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Chapitre 3 : Culture, identité et socialisa tion

3. Trois paradigmes dans les études sur la culture C’est au milieu du XIX e

3.1. L’absolutisme/évolutionnisme

La culture est un phénomène propre à l’espèce humaine. La dissemblance entre les différentes sociétés est une spécificité du progrès. Ce qui caractéristique la civilisa- tion, se situe entre deux extrémités d’une échelle, allant de l’état de nature vers l’état de modernisation et du progrès infini.

L’absolutisme considère que les phénomènes psychologiques de tout être humain sont essentiellement les mêmes peu importe la culture (Guimond, 2010 : 32). Cette position correspond à un regard d’« ethnocentrisme » scientifique, qui considère nos propres conceptions comme étant les meilleures et donc, à imposer aux autres cultures. Ainsi, il est concevable de faire de recherches empiriques impliquant la comparaison de diffé- rentes cultures à l’aide des mêmes outils d’analyse, puisqu’ils mesurent les construits psychologiques pour toutes les cultures.

3.2. Le relativisme

Le relativisme culturel suppose que tout est relatif au contexte culturel. Il est es- sentiel d’éviter tout jugement des autres cultures en fonction de ses propres modes de pensées. Il faut adopter une position neutre pour comprendre les cultures pour ce qu’elles sont, selon leurs propres termes et sans prendre une position de jugement.

Cette position ne donne pas tellement d’importance aux similitudes des traits culturels entre différentes cultures. Elle s’intéresse aux traits distinctifs des différences culturelles en soulignant qu’ils sont dus au contexte culturel.

Cette conceptualisation dans sa forme la plus radicale implique dans sa méthodologie, le rejet de la méthode comparative : il faut éviter de comparer les cultures puisque il n’y pas de position comme point de repère à partir de laquelle la comparaison des cultures pourrait être valable.

Cette vision essaie de comprendre les cultures de l’intérieur, ce qu’elles sont, ce qui les caractérise intrinsèquement. Deux notions représentent deux approches adaptées par le courant relativiste « émique » et « étique » : l’approche émique s’intéresse à des élé- ments qui ne se trouvent que dans une culture particulière. Par contre, l’approche étique cherche les éléments communs à toutes les cultures (Berry, 1969).

Dans cette conception, si tout est relatif, l’observation des cultures se cantonne unique- ment à des constats objectifs sans comparaison, ni prise de position.

3.3. L’universalisme

Boudon (1995) critique cette pensée relativiste et met en garde contre son accep- tation absolue. Si le relativisme dans sa forme la plus radicale est admis, cela signifie l’acceptation de ceux qui adoptent l’ethnocentrisme comme vérité absolue pour légiti- mer leurs pratiques racistes et discriminatoires.

De toute évidence, ne pas admettre un minimum de relativisme, n’est pas plus acceptable que de penser que tout est relatif. L’étude de psychologie sociale (Berry, 1967) a mis en évidence l’influence de la culture sur les comportements. Berry a postulé que des pratiques de socialisation et des normes distinctes peuvent se développer en fonction des particularités de l’environnement ou du contexte environnemental auquel le groupe doit s’adapter. Dans une étude de deux populations sociales dont le métier de l’une est l’agriculture tandis que l’autre est la chasse, il a approuvé que les caractéris- tiques psychologiques de ces deux populations étaient reliées à des normes et à des pra- tiques de socialisation différentes qui elles-mêmes étaient fonction d’un contexte envi- ronnemental particulier.

Contexte écologique socialisation Effet psychologique Agriculture Discipline sévère

(norme de solidarité)

Conformisme

Chasse Discipline souple (Norme individualiste)

Indépendance

Cette présentation historico-théorique de différentes conceptions da la notion de culture nous aide à mieux à comprendre la question primordiale de cette recherche à savoir les représentations sociales. La culture est définie de façon plus étroite comme ce qui est commun à un groupe d'individus et comme ce qui le soude, le distingue des autres groupes d’individus. Nous adoptons, dans le cadre de notre étude, une conception sociologique de la notion, définie comme : "un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte." (Rocher, 1969 : 88).

La notion de culture en France a pris deux acceptions différentes :

• la culture individuelle de chacun, construction personnelle de ses connaissances donnant la culture générale. Elle comporte une dimension d’élaboration, de construction et donc par définition évolutive et individuelle.

• la culture d'un peuple, l'identité culturelle de ce peuple, la culture collective à la- quelle on appartient.

La culture est un des facteurs qui détermine l'identité et l'altérité. Ce que je suis, ce que je ne suis pas et ce qu'est l'autre. La culture contribue ainsi à la découverte de l'identité, mais elle donne également une manière de voir le monde, de penser l'autre, celui qui est différent. Les recherches sur la culture se sont acheminées vers l’étude de la personnali- té parce qu’elle présente le fondement et les bases de l’identité. L’identité est produite par l'histoire de l’individu.

4. L’identité

Depuis quelques décennies, le concept d’identité est devenu un sujet passe-partout et prisé par les chercheurs en sciences humaines et sociales. Il existe autant de manières de définir l’identité que de disciplines ou de chercheurs qui se servent de ce concept.

L’identité est omniprésente car chaque individu dispose de sa propre conscience identi- taire qui le rend unique. Cela laisse entendre, que l’identité est appréhendée d’abord comme un phénomène individuel.

Elle peut être définie comme la façon dont l’être humain construit son rapport personnel avec l’environnement. En effet, l’identité de chacun se construit à partir de l’ensemble des composantes de sa réalité : famille, culture, communauté, école, environnement pro- fessionnel. C’est ainsi qu’elle représente la construction d’un « je ».

Pour Morin : « l’identité constitue une sorte de bouclage indissoluble entre similitudes et différences. » (Morin, 1980 : 271)

L’identité est un produit résultant d'une construction sociale impliquant des pratiques, des expériences et des représentations. L'identité se constitue à partir d'une interaction entre l’individu et la société, à l’intérieur d'un univers symbolique intériorisé avec des légitimations variant d’un individu à l’autre. La notion d’identité n’est compréhensible que si elle se situe dans une interaction avec l’environnement social, le milieu où le su- jet vit, parle, demeure et évolue, dans son contexte. La question fondamentale est de sa- voir comment se construit l’individuel et le collectif.

Quatre niveaux classiques établis et proposés par Doise (1982) afin de répondre à la question des relations entre la représentation de soi et les représentations sociales.

- le premier niveau est constitué par les processus intra-individuels.

- Le deuxième niveau "inter-individuel" s’intéresse davantage aux processus indi- viduels qui prennent en compte le contexte

- Le troisième niveau : "positionnel", met en évidence l’importance de la position sociale. (préalable à l’interaction) qui influence les rapports individuels.

- Le quatrième niveau est constitué par des « idéologies, des systèmes de valeurs et de croyances et de représentations, d’évaluations et de normes qui doivent jus- tifier et maintenir un ordre établi de rapports sociaux » (1982 :33)

Ce modèle composé de quatre niveaux met en évidence les liens entre le collectif et l’individuel, entre la culture, l’individu et les représentations sociales.

Dans les points suivants, nous aborderons le concept d’identité selon diverses disci- plines : anthropologique, psychologique et sociologique.