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1-2 Corpus oral : nécessité d’analyse selon une approche informationnelle et prosodique

1.3 La métaphore, en passant par Paul Ricoeur et les cognitivistes

Les auteurs se tournent systématiquement en premier lieu vers Aristote lorsqu‘il s‘agit de dresser un bilan des conceptions de la métaphore. Or cette étude traite de la métaphore vive à l‘oral, et le concept de vivacité métaphorique lié à l‘oralité doit constituer l‘objectif principal, non pas la métaphore. C‘est la raison pour laquelle je vais tenter d‘installer les notions qui serviront d‘outils au développement de ce travail et de sélectionner les aspects qui sont plus particulièrement liés à l‘étude en utilisant la synthèse des théories sur la métaphore opérée par Ricoeur dans La métaphore vive (Ricoeur 1975). La ―deuxième étude‖ qui s‘inspire de

Fontanier (Fontanier 1827) et de sa théorie exhaustive sur les rapports entre les idées (tropes, figures) est un bon point de départ. L‘auteur rappelle que la métaphore est de trois ordres: Rapport de corrélation

Rapport de connexion Rapport de ressemblance

Ou bien, vu sous un autre angle qui est le nôtre: métonymie, synecdoque, métaphore. L‘exposé vient éclairer notre étude de façon encore plus claire lorsqu‘il remarque que seule la métaphore touche toutes les sortes de mots, à tous les niveaux de la phrase. Ceci paraît essentiel pour introduire notre étude qui va tenter de démontrer que la métaphore peut affecter toutes les catégories morpho-syntaxiques, sans pour cela s‘articuler sur les mêmes catégories de la même façon quelle que soit la langue.

La métaphore est alors vue comme une attribution (dans la nouvelle dénomination en laquelle consiste la métaphore), opération qui requiert la phrase entière et qui est purement prédicative. Si le verbe et l‘adverbe se prêtent si facilement à la métaphore, n‘est-ce pas parce qu‘ils mettent en jeu un support et un terme cible (caractérisation). S‘agit t-il d‘une relation entre les idées ou les mots ? Les idées renvoient à des mots et vice-versa. Pourtant le constat de départ est que la métaphore compare deux idées, et non deux mots.

Fontanier (Fontanier 1827) classe les métaphores selon les différentes possibilités de couplage ELEMENT CIBLE – ELEMENT SOURCE

Animé—Inanimé Animé—Animé

Mais c‘est encore réduire la métaphore au couplage de deux objets, et non plus de deux idées, deux principes, ou schémas selon les terminologies. La métaphore s‘applique à tout un texte, la fiction, l‘allégorie. Pour éviter ces écueils, il faut rattacher la métaphore à l‘acte central du discours qui est celui de la prédication.

1.3.1 Figure et Catachrèse

Certaines idées manquent de signes, d‘où les tropes purement extensives, par opposition aux tropes figures qui ont un caractère purement libre. Cette distinction est cependant très floue : En effet, toute métaphore libre réitérée devient forcée, rejoint la catachrèse. Les métaphores d‘internet, le bureau (desk), le dossier (file), ont mis quelques années pour se lexicaliser elles étaient libres, sont maintenant extensives. Celles qui sont forcés sont, ou deviennent culturelles par la suite : « on les sait par usage, comme la langue maternelle, sans savoir dire quand et comment on les a appris » (Ricoeur 1975 :85).

Mais celles qui ne sont pas culturelles recèle un autre facteur important qui est de l‘ordre de la rhétorique : l‘agrément, le facteur plaisir, une certaine jouissance intellectuelle. Elle peut être une réponse à une sorte de pulsion, elle-même comprise par une autre sorte de pulsion, à savoir le plaisir, la satisfaction de décoder ces tropes libres qui donnent accès à plus d‘information. Ce facteur rejoint la fonction poétique de la métaphore et n‘est pas totalement absent de l‘oral spontané: « c'est une plainte euh c'est une plainte euh une plainte qui est comment on pourrait dire qui est extériorisée qui est jetée dehors quoi c' est c' est pas un murmure là on retrouve le blues dans le dans le beat » (138, F4).

