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Troisième Partie : la médecine

Chapitre 2 : peur d'interagir, pourtant il faut traduire

II. Prisonnier d'un corps

Dans cette partie nous allons tâcher d'envisager l'autisme comme un trouble non pas du comportement mais bien plus de la communication. Nous allons tenter de souligner les particularités du mode de communication dont les enfants autistes font usage avec leur entourage. Il s'agira en fait de rassembler de manière analytique et scientifique tous les éléments de communication qui donne lieu à un comportement dit autistique. Il sera donc en question de mettre en lumière les difficultés éprouvées par l'enfant autiste pour communiquer, de sorte à en dégager les possibles améliorations à apporter et à comprendre les raisons du comportement et des réactions propres à un enfant autiste.

Pour cette analyse nous adopterons un plan structural en trois parties : la première partie sera consacrée à la question de l'isolement chez l'enfant autiste. La seconde partie sera consacrée, quant à elle, aux particularités relatives au code de communication utilisé par les enfants autistes.

128 Enfin la troisième partie de notre étude se placera dans une perspective méliorative dans laquelle nous nous attacherons à observer les méthodes de sollicitations et de stimulation de l'enfant autiste dans une perspective thérapeutique.

1. - Parle-moi ! - Je ne peux pas !

Il est clair que la définition la plus répandue de l'autisme est sans conteste celle qui assimile ce trouble envahissant du développement à un trouble de la communication et de l'interaction sociale. Dans une perspective purement linguistique, nous pourrions penser que l'autisme, de par le manque de moyens d'expression qu’il entraîne a pour conséquence directe un isolement de la personne qui souffre de ce trouble ce qui donc l'empêche d'avoir accès à une vie en société car les interactions avec autrui sont tout simplement impensables dans le contexte de l'autisme et des troubles de communication et de comportements qui y sont associés. Ainsi, ce que l'on pourrait prendre pour être des déficiences intellectuelles notoires, peuvent tout aussi bien s'avérer n'être

« que » l'expression d'un isolement ressenti par l'enfant autiste qui doit à tout prix trouver un moyen de s'exprimer, quitte à ne pas être compris de son entourage.

Si l'on cherche à observer ce trouble de la communication au travers du domaine particulier de la traduction, il est plus qu'évident que nous nous heurterons à un mur puisque le sujet autiste ne peut répondre aux sollicitations communicatives conventionnelles en raison du trouble envahissant du développement dont il est victime. On observe ici toutes les limites de l'adaptabilité du domaine de la traduction aux personnes souffrant de troubles autistiques.

Malgré tout, nous pouvons souligner ici que la communication d'un enfant autiste met en jeu un certain aspect de la traduction. En effet pour comprendre le sujet autiste, l'entourage doit procéder à une certaine forme de traduction des gestes ou des cris effectués par le sujet autiste.

Cependant, il est évident que ce manque de communication, ou plutôt cette impossibilité de communiquer conduit inexorablement à un isolement ressenti par la personne atteinte de troubles envahissants du développement d'origine autistique. Ce qui est fort dommageable à la personne est très difficile à vivre pour l'entourage.

La très grande complexité des situations autistiques mène souvent à interpréter, à tort, une communication différente comme l'expression d'une déficience mentale qui n'existe ni objectivement ni scientifiquement mais dont l'infirmation est également rendue impossible par l'absence de maîtrise d'un code de communication commun entre les personnes dites «

129 neurotypiques » et celles atteintes de troubles envahissants du développement comme les personnes autistes par exemple.

2. À chacun sa manière de se faire comprendre

La solution, pour mieux appréhender les situations de troubles autistiques semblent être de vouloir adopter un code de communication propres à l'enfant autiste de sorte à être à même de se faire comprendre de lui et de sorte à le comprendre lui aussi pour pouvoir établir, à une autre échelle certes, une sorte d'interaction sociale dans toute la mesure des troubles envahissants du développement que l'enfant autiste peut présenter.

