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Chapitre 2 : La mobilité internationale des étudiants universitaires

2. La mobilité étudiante internationale

2.3. Les facteurs incitant à la mobilité

Pour comprendre les raisons de l’immigration et de la mobilité, il est nécessaire de décrire et d’expliquer le pourquoi par des facteurs influençant la décision de partir malgré l’existence de contraintes liées à la mobilité même. Le fondement théorique éla- boré pour expliquer des phénomènes d’immigration et de mobilité est présenté par Lee dans un article de 1966 intitulé « A theory of migration »10

. Cette théorie est devenue le modèle explicatif de la migration individuelle. Elle dégage les facteurs incitant ou em-                                                                                                                          

pêchant une personne de prendre la décision de partir. Elle sert aussi, à notre avis, comme fondements aux théories subséquentes – Diambomba (1989), Gaillard et Gail- lard (1999), Blaud (2001), Mazzarol et Soutar (2002) – qui ne sont que l’extension de cette première théorie. En conséquence, en raisons des points communs entre ces diffé- rentes théories et dans un souci de simplification, nous abordons uniquement la théorie de Lee.

2.3.1. La théorie de l’immigration de Lee

En 1966, Lee tente de comprendre les facteurs influençant la décision de migration des personnes. Il définit la migration comme un changement permanent ou temporaire d’une aire territoriale. Cette définition englobe donc la mobilité internationale des étu- diants universitaire.

Lee postule quatre types de facteurs influençant toute décision personnelle de migra- tion :

1- Les facteurs liés au lieu d’origine :

- Les facteurs d’attirance « pull » qui retiennent la personne à l’endroit où elle se trouve, - Les facteurs répulsifs « push » qui incitent la personne à partir du lieu de l’endroit où

elle se trouve,

- Les facteurs neutres, facteurs auxquels la personne est indifférente.

2- Les facteurs liés au lieu de destination :

- Les facteurs d’attirance « pull » qui retiennent la personne à l’endroit où elle se trouve, - Les facteurs répulsifs « push » qui incitent la personne à partir du lieu de l’endroit où

elle se trouve,

- Les facteurs neutres, facteurs auxquels la personne est indifférente.

3- Les obstacles intermédiaires :

Ce sont les obstacles tangibles, comme l’obtention d’un visa, les difficultés éco- nomiques, et intangibles comme surmonter la distance entre les deux lieux,

4- Les facteurs personnels :

Lee souligne que les facteurs personnels correspondent à deux classifications :

des facteurs plus ou moins constants et des facteurs qui surgissent à certains mo- ments et spécialement entre deux étapes de vie.

A partir de ces prémisses, Lee considère qu’une décision de migration ne dépend pas uniquement de facteurs objectifs, mais aussi de facteurs perçus par la personne. En effet, les personnes ne sont pas les identiques, chacun se caractérise par une personnalité unique, détient des connaissances distinctes, entretient des rapports et contacts person- nels différents. D’après Lee, « the decision to migrate, therefore, is not never completly rational, and for some persons the rational is much less than the irrational »11

(1966: 51).

Nous nous intéresserons dans ce qui suit aux facteurs qui ont motivés les étudiants étrangers à venir en France. Cette réflexion se basera sur certaines études empiriques faites auprès d’étudiants étrangers venus étudier en France.

2.3.2. Quelques études empiriques

L’étude des motivations des étudiants nous permet de mieux comprendre l’imaginaire et les représentations ainsi que les faits qui correspondent aux domaines dispersés du type professionnel, géographique, économique, politique et culturel.

Il existe une diversité de conditions et de situations derrière lesquelles la figure de l’étudiant international prend forme. C’est un ensemble des variables qui motive la per- sonne à prendre la décision de se mobiliser pour les études. Ces variables peuvent être regroupées en deux grandes catégories : la première catégorie est composée des facteurs d'attirance « pull », étant donné que la deuxième catégorie est formée des facteurs re- poussants « push ».

Pour mieux comprendre ces facteurs de la mobilité, nous nous sommes référés au rapport réalisé en 2003 par l’Observatoire de la vie Etudiante en France (Coulon et Pai-

                                                                                                                           

11.  Notre  traduction  :  «  la  décision  de  migration  n’est  pas  complètement  rationnelle  et,  pour  certaines  personnes,  la  rationalité   est  beaucoup  moins  que  l’irrationnel  ».  

vandi, 2003) qui rassemble les études de différents auteurs autour de cette probléma- tique.

Par exemple, Movahadi (1979) a réalisé une étude sur un échantillon d’étudiant Ira- niens, a mis l’accent sur l’accès aux études gratuit, la liberté de sélectionner la disci- pline d’étude.

