• Aucun résultat trouvé

Anatol Stefanowitsch (Stefanowitsch 2006, Introduction) fait ce constat que la linguistique de corpus s‘est établie comme la principale méthode de paradigme empirique depuis quinze ans, et la recherche sur la métaphore, qui a eu le vent en poupe depuis l‘émergence des théories de Lakoff, Johnson, et Turner, semble avoir pris un certain retard dans ce domaine.

Toutefois, des chercheurs ont récemment commencé à remédier à cette carence en installant les fondations méthodologiques d‘un besoin de vérification des récentes théories sur la métaphore par des données authentiques qui permettent une vérification empirique. L‘ouvrage de Stefanowitsch, (Ibid), présente un récapitulatif des stratégies d‘extraction et de repérage des métaphores en linguistique de corpus.

1.5.1 Extraction des métaphores d’un corpus

La problématique de l‘ouvrage est clairement centrée sur le principal problème que pose l‘étude de métaphore à base de corpus : leur extraction et leur critérisation. Toute analyse de corpus doit faire face au problème de l‘extraction des données pertinentes. Lorsqu‘il s‘agit de repérer des termes lexicaux bien définis, ou des expressions particulières, la tâche est relativement simple.

Elle demeure accessible, bien que plus complexe lorsqu‘il s‘agit d‘analyser des phénomènes grammaticaux, et utilise notamment les étiqueteurs POS (parties du discours) qui analysent automatiquement les occurrences du corpus.

Dans le cadre de la présente étude sur les métaphores, elles paraît à première vue pratiquement impossible du fait même que la cartographie conceptuelle qui permettrait de repérer les métaphores d‘un certain degré de vivacité n‘est liée à aucune forme linguistique prédéterminable. Aussi les auteurs de Corpus-based approaches to metaphor and metonymy font ce constat de carence dans le domaine :

Il existe toute une panoplie d‘annotations sémantiques concevables qui pourraient pallier ce problème, mais aucun des corpus de taille acceptable ne contient d‘annotations sémantiques, et cela est d‘autant plus vrai pour les corpus recueillis par les chercheurs à des fins précises de recherche. Ainsi, la très grande majorité des travaux de recherche menés sur le ‗mapping

conceptuel‘ ne peuvent pas prendre appui sur des corpus annotés. C‘est pour cette raison que

l‘on propose ici diverses stratégies d‘extraction d‘expressions linguistiques qui rendent manifestes des instances de mappings conceptuels de corpus non annotés, en particulier les trois suivantes… » 4

(Ibid : Notre traduction)

Les auteurs font ensuite un état des lieux et donnent les quelques recettes les plus utilisées à ce jour. Dans ce qui suit, elles sont brièvement recensées afin de décider de leur pertinence dans le cadre de cette étude contrastive de corpus d‘oral spontané.

1.5.2 Recherche manuelle

Cette méthode avait été adoptée lors de l‘étude préliminaire sur un corpus d‘écrit prélevé sur un site internet. Cette méthode est laborieuse, subjective et exigerait des vérifications pour que les résultats aient une quelconque crédibilité. En effet, une des conclusions de toute étude de corpus sur les métaphores (vives ou non) est que leur caractérisation est subjective et relative à une culture. De même que ce qui est métaphorique dans une langue ne l‘est pas forcément dans une langue voisine (to be behind schedule / être derrière l‘emploi du temps* en retard sur l‘emploi du temps), ce qui est métaphorique dans une communauté ne l‘est pas pour tous les locuteurs de cette langue. Ce ne sont que quelques questions soulevées par l‘extraction manuelle d‘un corpus de taille significative.

Plus le corpus est grand, plus les résultats sont valides, et moins l‘extraction manuelle est envisageable.

4 Ibid « There are various conceivable types of semantic annotations that could help solve this problem, but none of the currently available large corpora contain any semantic annotation (and this true even more so of corpora assembled by researchers in the context of specific research questions). Thus, the vast majority of corpus-based research on conceptual mapping cannot rely on annotated corpora, thus a number of strategies for extracting linguistic expressions manifesting conceptual mappings from non-annotated corpora have been proposed, in particular the following three‖

1.5.3 Recherche de lexique lié au domaine source des métaphores

Toute métaphore implique un transfert. Celui-ci s‘effectue à partir d‘un domaine (lexical) source qui va être utilisé pour signifier ce qui l‘est habituellement avec un domaine lexical que l‘on nommera cible. Le premier biais est que cette approche implique que ces domaines sources soient déterminés au préalable, éliminant ainsi toute autre domaine source qui ne serait pas encore répertorié !

