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PROTESTANTISME À TRAVERS LES LIVRES DÉFENDUS SELON MGR

D’ARENTHON D’ALEX

Les bibliothèques des évêques présentent la particularité à la différence de celles des curés et chanoines de posséder une rubrique intitulée « Livres défendus ». Celle de Mgr Jean d‟Arenthon d‟Alex est subdivisée en paragraphes regroupant les ouvrages mis à l‟écart selon leur format. Ces derniers regroupent des auteurs protestants et d‟autres qui sont jansénistes. L‟ensemble de ces livres se montent à 7 in-folio, 36 in-quarto et 25 in-octavo, soit soixante-huit ouvrages à ne pas mettre entre toutes les mains, c'est-à-dire de celles des ecclésiastiques mais surtout de celles des laïques instruits. Ce nombre est à rapporter aux cinq cent quatre-vingt douze livres que comprend la bibliothèque, ce qui représente 9 % de l‟ensemble.

Parmi les livres défendus, la présence de livres d‟auteurs protestants n‟est pas une surprise tant le diocèse de Genève-Annecy est proche de l‟une des capitales du protestantisme, tant il s‟estime avoir été dépossédé du siège naturel de son évêché qu‟il espère reconquérir, tant les évêques de Savoie du Nord ont mené une lutte sans relâche pour convertir les hérétiques et empêcher aussi la contamination des fidèles du duché par les pasteurs genevois et donc répondre au défi protestant, à l‟image de leur modèle, François de Sales.

Les auteurs protestants sont parfois facilement repérables par le titre de leur ouvrage. Ainsi, Moïse Amyraut écrit, en 1641, une Défense de la doctrine de Calvin1 que connaît l‟évêque d‟Annecy. Ce théologien protestant, auteur de nombreux écrits, défend l‟idée d‟une prédestination plus large que celle développée dans le dogme calviniste, avec des droits plus grands de la liberté morale que chez de nombreux spécialistes de la théologie calviniste. Parmi ceux-ci, certains sont doués pour la controverse à l‟image de ce pasteur de Nîmes, Montauban et Charenton qu‟est Jean-Claude. Il polémique avec M. Arnaud. L‟évêque dispose de sa

Réponse au livre de M. Arnaud : La perpétuité de la foi de l’Eglise catholique2. Comme son

collègue Amyraut, il dénonce les persécutions dont sont victimes les protestants dans le royaume de France mais il le fait avec davantage de véhémence, devenant un chef respecté de son parti, dont il écrit d‟ailleurs l‟évolution dans un Tableau de la persécution des

protestants sous Louis XIV3. L‟hostilité du roi fut à l‟origine de sa fuite à La Haye, en 1685, lors

de la révocation de l‟édit de Nantes. Alors qu‟Amyraut vînt à Saumur pour y apprendre la théologie et y devenir ensuite pasteur, il est précédé à ce poste par Jean Daillé. Son nom est d‟ailleurs deux fois orthographié maladroitement et différemment sous les formes de « Jean Dalié » et de « Jean d‟Aliet » à propos de livres intitulés De la créance des livres sur les

images4, Sermons5et un autre indéterminé, mais mentionnant seulement le nom de l‟auteur.

L‟auteur est connu pour des ouvrages d‟apologétique protestante, des volumes de sermons sur les épîtres de saint Paul, des traités sur le calvinisme en français et en latin.

1 Moyse AMYRAUT, Défense de la doctrine de Calvin, Saumur, Desbordes, 1664, 1 vol., in-8.

2 Jean CLAUDE, Réponse au livre de M. Arnaud : la perpétuité de la foi de l’Eglise catholique,

Charenton, Cellier, 1666, in-12.