Dans une autre étude réalisé par Paivandi (1991), sur un groupe originaire d’Iran, Paivandi démontre plusieurs facteurs ont influencé la décision de venir en France : avoir des amis ou de la famille, les libertés universitaires, l’exigence de la situation de crise dans son pays, les commodités et les dispositifs offerts par le pays d’accueil, la situation socio-politique de crise du pays d’origine.

N’Goupandé (1995) démontre qu’une situation de crise sociale constitue également une bonne motivation pour quitter le pays et aller chercher dans un autre. La France re- présente l’« Eldorado » pour ces étudiants qui sont à la quête de diplômes en vue de promotion sociale.

Borgogno et Vollenweider (1998) ont réalisé une étude sur les étudiants maghrébins qui montre qu’il y a trois types de migrations étudiantes : une migration à dominance économique et sociale, une migration motivée par la découverte ou l’aventure et une migration politique et idéologique.

Par ailleurs, 74% de l’échantillon des étudiants maghrébins possède de la famille en France. Ce constat était également affirmé par une enquête menée par Lattreche (1999).

Simon (1997) pour sa part, avance l’idée que la venue des étudiants maghrébins ré- sulte de l’histoire générale du pays d’origine, de dispositifs développés par les pouvoirs en matière d’enseignement et d’attribution des bourses, des liens historiques, politiques du pays d’origine avec la France.

Latreche (1999) explique que ce sont la demande sociale de formation ainsi que les aspirations personnelles et familiales qui incitent les jeunes maghrébins à tenter l’expérience de mobilité étudiante en France.

Il y a aussi l’attractivité de la langue d’enseignement. La langue joue un rôle grâce à sa suprématie dans la détermination des flux étudiants. D’après Latreche « Si l’usage du français dans l’enseignement supérieur scientifique et technique a maintenu jusqu’ici la permanence de la migration des étudiants maghrébins vers les universités françaises,

l’arabisation progressive de ces filières en Algérie et au Maroc ces dernières années, la progression de l’anglais dans certaines spécialisations et la naissance de centres d’enseignement selon le modèle américain, cas du Maroc, ne risque-t-elle pas d’orienter les générations futures vers d’autres universités étrangères, anglophones notamment ? » (1999, P : 12)

Sefrioui avance, à partir de l’hypothèse d’un capital humain, l’hypothèse suivante : « les flux d’étudiants ne sont que la résultante d’une inégale répartition de l’offre de formation. Ils expriment alors la composante de la demande non satisfaite par l’offre lo- cale » (1997 :95).

Il existe aussi des facteurs « atypiques ». Paivandi (1991) montre que pour un tiers de l’échantillon d’étudiant iranien révèle que la France aurait servi d’escale de passage vers une destination finale.

Latreche (2001) parle de la proximité géographique, fortement corrélée à la proxi- mité culturelle. Cette proximité est considérée comme un élément déterminant dans l’explication du choix du pays d’étude.

L’enquête de Paivandi (1991) sur les Iraniens, de Wang (1993) sur les Taiwanais, de Kim (2000) sur les Asiatiques de Pinon (1988) et de Xavier de Brito (1991) sur les Bré- siliens montrent qu’une grande partie d’étudiants ont choisi la France pour le désir de vivre une autre expérience culturelle.

A présent, si nous regroupons les causes du choix d’émigrer pour les études, selon les deux catégories citées plus haut. Nous obtiendrons les éléments suivants :

Les facteurs d’attraction :

1- La mobilité sociale

2- Le prestige associé au pays d’accueil 3- Le prestige associé aux études à l’étranger 4- La qualité supérieure de l’enseignement 5- L’offre des bourses

6- Les réseaux communautaires sur place 7- La proximité culturelle

8- La proximité géographique 9- La connaissance de la langue

10- Les commodités administratives dans le pays d’accueil 11- Etc.

Les facteurs repoussants :

1. La mauvaise qualité de l’enseignement des universités locales 2. La défaillance de l’offre de formation spécialisée

3. Les conseils des parents et des amis 4. La décision d’une instance supérieure

5. Les conditions environnementales exceptionnelles 6. La découvert et ’idée de vivre une expérience ailleurs 7. Etc.

Mais pour mieux comprendre les raisons : les préparations, les stratégies, les at- tentes, les projets qui poussent les étudiants à se mobiliser pour les études, il fallait d’après A. Xavier de Brito (1991), rendre aux étudiants leur position d’acteur. Cette dé- cision ne peut être comprise que par l’analyse d’une situation dans laquelle se conju- guent les divers moments de chaque parcours individuel, et par les modifications que l’action de ces événements apporte dans la personnalité de l’individu, dans sa percep- tion de soi-même et du monde.

Ce propos nous amène à nous demander comment nous pouvons donc tenir compte, de l’expérience de mobilité dans son ensemble ?

3. Modes de compréhension de l’expérience estudiantine internationale