Dans cet exemple du corpus, le terme qui est finalement choisi par le locuteur pour exprimer la façon dont cette plainte (la musique du blues) se matérialise semble avoir une valeur

allitérative autant que référentielle. Les qualités explosives des deux termes extériorisée et

jetée viennent s‘opposer à murmure. D‘où le questionnement sur les causes proprement dites

de l‘emploi des tropes : imagination, esprit, passion, mais aussi, comme l‘établit Lakoff (Lakoff 1987 :269-303), image—schémas, cause motrices, ontologique, culturelles etc… C‘est donc tout le discours qu‘il faut considérer pour faire la distinction entre trope-figures et catachrèse, l‘environnement de la métaphore, son contexte discursif et sa motivation.

L‘intérêt de travailler à partir d‘un corpus d‘enregistrements sonores est de tenter de saisir également ces motivations phoniques des métaphores à l‘aide d‘indices prosodiques, comme dans l‘exemple ci-dessus.

On parlera en conséquence d‘énoncé métaphorique (EM). Une théorie de l‘énoncé métaphorique sera une théorie de la production du sens métaphorique. Théorie discursive de la métaphore qui porte l‘accent sur l‘interaction. En somme, Ricoeur nous renvoie à une conception génétique de la métaphore.

1.3.2 Métaphore et discours

Une phrase constitue un tout dont le sens n‘est pas seulement la somme du sens de ses parties, si l‘on considère les trois énoncés suivants :

A Black sheep/ A family/ The black sheep of the family.

Ici le sens de la troisième proposition n‘est pas la somme des deux premières. De plus, il y a association entre deux domaines allotopiques, et donc métaphore. La proposition contient des signes mais n‘est pas elle-même élément constitutif d‘une catégorie supérieure. La phrase (ou plutôt l‘énoncé) est donc l‘unité du discours, elle est le langage en action. La phrase est variété sans limites, inépuisable dans ses possibilités, ce qui explique en partie la possibilité de création de nouvelles associations parmi lesquelles les métaphores vives.

On est en présence de deux linguistiques différentes : celle des signes et de la langue, celle de la phrase et du discours.

On proposera de définir les unités de la façon suivante : - le signe est l‘unité sémiotique ;

- la phrase l‘unité sémantique ;

- l‘énoncé est l‘unité informationnelle.

L‘ordre du signe laisse hors de lui l‘ordre du discours. Le sémiotique est générique (identifiante), la sémantique est prédicative, véhiculant la visée singulière. Le signifié, lui, est d‘ordre sémiotique, alors que l‘intenté (intention du locuteur lors d‘un événement de discours) est d‘ordre sémantique. Or l‘intenté est primordial dans le cadre présent, car une métaphore est vive si et seulement si elle reflète l‘intention du locuteur, et une des hypothèses est que la prosodie porte des traces de cette intention.

1.3.3 Métaphore et pragmatique

Les instances de discours sont des événements et sont reçues comme du sens. Ce sont des événements répétables, car ce qui peut être identifié peut être réidentifié. Cette répétition, dans le cadre de la parole n‘aboutira pas à deux sens identiques, les énoncés, le seront, le sens jamais, car il existe dans le temps. On le perçoit bien dans l‘enregistrement de l‘exemple supra (138, F4), le sens est ancré entre autres à la musique qui intervient en fond et à la situation spatio-temporelle de l‘échange verbal.

Searle, dans son analyse des actes de discours (Searle 1979 :92), établit que la métaphore ne peut être validée qu‘en contexte, en considérant notamment l‘état des connaissances du locuteur. Sperber et Wilson (cf Spencer 1989) voient la métaphore comme une recherche de la réalité, ce qui correspond à l‘hésitation et aux pauses dans l‘exemple (138, F4) qui précèdent « jetée dehors », et où le locuteur confirme cette recherche de réalité de façon explicite : « comment on pourrait dire ».