3 Jean CLAUDE, Tableau de la persécution des protestants sous Louis XIV, Marseille, Senès, s.d, in-12.

4 Jean DAILLE, De la créance des pères sur le fait des images, Genève, de Tournes, 1641, in-8.

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Les lieux d‟édition, les noms des éditeurs ne sont pas mentionnés comme souvent mais la maison de Tournes à Genève est celle qui semble avoir édité la plupart des ouvrages de Daillé. Un autre grand centre de l‟édition de livres ayant trait au protestantisme est La Haye. C‟est certainement là que paraît La Politique du clergé de France1 de Pierre Jurieu. Ce n‟est pas étonnant puisque le théologien, formé à l‟académie de Saumur, part en 1681 s‟installer à Rotterdam pour exercer la double charge de pasteur de l‟Eglise wallonne et de professeur à l‟École Illustre. C‟est dire s‟il est un pasteur réputé. Son Traité de la dévotion2 est un livre important de la spiritualité protestante du XVIIe siècle qui connaît un succès considérable, insistant sur l‟épanouissement du cœur et la joie de la communication avec Dieu. « La force des désirs », dont parle Jurieu, rend possible la satisfaction qu‟à l‟âme de retrouver Dieu qui est sa source et son origine. Mgr d‟Arenthon d‟Alex ne possède pas cet ouvrage mais est obligé de le connaître tant Jurieu renouvelle la spiritualité de la fin du XVIIe siècle par ses ouvrages polémiques avec des auteurs catholiques connus. Comme d‟autres avant lui, il dénonce dans le livre présent la situation faite aux protestants en France mais sous une forme détournée, puisque le sous-titre est formulé ainsi : « Entretiens curieux de deux catholiques romains, l‟un parisien et l‟autre provincial, sur les moyens dont on se sert aujourd‟huy, pour destruire la religion protestante dans ce royaume ». Il semblerait donc que l‟évêque annécien soit soucieux de s‟informer des efforts de la politique répressive de Louis XIV tels qu‟ils sont perçus par les protestants de façon à comprendre les mécanismes de persuasion et de résistance des uns et des autres.

La bibliothèque épiscopale comprend d‟autres livres d‟auteurs protestants dont les œuvres ne sont pas répertoriées comme « défendues ». Le pasteur de Charenton des années 1620 à 1669, Charles Drelincourt, apparaît par le biais de son Abrégé des controverses ou sommaire

des erreurs de l’Eglise romaine3, certainement imprimé à Genève chez de Tournes en 1661. La

présence d‟un tel ouvrage s‟explique peut-être par le fait que le pasteur protestant se livre à une longue controverse avec Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, connu pour son remarquable Esprit de Saint François de Sales, paru en six volumes de 1639 à 1641. D‟ailleurs, peu de temps après la mort de ce dernier en 1622, paraît en 1625 De la

persévérance des saints ou de la fermeté de l’amour de Dieu, comme en écho au Traité de

l’Amour de Dieu4, affirmant un plein épanouissement du chrétien si son amour de Dieu est

intense. L‟un des enjeux de la religion est, outre la formation du clergé, la catéchèse des enfants. Deux livres l‟attestent. Le premier fait parti des « livres défendus ». Il est écrit par Cyrus du Moulin, un ministre des calvinistes, qui défend l‟Église réformée en arguant qu‟elle est plus digne du Christ que l‟Église romaine. Il est présent par son Catéchisme auquel les

controverses de ce temps sont brièvement décidées par la parole de Dieu5. Il contraste avec un

livre « autorisé », écrit par René Benoist, un religieux angevin, confesseur de Marie Stuart, surnommé, le « Pape des Halles ». Ce titre lui vient de la notoriété qu‟il acquit auprès des fidèles et marchands en tant que desservant de la paroisse de Saint-Eustache à Paris à partir de 1569. Mais il est exclu de la faculté de théologie pour une traduction de la Bible trop hâtive et qui lui vaut encore d‟être accusé de calvinisme. Cela ne l‟empêche pas d‟être choisi par Henri IV comme confesseur et de préparer la conversion du roi au catholicisme. En récompense, il aurait dû être nommé évêque de Troyes, mais les Ligueurs lui refusèrent les bulles. Il est donc victime de son activité de pamphlétaire, mais ses Catéchèses ou instructions

touchant les points à présent controversés sur la religion6sont consultées par Mgr d‟Arenthon

d‟Alex qui apprécie davantage le sermonnaire, auteur d‟un traité de la prédication, d‟ouvrages d‟ascétique et de nombreux traités contre les abus liés au théâtre, à la danse, à la tenue des églises.

1 Pierre JURIEU, La politique du clergé de France ou Entretiens curieux de deux catholiques

romains, l’un parisien et l’autre provincial sur les moyens dont on se sert aujourd’huy pour destruire la religion protestante dans le royaume, La Haye, Arondeus, 1681, 1 vol. in-12.