Cela apparaît manquer de rigueur dans le sens où les autre possibilités de domaines sources vont échapper par le fait même à l‘analyse, et même si les domaines sources décidés au préalable sont bien présents dans le corpus, leur représentativité dans les possibilités métaphoriques du domaine conceptuel cible ne sera pas prise en compte.

Pour cette approche on peut travailler par mots clefs pour lesquels on tentera de dresser des listes exhaustives de lexique possible pour les métaphores. Cette méthode ne peut être envisagée qu‘en tant qu‘aide à un tri manuel.

1.5.4 Recherche par lexique du domaine cible

De même que pour la précédente, elle procède par mots clefs. Cette méthode présente deux inconvénients. Elle nécessite d‘énormes corpus qui de surcroît doivent être monothématiques. Deuxièmement, elle ne permet de repérer que les domaines sources associés aux termes les plus fréquents, les plus conventionnels et connus du domaine cible. Cette méthode génèrerait pour le domaine cible sélectionné, des mots clefs tels que : music, rhythm, tempo, note, play, beat etc.

Comment, à l‘aide de ces mots clefs, repérer l‘énoncé suivant :

Loc Temps terme POS LSA Enoncé

258 E10 431,144 in IN 0,17

but you take everything that 's in you and you put it out and people will respond to it

Directement en amont et en aval on ne trouve aucun mot-clef qui a trait à la musique par le biais de sèmes essentiels. Le problème avec cette méthode est donc celui de l‘existence de deux types de métaphores, les métaphores in-praesentia et in-absentia. Si seul le comparant est présent, la métaphore ne peut pas être détectée automatiquement par ces méthodes. On peut aussi penser contrairement aux auteurs de l‘ouvrage cité plus haut qu‘il n‘est pas toujours aisé d‘établir une liste exhaustive des termes d‘un domaine cible.

Prenons le domaine cible de la musique. Doit-on, pour repérer les apparitions dans le discours du domaine cible, ne considérer que les termes qui ne sont pas métaphoriques ou au degré métaphorique zéro ? La conviction, qui est le fil d‘Ariane de l‘investigation qui suit, est que ce degré zéro n‘existe pas, ou du moins pas dans l‘absolu, et qu‘il est seulement une borne d‘un intervalle [0, x], intervalle de vivacité métaphorique dans lequel toute métaphore se situe.

Pour être plus parlant, les catachrèses doivent-elles compter parmi les « termes représentatifs » du domaine cible ? Doit-on considérer les termes aigu, grave, phrase, mot, comme autant de représentants du domaine cible, ou du domaine source.

Là réside tout le problème : un usage qui est à classer dans le domaine source à une époque évolue peut mourir métaphoriquement et passer du côté du domaine cible avec le temps. Ainsi des termes tels que gravelly (rauque) groove (intraduisible !), hook (signifiant ‗ligne musicale qui accroche‘), qui furent des métaphores assez vives, sont aujourd‘hui lexicalisés. Cette méthode permet néanmoins de repérer « all mappings posited as well as additional ones »

(Ibid), donc tous les domaines sources selon les auteurs. Ce type d‘analyse correspond à l‘étude qui suit. Les méthodes utilisées sont différentes et tentent de combler les carences spécifiées ici.

1.5.5 Les autres méthodes : Recherche par marqueurs métaphoriques

Cette méthode est utilisée dans cette étude sur l‘expression de la musique. Il s‘agit de tous les marqueurs possibles qui sont potentiellement des signaux de la présence de métaphores. Le corpus est sondé systématiquement par le biais de ces marqueurs.

Dans le cadre de corpus oraux, une liste de ces marqueurs fait l‘objet d‘un chapitre sur la critérisation des métaphores. Il s‘agit de marqueurs énonciatifs, marqueurs métalinguistiques, d‘intensificateurs (really, plutôt), et de marqueurs prosodiques qui seront affinés lors d‘une étude spécifique à cet effet.