1.3.4 Métaphore et Sémantique : de Max Black à George Lakoff

Relation entre sémantique du mot et sémantique de la phrase

Il faut prendre en compte la prédication dans le traitement de la métaphore. Cette dernière tendance est en partie une réaction aux propositions du Cours de linguistique générale de F. de Saussure. Pour Ricoeur (1975 :87) « C‘est parce que le pacte entre la sémantique et le mot est si fort que nul ne songe à placer la métaphore dans un autre cadre que le mot». C‘est un énoncé tout entier qui constitue la métaphore, mais l‘attention se concentre sur un mot particulier dont la présence justifie qu‘on tienne l‘énoncé pour métaphorique. Ce colophon de la métaphore sera nommé « tête », terme utilisé par l‘anglais (metaphor head) et qui est cohérent avec le concept de vivacité métaphorique et de langue en mutation. On constate un balancement du sens entre mot et énoncé. Ce terme permet également d‘établir un parallèle avec les grammaires de dépendance qui sont d‘actualité dans un cadre de corpus étiqueté morphosyntaxiquement et pour lequel on propose un calcul de distance sémantique qui utilise les étiquetages de grammaire de dépendance (voir infra, chapitre 3.3.2).

« The chairman ploughed through the discussion » (Black 1962:39). Dans cet exemple il y a proéminence sur le noyau ploughed through qui serait naturellement réalisé à cet endroit prosodiquement . L‘énoncé isole le mot métaphorique du reste de la phrase, on parlera de « focus », et de « frame » pour le reste de l‘énoncé. Le concept de focalisation sur un mot dont le sens nécessite un ‗cadre‘ évite le travers qui consiste à affirmer que les mots véhiculent le sens. Cette focalisation sur un mot établit la différence entre métaphore et expression figurée (the black sheep of the family) où il n‘y a pas de focalisation sur un terme précis. Là l‘expression tout entière renvoie à une autre ‗image sémantique‘ qui n‘a pas besoin de contexte pour cela.

Black revient sur l‘idée même de métaphore basée sur la ressemblance. C‘est plus la métaphore qui crée des ressemblances que des ressemblances préexistantes qui seraient à l‘origine de la métaphore.

1.3.5 La nouvelle rhétorique

Genette montre que l‘écart (Genette 1966 :210) est le trait pertinent des tropes, que le style consiste en une violation de codes voulue. Par rapport à quoi y a-t-il écart ? Un hypothétique degré zéro ? Que veut dire écart ? La métaphore corporelle de la figure et celle spatiale d‘écart peuvent-elles s‘éclairer mutuellement ? Quels sont les critères de l‘écart et de la figure dans le discours rhétorique ? Cela mène à l‘apparition d‘un facteur nouveau : celui de la « réduction d‘écart ». Genette montre que toute figure comporte « l'expression littérale visible en transparence, comme un filigrane, ou un palimpseste, sous son texte apparent » (Ibid :211).

L‘écart est la vie crée par cette double présence, celle du signe de la figure et de l‘expression littérale en filigrane. Le sens métaphorique provient donc de la réduction d‘écart.

.

Ce qui importe, est-ce l‘écart ou la réduction d‘écart ? On peut répondre par un travail avec des unités infralinguistiques : des sèmes qui sont les composants de sens qui composent la cellule signifiante du mot. Les unités de signification commencent au niveau de l‘accouplement de deux cellules sèmiques.

C‘est par rapport à un degré zéro de discours pratique que l‘écart est une altération ressentie, et non une série de sèmes essentiels. Donc, si l‘on considère que le sémème d‘un terme est constitué de sèmes essentiels et de sèmes inessentiels, ce sont les sèmes essentiels (adjoints des sèmes inessentiels) qui forment le discours de degré zéro.

Tel mot dénoterait naturellement telle chose, cela dans « une transparence dénotative » permettant « une représentation naturelle et directe », montrant « la vérité toute nue »

(Rastier,1994,84). Par exemple, « les stoïciens estimaient que le nom tombe droit de la pensée vers ce qu‘il désigne, et comparaient cette chute à celle d‘un stylet qui se fiche droit (orthon) dans le sol » (idem,81).