2 Pierre JURIEU, Traité de la dévotion, Quevilly, Lucas, 1675, 1 vol., in-12.

3 Charles DRELINCOURT, Abrégé des controverses ou sommaire des erreurs de l’Eglise romaine, Genève, Aubert, 1632, in-32.

4 François de SALES, Traité de l’Amour de Dieu, Lyon, Rigaud, 1618, in-8.

5 Cyrus du MOULIN, Catéchisme auquel les controverses de ce temps sont brièvement

décidées par la parole de Dieu, Genève, de Tournes, 1659, in-8.

6 René BENOIST, Catéchèses ou Instructions touchant les points à présent controversés en la

religion accommodées aux Evangiles d’un chacun jour de Caresme, proposées en sermons en l’église de Saint Eustache de Paris, l’an 1573, Paris, Chesneau, 1573, in-13.

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À l‟opposé, l‟évêque déconseille la lecture de livres douteux, écrits pourtant par des spécialistes. C‟est le cas de la Théologie naturelle1 du père capucin Yves de Paris, publiée en 1633 dans laquelle « les premières vérités de la foy sont éclaircies par raisons sensibles et moralles ». Ce religieux aborde la question de l‟existence de Dieu et celle de l‟immortalité de l‟âme, des anges et démons, avec une trop grande place laissée au doute donc son livre est déconseillé alors qu‟il travaille pendant soixante ans à la conversion des hérétiques.

On est par contre peu surpris de voir un ouvrage faisant référence à l‟écrit du Père Maimbourg qui souleva le plus de polémiques : l‟Histoire du calvinisme2. Il semblerait que l‟auteur de cette

Critique générale [de l’histoire] du calvinisme (1682) soit Pierre Bayle. Le livre vise à réfuter les

arguments que Maimbourg utilisait pour justifier la Réforme. Ainsi, les violences faites par les calvinistes sont équivalentes à celles des catholiques, la révolte des calvinistes se justifie par le refus des rois de France de reconnaître la liberté de conscience, si leurs doctrines sont jugées hérétiques par l‟Église romaine, alors il en va de même des textes qui veulent attester de l‟infaillibilité du pape. Bayle va même plus loin en niant l‟infaillibilité de l‟Église.

Cependant, il est surprenant de trouver le livre de Jean de la Croix, Connaissance de l’homme

et mystère de Dieu3, parmi la liste des livres défendus quand on sait qu‟il aborde le feu de

l‟amour de Dieu qui imprègne chaque homme et que l‟écrivain est le plus grand saint et mystique espagnol du XVIe siècle et qu‟il a réformé la branche masculine du Carmel en développant l‟ordre des Carmes déchaussés. Jean de La Croix va beaucoup influencer l‟école de spiritualité française qui réunit des théologiens comme Pierre Coton, Vincent de Paul, François de Sales. Si le livre cité est déconseillé, la pensée de l‟auteur demeure incontournable et, à coup sûr, appréciée par l‟évêque de Genève-Annecy car il défend le principe que seule la foi qui dépasse l‟intelligence peut permettre de connaître Dieu. Il insiste aussi sur l‟espérance et sur la nécessaire recherche des vertus par la grâce, c'est-à-dire par l‟aide de Dieu, en se détachant des biens terrestres, donc en acceptant une pauvreté complète. L‟auteur préconise encore une pratique de la prière dans tous les actes de la vie quotidienne et la lecture de la Bible qui fournit des modèles à imiter. Ainsi, ce n‟est pas parce qu‟un livre est déconseillé que l‟on peut en déduire que c‟est toute l‟œuvre et la pensée de son auteur qui sont proscrites. L‟exemple du « Saint du Carmel » qui va marquer toute l‟Église catholique en Europe et en France, en particulier à partir du XVIe siècle, montre qu‟il faut faire preuve de sens de la nuance dans l‟étude des bibliothèques des ecclésiastiques, même du haut clergé.

