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Etudes de cas et entretiens : entre exploration et cadrage

SECTION 1 : Question de recherche et cadre théorique

IV. Construction sociale Il existe un phénomène de réseau mais le

6. Niveaux d’analyse : multiplier les cadres et les angles de vue

7.2. Etudes de cas et entretiens : entre exploration et cadrage

L’étude de cas se justifie ici par deux éléments soulignés par Yin (1989) : la recherche d’une compréhension de phénomènes sociaux complexes (les processus de diffusion d’une nouvelle technologie) et d’un processus dynamique (la professionnalisation). Elle se justifie également par l’interaction entre une dimension micro (les pratiques) et une dimension macro (la structuration des professions) (Ragin et Becker, 1992). Nous n’avons pas cherché « les effets invariants des causes, mais des histoires où toutes les étapes répondent à une logique (…) De ce point de vue, les événements ne sont causés par rien d'autre que l'histoire qui les a conduits à être ce qu'ils sont. » (op. cit., p. 109).

1 Le site suivant a été utilisé pour recueillir les données : http://www.emailjob.com/.

Cette méthode fut utilisée par de nombreux auteurs notamment pour analyser les métiers émergents liés au web Debrah, Y.A., et Reid, E.D. "Internet professionnals: job skills for an on-line age," The International Journal of

Human Ressource Management (9), oct. 1998, pp 910-933.

2http://www.igda.org/Forums/showthread.php?threadid=14635 http://www.allhtml.com/forums/posts_list/topic:483793 http://www.webmasters-meet.com/showthread.php?t=377 3 https://www.linkedin.com/ 4 http://www.crg.polytechnique.fr/sondage/

159 Les données sur lesquelles nous nous appuyons permettent de présenter trois cas approfondis et deux cas exploratoires relatifs à des sociétés issues de secteurs très variés. L’objectif n’était pas de répliquer les cas mais au contraire de procéder par exploration. C’est la raison pour laquelle les cas ne furent pas sélectionnés pour leurs similarités mais pour leurs différences (Becker 1998a). Cette diversité est utile car elle permet de confronter la théorie à la diversité des contextes et d’accroître ainsi le niveau de validité externe :

“This diversity reduces the risk of our findings being merely an artifact of American management practices, and increases the validity of our findings (Downs et al. 1976; Van de Ven et al. 1988)” (Tyre et al. 1994).

Cas exploratoires

Nous avons souhaité réaliser plusieurs entretiens au sein de ces entreprises mais les salariés étaient tous très pris par leur travail et peu disposés à accorder de leur temps. Ces deux cas nous ont permis d’approcher le fonctionnement de « pure player » (entreprise qui a initié son activité avec Internet).

Tableau 12 : Deux cas exploratoires

Secteur Commerce électronique Agence web

Création 2000 1996

Nombre de salariés 5 46

Activité Secteur du commerce en ligne de

détails

Création de sites web pour des grands comptes

Site web Internet Internet, intranet

Entretiens PDG de l’entreprise Webmaster, spécialiste en référencement

Cas appronfondis

Si les entreprises étudiées ont toutes un site intranet ou Internet datant d’au moins trois an, deux dimensions permettent de différencier les cas : la culture technique inhérente à l’activité et l’impact du web sur l’environnement concurrentiel de l’entreprise. L’entreprise industrielle a une culture technique forte mais qui se situe hors du domaine informatique contrairement à la SSII. L’entreprise de presse n’a pas, quant à elle, de forte culture technique mais par contre, l’impact

du web a été, à très court terme, plus important pour son secteur (Boczkowski 2004; Fogel et al. 2005; Vernernadet 2004) que pour celui de l’entreprise industrielle ou celui de la SSII.

Nous avons demandé à l’ensemble des professionnels qui travaillaient sur les sites web s’ils étaient sur la région parisienne1 et s’ils travaillaient encore dans l’entreprise2 (12 entretiens). Pour les deux cas exploratoires, il s’agit de structures récentes qui se sont développées avec le web : une agence web et une start-up réalisant du commerce électronique (2 entretiens).

Cette approche est qualifiée par des auteurs anglo-saxons de « small N-analysis » (Hall 2004), elle a l’avantage de produire du savoir à la fois situé et universel :

"On the one hand, the retention of detail in the case studies produces situated, contextualized knowledge; on the other hand, the use of different cases allows the analyst to separate the particular cases from more general processes (...) no strong identity, emphasizing neither choice nor constraint" (Abbott, 2004).

Tableau 13 : Trois études de cas

Secteur Presse Industrie SSII

Création 1958 Début du XXème 1991

Nb de salariés 550 35 000 1800

Activité Secteur de la presse

magazine

Secteur gazier Conseil,

Ingénierie des SI

Site web Internet, intranet Internet, intranet Internet, intranet

Entretiens 7 professionnels membre :

- directrice des éditions électroniques

- rédacteur en chef

- rédacteur en chef technique - assistante de rédaction - journaliste littéraire - 2 journalistes graphistes 3 professionnels : - chef de projet e-business (responsable portail Internet et intranet), - assistante (fonction de webmaster) - chef de projet communication 2 professionnels : - directeur technique et - directrice de la communication 1

Dans le cas de la SSII, des salariés travaillaient ponctuellement sur les sites web depuis Grenoble. Pour des questions de coût et de temps, nous n’avons pas réalisé d’entretien avec ces professionnels.

