• Aucun résultat trouvé

Les premières structures éditoriales en Afrique noire francophone

Partie II. Etat des lieux et réception de l’industrie éditoriale en Afrique francophone, cas du

II.1. Le livre et l’édition en Afrique noire francophone : portée et avancées du secteur

II.1.1. L’édition en Afrique noire francophone, entre force et faiblesse

II.1.1.2. Les premières structures éditoriales en Afrique noire francophone

Etudier le livre et l’édition en Afrique amène d’emblée à s’intéresser aux structures éditoriales implantées sur le sol africain. Et à les considérer comme étant pionnières du livre et de l’édition africaine. Or, cela n’est pas toujours le cas. Sans remonter aux origines de la littérature

275 Om Prakash et Fyle Clifford N., « La production et la circulation des livres en Afrique » dans Des livre pour les pays en voie de développement : Asie, Afrique, op. cit., p.27.

africaine en Amérique, nous reconnaissons une édition du livre africain antérieure à celle qui se pratique sur le sol africain. Nous avons ainsi la maison d’édition Présence Africaine, implantée à Paris depuis les années 1940 et dont les publications sont exclusivement consacrées à la littérature africaine. Présence Africaine du fait de son éloignement géographique va rarement pratiquer des coéditions. Ses productions sont assez coûteuses et souvent difficiles d’accès à cause de la règlementation en matière de circulation des biens culturels qui n’est toujours pas pratiquée dans la majorité des pays de l’Afrique noire francophone surtout ceux de l’Afrique centrale, Gabon, Congo, Cameroun etc. Elle a également été la première maison d’édition consacrée au livre africain et à publier des livres au format de livre de poche.

L’implantation et la création des maisons d’édition en Afrique sont donc postérieures à la maison d’Edition Présence Africaine mais cela n’a pas affecté son activité. Cette structure créée par Alioun Diop et ses compagnons Léopold Sédar Senghor, Bernard Dadié, Aimé Césaire, Jean-Paul Sartre, Michel Leiris, Albert Camus et bien d’autres était au départ une revue qui paraissait deux fois par an. La première revue sur le continent noir,

Une revue de référence très respectée dans le monde académique avec pour rédacteur Romuald Fonkoua. Cette revue est le patrimoine de l’Afrique.276

Cette revue aura une ouverture linguistique, car elle se fera en plusieurs langues africaines (comme le swahili…), elle était principalement destinée aux lecteurs de l’Afrique francophone car ses auteurs étaient en grande majorité des francophones. La revue Présence Africaine avait pour principal objectif de faire la promotion du livre africain en le faisant entrer dans le concert des nations. La revue va aussi témoigner d’une volonté d’affirmation de soi sur le plan littéraire, car elle va permettre au monde noir de se faire connaitre sur le plan de l’écriture. Après la revue Présence Africaine, d’autres ont suivi avec des objectifs similaires pour les écrits de l’Afrique noire francophone, il s’agit de la revue Notre Librairie. Cette dernière est une revue littéraire africaniste qui publie quatre numéros par an. Elle publie des travaux dans le domaine du littéraire, sur la critique africaniste et sur les littératures nationales. De même, il y a la revue Afrique littéraire qui consacrée à la culture en Afrique et particulièrement l’Afrique noire, elle publie essentiellement les travaux culturels et leur critique. Il existe plusieurs autres revues qui traitent exclusivement ou en partie de l’Afrique.

Toutes ces revues font un travail de réception, de diffusion et de classification (…). Ces revues réalisent ainsi leur principal objectif qui est de soutenir et d’encourager l’expression littéraire en Afrique subsaharienne.277

Deux ans plus tard, la revue Présence Africaine devient une maison d’édition avec le même nom, elle est aujourd’hui cogérée par la fille de son créateur, Suzanne Diop et son épouse Christiane Diop. C’est au lendemain du premier congrès des écrivains et artistes noirs en 1956 à la Sorbonne que le projet de mettre en place une structure basée en France mais consacrée à la littérature noire est née. Le premier logo des Editions Présence Africaine est le suivant, il est resté le même. Il semblerait que ce logo comme l’indique son nom désigne la présence africaine dans le domaine du savoir à l’international cela à travers des ouvrages consacrés à l’Afrique.

