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Accent et focus, l’enseignement de l’américain et des études de Xu

4.2.1.3 Présentation des fonctions de Praat

3/ Le degré de voisement : Il est corrélé à la proéminence et il a été démontré que des consonnes normalement non voisées peuvent le devenir lorsqu‘elles sont proéminentes

4.2.8 Accent et focus, l’enseignement de l’américain et des études de Xu

Comme le souligne Vaissière (Ibid), Le doute, l‘emphase, la focalisation et l‘accent de continuation peuvent ainsi coexister dans un mot. En anglais, où les proéminences sont souvent réalisées sur la syllabe lexicalement accentuée, ils peuvent coexister au sein des contours d‘une même syllabe. C‘est ce que Yi Xu et Ching X. Xu (Xu 2005) tentent de démontrer dans le cadre de la phrase assertive en anglais américain.

Introduction

Dans son étude des composants tonaux de l‘anglais américain, Xu démontre que les contours f0 ne peuvent pas correspondre à des cibles tonales sous-jacentes qui seraient pré-codées. Les contraintes articulatoires (notamment au niveau du larynx) sont trop fortes pour que de telles cibles soient réalisées pendant la durée d‘une syllabe, et ce que l‘on observe correspond tout au plus à des efforts de transition pour atteindre ces cibles.

Cela explique notamment que si la syllabe accentuée est focale et en position finale au niveau du mot, ou en fin de phrase, le pic de f0 a lieu bien avant la borne droite de la syllabe accentuée, alors que lorsqu‘elle est focale mais pas en position finale ou accentuée, la courbe de f0 est ascendante jusque vers la borne droite de la syllabe. Le pic peut avoir lieu après la borne droite si celle-ci est suivie d‘une syllabe non accentuée. Xu démontre (Xu 2004a :37) donc que les foci sont réalisés en parallèle et non en alternance avec les autres fonctions intonatives, et que chaque syllabe d‘une phrase est associée à une cible tonale : « lexical stress in English can be realized in parallel with both pitch accent and focus».

Xu étudie la façon dont les focus sont réalisés conjointement à d‘autres fonctions intonatives. Il montre que l‘implémentation de la fonction « focus » n‘affecte pas seulement la hauteur du pic de f0 mais aussi la forme des contours. Ce qui est cohérent avec une conception de l‘accent tonique et du focus comme étant deux fonctions séparées. Contrairement aux théories qui semblent voir dans les formes LH*, HL l‘image exacte des impulsions intonatives sous-jacentes, et n‘en donnent pas de raisons mécaniques, Xu, au contraire, étudie la façon dont les focus sont réalisés conjointement avec d‘autres fonctions intonatives, l‘accent lexical notamment, et comment cela est compréhensible mécaniquement. Ces travaux les plus récents (Xu 2007) remettent en question l‘idée de pics de fréquence fixes dictés par les seules fonctions syntaxique et phonologique, et illustrent comment la nature de la consonne précédant la réalisation de la voyelle qui porte l‘accent fait varier le pic de fréquence de celle-ci. Toutes ces avancées sont à l‘origine des choix opérés dans la sélection des paramètres prosodiques pris en compte dans notre analyse.

Les résultats de Xu (Xu 2005) peuvent être résumés comme suit :

La localisation dans le temps des pics de f0 sur la syllabe accentuée est indépendante du focus.

Les pics des mots post-focus sont plus bas que dans la phrase sans focus.

La baisse de fréquence influence non seulement les syllabes post-focales accentuées, mais aussi celles qui ne le sont pas.

La vallée de f0 apparaît à proximité du début des contours de la syllabe accentuée, qu‘elle soit en position focale ou non

Le pic de f0 apparaît avant la borne droite de la syllabe accentuée qui est ou à la fois en position finale de mot et focus, ou en position de fin de phrase, et le pic se produit d‘autant plus tôt que la syllabe est longue.

Le pic de f0 apparaît près de la borne droite, si celle-ci est supérieure à 200 ms, si elle n‘est pas à la fois focale et en fin de mot, si elle n‘est pas en fin de phrase. Le pic de f0 apparaît après la borne droite de la syllabe accentuée si celle-ci est bien inférieure à 200ms

Pour les mots monosyllabes en fin de phrase, le pic a lieu au milieu des contours de la cellule

Ce sont les caractéristiques du pic de fréquence qui change sous focus, et non son avènement. Il devient plus haut et s‘étire dans le temps, aussi la cible tonale semble être plus haute, l‘effort articulatoire plus soutenu. Il y a donc trois zone, la zone pré-focale qui ne change pas, la syllabe focale qui est amplifiée et la zone post-focale où les cibles tonales sont rabaissées, que ce soit sur les syllabes accentuées ou non accentuées. Les syllabes post-focales sont assignées à leur cible focale hors contexte, c'est-à-dire une hauteur tonale MID (médiane). Et c‘est lorsqu‘il n‘y a pas de mot spécifiquement focalisé qu‘elles ont une cible tonale H qui correspond à un accent lexical sans focus.

