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La lutte contre le jansénisme par les livres

L’INFLUENCE JANSÉNISTE

1. La lutte contre le jansénisme par les livres

La question du jansénisme se pose en Savoie dans la seconde moitié du XVIIe siècle et transparaît à travers les bibliothèques ecclésiastiques. Il s‟agit de connaître les auteurs jansénistes appréciés par les hommes d‟Église. Ce qui curieusement nous amène à découvrir des auteurs justement antijansénistes qui côtoient parfois dans une même bibliothèque des opposants à ce courant théologique. Qu‟est-ce que le jansénisme ? Existe- t-il une forme de jansénisme propre à la Savoie ? Dès lors, retrouve-t-on une partie du clergé savoyard que l‟on pourrait qualifier de janséniste ou à tendance jansénisante ? D‟ailleurs, les curés savoyards jansénistes sont-ils comparables à leurs homologues français ? Comment la vision de l‟homme pensée par une élite intellectuelle a-t-elle influencé la charge d‟âmes, le message religieux transmis aux paroissiens qui sont essentiellement des paysans ? La question janséniste peut être abordée autant par la présence de livres d‟auteurs jansénistes qu‟antijansénistes car, dans un cas comme dans l‟autre, elle montre une préoccupation à l‟égard de la grâce et un souci de réfléchir sur une vie à mener plus austère.

Qu‟est-ce que le jansénisme ? Il s‟agit d‟une vision du monde qui découle de la pensée de Cornelius Jansen, dit Jansénius, évêque d‟Ypres au début du XVIIe siècle, auteur de l‟Augustinus1. Ce théologien hollandais énonce une doctrine fondée sur une vision pessimiste du salut et une manière rigoureuse de vivre sa foi qui provient du péché originel ayant entraîné la déchéance de l‟homme. Il affirme cependant que ce dernier peut se racheter et assurer son salut grâce au sacrifice de Jésus-Christ qui a racheté le genre humain par sa mort, ou ce qu‟on appelle aussi le mystère de la Rédemption. Jansénius et les jansénistes remettent à l‟honneur la pensée des premiers Pères de l‟Église, surtout celle de saint Augustin qui reposait en partie sur la grâce et la prédestination. Il affirmait que le salut est possible grâce à l‟action surnaturelle de la grâce octroyée par Dieu. Se pose les questions de savoir si tous les fidèles peuvent être sauvés et comment ils peuvent s‟attirer par leurs actions la grâce de Dieu. Celle-ci se manifeste dans l‟âme humaine sans que l‟on s‟en rende compte puisqu‟il s‟agit d‟un pur don de Dieu. L‟homme est donc soumis soit à échouer dans sa quête du salut à cause de la « délectation charnelle », soit à l‟obtenir par le moyen de la grâce qui l‟amène à la « délectation spirituelle ». La doctrine janséniste oscille entre ces deux extrêmes qui conditionnent la vie sur terre et dans l‟au-delà. Calvin estimait que Dieu choisit les élus qui vont bénéficier de sa grâce ; ainsi, il existe des hommes prédestinés et d‟autres non. Sa pensée s‟oppose à celle de Molina qui propose une vision humaniste ou optimiste de l‟homme dans La concorde du libre arbitre

avec les dons de la grâce, la prescience divine, la Providence, la prédestination et la

réprobation2. Ce jésuite espagnol de la fin du XVIe siècle prétendait que la grâce était donnée à

tous les hommes, qu‟ils pouvaient l‟attirer sur eux par la prière et en respectant les vertus d‟une vie chrétienne. Molina remplaçait ainsi la conception de la grâce efficace par celle de la grâce suffisante, laissant en quelque sorte une plus grande liberté à l‟homme face à Dieu, par l‟exercice de son libre arbitre en vue d‟obtenir le plus de mérites possibles. Les thèses de Molina sont fermement combattues par les jansénistes qui mettent en avant la toute-puissance divine et l‟oppose à la faiblesse de l‟homme sujet au péché. Mais si la grâce dépend de la seule miséricorde de Dieu, elle exige du fidèle un effort constant pour s‟en montrer digne, l‟incitant à un dépassement du « vieil homme » par l‟« homme nouveau ».

