• Aucun résultat trouvé

Troisième Partie : la médecine

Chapitre 3 : quand l'ordinateur central s'en mêle

I. Le paradoxe comme leitmotiv

Les lésions neurologiques donnant lieu à une infirmité motrice cérébrale peuvent être d'origines diverses. De plus, l'infirmité motrice cérébrale représente clairement un hydride dans la catégorisation des infirmités. Ce désordre neurologique abouti à une pluralité de forme et toutes les répercussions de l'IMC peuvent potentiellement être aussi diverses que variée. Ainsi nous allons voir que l'infirmité motrice cérébrale jongle en permanence entre le monde du handicap et le monde de la pleine capacité physique. Nous allons au cours de cette petite enquête voir que les troubles neurologiques entraînés par des lésions cérébrales centrales sont différents des maladies génétiques qui entraînent toute une palette de symptômes avec eux. Les troubles neurologiques centraux sont d'une certaine manière, plus ciblée est donc entraîneront des répercussions au quotidien de manière plus caractérisée.

Dans une première partie de notre étude nous verrons que l'étude de l'infirmité motrice cérébrale conduit à l'observation d'un premier paradoxe entre lésion ischémique et répercussion fonctionnelle du trouble neurologique. Dans une deuxième partie, l'accent sera porté sur la pluralité des modes de manifestation d'une infirmité motrice cérébrale. Enfin, le troisième temps de notre étude s'intéressera plus spécifiquement aux causes d'une IMC et nous mettrons ainsi en avant l'idée selon laquelle le paradoxe majeur de l'infirmité motrice cérébrale réside dans le fait que l'on ne peut pas toujours raisonner en présence IMC avec une logique de cause à effet.

1. Évoluera, n'évoluera pas

Il est clair que le propre d'une lésion ischémique le cadre d'un trouble neurologique est d'être stable et fixe dans le temps. Ainsi, la lésion en elle-même ne peut ni se résorber ni s'aggraver.

140 En revanche, certains neurologues s'accordent sur l'idée que les répercussions fonctionnelles d'une infirmité motrice cérébrale peuvent varier dans le temps et dans l'intensité.

L'idée selon laquelle l'infirmité motrice cérébrale est un trouble « stable » se trouve ici mise à mal car s'il est vrai que scientifiquement les troubles associés à une IMC n'ont pas objectivement de raisons neurologiques de se modifier, ils se verront changés pour d'autres raisons et dans d'autres circonstances, ce qui en dernière analyse conduit les patients à une seule et même constatation : leur état se dégrade potentiellement puisque il peuvent hypothétiquement être amenés à perdre la liberté de leurs mouvements et subséquemment de l'autonomie dans leur quotidien.

Nous pouvons voir que les troubles neurologiques liés à une IMC présentent en eux-mêmes un paradoxe évident que bon nombre de chercheurs et de neurologues auront démontré. ces troubles sont scientifiquement et médicalement stables sans l'être de manière objective, fonctionnelle et concrète au quotidien. Pour ce qui est de l'intégration dans un quotidien professionnel, nous pouvons voir que cette situation présente un avantage certain car l'aggravation, si elle a lieu, n'est en aucun cas une vérité absolue. Les chercheurs de concert avec les médecins ont recensé des cas d'infirmités motrices cérébrales ne présentant aucune aggravation par rapport aux répercussions fonctionnelles des lésions neurologiques premières.

Par conséquent, nous pourrions être amené à penser que l'intégration des personnes souffrant d'IMC dans une perspective purement motrice pourrait parfaitement s'intégrer à un monde professionnel conventionnel est donné pleine satisfaction dans leur travail au quotidien. De surcroît, comme nous l'avons vu le monde de la traduction pourrait s'accommoder des aménagements logistiques nécessaires à l'intégration d'une personne souffrant d'une infirmité motrice cérébrale.

Cependant, la potentialité d'une aggravation reste en quelque sorte une « épée de Damoclès

» au-dessus de la tête du de la personne concernée qui devra malgré tout savoir composer avec les aléas de son état de santé qui viendront s'ajouter aux aléas du quotidien professionnel. La stabilité, peut-être un élément décisif pour la décision d'un certain mode de vie. Or, ainsi que nous l'avons démontré la traduction permet de par la nature de l'activité exercée une certaine pérennité dans le quotidien.

On en conclura donc que, outre le paradoxe que nous avons ici mis en lumière, la possibilité pour les personnes souffrant d'IMC d'exercer une activité professionnelle reste plus probable dans le domaine de la traduction et de l'interprétation. Puisque l'IMC est un trouble neurologique qui suivant son degré et son positionnement permet plus ou moins une vie quotidienne traditionnelle et

141 donc une activité professionnelle pour laquelle l'effort physique n'est pas exagéré, la traduction semble alors se prêtée à merveille à la situation que nous proposons ici à l'étude.