1.5.6 Extraction de corpus annotés en fonction de domaines (champs) sémantiques

Les méthodes vues plus haut peuvent être appliquées à des corpus qui ont été annotés pour des domaines sémantiques particuliers. On peut aussi considérer, d‘après les auteurs, faire des extractions de corpus qui ont été annotés en fonction de domaines conceptuels (conceptual mapping). Le problème soulevé par cette méthode, selon eux, est que les corpus annotés sémantiquement peuvent ne pas être consistants vis-à-vis des champs sémantiques par rapport auxquels l‘annotation sémantique a été calculée à l‘origine. Ils donnent l‘exemple du terme

rise qui peut être annoté comme faisant partie du champ sémantique de QUANTITE et de

MOUVEMENT.

1..5.7 Résultats obtenus par méthodes de corpus

Le résultat le plus frappant, mais qui est lié aux méthodes d‘annotation morphosyntaxique des corpus, est à situer au niveau des propriétés structurelles des expressions métaphoriques. Les résultats des études à base de corpus montrent qu‘il y a souvent des différences formelles entre l‘usage littéral et l‘usage métaphorique.

Les métaphores sont souvent associées au reste du syntagme de façon différente de celles qui sont spécifiques aux usages littéraux. Elles sont aussi associées à des structures grammaticales et modales bien particulières. Ces réalisations syntagmatiques peuvent bien sûr être rajoutées aux marqueurs métaphoriques évoqués ci-dessus. Patrick Hanks (Hanks 2006) montre qu‘en anglais, l‘usage métaphorique de sea est pratiquement systématiquement lié à la préposition

of. Elle travaille à partir d‘un corpus écrit (le BNC—British National Corpus) et procède à des

requêtes à l‘aide d‘un concordancier de façon à étudier les co-occurrences de sea. On pourrait travailler de façon identique en français et prouver que océan et mare (dans leur utilisations figurées) se conjuguent métaphoriquement avec de. Mais les métaphores vives du corpus se réalisent peu en cette forme de composition nominale et affectionne la prédication, avec la copule être ou un verbe lexical.

On pourra ainsi tenter de contraster l‘assaisonnement structural des métaphores qui sont présentes dans les trois dialectes pris en compte, entre autres on pourra étudier :

le nombre,

la variabilité morphosyntaxique du lemme, la modalité (affirmative, négative, interrogative),

1.5.8 Certains termes sont plus propices à devenir métaphoriques que d’autres

La catégorie sémantique est importante, on imagine mal idée être la métaphore de quelque chose.

Ces termes potentiellement métaphoriques possèdent généralement une caractéristique cognitive saillante. L‘océan est immense (plus que mer, et est donc utilisé de préférence), la montagne est haute et est donc utilisée de préférence à colline ! On parle d‘une montagne de travail, d‘un tas de travail, et non d‘une colline de travail, ni d‘un monticule de travail.

Aussi, de la même façon, ces termes appartiennent à certains registres : on trouve rarement des termes techniques employés comme métaphores. Ils ne se situent pas, de même que colline et monticule, au bon rang hiérarchique de catégorisation, ne sont pas des prototypes, et se présentent donc comme des mauvais candidats à la métaphore, mais peuvent l‘être au sein d‘une communauté utilisant un même jargon technique. Les pêcheurs « à la mouche » savent tous que « ça mouche ce soir » signifie qu‘il y a des gobages à la surface de l‘eau, ce qui est incompréhensible des néophytes.

Enfin, ces termes sont utilisables dans des réseaux de résonnance, qui sont à l‘origine des ‗conceptual mappings‘. Vague, dans son sens métaphorique, se trouvera aux côtés de termes tels que noyé, tempête, naviguer, déferler, inonder, océan, marée …

1.5.9 Certaines métaphores sont plus métaphoriques que d’autres

Hanks (2004) émet l‘idée que la différence entre les métaphores conventionnelles et les usages littéraux est moins importante que la différence entre les métaphores qu‘il intitule ‗dynamiques‘ et les métaphores conventionnelles. Mais entre ces dernières, le dynamisme métaphorique est une valeur scalaire et la métaphoricité est mesurable à l‘aide de corpus. Il pose les principes qui sont à la base de la présente étude.

