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La mise en avant de l’enseignement des langues étrangères

A la mise en place du nouveau système éducatif, le Koweït a tenu compte de l’importance de l’enseignement des langues étrangères. Ainsi, l’anglais et le français ont été privilégiés et introduits dans les programmes d’enseignement.

D’une part, l’enseignement de l’anglais au Koweït paraît évident, au vu des faits historiques et des relations étroites avec son ancienne puissance colonisatrice, la Grande-Bretagne. En outre, les enjeux politiques et économiques actuels du pays, ainsi que le contexte de mondialisation poussent à une ouverture inévitable au monde anglo- saxon. C'est pourquoi l’enseignement de la langue anglaise est introduit à partir de l’école primaire.

D’autre part, faute d’information sur ce sujet, nous supposons que l’introduction du français dans le système éducatif koweïtien date de l'implantation du nouveau sys- tème mis en place suite à l’indépendance du Koweït. Cette initiative émane d’une vo- lonté nationale d’élargir l’ouverture au monde extérieur, de fortifier les rapports avec le monde francophone mais également, de diversifier l’expérience acquise dans les rela- tions avec le monde moderne occidental. En outre, ce choix est également fait dans le but de doter les élèves et les étudiants d’une langue étrangère autre que l’anglais et re- connue mondialement, à laquelle ils pourront s’initier et qui permettra d’élargir les perspectives de la jeunesse koweïtienne. En effet, on peut dire que l'apprentissage d'une nouvelle langue étrangère représente : « un but de la vie sociale en soi, car elle permet d’élargir nos connaissances vers les horizons inconnus comme celle d’un peuple et d’un pays différent du nôtre » (Abdulredha, 2012).

4.1. L'enseignement du français : une volonté politique

Les autorités koweïtiennes sont conscientes du gain que le pays peut tirer d’un système éducatif ouvert sur les autres langues et, par conséquent, sur les autres cultures. À cet effet, l’anglais n’est plus la seule langue étrangère au pays. Le français est intro- duit dans le système koweïtien et décroche le statut de deuxième langue étrangère.

À l’indépendance du pays, la mise en place d’une véritable stratégie gouverne- mentale d’éducation représente un enjeu primordial pour l’évolution et la croissance du Koweït. Ainsi, le Koweït fait appel à des experts issus des élites intellectuelles du monde arabe. On peut supposer ici que les anciennes colonies françaises ont influencé l’introduction de la langue française au sein des programmes scolaires koweïtiens.

Le 18 septembre 1969, le premier accord bilatéral est signé à Paris dans le cadre d’une coopération culturelle scientifique et technique entre les deux pays. Celui-ci per- met l'introduction systématique de l'enseignement du français dans la parcours scolaire koweïtien. Bien que limité, cet enseignement obtient progressivement une véritable re- connaissance.

4.2. Le français dans les programmes d’enseignement

- Au lycée

L’apprentissage du français est introduit à partir de la deuxième année du lycée et se déroule sur un programme de deux ans, à raison de quatre heures de cours hebdoma- daires (équivalent à la première et à la terminale dans le système français). Son ensei- gnement s’impose comme matière obligatoire dans les filières littéraires et reste option- nel pour les autres filières.

En 2006-07, 14 351 étudiants koweïtiens ont appris le français dans les deux dernières années du niveau secondaire, et ce, grâce à 270 professeurs (l’Ambassade de France au Koweït, 2009.). L’inspection académique a mis à disposition des étudiants un site d’informations sur la langue française afin d’encourager et de faciliter un apprentis- sage ludique en dehors du contexte scolaire. La méthode utilisée, appelée « Bon Voyage », a été élaborée par des inspecteurs koweïtiens, et constitue la base de l’enseignement du français au sein des lycées publics koweïtiens (www.moefr.com/article.aspx).

- Au lycée français

La présence d’un lycée français témoigne de l’intérêt progressif de la langue française au sein de la société koweïtienne. Le Lycée Français du Koweït (LFK) est une

école française de droit privé à but lucratif, fondée en 1988 et sponsorisée par Fahed Mohammed Al-Rashed.

Le cursus qui y est proposé correspond au même schéma que les cycles scolaires en France et démarre à partir du jardin d’enfant.

Son accès n’est pas seulement destiné aux expatriés français mais aussi à toutes les couches de la société koweïtienne, y compris les étrangers qui désirent intégrer un système éducatif français. Le lycée accorde ainsi les mêmes équivalences en intégrant en outre l’option d’apprentissage de l’arabe et de l’éducation islamique pour les étu- diants koweïtiens et arabes musulmans. (www.ifkuwait.net/content/index.php).