Un moment essentiel dans la vie du chrétien est la communion, sacrement qui devient un enjeu dans une doctrine janséniste marquée par une grande rigidité morale en vue d‟atteindre la perfection. À noter que la méthode pastorale qui qualifie le courant janséniste, que l‟on appelle le rigorisme, s‟inscrit tout à fait dans le prolongement de la Contre-Réforme, mis à part le fait que la recherche de l‟ascèse est encore plus marquée que celle recommandée par

1 Cornelius JANSEN, Augustinus, Paris, Soly, 1641.

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Charles Borromée dans ses Instructions aux confesseurs1. À la différence des jésuites, les curés jansénistes vont être plus réticents à octroyer les sacrements, estimant qu‟ils ne doivent être reçus qu‟après une expérience intérieure menée sans concession sur ses fautes par le fidèle.

Le révérend Baudrey de Saint-Georges d‟Hurtières en Maurienne2 possède Les Imaginaires

ou Lettres sur l’hérésie imaginaire3, livre écrit par Pierre Nicole en réponse à un mandement

de l‟archevêque de Paris, Pierre de Péréfixe, de juin 1664, réclamant une « foi humaine ». Difficile de savoir si les convictions de ce desservant l‟ont amené à moins donner la communion à ses ouailles, chez qui il condamnait un amour-propre, une forme d‟orgueil mal placé. Même si cet homme d‟Eglise est sceptique sur la grandeur humaine, est partisan de juger les actes de ses paroissiens avec sévérité, il est douteux qu‟il ait moins donné le pain de communion car les fidèles auraient mal compris cette rigueur et l‟assistance à la messe dominicale s‟en serait ressentie. Le peuple de paysans est bien en peine de comprendre les questions théologiques car il n‟en a ni le temps, ni forcément les capacités intellectuelles et souhaite plutôt une religion qui ne nie pas les valeurs humaines, qui l‟aide à supporter les difficultés quotidiennes. De plus, un conflit entre le curé et les villageois est à éviter. Cela n‟empêche pourtant pas un contrôle à la fois religieux et social marqué, comme l‟atteste le fait que le curé de Chilly-Mazarin en Genevois choisisse un autre parrain et une autre marraine, puis impose le prénom de l‟enfant lors d‟un baptême en 1673 : une manifestation claire de la sévérité du curé sur les valeurs morales4. Un curé Blanc de Beaufort en Tarentaise lègue à sa mort en 1792 au séminaire de Chambéry les Œuvres de controverse de Pierre Nicole5 parmi sept ouvrages, dont trois concernent l‟histoire ecclésiastique6. C‟est le signe qu‟il attribue à cet auteur une certaine valeur, ne serait-ce que parce que les thèses qu‟il défend font débat. Par contre, nulle trace n‟a été retrouvée de l‟ouvrage célèbre d‟Antoine Arnauld intitulé De la

fréquente communion dans les bibliothèques des titulaires d‟une chaire paroissiale en Savoie7.

Pourtant, ce livre a connu un grand succès en 1643. Il est fréquemment présent dans les bibliothèques du clergé parisien avec des Lettres de Nicole, sans que l‟on puisse être sûr que les ecclésiastiques éprouvent des sympathies pour le jansénisme8. Il aborde le problème crucial de la communion, sacrement important pour les fidèles. Il faut croire que la question de son interprétation ne pose plus de problème au XVIIIe siècle. Les ecclésiastiques d‟alors l‟accordent tout à fait normalement à l‟opposé de la pensée d‟Antoine Arnauld qui préconisait d‟en différer l‟absolution et était partisan de la privation de communion comme moyen d‟ascèse. Il écrivait ainsi qu‟il ne visait pas à détourner les fidèles de la communion fréquente parce qu‟on leur apprend les moyens de s‟en approcher utilement, en particulier par la pénitence qui doit faire accomplir au fidèle des peines proportionnées aux fautes commises, ce qui suppose un grand nombre de rencontres avec le prêtre, qui ne doit accorder l‟absolution qu‟une fois qu‟il a obtenu des preuves tangibles d‟un amendement certain. L‟auteur définit le rôle du prêtre :

« Tous ceux qui conduisent les âmes doivent avoir pour but de les mettre dans une telle disposition qu’elles peuvent commencer de communier si elles ne communient pas encore, ou communier souvent si elles ne communient encore que rarement ou même communier tous les jours si elles peuvent déjà communier souvent ».