Patrick Hanks (Ibid) prétend que l‘intensité métaphorique dépend du nombre de propriétés partagées par le sujet primaire (cible) et le sujet secondaire (source). Il utilise les termes de distance sémantique que nous reprendrons dans le calcul de coefficients lsa (analyse sémantique latente). D‘après Max Black (1962), cette distance sémantique correspond à une résonnance d‘au moins une propriété commune au concept source et au concept cible. De cette résonnance dépendrait la distance sémantique et la vivacité métaphorique. En effet, plus la résonnance est grande moins la métaphore est vive. Plus le sujet primaire et le sujet secondaire partagent des propriétés, moins la métaphore est vive. Ce principe paraît central pour toute étude sur la métaphore, mais il semble être la clef de voûte de la présente étude sur les métaphores utilisées dans le discours sur la musique. Cette relation directe entre le nombre de propriétés partagées et la vivacité métaphorique sera quelque peu remise en cause à partir du moment où la différence sera faite entre les propriétés conceptuelles partagées et les propriétés (ou potentiel) émotionnelles partagées par les domaines source et cible. Nous verrons que deux concepts très éloignés le [DEPLACEMENT] et la [MUSIQUE] sont en fait très proches si l‘on considère les émotions que ces expériences procurent.

Par opposition aux transferts entre [MUSIQUE] et [DEPLACEMENT] qui sont éloignés sémantiquement, une forte proportion des transferts utilisés se fait entre [MUSIQUE] (sujet primaire) et [langue verbale] ou [TRANSPERCEMENT/PASSAGE DE LA BARRIERE CORPORELLE].

Or les propriétés communes entre sujet primaire et secondaire pour ces deux types de transferts sont nombreuses (la musique est un système cognitif comme la langue verbale, la musique est physiquement une onde qui traverse effectivement les corps), si nombreuses que la faible vivacité métaphorique résultante met en doute le concept même de métaphore dans ces deux cas de figures. Mais la métaphore à l‘oral est prédicative et argumentative, et la justesse de sens intenté ne doit pas être confondue avec la proximité des concepts mis en jeu. Lorsque les domaines sources sont déterminés on peut focaliser l‘analyse des réseaux métaphoriques à leurs aspects les plus vifs ([LA MUSIQUE EST UN VOYAGE]). Cette étude présentera des techniques d‘appréciation de la vivacité métaphorique supplémentaires qui sont le moyen de vérifier cette parité entre propriétés communes et vivacité métaphorique

1.6 Propriétés textuelles contrastives des cartographies conceptuelles (conceptual mappings)

Les approches de corpus permettent d‘explorer toute une gamme de propriétés qui ne peuvent pas être appréhendées par des méthodes introspectives ou intuitives. La plus simple des propriétés est la fréquence de tel ou tel domaine conceptuel source dans tel ou tel genre. On peut, par recherche de liste de mots couvrant un champ sémantique, évaluer la diversité d‘un genre quant aux métaphores qui sont utilisées pour le structurer. Ainsi l‘ubiquité des usages métaphoriques dans la langue de tous les jours, ces métaphores avec et par lesquelles nous vivons (Lakoff 1980), n‘est plus à démontrer, mais les études de corpus permettent de vérifier, de quantifier et de formaliser les théories conceptuelles qui sont en grande partie fondées sur catégorisation et métaphorisation.

Les corpus fournissent bien d‘autres renseignements que la fréquence de tel ou tel domaine source. Il y a une tradition d‘analyse métaphorique textuelle qui est strictement menée à base de corpus et traite des fonctions idéologiques, sociales et communicatives de la métaphore (Stefanowitsch 2006). On peut aussi (Ibid) étudier la signification pragmatique et l‘intertextualité des emplois métaphoriques.

1.7 Etudes inter-langue (contrastive) et diachronique à base de

corpus

Certaine théories de mapping conceptuel érigées de manière introspective s‘avèrent valides pour plusieurs communautés linguistiques. Mais beaucoup de mappings ne sont pas universels et seules des études de corpus peuvent le vérifier. Même si certains mapping semblent être universels (CE QUI EST HAUT EST BIEN, POSITIF), le degré et la précision de leur application diffère d‘une langue à une autre, d‘une communauté à une autre.