La transparence dénotative n‘est jamais totale et la seule considération de la situation discursive suffit à le démontrer. On peut seulement considérer qu‘il y a deux pôles dénotatif et connotatif, comme l‘illustre ce schéma (Détienne 2005 :5) :

Figure 1 Continuum entre prose scientifique et absurdité

Les relations sémantiques ancrent le sens de l‘énoncé dans la situation discursive, et la même chaîne morphosyntaxique considérée comme étant située au pôle scientifique, et donc de degré 0 d‘écart, peut être symbolique dans un autre contexte. Selon Rastier le contexte crée les occurrences des sémèmes, leur sélection par rapport à un ensemble de possibles. Cette mobilisation de sémèmes directement liée et dépendante de la syntaxe créera installe des isotopies dans le discours : « Un message ou une séquence quelconques du discours ne peuvent être considérés comme isotopes que s'ils possèdent un ou plusieurs classèmes en commun » (Greimas 1966 :53).

Il est impossible de déterminer à partir de quel degré d‘accumulation de sèmes inessentiels (sans adjonction de leur sème essentiel) un écart est perçu, un trope existe, une figure se distingue. Si l‘on reprend l‘exemple ci-dessus:

(2)The chairman ploughed through the discussion.

Le sème inessentiel de « ploughed » est évident mais il est adjoint à un autre sème inessentiel, celui de « through », sans lequel la métaphore n‘est pas possible. Même « along » est difficilement substituable à « through», alors que l‘on peut concevoir :

The farmer ploughed along the hedge

Il y a donc un sème inessentiel au niveau de « ploughed », au niveau de « through », et aussi au niveau de « discussion » qui est ici conceptualisé comme un volume et non un itinéraire comme dans : « he dropped hints along the discussion » (tout au long de la conversation, il a fait des allusions). Ce qui démontre bien que la métaphorisation est de la même nature que la langue, ou que la langue est de nature métaphorique (entre autre). La métaphore procède par transfert et sélection de sèmes par rapport à un contexte, ce qui peut signifier dans le contexte de métaphores reformulées à l‘oral, une sélection de sèmes par rapport aux autres métaphores et comparaisons, celles-ci créant une isotopie allotopique.

1.3.6 L’espace de la figure

Le problème que l‘on ne tentera pas de résoudre, mais sans non plus l‘aggraver, est celui que Ricoeur nomme la métaphoricité de la métaphore. On a effectivement du mal à parler de figure sans en utiliser, voire en créer. Il suffit d‘en avoir conscience. Le terme même de figure à un double sens d‘espace : extériorité corporelle (face en anglais), mais aussi contours, traits formes. Le discours n‘a pas de « figure », mais dans ses différentes manières de s‘organiser, et de signifier, il a des propriétés que les ‗vrais‘ corps ont : il est appréhendé différemment selon la situation, le point de vue. Ce point de vue, et c‘est une des hypothèses qui est sous-jacente à l‘établissement d‘un corpus oral, est aussi déterminé par la forme phonologique de l‘énoncé. Si la tendance est d‘utiliser des italiques pour les néologismes et emprunts à l‘écrit, ne serait-ce pas une façon de transcrire le signal prosodique correspondant à un changement d‘encodage. Ces signaux intonatifs déterminent l‘ironie, l‘euphémisme ou… la métaphore à l‘oral.

La figure et l‘écart sont liés au concept d‘espace par les arrangements et les distances qu‘ils installent entre les signes en les sélectionnant et en les combinant. : P. Ricoeur modélise ce principe par deux axes orthogonaux plutôt que de faire appel à la chaîne parlée des structuralistes. Ce concept d‘axes orthogonaux est repris par Cortes dans son exposé sur métaphore et métonymie où elle organise ces tropes autours des concepts d‘allotopie et de

cotopie, d‘axe paradigmatique et syntagmatique.

La métonymie correspond, sur le plan structural, à une projection sur l'axe paradigmatique d'un rapport de contiguïté dans le cadre d'une cotopie. (…) Dans la métaphore, on observe une projection sur l'axe syntagmatique d'un rapport de similarité entre deux domaines isotopiques ou cotopiques distincts (relation allotopique). Chacune de ces opérations a pour effet un raccourci sémantique qui est à l'origine d'un conflit conceptuel avec le contexte (CORTES 1995 :18)

Il est donc utile de distinguer dans le cadre de la mètaphore la relation allotopique qui génère la métaphore : « I think it 's on the journey to that change underneath the just the enjoyment » (312, E12).