2

Dans les trois cas, certains des salariés avaient des contrats à durée déterminée ou ont été licenciés avant la recherche et n’ont donc par été interrogé.

161 7.3. Analyse comparative France – Etats-Unis

La comparaison contribue à l’avancée d’une réflexion scientifique car elle permet de prendre de la distance avec ce qui nous est familier, de rompre, dans certains cas, avec les schèmes établis (Vigour 2005). Elle permet également de monter en généralité, car elle offre la possibilité de confronter des données issues de contextes différents à partir de la même grille d’analyse (Dumez 2004).

Nous procédons à de multiples comparaisons dans ce travail : dans le temps avec de brefs retours sur des cas historiques (cas des informaticiens notamment) et dans l’espace avec les études de cas d’entreprises. Ces démarches sont des plus classiques, certains diraient même qu’elles sont inhérentes aux sciences sociales (Durkheim 1988, (1895)). La comparaison entre pays est également une démarche assez usuelle. Ces comparaisons internationales oscillent entre deux approches : l’une universalisante, il s’agit de découvrir des formes de lois qui se reproduisent quelque soit le contexte, l’autre culturaliste, il s’agit de déterminer comment les spécificités locales s’expliquent par des cultures différentes (d'Iribarne 1991). Des auteurs proposent de dépasser cette dualité et de considérer les objets comparés « comme autant de « construits sociaux » saisis au sein des processus qui les constituent dans leur spécificité sociétale. Une telle démarche ouvre sur de la généralité. En même temps, elle « donne à voir » les spécificités sans s’enfermer inexorablement dans des totalités culturelles closes sur elles-mêmes » (Maurice et al. 1992). Ces mêmes auteurs cherchent avant tout à comprendre les mécanismes de construction d’acteurs et d’institutions (op. cit.).

Notre ambition est plus limitée. Loin de vouloir interpréter les processus et les phénomènes explicatifs, ou de comprendre comment des modes gestionnaires (Kogut et al. 1993) ou une norme se diffuse d’un pays à l’autre (Guler et al. 2002), nous nous arrêterons à quelques considérations très simples sur la situation américaine aujourd’hui. Nous reprenons les mêmes critères de comparaison, les mêmes grilles d’entretien que celles utilisées en France et nous cherchons à étudier, terme à terme, les similitudes et les différences sans considérer aucunement les causes des variations. Nous n’entrons pas dans les débats présentés ci-dessus, du moins, nous

cherchons à les éviter car notre objectif n’est pas tant de comparer au sens strict que de questionner les résultats issus du cas français.

Pour ce faire, nous avons retenu des critères bien précis pour sonder la situation dans un terrain tout à fait différent de celui de la France. Nous voulions par exemple savoir si le terme de webmaster était ou non usité. L’approche se veut pragmatique. Nous ne cherchons pas à comprendre les mécanismes à l’œuvre. A partir des descriptions recueillies, nous avons essayé d’extrapoler certaines explications mais les conclusions et résultats sont nécessairement prudents.

La plus grande maturation des TIC aux Etats-Unis, un degré de professionnalisme plus élevé ainsi que le fort mouvement de structuration professionnel fournissent des éléments de comparaison permettant de spécifier les dynamiques propres au cas français. Une analyse documentaire a également facilité la prise en compte du phénomène à un niveau plus macro.

Comparer : définir ce qui est égal

D’après la définition du dictionnaire de l’Académie française, le verbe « comparer » est emprunté, au XIIème siècle, du latin comparare, « apparier, comparer », de compar, « égal, pareil ».

Comparer deux objets consiste à déterminer en quoi ils sont similaires ou dissemblables. Il faudra examiner les ressemblances et les différences pour statuer à l’aide de critères dits de comparaison. Pour permettre la comparaison, l’essentiel n’est pas tant de déterminer si tel ou tel objet peut se comparer à tel ou tel autre mais plutôt de déterminer les caractéristiques, les dimensions qui permettent la comparaison au regard d’un ensemble de critères pré-définis. Une fois la comparaison effectuée, il est alors possible de hiérarchiser les objets comparés.

On voit avec cette courte définition pourquoi comparer deux pays, deux sociétés n’a aucun sens si l’on ne précise pas les termes de la comparaison.

163 Tableau 14 : Liste des entretiens

Lieu Modalité de l’entretien Répondants

(nous détaillerons dans la section 2)

Nb

Membres d’associations (CESI, Club Net, ACSEL)

7

Professionnels du web (Yahoo!, Colt, CEGOS, etc.)

4

Auteurs

(ouvrages sur webmestres)

3 Entretiens

semi-directifs d’environ une heure

Chercheur (PME et TIC) 1 France, Région Ile-de-France Interviews d’environ 15 minutes Exposants du salon des Webmasters (2004 et 2005) 20 Etats-Unis, Baie de San Francisco Entretiens semi-directifs d’environ une heure

Professionnels du web 18

Tableau 15 : Documentation

Pays d’origine Types

France Etats-Unis

Nomenclatures métiers (ANPE, APEC, SYNTEC, etc.) Presse spécialise (JDN, 01.Net, etc.)

Documentation fournie par des associations professionnelles Offres d’emplois (Email Job, Monster, Job Bank, etc.) Plaquettes de formations (Ecole du Multimedia, Cegos, etc.)