La présente étude tente d‘explorer ces différences dans un domaine d‘intérêt précis, à l‘aide d‘un corpus d‘un genre bien particulier (oral spontané) recueilli à cet effet, et dans lequel sont représentés trois dialectes. La musique, phénomène pan-culturel, semble être un medium qui n‘a pas de frontières linguistiques ou culturelles. Son expression est-elle structurée par les mêmes métaphores dans trois dialectes ? Cette problématique initiale déclenchera une ré-évaluation des méthodes d‘étude de la métaphore à partir de corpus oraux.

1.8 Corpus Oral : Motivation et obligation

1.8.1 Une spécificité des métaphores vives de l’oral

Une étude préliminaire sur les métaphores utilisées à l‘écrit à partir d‘un corpus écrit avait été conduite au préalable. Les métaphores à l‘écrit présentent des points communs avec celles qui naissent à l‘oral. Elles sont générées par des allotopies, des adjonctions de sèmes inessentiels qui ressemblent à ceux sélectionnée à l‘écrit. La vivacité des métaphores dans les deux genres présente une différence fondamentale, ne serait-ce que dans son appréhension. Les métaphores de l‘écrit, que l‘on peut difficilement qualifier de spontanées quel que soit le genre considéré, doivent être une adjonction cohérente de sèmes inessentiels, comme dans l‘exemple The chairman ploughed through the discussion, et compréhensibles comme telles sans l‘information de la prosodie.

L‘innovation de telles métaphores rondement menées, est moins compatible avec le genre de l‘oral spontané, c'est-à-dire une langue en pleine gestation, faite de répétitions, d‘hésitations et de pauses.

De plus, l‘écrit doit souvent faire ‗porter‘ la métaphore par plusieurs termes car elle doit être visible. Ainsi y trouve-t-on beaucoup de compositions nominales (un parapluie doré) alors que les métaphores de l‘oral se concentrent sur des termes isolés tout en pouvant être disséminées sur l‘axe syntagmatique, mais sous forme de répétitions, d‘hésitations.

La métaphore est bien plus visible syntaxiquement à l‘écrit car l‘énoncé est travaillé ; à l‘oral, en revanche, ce travail est impossible et cette carence relative de la propagation de la métaphore sur l‘axe syntagmatique est comblée de diverses façons et notamment par la dimension prosodique.

1.8.2 Tropes et prosodie

La plupart des tropes pratiquées communément à l‘oral sont décodées comme telles en partie grâce à l‘intonation. Tout énoncé oral ironique, sarcastique, euphémistique, cesse de l‘être s‘il est réalisé avec une intonation neutre. Classiquement, la liste des tropes intonatifs s‘arrête là. L‘hypothèse qui fut aussi la motivation de travailler sur un corpus oral, est que la métaphore est aussi un trope intonatif. De même qu‘un énoncé ironique prononcé sans ton ironique paraît cryptique, il semble qu‘une véritable métaphore vive, qui ne serait pas réalisée avec cette touche intonative qui sera analysée à l‘aide de ce corpus, n‘est pas véritablement une métaphore vive, ou du moins est difficilement interprétable comme telle. Pour une comparaison, l‘importance de l‘intonation paraît moindre car le même rôle informatif est rempli par les locutions comparatives « comme », « tel que ». Il en est autrement pour la métaphore, c‘est ce qui rend son angle d‘analyse oral intéressant. Intéressant pour les enseignements potentiels par rapport à la métaphore, mais éventuellement pour d‘autres tropes, d‘autres émotions qui sous-tendent le discours oral spontané.

Cette caractéristique des tropes, et notamment de la métaphore, peut être directement éclairante dans une perspective théorique et fondamentale, mais aussi dans des secteurs tels que la reconnaissance vocale, la traduction automatique de l‘oral, et plus généralement tout ce qui a trait au TAL (Traitement Automatique des Langues).

Ce genre est une concaténation d‘énoncés balbutiants, dont la syntaxe semble souvent décousue, mais qui a une structure particulière dépendante du contexte énonciatif et discursif et où la prosodie joue un rôle central.

Outline

Documents relatifs