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Programmes, politique et projets éditoriaux comme éléments de gestion

Partie I. De l’imprimerie à la constitution d’une pratique éditoriale

I. 2.2.1. « L’indépendance éditoriale »

I.4. Organisation et institutionnalisation de l’entreprise éditoriale

I.4.1. Mise en place de la structure éditoriale

I.4.1.2. Programmes, politique et projets éditoriaux comme éléments de gestion

Le programme éditorial est mis en place à partir du projet élaboré par une maison d’édition. Il renseigne sur divers éléments à savoir le type de livres édités et le rythme des publications. Le programme éditorial s’intéresse aux relations entre la maison d’édition d’une part, et les auteurs, diffuseurs, distributeurs et libraires d’autre part. Il renseigne sur les relations internes et externes.

Le projet éditorial englobe aussi les moyens de communication. En effet, les productions éditoriales étant de plus en plus nombreuses de nos jours, la communication devient un élément indispensable. Les moyens de communication les plus utilisés en édition sont les services de presse, ils favorisent la promotion des productions. Il y a également les communications publicitaires, des réunions de présentation des ouvrages. Ces différents moyens de communication sont calculés dans le programme éditorial.

En effet, toute entreprise éditoriale débute par une phase délicate, cela correspond au début de l’activité :

Durant ce début d’activité, les premiers titres commencent à peine à donner des flux de trésorerie positifs et ces flux sont investis immédiatement dans les nouveaux titres.218

Cette phase est appelée point mort :

Le point mort d’un programme éditorial est compris entre le pont mort le plus faible, et le point mort le plus fort.219

Le point mort est équivalent au niveau zéro, car il concerne l’ensemble des dépenses effectuées sur un titre. Lorsque la rentabilité atteint le montant de ces dépenses, on parle de point mort atteint. Lorsqu’elle dépasse, on parle de bénéfice sur une publication donnée. Ainsi

218 Pascal Arnaud, Gérer une maison d’édition, Paris, Presse Universitaire de Rennes, collection « Didact Edition », 2013, p.63.

les pertes enregistrées par un titre en déficit de vente sont-elles compensées par les bénéfices des autres. Le point mort d’un programme éditorial ne peut pas être calculé à partir d’un seul titre, mais à partir d’un calcul global de l’ensemble des ventes.

Un programme éditorial a également pour but de prévoir les résultats attendus pour chaque publication afin d’avoir une estimation globale. En effet, toute entreprise éditoriale a un chiffre d’affaire plafonné auquel le développement commercial permet d’accéder. Le programme éditorial intervient dans le niveau global des résultats visés, le niveau réel et probable. Il s’occupe aussi des prévisions liées aux finances, aux moyens et dates de publication. Les petites maisons en revanche sont les plus confrontées aux problèmes à cause de leur activité assez faible et qui se développe timidement.

Un autre élément permet de saisir des informations précises sur l’entreprise éditoriale. Il s’agit du tableau de bord, celui-ci concerne la gestion.

Le tableau de bord est donc un ensemble d’informations (…) C’est un point extrêmement important.220

Le gestionnaire doit toujours avoir un regard sur les objectifs et toujours pouvoir se situer par rapport à ces derniers. Le tableau de bord est l’instrument dont se sert le gestionnaire pour fournir les informations utiles au pilotage de l’entreprise. En effet, les différents éléments à gérer n’ont pas toujours la même périodicité, certains peuvent être hebdomadaires, d’autres mensuels ou trimestriels, le tableau de bord s’adapte à chaque temporalité. Sur son tableau de bord le gestionnaire s’intéresse au suivi des points morts, au niveau des publications, à la surveillance des taux de retours. Ces derniers influent souvent sur le montant des commissions et d’une façon générale, les résultats de la maison d’édition. Sur le tableau de bord figure également le suivi des prévisions de vente, le compte rendu d’activité. Ce sont là, l’ensemble des éléments liés à la gestion qui sont généralement retrouvés sur un tableau de bord. A ceux-là s’ajoutent des éléments concernant le financement, dont le premier est le suivi à court et à moyen terme de la trésorerie.

En complément du programme éditorial, il y a le projet éditorial qui s’intéresse principalement au catalogue et tous les éléments qui gravitent autour. L’intérêt accordé au catalogue d’une maison permet de ressortir sa spécificité, son rythme de publication. Le catalogue est un indicateur pertinent pour toute maison d’édition. Il dépend de plusieurs facteurs, en tête desquels les moyens dont dispose la structure, les enjeux commerciaux et la

spécialité éditoriale de la maison. Les moyens de diffusion-distribution sont aussi déterminants dans la qualité d’un catalogue.

Le projet éditorial prend également en compte le ou les titre(s) marquant(s) de la maison d’édition, ce sont

en général des livres publiés dans les toutes premières années d’existence des maisons, dont le succès a permis de pérenniser l’activité éditoriale. Si ces ouvrages sont pour la plupart au cœur de la ligne éditoriale, ils peuvent aussi occuper une place atypique au sein du catalogue.221

Les titres marquants présentent l’avantage à la fois d’assainir la trésorerie et de procurer à l’éditeur une légitimité dans son domaine de publication, pour ainsi vendre une image positive de la maison d’édition. Mais il n’y a pas que les titres à succès qui marquent ; en effet, pour certains éditeurs, la notion de « réalisation marquante » ne doit pas nécessairement être liée à des productions ayant engendré des bénéfices. Mais aussi à des ouvrages qui ont échoué par rapport à leurs prévisions.

Comme les livres à succès, les ouvrages à fort taux d’invendus sont également formateurs. Les mauvaises ventes peuvent menacer l’activité éditoriale. Mais elles ont l’avantage d’être une source de formation et de renouvellement, selon l’ampleur, elles amènent l’éditeur et son équipe à modifier leur démarche éditoriale.

Si l’échec peut apprendre la prudence et la circonspection, il peut aussi forger de vraies convictions et conforter un éditeur dans l’idée que ses choix sont pertinents mais ne porteront leurs fruits que dans la durée.222

L’échec permet ainsi de relever qu’en édition tout est incertain.

Un dernier élément lié à la gestion reste tout aussi important, il s’agit de la politique éditoriale. Celle-ci permet de relever les évolutions entre la politique de départ et sa progression au fil du temps sur les activités et pratiques professionnelles au sein d’une entreprise. La politique éditoriale dépend de trois principaux éléments, les motivations des créateurs, le rythme des publications ainsi que les choix éditoriaux, et enfin l’évolution de la structure au fil du temps.

221 Bertrand Legendre et Corinne Abensour, Regards sur l’édition, « I- Les petits éditeurs. Situations et perspectives », op. cit, p.45.

222 Bertrand Legendre et Corinne Abensour, Regards sur l’édition, « I- Les petits éditeurs. Situations et perspectives », op. cit, p.46.

Après ces éléments de gestion qui sont mis en place par l’éditeur et son équipe, nous avons la gestion prévisionnelle qui ne dépend pas totalement de la maison, de la réception de l’ouvrage auprès du public.