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4.2.1.3 Présentation des fonctions de Praat

3/ Le degré de voisement : Il est corrélé à la proéminence et il a été démontré que des consonnes normalement non voisées peuvent le devenir lorsqu‘elles sont proéminentes

4.3 Topic focus, métaphorisation et prosodie

4.3.2 Prosodie et métaphore vive

Prosodie et métaphorisation sont donc intrinsèquement liées par le concept de focus qui lui-même est lié à celui d‘accent. La Topique d’une assertion est le sujet d’un prédicat propositionnel (le commentaire) qui est l’espace de réalisation des métaphores vives : Le schéma de Zubizarreta illustre que la sélection d‘une structure à partir de l‘ensemble des structures possibles, s‘effectue par une convergence entre une forme logique LF (logical form), et une forme phonologique PF. Elle est déterminée par le choix qui est fait de marquer un constituant unique comme focus.

Figure 35 schéma de Zubizarreta

Ce schéma est opératoire pour développer l‘hypothèse que la prosodie n‘est pas uniquement tributaire de la syntaxe, mais aussi des marquages de focus et autres proéminences, dont les emphases, parmi lesquelles on espère inclure la métaphore vive, ce qui est l‘hypothèse de travail exploitée ici. Un exemple simple illustre cette indépendance de la prosodie par rapport à la syntaxe : «et euh sinon ben les mots c'est c' est les notes en fait (88, F3) ». On pourrait croire ici que ―mots‖ est topique or les contours prosodiques désignent sans aucun doute « mots » comme étant le focus, ce qui est logique dans le contexte, car [LA MUSIQUE EST UN LANGAGE] est un mapping conceptuel comme les EMs du corpus le montrent, alors que le vecteur inverse ne l‘est pas [LE LANGAGE EST MUSIQUE], « mots » est effectivement réalisé avec une durée double de celle de notes, et avec un pic de fréquence légèrement plus haut :

si non ben les mots c'est c'est les notes

Time (s)

0.745 2.745

Time (s)

0.7450 2.745

250

Figure 36 Illustration de l‟éclairage de la prosodie sur la détermination des focus « ben sinon les mots c‟est les notes »

Somme de structures possibles LF Forme logique PF Forme phonologique Assertion Structure Série de marqueurs de constituants Marqueur d‘un constituant unique

Marquage F (focus) , FPR (focus prominent rule), proéminence prosodique

L‘exemple supra n‘est pas une métaphore vive, mais un simple focus restreint (ou emphase). Le cas de figure des EMs est différent, car la fonction prosodique liée est indépendante de la syntaxe. L‘analyse fine des différentes structures informationnelles des énoncés métaphoriques dans le corpus tente d‘illustrer l‘existence d‘une réelle proéminence due à l‘innovation lexicale qui se manifeste en parallèle avec celle de « focus »(Xu 2004a).

Exemple d’éclairage donné par la structure informationnelle et la prosodie sur le degré de vivacité des métaphores en anglais

Reprenons l‘exemple de l‘accent de TALking correspondant à une vallée F0 juste après la frontière gauche de la syllabe puis une forte montée de F0 correspondant à une cible intonative élevée, soutenue par un effort articulatoire qui fait croître F0 jusqu‘à la fin de la syllabe.

Dans les termes d‘Adamczewski, la forme en ‗ing‘ est en phase 2 (focus) et est dirigée vers la gauche. Elle est commentaire des éléments topiques qui précèdent (some drummers sound

like). Dans ce cas, le verbe en phase 2 peut potentiellement être focus et donc aussi

métaphore. Soit la suite de l‘interview citée ci-dessus :

+ water play real win- -dy everything everythingis flowing

Time (s)

0.82 8.82

Time (s)

0.820 8.82

250

Figure 36‟: Focus et métaphore “some drummers play like real windy you know what I mean it 's like you know everything everything is flowing (131, E4)”