Il est clair que l'apprentissage d'un code et d'un mode de communication propres aux aptitudes et aux compétences langagières, sociales et intellectuelle de l'enfant autiste semblent être la solution idéale au problème de l'isolement et du manque de communication. La difficulté semble cependant se poser alors même que l'on essaye de mesurer l'étendue de ses troubles de la communication. En effet, l'autisme étant un trouble comportementale des plus vastes, il s'agit d'observer qu'il n'y a dans le comportement des sujets atteints d'autisme aucune constante de nature à leur permettre de déterminer les réactions les comportements à prévoir suite à une situation donnée.

Là encore, l'intégration des personnes autistes dans un modèle professionnel conventionnel paraît bien difficile si l'on tient compte de l'ampleur des troubles de la communication dont la personne souffre. Ainsi, l'adoption de méthodes de communication particulières semble être une réponse satisfaisante aux problèmes de communication dans un cercle familial pour une personne autiste. Cependant, dès qu'il est question de la communication avec des acteurs de la société extérieurs à l'entourage le plus restreint de la personne autiste, il paraît impensable de mettre en application l'adoption d'un code de communication particulier pour les interactions avec la personne autiste.

C'est bien là que se situe le cœur du problème de l'isolement dans l'autisme car ce défaut de communication pourrait très bien n'être qu'une façade qui recèle en fait toutes les qualités nécessaires à l'exercice d'une activité professionnelle dans la traduction par exemple. Toutefois, l’impossibilité de communiquer et de faire partager ses idées semble être la principale entrave aux interactions sociétales entre la personne autiste et un quotidien normal qui se jouxte à une vie professionnelle épanouissante et satisfaisante.

C'est pourquoi, la simulation de la personne autiste semble être le seul remède à l'isolement dont elle souffre car ce n'est que par les sollicitations diverses que la personne acquerra et

130 développera les attitude sociétale nécessaire à une communication tout du moins possible avec un nombre restreint de personnes et des moyens d'épanouissement personnel et, qui sait même peut-être professionnel.

3. « Il faut apprendre et cultiver son jardin »

Enfin pour conclure cette partie plutôt pessimiste sur les troubles de la communication engendrée par l'autisme il conviendra de nous attarder quelque peu sur les moyens mis en œuvre pour stimuler une évolution positive des compétences langagières, communicatives et sociétale de l'enfant ou de l'adulte qui souffrirait d'autisme. Ainsi cette dernière partie portera sur les sollicitations thérapeutiques auxquels les soignants et l'entourage de la personne autiste ont recours pour favoriser le développement d'un système de communication et espérer le développement d'interactions avec d'autres acteurs de la société.

Nous pouvons voir que dans bien des cas d'autisme, les sollicitations sont de type langagier car la parole et le dialogue sont les moyens les plus évident et plus flagrant de l'interaction sociétale.

Il est bien évident que les exercices auquel se prêtent les sujets atteints d'autisme sont d'un niveau linguistique des plus basiques. Il n'en reste pas moins qu'ils sont un excellent point de départ au développement de compétences cognitives, linguistiques et verbales. Ce qui est une des clef de l'activité de traduction quand elle est exercée à l'échelle professionnelle ou dans une perspective disciplinaire d'apprentissage.

Une manière d'intégrer la discipline de traduction, à une moindre mesure évidement, aux exercices développementaux de la communication chez la personne autiste serait de proposer des exercices de répétition en passant par un langue étrangère pour susciter ou du moins tenté d'éveiller par des consonances originales et inhabituelles la curiosité de l'enfant autiste, dont on sait que paradoxalement elle est très élevée.

Autant la nécessité de repères structurée est très présente dans l'autisme, autant le confort et l’attrait d'une musicalité nouvelle est également prouvé lorsqu'on en vient à parler de l'oreille musicale chez les autistes. Cette observation sur la musicalité nous conduit à nous poser la question de l'existence d'une forme d'intelligence propre à l'autisme qui serait malgré tout utilisable dans les domaines professionnels conventionnels si l'on sait s'accommoder de certaines spécificités

131 comportementales et affectives chez les personnes autistes qui pourraient, selon toute vraisemblance vivre outre et avec, non plus leurs différences, mais leur unicité.