les relevés R5’/R4 et R6’/R6. Dans la mesure du possible, ce type de relevé

La règle qui s'applique est de placer un relevé à chaque changement d'inflexion de la pente le long de la toposéquence, les modifications dans le profil topographique traduisant généralement de changements significatifs en terme de composition et d'organisation du milieu. De ce fait, une facette topographique identifiée le long de la toposéquence (et qui correspond bien entendu aux mêmes facettes que celles analysées dans le chapitre précédent) donne lieu, théoriquement, à un seul et unique relevé pour la caractériser. Cependant certaines facettes, notamment celles dont la longueur est importante, peuvent présenter des changements d'organisation entre leur amont et leur aval. Ces changements correspondent à autant de géons et même à des segments différents répartis le long de la toposéquence. La plupart des facettes de glacis par exemple, qu'il s'agisse d'Abdeladim ou d'El Hnach, sont dans ce cas. Ainsi, pour les facettes de grande taille, l'ouverture de plusieurs fosses pédologiques, et par conséquent la réalisation de plusieurs relevés, est nécessaire. Le problème qui se pose cependant est de savoir comment placer ces relevés. En effet, lorsque les changements surviennent sous la surface du sol (surtout pour ceux qui se font à des profondeurs importantes) ils ne sont pas perceptibles directement. Souvent, aucun indicateur n'est visible en perception directe. Il s'agit alors de chercher rapidement où se font les principaux changements avant de procéder à l'ouverture des fosses et à l'analyse complète du milieu à proprement parler. Cette recherche rapide peut être effectuée à l'aide de quelques coups de tarière, outil pratique pour suivre les changements sous la surface du sol sans toutefois en permettre leur analyse approfondie.

Enfin, lorsque les milieux sont contrastés latéralement, sans pour autant s'éloigner outre mesure de l'axe de la toposéquence ou qu'il présente des états des géons différents, il convient de multiplier les observations verticales de la géosphère. Les relevés secondaires réalisés, c'est-à-dire ceux qui ne sont par directement placés dans l'axe du transect amont / aval, peuvent prendre la forme d'un relevé complet destiné à caractériser l'ensemble du profil. Ces cas sont relativement rares et ne se réalisent que lorsqu'un doute existe quant à la composition du métaplexion inférieur ou de l'infraplexion (d'ailleurs là aussi un forage à la tarière préalable est indispensable pour s'économiser l'ouverture et le traitement d'un relevé). De ce fait, les relevés secondaires se limitent souvent à l'observation directe de ce qui se situe dans et au dessus du métaplexion strict (figure 5.1, relevé R5'/R4). Sont ainsi différenciés des relevés entre une parcelle en jachère (relevé complet du milieu) et des relevés dans les parcelles agricoles voisines (très fréquent sur Kamech) ou encore des relevés réalisés directement au pied des arbres et d'autres dans leur périphérie là où la surface du sol n'est pas sous la protection des frondaisons (très fréquent sur Abdeladim) et qui caractérisent autant de géons différents.

Les relevés du milieu naturel sont donc les points d'entrée nécessaires pour la compréhension et l'analyse des composantes de la géosphère et de leurs arrangements verticaux et latéraux. Les relevés du milieu permettent en effet la différenciation et la caractérisation des hoplexols, systèmes élémentaires de la géosphère et enveloppes à l'intérieur desquelles les principaux processus se déroulent. De ce fait, ils sont indispensables à la distinction, à la description et à l'analyse des géons et des géotopes, qui sont, rappelons-le, une succession verticale d'hoplexols en un lieu donné. Il convient toutefois de préciser que ce type de relevé détermine le géon à un instant T et qu’il ne tient pas compte de ses changements dans le temps. Un géon correspond en effet à une série de changements d’états dans le temps, dont les transformations quotidiennes, qui s’opèrent de manière linéaire ou cyclique suivant les cas, peuvent être regroupées en états saisonniers, annuels ou pluriannuels. Par conséquent, il est plus juste de dire qu’un relevé du milieu correspond à un état du géon plus qu’à un géon. Si le travail de terrain réalisé pour cette thèse ne permet pas de déterminer ces changements d’états, ceux-ci

seront tout de même pris en compte grâce aux travaux de Faïza Allouch-Khébour (thèse en cours à l’Université de Toulouse le Mirail, sous la direction de J-C. Filleron) qui les a caractérisés pour certaines toposéquences.

V.1.1.3 - La définition des enveloppes de la géosphère et relevé des composantes

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