1 Charles BORROMEE, Instructions aux confesseurs, Paris, Vitré, 1659, in-16.

2 A.D.S. 2 C 2119. Tabellion d‟Aiguebelle, 1729, vol. 1, fol. 273-283. Inventaire des biens du Rd Joseph BAUDREY, curé de Saint-Georges d‟Hurtières, nore Rey.

3 Pierre NICOLE, Les Imaginaires ou lettres sur l’hérésie imaginaire, Liège, 1667.

4 Nicole LEMAITRE (s.d.r), Histoire des curés, Fayard, Paris, 2002, 523 p., p. 210.

5 Pierre NICOLE, Œuvres de controverse, Paris, Guillyn, 1755, 3 vol., in-12.

6 Archives du grand séminaire de Chambéry. Médiathèque de Chambéry-Malraux. Legs au séminaire de « C. BLANC curé, parochus bellifortis, 1792 » (ex-libris), SEM P 1083.

7 Antoine ARNAUD, De la fréquente communion, Paris, 1643.

8 Michel MARION, Les bibliothèques privées à Paris au milieu du XVIIIe siècle, Comité des

travaux historiques et scientifiques. Mémoires de la section d‟histoire moderne et contemporaine, Bibliothèque nationale, Bordeaux, 1978, 250 p., p. 173.

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Arnauld conçoit qu‟une âme touchée par l‟esprit de pénitence s‟estime indigne de s‟approcher du corps de Jésus Christ, puisse différer de communier jusqu‟à la mort : cette extrémité est possible. Les qualités du prêtre janséniste sont aussi présentées : il doit être savant, c‟est-à- dire posséder la science des Écoles, la science de la tradition et la science qui se puise dans l‟union intime avec Notre-Seigneur ; il doit être animé d‟une sagesse supérieure car « la sagesse du monde n‟est que folie et il doit posséder la prudence de l‟esprit et cette liberté religieuse que l‟Esprit du Seigneur inspire à ceux qu‟il remplit ». Il est souhaitable qu‟il soit expérimenté « par les habitudes que nous contractons au-dedans, et par les exercices que nous faisons au dehors sur les autres ». Surtout le prêtre doit avoir la vocation « par laquelle la conscience témoigne qu‟il n‟y a, en nous, aucune incapacité notable et que Dieu se veut servir de nous en une telle occasion ». Le théologien le plus éminent du jansénisme dénonce le fait « que ceux qui communient, tous les huit jours, font très bien », affirme qu‟il est faux que cette pratique nous rapproche des premiers chrétiens » car « les Saints Pères, veulent que, pour juger s‟il est plus utile de communier souvent que rarement, l‟on regarde aux mérites, aux affections, aux règlements des mœurs, à la pureté de la vie, aux opérations du Saint-Esprit ». Le disciple de Saint Cyran estime que la communion ne peut venir qu‟après un temps plus ou moins long de pénitence, qui fait suite à la confession lorsqu‟un péché grave a été commis. Il est partisan d‟un retour à des pratiques sévères de l‟Église et dénonce un relâchement des prêtres, qui est « la seule raison du fait que l‟Eglise, depuis quelques siècles, souffre des changements qui sont arrivés dans la pratique de la pénitence ». En fait, il attaque les casuistes jésuites, les accusant de laxisme, c'est-à-dire de trop adapter les règles morales au monde, qui « ne jugent plus de la dévotion que par les fréquentes communions et jugent dignes de communier souvent tous ceux qui confessent souvent leurs crimes quoiqu‟ils ne les quittent jamais ». Pour lui, la religion est inséparable de la morale, du combat que chacun doit mener contre tous les vices, contre l‟amour du monde et de soi-même. Les jésuites sont accusés, en permettant les communions fréquentes, d‟encourager la corruption des mœurs. On sait que ce livre d‟Arnauld eut un très grand succès dans la seconde moitié du XVIIe siècle et fut à l‟origine de nombreuses lectures par des théologiens et des ecclésiastiques, mais, un siècle plus tard, ce livre qui constitue le programme des jansénistes n‟est pas ou plus présent dans les bibliothèques des ecclésiastiques savoyards.