Clairement, le verbe play à la forme simple est en phase 1, a une intonation descendante, non marquée, ce qui correspond à un contour type d‘accentuation lexicale en anglais ; alors que la première syllabe de flowing présente une intonation montante (pic et chute) qui correspond à un fort marquage prosodique, comme pour « windy », répertorié ici comme métaphore. Il semble que dans les deux cas de « windy » et « flowing », il y ait une chute moins rapide des contours de F0 après le pic F0max, et que les contours remontent sur la deuxième syllabe non accentuée, ce qui n‘est pas le cas pour les contours de mots similaires en simple focus, et la métaphore qui présente le plus d‘excursions par rapport au focus type dans ce tour de parole est « earthy» :

real ear thy

Time (s) 2.5 3.5 Time (s) 2.5 3.5 0 250

Figure 37 real earthy some drummers play real fluent you know and real like and real like you know more like water some drummers play like real windy (127, E4) Les contours fréquentiels demeurent haut, ne chutent pas après le pic, et ne retombent toujours pas sur la deuxième syllabe non accentuée. Ces écarts sont étudiés systématiquement pour les deux langues dans l‘ensemble du corpus, dans une étude organisée par les différentes structures informationnelles qui correspondent à différentes stratégies d‘intensité de focalisation.

Exemple d’éclairage donné par la structure informationnelle et la prosodie sur le degré de vivacité des métaphores en français

Finesse de l’identification accrue :

En repérant les instances du groupe ‘il y a‘ caractéristique des structures présentatives dans les deux langues, des métaphores qui avaient échappée aux autres méthodes de repérage apparaissent: « c'est à dire il y a toujours la basse qui qui fait le ce qu'on appelle la pédale la tonique mais au dessus il y a au dessus ça bouge c'est l'harmonie qui bouge en fait 185, F5». D‘un point de vue informationnel, la même structure peut introduire des éléments rhématiques qui sont d‘une métaphoricité plus ou moins vive. Hormis le coefficient LSA (latent semantic analysis) attribué aux lexèmes et autres considérations lexico-sémantiques, l‘observation des contours prosodiques peut déterminer s‘il s‘agit de termes focus (ou rhème), et lesquels de ces termes présentent des excursions qui semblent indiquer qu‘ils sont la manifestation en surface d‘un focus adjoint d‘une autre fonction intonationnelle qui s‘apparente à un type d‘emphase, ce qui est le cas pour la pédale, bien que ce soit une catachrèse. Or, le focus aux contours atypiques, n‘est pas pédale, mais tonique, et c‘est le couplage pédale-tonique qui apparaît comme se différentiant du simple focus :

la dale la to nique ta Time (s) 5.3 6.3 Time (s) 5.3 6.3 0 500

Le terme pédale, présente nettement des contours de focus, avec cependant un retard de pic de fréquence par rapport au pic d‘intensité. Le phénomène est bien plus net pour les contours de

tonique, où l‘on retrouve les contours que l‘on identifie dans d‘autres métaphores vives, et

que l‘on tentera d‘éclairer dans ce qui suit. Tout cela est cohérent avec les remarques théoriques faites sur la spécificité du français où les accents ont tendance à se réaliser sur les dernières syllabes à voyelle voisée des groupes rythmiques. Le dernier terme du groupe rythmique est bien tonique et non pédale, et c‘est par rapport au groupe rythmique entier où la tête de métaphore est insérée, que la fonction intonationnelle due à la métaphore va se réaliser, non par rapport au terme isolé.

Il a été vu que les clivées et la dislocation sont motivées par le besoin de ne pas réaliser l‘accent prosodique (qui est pour les deux langues considéré comme l‘apanage du focus) sur le groupe sujet, traditionnellement à gauche du prédicat.