Source : http://www.presenceafricaine.com/info/9-revue [consulté le 22 aout 2017]

Présence Africaine consacre et diffuse jusqu’à ce jour 80% de sa production à l’Afrique noire. Elle a su au fil des années rendre sa présence plus effective notamment à Dakar au Sénégal où elle construira une annexe qui va abriter un Centre de Lecture et d’animation culturelle (C.L.A.C)278. Le but de ce dernier sera de faire fonctionner la Bibliothèque Générale des

277 Hado Zidouemba, « Le développement du livre en Afrique », op. cit., p.106.

278 Le CLAC a permis de satisfaire les attentes des populations situées en milieu rural. Ce programme a permis à ce jour l’implantation de 225 Clac dans 18 pays d’Afrique, de l’océan Indien, de la Caraïbe et du Proche-Orient.

Peuples de Civilisation Noire et d’accueillir des manifestations telles que le Festival des Arts Nègres, la Société Africaine de la Culture Noire, l’Union des Ecrivains Noirs et bien d’autres. Cette annexe sert aussi à abriter des recherches sur la culture négro-africaine.

D’autres maisons d’édition vont également consacrer une partie de leurs publications à la littérature et aux ouvrages africains. C’est le cas de L’Harmattan,

Source : www.editions-harmattan.fr/ [consulté le 22 mars 2017]

Créée en 1975, c’est une maison d’édition abritant une librairie. L’Harmattan renferme de nombreuses collections consacrées au monde noir. Elles ont notamment lancé les collections Quatre vents et Encres noires qui s’occupent respectivement des rapports entre l’Occident et les pays en voie de développement et l’implication de l’Occident dans la littérature et l’édition africaine. Grâce à leur vaste réseau de distribution, les Editions L’Harmattan diffusent leurs ouvrages dans toute l’Afrique, elles font aussi assurer la diffusion de leurs ouvrages par des consœurs, notamment C.L.E.

Nous avons aussi les Editions Karthala nées en 1980 à partir de L’Harmattan.

Source : www.karthala.com/ [consulté le 22 mars 2016]

L’objectif visé à l’initiative de cette maison était de faire connaître l’Afrique noire à travers ses productions culturelles. Elles vont ainsi lancer de nombreuses collections à travers différentes rubriques.

Les ouvrages de cette collection sont le fruit de recherches universitaires (thèses réécrites), des enquêtes universitaires réalisées sur le terrain, des colloques

Depuis 2003, il a évolué en un véritable programme d’appui aux politiques nationales de lecture publique.

scientifiques, etc. les centres de recherche ou institut universitaires collaborent à la publication de cette collection scientifique. En plus des activités éditoriales de la maison, Karthala s’attèle à la publication de la revue trimestrielle « Politique africaine ».279

Les Editions Karthala s’occupent elles-mêmes de la diffusion et de la distribution de leur production en Afrique. Malheureusement, elles ne parviennent pas encore à assurer les ventes dans la totalité des pays africains. Ces Editions ont mis en place une structure de formation, le Centre d’Etude de Formation et de Recherche.

Cette formation assurée par des grands spécialistes des questions telle que Maryse Condé, a pour objectif de sensibiliser les professionnels du livre (bibliothécaires en priorité, libraires, enseignants de la littérature africaine et antillaise.280

Ces éditions se consacrent prioritairement aux questions d’actualité, notamment les questions liées à la politique.

La création des Éditions Karthala est allée de pair avec le lancement de la revue trimestrielle Politique africaine, imaginée et voulue par des chercheurs et des universitaires de la nouvelle génération, autour de plusieurs convictions :

prêter plus d'attention à l'originalité des facteurs internes de la vie des sociétés africaines et donc relativiser les analyses menées en termes de dépendance ou de domination qui avaient prévalu dans les années 1970

prendre en compte le "bas" à côté du "haut", comme l'exposait le titre du numéro 1 paru en décembre 1980

replacer les divisions linguistiques héritées de la colonisation à leur juste valeur et, par conséquent, avoir le souci d'intégrer dans le champ des études africanistes les pays anglophones, lusophones...281

Depuis les années 1990, les Editions Karthala se sont ouvertes à d’autres continents comme l’Asie, ainsi qu’à des thématiques encore plus variées.