Cependant, la question janséniste demeure d‟actualité à travers des imprimés et des ouvrages écrits mettant en cause un autre chef du mouvement qui a succédé à Antoine Arnauld : le Père Pasquier Quesnel. Il est présent « en creux » si l‟on peut dire puisque le révérend Delachinal de Lucinges1 possède Les caractères de l’erreur dans les défenseurs de Jansénius et du père Quesnel tandis que son collègue Frère, curé de Collonges près de la

frontière avec Genève2, dispose de la Nouvelle défense de la Constitution qui porte

condamnation du Nouveau Testament du Père Quesnel3. Ce dernier ouvrage a été écrit par

Claude Lepelletier, qui fut chanoine de la Cathédrale de Reims au XVIIIe siècle, et se rendit célèbre par ses écrits contre les jansénistes. Ici, il veut prouver le caractère hérétique et la fausseté des propositions tirées du Nouveau Testament du Père Quesnel que le pape Clément XI a condamnées. En 1715, il écrit aussi une Justification de la Constitution où l’on réfute tout ce que le P. Quesnel et ses partisans ont écrit pour justifier les cent une propositions condamnées et pour combattre l’instruction pastorale des évêques de France. En 1717, dans

la même veine, il fait publier La Constitution, règle de foi et de discipline4. Selon lui, la défense de la constitution « Unigenitus » de 1713 est fondée sur la doctrine de l‟Église de saint Paul et de saint Augustin et ceux qui la combattent sont en contradiction à la fois avec l‟institution et avec sa doctrine. Le révérend Delachinal possède un second livre de Lepelletier intitulé

Réfutation du Mémoire publié en faveur de l’appel des quatre évêques5. Ces livres sont hostiles

aux idées de Pasquier Quesnel énoncées dans son Nouveau Testament en français avec des

1 A.D.H.S. H dépôt 13, 1 B 58. Hôpital général d‟Annecy.Legs du Rd DELACHINAL, curé de Lucinges, XVIIIe siècle.

2 A.D.H.S. VI C 2066. Tabellion de Viuz-en-Sallaz, 1770. Inventaire des effets du Rd FAVRE Jean-Baptiste, curé de Cranves, 21 nov. 1770, nore Vindret.

3 Claude LEPELLETIER, Nouvelle défense de la Constitution de N. S. P. le pape qui porte

condamnation du Nouveau Testament du Quesnel, Lyon, 1715, in-12.

4 Claude LEPELLETIER, La Constitution, règle de foi et de discipline, Anvers, 1717, in-12.

5 Claude LEPELLETIER, Réfutation du Mémoire publié en faveur de l’appel des quatre évêques, adressée à M. l’évêque de Mirepoix avec les témoignages de l’Eglise universelle en faveur de la bulle Unigenitus, Bruxelles, 1718, 2 vol., in-8.

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réflexions morales sur chaque verset pour en rendre la lecture et la méditation plus faciles à ceux qui commencent à s’y appliquer. Cet ouvrage est condamné par la bulle « Unigenitus » de

1713 qui condamne aussi le gallicanisme et le richérisme. Le révérend Jacques Frère possède également un livre de Lepelletier intitulé Nouvelle défense de la Constitution qui porte condamnation du Nouveau Testament de Quesnel. La bulle « Unigenitus » condamnait cent une propositions tirées des ouvrages de Quesnel. Déjà, en 1693 et 1694, avaient été retirées des rééditions de l‟Abrégé et, en 1713, Quesnel est exclu de l‟Église et se réfugia en Hollande où il fondait des communautés jansénistes constituant la Petite-Église qui appliquait les principes édictés par les docteurs de Port-Royal. De là, il écrivit aussi de nombreux ouvrages de polémique favorable à l‟Église de Hollande et opposé à l‟Église romaine. Louis XIV ne pouvait tolérer de tels ouvrages hostiles à l‟Église gallicane de la part d‟un théologien dont la doctrine est marquée par une intransigeance certaine. Ce qui lui vaut d‟être l‟objet d‟une polémique entretenue par exemple par un auteur antijanséniste s‟appelant Paul de Lyon qui est un frère mineur capucin de la province de Lyon, spécialiste de philosophie et de théologie. Deux de ses ouvrages sont présents dans notre catalogue : les Lettres instructives sur les

erreurs du temps1 chez les révérends Pierre Léonard de Gruffy2 et François Favre de

Scientrier3 constituent le premier. Elles sont constituées de quatre lettres correspondant à la