L‟obsession de la lutte contre le protestantisme se poursuit à travers des ouvrages tolérés visant à convertir les hérétiques. On retrouve naturellement l‟Exposition de la doctrine

chrétienne4 de Bossuet. Un autre auteur apparaît, réputé plus par ses actions d‟homme

politique que par ses écrits : Richelieu. L‟évêque d‟Annecy a retenu parmi les œuvres de celui qui disait que « Le premier fondement du bonheur d‟un Etat est l‟établissement du Royaume de Dieu »5, son Traité qui contient la méthode la plus facile et la plus assurée pour convertir ceux

qui sont séparés de l’Eglise6. Il s‟agit d‟un ouvrage de controverse, également utile pour aider

les curés à convaincre les protestants d‟abjurer et d‟embrasser la religion catholique. Le cardinal encourage aussi le développement des missions et soutient les projets de Bourdoise, de Vincent de Paul, Bérulle, de Jean Eudes et d‟Ollier concernant l‟organisation de séminaires. Il existe encore des livres de théologie que l‟on peut identifier comme notoirement jansénistes. On sait que Mgr d‟ Arenthon D‟Alex, comme son ami Le Camus, évêque de Grenoble, avait des sympathies pour le rigorisme moral de Port-Royal7. La présence du Nouveau Testament de

Mons8 le laisse penser. Il s‟agit de la traduction française du Nouveau Testament par Messieurs de Port-Royal, dont la première édition parut en 1667. Elle suscite de nombreux pamphlets, en particulier ceux du Père Maimbourg et des jésuites en général, et fut interdite

1 Yves de PARIS, Théologie naturelle, Paris, Buon, 1637, 4 vol., in-4.

2 Louis MAIMBOURG, Histoire du calvinisme, Paris, Marbre-Cramoisy, 1682, 2 vol., in-12.

3 Jean de LA CROIX, Connaissance de l’homme et mystère de Dieu, Burgos, 1644.

4 Jacques Bénigne BOSSUET, Catéchisme de Meaux qui contient l’abrégé de l’exposition de la doctrine chrétienne, Paris, Marbre-Cramoisy, 1688, in-12.

5 Armand Duplessis cardinal de RICHELIEU, Testament politique, Amsterdam, Desbordes, 1688, in-12.

6 Armand Duplessis cardinal de RICHELIEU, Traité qui contient la méthode la plus facile et la

plus assurée pour convertir ceux qui sont séparés de l’Eglise, Paris, Cramoisy, 1651, in-12.

7 Henri BAUD (s.d.r.), Genève-Annecy, Histoire des diocèses de France n° 19, Le triomphe de

la Réforme catholique par Roger DEVOS, p.141, Paris, 1985, 331 p.

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par des bulles papales de Clément IX en 1668 et d‟Innocent XI en 1679. L‟évêque connaît aussi la Bible de Sébastien Munster, publiée en 1536, par l‟imprimerie humaniste de Froben, la plus importante en son genre en Allemagne1. Elle est l‟œuvre de l‟hébraïsant chrétien le plus réputé de son temps et c‟est donc la première édition intégrale du texte hébreu de la Bible. L‟intérêt pour les textes sacrés apparaît confirmé par le relevé de la Nouvelle Alliance de

Jésus-Christ qui est en fait le Nouveau Testament revu et conféré sur les textes grecs par les

pasteurs de Genève2. L‟édition de ce in-quarto n‟est pas précisée mais peut être celle de

Chouet, imprimeur à Genève, et peut dater de 1675. On retrouve également une Biblia sacra et un « vieux Missel gothique » comme livres défendus. Plus loin, se rencontrent un Nouveau

Testament à Genève et une Bible gothique. Plus précis est le titre relatif au Commentaire de l’Evangile de Saint Matthieu par Erasme. L‟humaniste hollandais, déjà auteur d‟un

Annotationes in Novum Testamentum3, est connu pour la mesure et la prudence de sa pensée,

pendant un XVIe siècle marqué par des conflits religieux entre catholiques et protestants, mais aussi pour sa volonté de concilier l‟étude des Anciens et des enseignements de l‟Évangile. Ainsi, la possession d‟une Bible peut indiquer une orientation théologique de son propriétaire : ici une hostilité au protestantisme et à certains auteurs jansénistes.