- Dans l’enseignement supérieur

Dans l’enseignement supérieur, l’université du Koweït et l’Autorité Publique pour l’Enseignement Appliqué et la Formation accordent au français une place de choix dans leurs programmes d’études. À l’instar de ce qui se fait pour les autres langues ensei- gnées au Koweït, comme l’anglais, un département de français a été crée au sein de l’Université du Koweït à côté du Centre de français (en 2013). D’une part, cette univer- sité a mis en place une formation de 4 ans qui est proposée aux étudiants qui souhaitent poursuivre leurs études supérieures de français. D’autre part, elle dispense les cours de français à un public de non-spécialistes au sein des cinq facultés de l’université (Lettres, Droit, Ingénierie, Études islamiques et Commerce) (Abdulredha, 2012).

Le français figure également parmi les matières proposées par l’APEA pour les étudiants en lettres. Le français est proposé au sein de cette institution en tant que ma- tière optionnelle. L’APEA offre également des bourses d’étude en master et doctorat, pour ceux qui ont déjà réalisé leurs études en France et souhaitent poursuivre en troi- sième cycle. Grâce à ces bourses, plusieurs étudiants koweïtiens poursuivent actuelle- ment leurs études en France dans diverses formations : droit, administration des entre- prises, etc.

Certaines universités privées intègrent l’enseignement du français comme option dans leur cursus d’apprentissage d’une langue étrangère, pour mieux préparer les étu- diants au monde globalisé, où la concurrence linguistique est devenue une réalité. C’est ainsi que le français est une langue fortement demandée en raison de son image positive dans la société koweïtienne, et de la valeur ajoutée qu’elle peut apporter au pays.

4.3. Le français au service des études supérieures

Même si la coopération universitaire franco-koweïtienne se développe dans un contexte de prédominance du modèle anglo-saxon, l’intérêt des autorités ainsi que celui des étudiants koweïtiens pour l’offre française de formation se fait de plus en plus res- sentir.

Aujourd’hui, une centaine d’étudiants koweïtiens sont inscrits au sein des établisse- ments français d’enseignement supérieur, plaçant la France au 10ème

rang des pays d’accueil des étudiants koweïtiens.

Dans les faits, selon l’Ambassade Française au Koweït, la répartition s’effectue comme suit : 42% en licence, 34% en master, 24% en doctorat. Parmi ces étudiants, 57% poursuivent des études en langues, lettres et sciences du langage.

De plus, la création d’un Département de langue française à l’Université de Koweït qui inscrit durablement la langue française dans le cursus universitaire du pays, permet de prévoir une croissance de demande des bourses de troisième cycle pour la France.

Malgré tout, comparativement à la place de l’anglais, qui s’impose à tous les ni- veaux de l’éducation nationale, le français, occupe une place relativement moins impor- tante.

À l’exception du Lycée Français, où la langue française est la langue de la vie au lycée, dans les institutions publiques, le français est nettement moins représenté que l’anglais et ce, malgré leur statut égal de langues étrangères dans le système éducatif public koweïtien.

En définitive, les évolutions récentes à différents niveaux : économique, social et linguistique, constituent une donnée importante pour comprendre ce qu'est le Koweït aujourd'hui. Ce pays a la particularité de pouvoir comprendre les autres Pays du Golfe, grâce à leur proximité culturelle et linguistique et politico-économique. En effet, nous avons pu voir que les différents flux de migrations, des pays voisins ou d'ailleurs, ont contribué à créer la société koweïtienne. En même temps, il entretient des relations cul- turelles riches avec les grandes puissances occidentales.

Le contexte dans lequel plonge cette étude est donc riche de données, dont toutes ont une influence directe sur les choix de l'étudiant koweïtien. De par l'histoire du pays, sa situation économique, politique et sociale, le Koweït offre un contexte culturel spécifique, constitué de mutations continues, d'une société cosmopolite dans laquelle coexistent différentes cultures et différentes langues. C'est dans ce contexte qu'évolue notre objet d'études, l'étudiant koweïtien, et dans ce contexte qu'il fait le choix de partir à l’international pour ses études.

Après avoir étudié la Koweït en tant que contexte de départ de l'étudiant, il faut ensuite étudier le voyage de l’étudiant koweïtien en France, sa mobilité en elle-même. L’expérience de la mobilité étudiante ne peut être vue que comme la matrice à l’intérieur de laquelle l’étudiant fait évoluer ses rapports psychosociologiques et fait changer sa vision du monde.

Pour pouvoir décrire ce contexte de mobilité et comprendre l’expérience de l’étudiant, nous devons tenir compte de deux critères – temps et espace – sans lesquels toute analyse des expériences vécues pendant la mobilité spatiale de l’étudiant étranger ne peuvent êtres effectuées. Mais, en tout premier lieu, il nous faut étudier le concept de mobilité pour comprendre dans quelle mesure il représente un contexte spécifique pour l'étudiant et support d’étude pour la dynamique de représentations.

Chapitre 2 : La mobilité internationale