Lettre où l’on explique les vérités que l’Eglise nous oblige de croire ; à la Lettre où se fait sur trois colonnes le parallèle de la doctrine de Jansénius avec celle de Saint Augustin et de

Calvin ; à la Lettre où l’on explique les passages de Saint Augustin, qui paraissent opposés à

ceux de l’Eglise ; à la Lettre où l’on répond à toutes les objections que l’on peut faire contre la Constitution Unigenitus. Le second ouvrage de Paul de Lyon présent chez le curé de Voglans

Théodore Batardin4 a pour titre Anti-hexaples ou analyse des cent et une propositions

condamnées par Notre Saint Père le pape Clément XI pour servir de réponse aux Hexaples, ou

écrit à six colonnes sur la constitution Unigenitus5. L‟auteur qui composa aussi un manuel de

théologie dogmatique plusieurs fois réédité mène une controverse acharnée contre les jansénistes et Quesnel qui est leur chef. Il défend avec vigueur la condamnation papale du jansénisme.

Le curé Oueg de Brenthonne en Chablais6 s‟intéresse particulièrement à cette crise de l‟Église française car il laisse en 1785 le premier volume d‟un Traité sur la bulle Unigenitus et plus loin dans l‟inventaire de la bibliothèque les Lettres d’un abbé, nouvelles lettres objections

et réponses, le tout concernant la bulle Unigenitus en trois volumes séparés et encore un

Mémoire contre l’appel de la bulle Unigenitus en un volume, sans compter un traité théologique

du Père Quesnel. Ce sont les propositions de ce dernier qui sont condamnées par le pape Clément XI le 8 septembre 1713, rejetant les thèses concernant le libre arbitre et la grâce prononcée par Jansénius dans l‟Augustinus qui s‟opposait à Molina. D‟ailleurs, le révérend Oueg, soucieux de se référer aux textes mêmes des maîtres à penser, a deux volumes dont le titre est Histoire des cinq propositions de Jansénius. Louis XIV mena une forte répression dès les débuts du mouvement en 1656. Le roi redoutait que l‟opposition religieuse ne vire en une contestation politique, comme il l‟écrit dans ses Mémoires :

« l’Eglise sans compter ses maux ordinaires, après de longues disputes sur des matières d’école, dont on avouait que la connaissance n’était nécessaire à personne pour le salut, les différends s’augmentant chaque jour, avec la chaleur et l’opiniâtreté des Esprits, et se mêlant sans cesse de nouveaux intérêts humains, était enfin ouvertement menacée d’un schisme par

1 PAUL de LYON, Lettres instructives sur les erreurs du temps, Lyon, 1716.

2 A.D.H.S. Clergé séculier. 4 G 18. Inventaire après-décès des biens du Rd Pierre LEONARD, curé de Gruffy, 1er septembre 1735.

3 A.D.H.S. VI C 1406. Tabellion de Bonneville, 1785, vol. 1, fol. 251-255, Inventaire du délaissé du Rd François FAVRE, curé de Scientrier, 4 mars 1785, nore Joseph Arestan.

4 A.D.S. 2 C 283. Tabellion de Chambéry, 1734, vol. 1, fol. 970-973. Inventaire des biens des frères BATARDIN, Théodore, curé de Voglans et André, conseiller bourgeois de Chambéry, nore Large.

5 PAUL de LYON, Anti-hexaples ou analyse des cent et une propositions condamnées par

Notre Saint Père le pape Clément XI pour servir de réponse aux Hexaples, ou écrit à six colonnes sur le constitution Unigenitus, Lyon, 1721, 2 t., in-12.

6 A.D.H.S. VI C 1283. Tabellion de Thonon, 1785, vol. 1, fol. 382-383. Inventaire des biens du Rd OUEG, curé de Brenthonne, 21, 22, 23 juin 1785, nore Louis François Frézier.

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des gens d’autant plus dangereux qu’ils pouvaient être très utiles, d’un grand mérite, s’ils en eussent eux-mêmes été moins persuadés ».

Pourtant, Racine écrivait « qu‟un sujet ne peut avoir de justes raisons de s‟éléver contre son Prince » même s‟il appartenait à Port-Royal. Mais les jansénistes souhaitaient une réforme de l‟Église remettant en cause l‟infaillibilité du pape qui en fixait la doctrine et était le chef de la hiérarchie ecclésiastique, invitant également les fidèles à critiquer l‟institution au nom des