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Chapitre 2 : La mobilité internationale des étudiants universitaires

2. La mobilité étudiante internationale

2.2. Les causes de la croissance

Les flux d’étudiants entre hémisphères nord et sud s’expliquent par le fait d’actions d’institutionnalisation des pays du Nord qui ont compris la forte demande en enseignement supérieur de la part des pays du Sud. Trois grands facteurs peuvent expli- quer ce phénomène : la forte demande en enseignement supérieur, l’internationalisation de l’enseignement – en lien avec la mondialisation économique – et l’institutionnalisation de la mobilité.

2.2.1. La forte demande en enseignement supérieur

Les pays du Sud connaissent depuis quelques temps une forte croissance démo- graphique. Face à cette croissance, les structures universitaires locales n’arrivent pas à répondre à la croissance et à la diversité des demandes d’inscription.

Nous observons par exemple que la Chine, qui subit une forte mutation dans l’enseignement ces dernières décennies, impose un concours d’entrée hautement sélectif dans ses universités. D’après Merle (2006), le nombre d’étudiants chinois s’élevaient à 14 millions en 2006 contre 6,8 millions en 1998. Cette forte demande a créé des diffi- cultés d’accès aux universités chinoises et, de fait, un facteur important de report vers les universités étrangères.

En Afrique par exemple, le nombre d’étudiants des pays récemment décolonisés montre la difficulté de ces pays face à une demande croissante en enseignement supé- rieur. Les effectifs d’étudiants ont été multipliés par plus de cinq entre 1980 et 20059.

Cette augmentation est due, d’une part, à la croissance démographique des jeunes et, d’autre part, à l’amélioration institutionnelle de scolarisation suite à des politiques de démocratisation de l’enseignement scolaire.

Pour le Maroc par exemple, le phénomène de mobilité internationale s’explique par une croissance démographique en lien avec un manque de places dans ses universi- tés. Entre 1960 et 2004, la population a été multipliée par trois – passant de 11 à 30 mil- lions – et le nombre d’étudiants a été multiplié par dix-huit entre 1970 et 2000. Cette

                                                                                                                           

augmentation va de paire avec le développement de la scolarisation à partir des années 60.

2.2.2. Mondialisation économique et internationalisation de l’enseignement

L’économie ne se limite pas aux frontières des pays et la marchandisation des diplômes internationaux suit elle-aussi l’évolution vers la mondialisation du marché du travail. En effet, des facteurs économiques rejoignent l’explication de l’internationalisation de l’enseignement supérieur : « l’intégration commerciale mon- diale encourage la mobilité des étudiants, ce qui leur permet d’intégrer les pratiques cul- turelles et sociales des pays d’accueil, et de pouvoir par la suite jouer un rôle d’ambassadeur tant pour leur pays d’origine que pour leur pays d’accueil » (OCDE, 2001 : 101).

La mobilité étudiante est considérée d’une part, comme une nouvelle forme d’immigration spécialisée. Les pays cherchant à élever le niveau de ses travailleurs exige un certain niveau de formation professionnelle et académique. Dans un contexte de mondialisation, ces pays peuvent avoir recours à des étudiants internationaux afin de combler ce manque de professionnalisme. D’autre part, dans ce contexte de mondialisa- tion économique, la mobilité internationale est valorisée par les grandes entreprises na- tionales et internationales, car elle représente un gage de concurrence. Avoir des em- ployés qui ont terminé leurs études à l’étranger signifie avoir une meilleure pratique des langues, une ouverture d’esprit, une capacité d’adaptation à différentes cultures, etc. Toutes ces compétences sont recherchées sur le marché économique mondial.

2.2.3. L’institutionnalisation de la mobilité

Les acteurs politiques des pays industrialisés encouragent ce type de mobilité. Les discours politiques et médiatiques renforcent cette tendance à l’institutionnalisation des mobilités étudiantes. En effet, les accords de coopération entre universités et entre pays montrent les bonnes intentions et les bénéfices des deux côtés. Ces accords facilitent la prise de décision du départ à l’étranger pour les étudiants et diminuent les contraintes liées à la mobilité.

Le programme Erasmus est un bon exemple européen de cette volonté de coopéra- tion entre universités et entre pays. Créé en 1987, le programme Erasmus a pour objec- tif principal de renforcer les liens entre pays de l’Union Européenne et de créer un sen- timent partagé de citoyenneté européenne. Ce programme fait la promotion de la mobi- lité et de l’échange d’étudiants entre universités et pays membres de l’UE. Entre 1987 et 2007, le nombre d’étudiants ayant effectué un séjour à l’étranger atteignait 1,5 millions et, ce, répartit entre 2200 universités européennes.

Au niveau de la politique du pays, en France par exemple, après la chute des ef- fectifs d’étudiants étrangers, le gouvernement – à travers une coopération entre le minis- tère de l’Education nationale et le ministère des Affaires étrangère – a mené une poli- tique plus active au niveau de l’accueil des étudiants internationaux. Cette coopération a abouti à la création de l’agence Campus France, chargée de promouvoir l’offre de for- mation française à l’étranger. En 2008, elle regroupait 200 établissements académiques. Plusieurs centres créés dans différents pays travaillent sous la direction de Campus

France et sous l’autorité des postes diplomatiques français. Le rôle de ces centres est de

filtrer, selon des critères d’acceptabilité et de spécialités, le flux d’étudiants internatio- naux souhaitant poursuivre leurs études en France.

La mobilité étudiante internationale est donc un phénomène internationalisé, ins- titutionnalisé et en évolution constante,. Les pays prennent en compte des enjeux poli- tiques, économiques et sociaux. Mais, pour comprendre une autre dimension de la mo- bilité, il est nécessaire de s’interroger sur les causes et les motifs de l’étudiant que l’on a incité à partir étudier à l’étranger.