Enfin, il y a la librairie Editions Ken basée à Grenoble, elle est spécialisée dans la vente des publications de l’Afrique francophone, notamment pour les N.E.A, le C.L.E et Présence

279 Abdou Karim Diallo, Le livre en Afrique noire francophone, mémoire dirigé par Jean-Roger Fontveille, à Villeurbanne, 1982, p.16.

280 Abdou Karim Diallo, Le livre en Afrique noire francophone, op. cit, p.17.

Africaine. Elles publient aussi quelques travaux d’étudiants et de chercheurs, cela dans le but de promouvoir la culture africaine dans les pays occidentaux.

S’agissant de l’Afrique noire francophone, de nombreuses structures éditoriales y ont vu le jour depuis les années 1960. En effet, au lendemain des indépendances, quelques structures éditoriales que nous pouvons aujourd’hui qualifier d’historiques ont connu au cours des années qui ont suivi leur création de nombreuses vicissitudes. Les Editions C.L.E282 sont considérées comme les pionnières des éditions en Afrique noire d’expression française.

Source : Site web: http://editionscle.info

Les premiers titres ont été publiés en 1964, ils appartenaient à différents genres.

Les ouvrages des Editions C.L.E sont agréablement présentés et (…) vendus bon marché.283

Les Editions CLE ont été conjointement mises en place par les églises protestantes hollandaises (Brood voor het hart) et allemandes basées dans des pays africains comme le Cameroun. L’objectif de ce centre est permettre aux auteurs africains en quête de maison d’édition de se produire et d’être diffusés aussi bien au Cameroun que dans le reste des pays africains francophones. De plus, le projet diversifié de ce centre avait pour but de toucher tous les publics de lecteur, ainsi que les auteurs des différents domaines.

La politique de C.L.E consistait à mettre à la disposition de chaque catégorie de lecteur des collections très accessibles par leur contenu et leur prix modique. (…) Les Editions de Yaoundé ont publié plus de 121 auteurs dont certains sont devenus des classiques de la littérature africaine de langue française : Henri Lopes, Francis Bebey et Guy Menga.284

282 Centre de Littérature Evangélique

283 Emile Okomba, L’édition et la distribution du livre en Afrique noire francophone, thèse de doctorat dirigée par Robert Estivals et soutenue le 18 janvier 1990 à Paris VII, op. cit, p.155.

Les Editions C.L.E connaîtront principalement leur succès dans leurs publications et leurs ventes. Mais elles vont être confrontées à des difficultés, parmi lesquelles la distance du lieu d’impression, car les textes étaient imprimés en France. Il y avait aussi des difficultés liées au fait que le personnel n’était pas souvent spécialisé dans les métiers du livre, ils apprenaient le métier dans la structure. Plus tard, l’augmentation du prix du papier et des tarifs postaux vont freiner la politique commerciale des Editions C.L.E qui est de faire une édition à la portée de toutes les couches sociales. Elles vont connaître une véritable crise dans les années 1980. Mais elles parviendront à trouver des voies de sortie en multipliant les coéditions notamment avec les Nouvelles Editions Africaines (N.E.A), Afrique –Jeune et bien d’autres. Cette voie de sortie leur permet de poursuivre leurs activités et de maintenir quasiment leur politique initiale jusqu’à nos jours. Le Centre de littérature évangélique diffuse au-delà de Yaoundé, notamment dans les librairies du Gabon, du Congo, du Tchad et de la Centre-Afrique.

Les Editions C.L.E fondent leur projet sur les relations entretenues avec l’espace francophone. Il y a d’abord l’espace de l’Afrique francophone ou intra-africain où des échanges et des partenariats sont menés avec des libraires et des éditeurs pour des ventes, des éditions et des coéditions, voire rééditions. A cet effet, le premier roman gabonais Histoire d’un enfant trouvé285 a été publié aux Editions C.L.E et quelques années plus tard, une réédition avait été faite. L’autre terrain d’exploitation des Editions C.L.E est la diaspora francophone avec laquelle elles entretiennent déjà d’excellents rapports. Il s’agit des laboratoires, centres de recherche et des éditeurs qui s’intéressent aux publications africaines. Enfin, les Editions C.L.E envisagent aussi élargir leur conquête à l’espace francophone européen pour une meilleure visibilité. L’un des projets majeurs à venir des Editions C.L.E est de gagner l’ensemble de l’espace francophone et à cet effet, un projet appelé les N.E.N.A, Nouvelles Editions Numériques Africaines a été entrepris, à ce jour, environ 150 ouvrages sont consultables en ligne.

