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La professionnalisation organisationnelle : quels impacts sur l’appropriation ?

SECTION 1 : Question de recherche et cadre théorique

IV. Construction sociale Il existe un phénomène de réseau mais le

7. La professionnalisation organisationnelle : quels impacts sur l’appropriation ?

Cette question du lien entre professionnalisation et appropriation n’est pas présente dans ce travail. Nous n’avons pas de données empiriques qui permettent de traiter ce point. Pour aborder cette question, il aurait fallu étudier des utilisateurs de sites web. Cette dimension pourrait faire l’objet d’une nouvelle recherche : l’objectif pourrait être de mieux comprendre les relations entre la forme prise par la professionnalisation organisationnelle et le niveau d’appropriation des utilisateurs finaux.

133 « La méthode n'est pas susceptible d'être étudiée séparément des recherches où elle est employée; ou, du moins, ce

n'est là qu'une étude morte, incapable de féconder l'esprit qui s'y livre ».

Comte, A. 1830. Cours de philosophie positive. Paris.

CHAPITRE 5 Méthodologie

Nous voulons commencer ce chapitre en levant toute ambiguïté : la description de la méthode présentée ci-dessous est avant tout le résultat d’une forme de rationalisation de notre démarche. Comme le soulignait E. Morin « la méthode ne peut se former que pendant la recherche ; elle ne peut se dégager et se formuler qu’après, au moment où le terme redevient un nouveau point de départ, cette fois doté de méthode. Nietzsche le savait : « les méthodes viennent à la fin » (L’Antéchrist) » (Morin 1977, p. 22).

Une méthode ne s’évalue pas dans l’absolu. Elle doit être jaugée au regard de la question posée et des résultats apportés. Dans notre cas, la difficulté principale vient de la nécessité de ne pas limiter notre recherche à un niveau d’analyse unique. Notre problématique implique une réponse qui prend en considération des phénomènes situés à des niveaux différents. Pour répondre au mieux à cet enjeu, nous avons choisi de multiplier les sources en croisant des données qualitatives et quantitatives, et en comparant des données issues de contextes variés : études de cas réalisées au sein d’entreprises hétérogènes1, et comparaison entre la situation française et américaine. Une fois notre cheminement de recherche présenté, nous concentrerons le propos sur les problèmes posés par cette multiplicité des niveaux d’analyse avant d’indiquer comment notre démarche comparative et quali-quantitative nous a aidés à y répondre.

1

« Les hommes (...) durent faire des observations pour pouvoir élaborer des théories, mais ils devaient aussi avoir des théories pour pouvoir observer » Comte, A. 1907. Cours de Philosophie Positive, t. 1, Paris, 5ème édition, p. 5. 1. La recherche chemin faisant

Nous avons oscillé, tout au long de notre cheminement, entre deux mondes : l’empirie1 et la théorie. La démarche adoptée n’est pas celle d’une alternance bien marquée entre la revue de la littérature et le recueil de données. Nous avons, au cours de ces trois années, alterné entre les lectures théoriques et le travail de terrain. Ce balancement a permis une certaine souplesse : le cadre d’analyse tout comme le type de données recueillies ont pu évoluer sans que cela ne représente un coût trop élevé. Nous avons voulu éviter les « risques » assignés à une démarche en deux étapes : soit celle qui consiste à établir un cadre théorique puis à le confronter à la « réalité » (démarche déductive), soit celle qui implique une enquête de terrain puis un travail de conceptualisation (approche plus inductive). Dans le premier cas, le risque est de bâtir un cadre trop réducteur ou mal adapté au regard de la complexité du réel. Dans le deuxième cas, l’écueil est d’avoir une démarche trop ouverte qui conduit à recueillir des données très hétérogènes et en trop grand nombre. Durkheim considérait ainsi comme vain l’idée d’une recherche initiée sans aucune grille de lecture :

« On se leurre d’un vain espoir quand on croit que la meilleure manière d’en préparer l’avènement est d’accumuler d’abord avec patience tous les matériaux qu’elle utilisera, car on ne peut savoir quels sont ceux dont elle a besoin que si elle a déjà quelque sentiment d’elle-même et de ses besoins, partant, si elle existe » (Durkheim 1988, (1895), p. XLII).

Bien évidemment, la plupart des recherches ne suivent jamais vraiment à la lettre ces méthodes car il existe toujours des recoupements entre les phases de recueil de données empiriques et théoriques mais, dans notre cas, un choix délibéré a été fait de mélanger les deux facettes inhérentes à toute recherche. Cette démarche est qualifiée par certains auteurs d’exploration hybride2 (Charreire et al. 1999, p. 70).

1 Mot emprunté ici à la langue allemande issu du grec empeiría, l’expérience. 2

« L’exploration hybride consiste à procéder par allers-retours entre des observations et des connaissances théoriques tout au long de la recherche ».

Charreire, S., et Durieux, F. "Explorer et tester : deux voies pour la recherche," in: Méthode de recherche en

135 Nous avons élaboré un planning général pour programmer les différents jalons de la thèse. Dans ce programme les phases de terrain et d’analyse étaient alternées. Ceci étant, le plan de travail s’est modifié en fonction à la fois des évolutions de nos réflexions et des différentes opportunités de terrain qui se sont offertes sur notre route (Barley 1990b; Edmonson et al. 2006; Girin 2001). Nous avons par conséquent modifié les modalités de recueil des données au fur et à mesure de la recherche afin d’enrichir les résultats. Cette démarche est tout à fait classique dans les méthodes par étude de cas où l’intention est de produire des théories :

"A key feature of theory-building case research is the freedom to make adjustment during the data collection process (…) if a new line of data collection opportunity arises or if a new line of thinking emerges during the research, it makes sense to take advantage by altering data collection, if such an alteration is likely to better ground the theory or to provide new theoretical insight" (Eisenhardt 1989).

A la fin de la partie consacrée à la méthodologie, un graphique présente comment des opportunités sont apparues très concrètement au cours de cette recherche. Il indique d’une part la chance de pouvoir rencontrer des chercheurs de renom, et d’autre part, souligne les relations entretenues avec les praticiens. Ces deux types d’échanges ont conduit à modeler d’une manière non négligeable la problématique. Nous ne présentons dans ce schéma que les faits marquants, ou du moins ceux qui nous apparaissent comme tel à ce jour.

Si la notion d’opportunité n’est pas cachée par une rationalisation a posteriori poussée à l’extrême, il ne faudrait pas non plus laisser penser que la recherche n’avait aucun cadrage et évoluait en fonction des seuls aléas. Comme le dit très justement Eisenhardt, il est essentiel d’être opportuniste et flexible mais de façon contrôlée (Eisenhardt 1989). Pour cette raison, nous avons sans cesse essayé de vérifier la cohérence de notre méthodologie.