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Chapitre 3 : Culture, identité et socialisa tion

5. Quelques notions relatives à l’identité

6.1. Qu’est-ce que la socialisation ?

La notion de socialisation date de 1840. Elle désigne « l’ensemble des processus par lesquels un individu développe des attitudes, des comportements et des désirs con- formes et acceptables par la société » (Durkheim, 1989 : 54). La notion de socialisation recouvre des études portant sur les différents types d’apprentissage auxquels est soumis l’individu.

Dès l’enfance, nous apprenons comment faire et comment nous comporter. C’est un apprentissage nécessaire à la vie sociale. En effet, nos manières de percevoir le monde, de penser, de nous comporter seul ou en société ne sont pas naturelles. Elles sont le produit d’un processus d’apprentissage des comportements admis et approuvés par la société dans laquelle nous vivons. C’est une sorte de conditionnement qui nous permet d’entrer en relation avec les autres individus. De ce fait, nous sommes socialisés même dans les moindres détails.

La socialisation est donc un processus par lequel un individu apprend et intériorise un ensemble de valeurs et de normes propres à la société dans son ensemble et aux groupes sociaux auxquels nous appartenons. Ce processus de socialisation permet de former la personnalité sociale et de s’adapter au groupe avec lequel nous vivons. Rocher définit la socialisation comme « étant le processus par lequel la personne humaine apprend et in- tériorise tout au cours de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expériences et d’agents sociaux significa- tifs et par là s’adopte à l’environnement social où elle doit vivre (…) Le troisième as- pect de la socialisation que soulève notre définition en est, en réalité, la conséquence principale, du point de vue sociologique : c’est l’adaptation de la personne à son envi- ronnement social. La personne socialisée est « du milieu », elle « appartient » à la fa- mille, au groupe à l’entreprise, à la religion, à la nation, en ce sens qu’elle en fait partie,

qu’elle y a sa place (…) Appartenir à une collectivité, c’est partager avec les autres membres assez d’idées ou de traits communs pour se reconnaître dans le Nous qu’elle forme » (1970).

La socialisation porte d’une part, sur les normes et les valeurs qui encadrent nos com- portements et ainsi les rendent compatibles dans la vie et les interactions en société. Elles forment nos pensées et guident nos comportements.

Les valeurs sont les idéaux qui permettent de distinguer ou de juger, au sein d’une so- ciété ou d’un groupe, ce qui est désirable de ce qui ne l’est pas, le bien du mal, l’honorable de l’honteux, le beau du laid... Les valeurs forment un système dont les éléments sont interdépendants et hiérarchisés et se traduisent par les normes.

Les normes sont les règles (explicites ou implicites) qui orientent le comportement des individus conformément aux valeurs de la société. Elles sont légitimées par les valeurs du groupe ou de la société. Elles sont les valeurs en acte. Leur transgression est assortie de sanctions explicites (pénales) ou implicites (réprobation). Ces règles peuvent prove- nir de l’usage ou de la coutume ou bien de la loi : « Les normes sont des règles qui ré- gissent l’action des individus à l’intérieur des sociétés. Elles existent d’une part sous la forme de règles explicites qui s’imposent officiellement aux individus et peuvent être juridiques (un texte de loi) ou réglementaires (le règlement intérieur d’un établissement scolaire). Ces règles explicites ont pris une importance croissante dans les sociétés mo- dernes. Mais d’autre part, les règles implicites (les mœurs et les usages), intériorisées lors du processus de socialisation, importent tout autant et régissent la plupart des rela- tions à l’intérieur des groupes restreints (…) Alors que les normes sont concrètes et « disent » ce qu’un individu doit faire, les valeurs sont abstraites. Ce sont des idéaux collectifs, susceptibles d’orienter les actions individuelles. La liberté, le travail, l’égalité, l’amour de son prochain, etc. sont quelques-uns des idéaux les plus caractéris- tiques des sociétés occidentales. Une fois ordonnées, ces valeurs porteuses d’une vision du monde, donnent un sens aux pratiques des individus. Bien qu’elles ne soient pas normatives, les valeurs participent à l’orientation de l’action en conférant aux normes leur légitimité. Ainsi, serrer la main, se saluer n’a aucun sens si ce n’est celui d’exprimer le respect que l’on doit aux autres membres de la société. Et, de la même manière que le respect des autres peut s’exprimer de plusieurs façons, une seule valeur peut s’incarner dans un grand nombre de normes. » (Montoussé et Renouard, 1997 :72)

D’une autre part, la socialisation porte sur l’individu, sur son statut et ses rôles. La so- cialisation permet à l’individu de remplir ses rôles par un ensemble de normes aux- quelles est soumise son action. Ses rôles lui sont assignés par ses statuts, comme posi- tions particulières occupées par un individu, et favorise ainsi son intégration sociale.

Le statut d’un individu est défini par l’ensemble des comportements d’autrui vis-à-vis de quoi cet individu peut s’attendre au regard de sa position sociale. La position occu- pée par l’individu dans un groupe se fait en fonction de critères sociaux comme, le sexe, l’âge, la profession. Il découle de cette position des droits et de devoirs distinctifs.

Le rôle d’un individu n’est que l’ensemble des comportements que les autres attendent de lui en fonction de son statut. Chaque rôle est encadré par un système de normes propres à la société dans laquelle il vit. Un seul statut peut soutenir plusieurs rôles. Le statut se présente comme un répertoire au sein duquel des variations de rôle sont pos- sibles.