Après les Editions CLE, en 1961 la Côte d’Ivoire sera en partenariat avec le groupe français Hatier pour créer le Centre d’Edition et de Diffusons Africaine (C.E.D.A) qui suivra les Editions C.L.E. Le gouvernement ivoirien ne possédait environ que 25% de cette société d’économie mixte nouvellement créée, et qui éditait dans un premier temps, les ouvrages scolaires et ceux de littérature générale avant de s’élargir plus tard à d’autres genres. Mais au milieu de la décennie 1970, le gouvernement va racheter des parts et en posséder plus de la moitié, environ 60% des parts.

A la suite du Centre d’Edition et de Diffusons Africaine (C.E.D.A) en Côte d’Ivoire, le Mali va créer les Editions Populaires du Mali (E.P.M). La décision de mettre en place une société

nationale d’édition est prise au cours d’un séminaire organisé par l’Education Nationale en 1964. L’idée fut principalement émise pour éditer sur place des livres adaptés à la réforme de l’enseignement, ainsi que les livres de littérature générale.

Les E.P.M ne se sont pas contentées de publier des ouvrages de littérature générale (…). La collection la plus populaire est la « collection hier », composée en majeur partie de recueil de légendes de la tradition orale. On ne peut donc pas qualifier les éditions E.P.M de maison d’édition scolaire.286

Les E.P.M sont une structure éditoriale polyvalente qui effectue diverses taches dans la chaîne du livre.

Dans la même décennie, une librairie de l’Etat verra le jour à Bamako, la Librairie Populaire du Mali (L.P.M), ces deux structures vont fusionner en 1972 pour devenir les Editions-Imprimerie du Mali (E.D.I.M).

Source : http://www.graphique-industrie.net/ [consulté le 24 juillet 2017]

Les Editions-Imprimerie du Mali (E.D.I.M) gèrent le marché du livre scolaire au Mali et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Niger.

Après les Editions Populaires du Mali, les Nouvelles Editions Africaines (N.E.A) voient le jour au Sénégal en 1972, plus précisément à l’initiative de Léopold Sédar Senghor et en collaboration dans ce projet avec le Togo, la Côte d’Ivoire et différents éditeurs français qui en possédaient d’ailleurs environ 40% des parts :

L’Etat en est le principal actionnaire, bien que cinq maisons françaises (Hachette, Armand Colin, Fernand Nathan, Le seuil, et Présence africaine) lui soient associées.287

Cette structure avait pour but de répondre à la volonté de créer une maison d’édition locale. Leur politique consiste à promouvoir la culture et la littérature négro-africaine ainsi que les recherches scientifiques faites en Afrique. Les N.E.A ont depuis leur création l’ambition d’élargir leurs publications à des auteurs de différentes sphères géographiques :

286 S.I.A Kotei, Le livre aujourd’hui en Afrique, op. cit, p.54.

Les ouvrages des N.E.A sont destinés à toutes catégories de lecteur : de l’universitaire au titulaire du certificat d’étude primaire. La politique culturelle de cette maison vise à stimuler la création et à apporter au lecteur africain des éléments d’instruction, de réflexion mais aussi une lecture de divertissement. Elles pratiquent le « rewriting » pour permettre aux hommes qui une riche expérience de la vie de s’exprimer.288

Les livres scolaires publiés par les N.E.A permettent de couvrir la quasi-totalité des besoins de l’Afrique de l’Ouest francophone. De plus, les N.E.A en collaborant avec d’autres pays de l’Afrique noire francophone vont davantage produire des manuels scolaires adaptés aux besoins des apprenants en Afrique.