Figure 2 Les deux axes de la métaphore

Le raccourci sémantique a lieu au niveau de plusieurs termes qui ont topus le même rapport allotopique avec le domaine isotopique de la musique. On a tenté ici de schématiser cette projection sur l‘axe syntagmatique d‘un rapprochement entre deux domaines isotopiques, à savoir la musique et le voyage. Il y a conflit conceptuel avec le contexte, qui s‘éclaire au fur et à mesure que le locuteur réitère ce rapprochement isotopique (on, underneath).

L‘autre opération qui permet de filer la métaphore est la métonymie. Elle crée un conflit conceptuel de type hyérarchique, et la projection se situe sur l‘axe paradigmatique, en d‘autres termes, on comprend le terme dans le contexte : « puisque puisque puisque puisque l' espace est en train de danser l' espace est en train de danser parce que on on l' occupe (300, F8) » l‘ « espace » vient représenter le concept de musique dans un rapport de contiguïté la musique étant une onde qui se propage dans l‘espace, le faisant effectivement vibrer, « danser ».

Figure 3 Projection sur l‟axe paradigmatique de la métonymie

Les axes orthogonaux de Ricoeur sont les axes syntagmatiques et paradigmatiques de Cortès. Il est possible de décrire la métaphorisation (comme les autres tropes) comme une sorte d‘altération au niveau de ces axes : l‘équivalence est promue au rang de procédé constitutif de la séquence, de même que la récurrence de mêmes figures phoniques (les rimes) va induire en quelque sorte une ressemblance sémantique. Ce qui explique aussi que même si la métaphore est quelquefois définie comme étant unidirectionnelle, elle est une addition, une combinaison plus qu‘un transfert.

It‘s (music is) on ? to that Change underneath

Axe Paradigmatique

Axe syntagmatique the journey

L‘espace est en train de de rrttrttraintr aintrain danser Axe Paradigmatique Axe syntagmatique

Ces nouvelles combinaisons sont des violations de règles, mais ces violations sont régies par un code. Cette transgression doit être compréhensible par les parlants d‘une même culture, doit utiliser des violations sémantiques de types déjà pratiqués, ou de combinaisons de types déjà pratiqués.

Là encore, les analogies de forme ou de fonction jouent un rôle essentiel. Les métaphores figées révèlent des caractéristiques récurrentes de la catégorisation linguistique liées à une perception de la forme, de l'utilisation quotidienne, des propriétés saillantes dans une situation donnée, c'est-à-dire d'une relation des locuteurs à l'objet sur laquelle se fonde la catégorisation. L'étude des métaphores nous dévoile certains fondements de la catégorisation : les

dénominations des objets sont catégorisées en fonction des interactions entre le monde et le système conceptuel. Par les métaphores catachrétiques, la langue véhicule un système conceptuel figé.( Ricoeur 1975)

Les métaphores figées ont été vives, à un moment plus ou moins fugitif de l‘histoire de la langue. Etant donné que les interactions entre le monde et le système conceptuel demeurant les mêmes, il en résulte que ce qui vaut pour les métaphores lexicalisées vaut aussi pour les métaphores vives. Cette cohérence permet « l‘élucidation d‘un sens » lorsqu‘on est confronté à « une destruction (une violation de code) qui est accompagnée d‘une restructuration d‘un autre ordre ». De cet écart, naîtra, selon Ricoeur, le sens métaphorique, qui se complète au moment ou la métaphore vive prend naissance dans une situation énonciative.

« La métaphore n‘est pas l‘écart lui-même mais la réduction d‘écart » (Ricoeur 1975). L‘utilisation de coefficients LSA3

, calculés entre les mots utilisés par les locuteurs et la

topique, la musique, est directement motivée par cette notion d‘écart. En effet ils ne font que tenter de chiffrer cet écart, cette distance sémantique. « La métaphore intervient pour réduire l‘écart créé par l‘impertinence ». (Cohen 1966 : 107).

L‘étude à base de corpus multi-dialectal rend possible de contraster ces violations du code de la langue et de la parole, en l‘étudiant, sur le plan paradigmatique et syntagmatique, dans les différents dialectes.

1.3.7 Métaphore et cognition

La métaphore a donc un contenu cognitif, ce qui était absent de la théorie de la substitution.

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