Or, si la métaphore porte l‘accent prosodique, et cela est vérifié par les données prosodiques, elle doit être régie structurellement comme le focus, étant une sous-catégorie de celui-ci.

ben c'est-à-dire qu'en fait il y a il y a en fait il faut le penser vraiment par accord mais qui

bouge il a toujours un qui bouge ça fait ta la da la da il y a toujours quelque chose qui va qui

va bouger une ou deux notes en fait qui fait l'harmonie elle va avancer (186, F5)

De façon générale, le focus qui suit il y a est toujours accentué dans le cas de clivées vraies. Ici les métaphores potentielles, plus ou moins vives, sont dans la relative explicative. Le premier « bouge » est accentué comme un focus et il n‘est pas dans une relative explicative, la structure présentative clivée amorcée par le locuteur est détournée, pour aboutir à une relative qui est presque indépendante (présence d‘une pause après « accord »). Lorsque le terme « bouge » est repris, « il y a toujours un qui bouge » il devient thématique, et n‘est plus accentué, c‘est un qui est accentué (le nouvel élément rhématique), « bouge » est cette fois-ci dans une relative explicative d‘une structure présentative clivée. Et de façon admirable, lorsque « bouge » est repris dans la suite du texte : « il y a toujours quelque chose qui va bouger ».

Le terme « bouger » reprend l‘accent, parce qu‘en bout de phrase rythmique, il vient clore en boucle l‘unité informative, et est typiquement marqué. Cette troisième manifestation du lemme « bouger » est le « post-rhème », ou « mnémème » (FERNANDEZ VEST 2004). Ce terme vient assurer la cohésion circulaire du tour de parole, son accent prosodique vient rappeler que c‘était lui le focus.

Les règles qui régissent l‘accentuation et le positionnement du focus éclairent la nature des métaphores exprimées à l‘aide de telles structures. En effet les métaphores qui ont un quelconque degré de créativité prennent l‘accent prosodique caractéristique des focus avec, semble-t-il, une emphase particulière. La première mention de ‗bouge‘ est une métaphore de création (même si la création est familière et cohérente avec les catachrèses existantes), mais la réitération de cette métaphore n‘est plus vive. La métaphore s‘est usée au fil du discours, ce qui explique que le locuteur n‘a plus besoin de signaler emphatiquement à ses interlocuteurs qu‘il passe à un niveau métaphorique exigeant un décodage plus complexe, d‘où, en partie, la perte d‘accent. Lorsque le concept de ‗bouger‘ est réitéré, il reprend l‘accent, pour réactiver la métaphore :

On remarque aussi que l‘accent est certes présent mais de façon moindre par rapport à l‘accent qui marquait la première itération de ‗bouge‘. On pourrait en conclure que certaines caractéristiques de l‘accent prosodique sont proportionnelles pour un locuteur donné à la vivacité de la métaphore. On tentera de vérifier la validité de cette hypothèse à l‘aide des enregistrements sonores et ceci de façon contrastive. Sans tirer de conclusions à ce stade sur la typographie des contours prosodiques des métaphores vives, on peut remarquer des caractéristiques émergentes à l‘aide de l‘annotation et de la visualisation des contours prosodiques par le logiciel Praat.

par a- -ccord mais qui bouge il y a tou-jours un qui bouge ça fait ta la

Time (s) 0.475 3.475 Time (s) 0.475 3.475 0 500 Time (s) 0.475 3.475 64.2 92.47

Figure 39. Caractéristiques des pics de fréquence de réalisations focales métaphoriques

Le pic de fréquence fondamentale est plus haut, plus étendu, et demeure haut jusqu‘à la borne droite de la syllabe pour la première occurrence de « bouge » ou s‘étire jusqu‘à la borne droite. Enfin l‘intensité du more correspondant à la voyelle de bouge « ou » est orientée à gauche dans la première instance, à droite dans la deuxième.

Comme pour les éléments ‗focus‘, les métaphores doivent avoir des positions privilégiées dans le discours en français, et c‘est donc pour les mêmes raisons : les éléments rhématiques sont incompatibles avec la position sujet, et ont une nette tendance à être décalés à droite de l‘unité prédicative. Cela explique en partie les constructions clivées en français qui introduisent des métaphores : « il y a toujours quelque chose qui va bouger » (186, F5)

La stratégie revient entre autre à rejeter le focus (mais aussi l‘élément métaphorique) à droite du prédicat.

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