Les chefs de file du jansénisme sont bien présents parmi les auteurs proscrits. Dès le début de la liste, est mentionné Corneille Jansen sans indication d‟un titre. On peut penser néanmoins qu‟il s‟agit de l‟Augustinus4. Cet énorme traité de théologie examine surtout le problème de la grâce divine que Dieu accorde aux hommes et celui de la liberté humaine dans le processus du Salut. Jansénius affirme que Dieu est le seul à décider à qui il accorde ou non sa grâce et qu‟il agit sur l‟homme par l‟intermédiaire de la grâce efficace, qui l‟incite à faire le bien. Mais le nombre des élus est fort réduit : c‟est une vision pessimiste de l‟homme sur Terre et au Ciel. Jansénius exige du pénitent une contrition parfaite. Mgr d‟Arenthon d‟Alex n‟est pas loin de partager cette exigence car il interprétait dans un sens rigoriste les instructions de saint Charles Borromée et de saint François de Sales aux confesseurs, estimant même que l‟indulgence coupable de beaucoup entraînait les pécheurs à leur perte. Dans les Constitutions

synodales et Résolutions pastorales, sont évoqués des cas dans lesquels il fallait différer ou

refuser l‟absolution, jusqu‟à ce que le fidèle eût donné des preuves certaines de son amendement.

Cela est en adéquation avec les idées de Jean du Vergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran. L‟évêque de Genève-Annecy possède sa Théologie familière5 parmi ses livres défendus, donc déconseillés aux prêtres de son diocèse. Mais on ne peut s‟empêcher de penser qu‟il a pu être influencé par ce théologien, grand ami de Jansénius qu‟il a côtoyé au collège jésuite de Louvain et avec qui il échange une importante correspondance entre 1617 et 1635. Saint-Cyran insiste sur la nécessité pour le chrétien d‟une véritable « conversion intérieure » qui est le seul moyen d‟être en état de recevoir le sacrement de pénitence et d‟eucharistie. Sous son impulsion et en tant que directeur de conscience des religieuses et des Messieurs de Port-Royal, ce couvent devient le centre spirituel du jansénisme, voué à amorcer une réforme de l‟Eglise de France « qui se trouvait dans la dégradation la plus profonde et n‟était plus la véritable épouse du Christ ». Evidemment et officiellement, d‟Arenthon d‟Alex ne peut se proclamer janséniste. Mais il en est suspecté par exemple dans les années 1677-1680 par le parti moliniste qu‟anime à Chambéry l‟archevêque de Tarentaise, François Amédée Milliet de Challes, les jésuites et les capucins. L‟évêque de Genève-Annecy bénéficie du soutien du clan des Bertrand de la Pérouse, le président du Sénat et de membres de la curie romaine. L‟évêque de Genève-Annecy s‟en tire en protestant de son respect des dogmes et de sa fidélité au Saint-Siège. Mais on retrouve dans sa bibliothèque dans les in-quarto défendus, une

Réponse à la perpétuité de la foi de l’Eglise catholique6, faite en 1670 par Jean Claude,

ministre protestant de Charenton.

C‟est dire si Mgr d‟Arenthon d‟Alex s‟intéresse à la polémique anticalviniste que soutient le groupe janséniste comprenant Arnauld, Nicole et Renaudot, qui est un moyen pour ces derniers de donner des gages de leur orthodoxie, avec succès, puisque s‟instaure la paix

1 Sébastien MUNSTER, Biblia sacra, s.l., s.n., 1539.

2 Nouvelle Alliance de Jésus-Christ, Genève, Chouët, 1621, in-12.

3 ERASME, Annotationes in Novum Testamentum, Bâle, Forben, 1655, in-fol.

4 Cornelius JANSEN dit JANSENIUS, Augustinus, Paris, Soly et Guillemot, 1641, 1 vol., in-2.

5 Jean du VERGER de HAURANNE, Théologie familière, Paris, Le Mire, 1679, in-12.

6 Jean CLAUDE, Réponse au livre de M.Aranaud intitulé : la perpétuité de la foi de l’Eglise catholique, Quevilly, Lucas, 1670, in-4.

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clémentine souhaitée par le pape Clément IX. Dans la même veine janséniste anti-calviniste, se trouve le bénédictin Gabriel Gerberon avec son ouvrage Miroir de la piété chétienne1. Il est publié à Bruxelles sous le nom de sieur Flore de Sainte Foi et vise à considérer avec des réflexions morales l‟enchaînement des vérités catholiques de la prédestination et de la grâce de Dieu. Ce livre est condamné par certains théologiens et archevêques comme reprenant les