Les N.E.A ont connu un cycle de publication en constante augmentation et ce, dans différentes catégories d’ouvrages (livres scolaires, livres de littératures etc.) :

Les N.E.A ont des droits exclusifs pour les documents officiels, les autres publications gouvernementales ou ministérielles et les livres publiés sous les auspices du gouvernement. Elles ont aussi la possibilité de publier n’importe quel ouvrage culturel (roman, œuvre dramatiques, poésie, essaie) ou éducatif.289

Par leur catalogue exhaustif, elles deviennent une multinationale africaine d’édition. Par leurs publications culturelles, elles vont assurer la conservation de ces cultures orales. De plus cette structure du fait qu’elle soit implantée au Sénégal va dans un premier temps réaliser des économies importantes avant de connaître des difficultés de fonctionnement liées à la santé financière de la structure. Les difficultés financières vont entraîner sa dissolution vers fin 1988. Certains pays membres vont se retirer, à savoir le Togo et la Côte d’Ivoire. Mais une année plus tard, le Sénégal va procéder à un changement à la fois de dénomination et de gestion, créant ainsi une société d’économie mixe appelée les Nouvelles Editions Africaines du Sénégal (N.E.A.S). Cette structure éditoriale va être la première en Afrique à collaborer avec les autres gouvernements de l’Afrique noire francophone pour la production de manuels scolaires adaptées aux réalités de l’Afrique noire francophone.

288 Abdou Karim Diallo, Le livre en Afrique noire francophone, op. cit, p.9.

Source : http://www.as-editeurs.org/editeurs/les-nouvelles-editions-africaines-du-senegal [consulté le 22 juin 2017]

Dans cette maison, il y a plusieurs actionnaires dont l’Etat avec 20% et le reste sera réparti entre les privés nationaux et les éditeurs français, dont le groupe Hachette qui rachètera la structure trois ans plus tard. De même, certains pays membres vont poursuivre les activités sur un plan national. A l’instar du Sénégal, il y aura la Côte d’Ivoire qui va créer les Nouvelles Editions Ivoiriennes (N.E.I) en 1992 avec l’appui du groupe français Hachette. Elles vont également s’allier au Centre d’Edition et de Diffusion africaine (C.E.D.A), car ils ont des plans éditoriaux similaires.

Ces quelques structures ont été quasiment les seules à avoir une activité éditoriale régulière, mais limitée, jusque dans les années 1990.290

Nous ne relevons pas au niveau du Gabon une structure éditoriale qui compte parmi les maisons d’édition pionnières qui ont vu le jour en Afrique noire francophone. Cela s’explique par le fait que le Gabon n’a pas très tôt eu des écrivains ayant un écho sur la scène internationale comme cela a par exemple été le cas au Sénégal avec Léopold Sédar Senghor. L’histoire littéraire du Gabon comporte bien des auteurs, comme Tsira Ndong Ntoutoume, auteur d’épopées comme le Mvet, Robert Zotoumba qui compte parmi les premiers écrivains. Leur nombre est resté cependant trop faible et le public de lecteurs pas assez important, de plus ce tableau d’auteurs a toujours été compensé par des auteurs issus d’autres pays notamment au Cameroun avec des auteurs comme Francis Bebey, au Congo Brazzaville avec Alain Mabanckou. La visibilité littéraire du Gabon sur le plan continental n’était pas assurée et du fait de sa géographie peu vaste et de sa population peu nombreuse, les investisseurs n’ont pas pu implanter des structures comme nous le voyons au Cameroun, en Côte d’Ivoire, etc.

290 Luc Pinhas, « L’édition en Afrique francophone : un essor contrarié », Afrique contemporaine, 2012/1 n°241, p. 120-121. Article en ligne : http://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2012-1-page-120.htm, p.120.

De plus le Cameroun étant un Etat limitrophe du Gabon, les Editions C.L.E couvrait les besoins en édition sur le territoire gabonais.

Parmi les structures pionnières en Afrique noire francophone, le C.E.D.A, les N.E.A et les Editions C.L.E sont celles qui vont le plus perdurer, cela grâce aux investisseurs français pour les deux premières qui avec plus d’expérience sauront venir en appui à ces structures éditoriales, et des soutiens allemands et hollandais pour la dernière. La création d’infrastructures éditoriales au lendemain de la décolonisation s’inscrit dans l’optique d’une