L‘hypothèse de l‘accentuation de toutes les syllabes permet d‘expliquer les effets de focus sur les syllabes lexicalement accentuées et non accentuées.

L‘auteur prône la validité d‘un model PENTA (Xu 2004a) (parallel encoding and target approximation) qui privilégie les fonctions au détriment des formes. Les cibles tonales sont des asymptotes pour les contours intonatifs non plus une l‘interpolation de mécanisme articulatoire fondamentale de génération des contours intonatifs.

Qu‘en est-il de notre analyse ? Il faudrait d‘abord vérifier l‘existence d‘une proéminence due à la métaphorisation, puis définir les contours prosodiques qui lui sont caractéristiques avant d‘expliquer ces motifs d‘un point de vue fonctionnel.

Dans la tradition tonale nucléaire, le focus suivant serait décrit comme ayant un accent de ‗pitch‘ LH* :

can can key in to somehow

Time (s) 0 1.8 Time (s) 0 1.8 0 250

Fig 32 „you know it 's a music that everyone can can key into somehow‟ (28, E1)

Donc selon les deux traditions tonale britannique et auto-segmentale américaine, cet accent serait vu comme étant la réalisation d‘un focus (ligne tonale ascendante jusqu‘à la borne droite de la syllabe (INto) qui n‘est pas finale). Le problème est que cette façon de procéder occulte les autres manifestations tonales qui peuvent avoir lieu conjointement, ce qui correspond à l‘hypothèse qui se dessine peu à peu dans l‘analyse des EMs, à savoir que les métaphores vives sont réalisées par des contours emphatiques spécifiques, qui peuvent être ceux d‘un focus ou ceux d‘un focus modifié (il ne coïncideront pas avec un focus lorsque le mot devient isolé par des pauses à gauche et à droite car dans ce cas le mot n‘est plus inséré dans une structure communicative et il y aura seulement emphase).

Si l‘on observe maintenant une autre instance de into par le même locuteur dans un emploi syntaxiquement similaire, mais qui paraît moins vif métaphoriquement, puisqu‘il s‘agit d‘une version plus catachrétique, ce qui est corroboré par la plus grande fluidité de l‘énoncé, on remarque des différences :

can can tune in- -to that

Time (s) 0.5 2.25 Time (s) 0.5 2.25 0 250

Figure 33 « and everybody can can tune into that (E1) »

On pourrait également comme dans le premier cas, remarquer un motif LH*, ce qui correspond à un accent fondamental de focus réalisé sur une syllabe non finale. Or, la cible tonale est plus haute sur INto, et retombe vers la borne droite de la cellule, alors que lors de la première instance, elle est réalisée avec un palier après le pic jusqu‘à la frontière droite qui étirait la syllabe, ce qui pourrait être la trace d‘une réalisation d‘emphase. Ce motif se rapproche davantage du prototype de focus lorsque la tête de métaphore est insérée dans le flot rythmique. Cela dit, la métaphoricité des deux expressions tune into, et key into est très proche et pas très vive, mais les deux présentent un degré d‘emphase différent. Autre différence notoire, l‘écart entre le pic d‘intensité et le pic de fréquence (ramené à la durée de la syllabe) est supérieur dans le premier cas. Cette caractéristique peut être liée au

déplacement du pic de fréquence vers la frontière droite de la syllabe ou au déplacement du pic d‘intensité vers la gauche. Ce qui veut dire que lorsque la durée augmente dans ces cas d‘emphase la distance entre les deux pics peut changer.

Ce sont les seules différences au niveau des contours, et elles semblent correspondre à une réception différente des deux mots par l‘allocutaire. Dans le premier cas l‘impression émergeante est que le locuteur teste un emploi lexical par rapport à sa justesse ou la capacité de l‘allocutaire à le décoder—ce ne sont que des hypothèses, mais elles sont à l‘origine des analyses qui suivent.

Je reprends les insatisfactions soulignées par Xu (Xu 2004b, c) par rapport aux deux écoles— tonale britannique et auto-segmentale américaine—à mon compte et adopte l‘hypothèse selon laquelle les contours de focus apparents des réalisations des EMs sont bruités, ou parasités par une forme d‘emphase due à la métaphorisation.

4.2.9 Conclusion sur le tour d’horizon des modèles intonatifs du français

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