L'élément central à ne jamais oublier lorsqu'on parle d'infirmité motrice cérébrale est que la forme sous laquelle elle se manifeste est toujours changeante et que l'on rassemble sous la notion d'infirmité motrice cérébrale des troubles toujours plus variés.

2. La diversité dans les faits

Bon nombre d’éminents penseurs du monde de la médecine s'accordent à dire qu'il n'existe pas deux cas d'infirmités motrices cérébrales identiques. Pour comprendre cette pluralité de forme, il nous faut remonter aux origines et aux mécanismes qui régissent l'infirmité motrice cérébrale. Ce type d'infirmité survient en conséquence de lésions ischémiques provoquées par un manque d'oxygénation ou toute autre blessure nerveuse centrale. Ainsi, l'ampleur de la lésion dépend du temps de l'anoxie ou encore du type d'accident cérébral central auquel les patients traités ont été confrontés. La lésion ischémique entraînera l'endommagement de territoires cérébraux, ce qui aura pour conséquence, au final, de se répercuter sur les capacités fonctionnelles du patient.

Ainsi donc, il ne peut objectivement pas y avoir deux cas d'IMC présentant exactement les mêmes troubles associés car le territoire recouvert par une lésion ischémique ne peut jamais être exactement le même chez deux patient. Ce mode de fonctionnement des troubles neurologiques présente un avantage certain pour le sujet qui nous occupe. Car si l'on postule que la lésion ischémique ne peut être que sectorielle, alors les répercussions fonctionnelles qui y sont associées ne peuvent toucher qu'une certaine partie du fonctionnement de la personne. Voilà pourquoi des personnes souffrant d'IMC peuvent ne présenter que des troubles moteurs et également parfois présenter des troubles mentaux s'il arrive que l'ampleur de la lésion soit plus importante. Une infirmité motrice cérébrale ne pourrait donc, à la lumière de la définition que nous venons d'en donner, en aucun cas se traiter exactement de la même manière chez deux personnes.

Quoi qu'il en soit, cette restriction par nature des troubles neurologiques associés que l'on observe chez les cas d'IMC permet en tous cas pour certaines personnes qui souffriraient de ce type d'infirmité dans laquelle seules les capacités motrices sont touchées d'envisager une vie professionnelle épanouissante car ces personnes ne présentent aucun signe de désordre mental associé à la lésion ischémique.

En s'attachant à une catégorisation d'un point de vue sociétale des troubles associés à l'IMC, voit que l'on retrouve toute une série de répercussions fonctionnelles se manifestant par des difficultés de mouvement, de paroles ou autres. Nous pouvons voir que l'intégration dans un milieu

142 professionnel conventionnel n'est pas incompatible avec une situation d'IMC, car en fait, l'essentiel pour la personne est de connaître le type d'IMC dont il est question pour être à même d'identifier les besoins spécifiques ainsi que les éventuels obstacles à éviter pour pouvoir s'offrir un quotidien à la fois autonome et épanouissant dans le cadre d'une IMC, d'ampleur minimale bien sûre.

Nous avons été à même de faire état de la pluralité de forme que peut avoir une IMC. Or, cette constatation est la conséquence directe de la pluralité des origines de ce trouble neurologique atypique et protéiforme car tout événement cérébral à l'échelle du système nerveux central peut potentiellement déboucher sur une lésion ischémique et donc aboutir à une infirmité motrice cérébrale comme nous l'explique George F. Wittenberg.59

3. l'éternelle valse du comment et du pourquoi

Nous venons d'établir que les manifestations fonctionnelles d'une infirmité motrice cérébrale sont diverses et concrètement ciblées. Ainsi la principale difficulté est d'établir un tableau clinique précis. Cette difficulté provient certainement du fait que l'IMC peut être la conséquence de différentes causes. La littérature neurologique s'intéresse surtout aux lésions ischémiques provoquées par des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et étaie ainsi l'essentiel des travaux scientifiques menés sur le phénomène de plasticité cérébrale qui porte sur la régénérescence des capacités fonctionnelles suite à un AVC. Effectivement, on parle ici de régénérescence car le phénomène de plasticité cérébral permet aux personnes ayant été victime d'un accident cérébral de retrouver les fonctions qu'elles avaient perdues suite au choc. Ses études sont porteuses d'espoir pour les personnes qui ont souffert d'accidents cérébraux au cours de leur vie.

Les origines de l'IMC peuvent aussi être innées, l'anoxie, qui se caractérise par un défaut d'oxygénation au niveau du système nerveux central peut-être la raison d'une infirmité motrice cérébrale à la naissance. Or, nous pouvons ici établir une analogie avec les études que nous avons menées précédemment en soulignant que les manifestations les plus précoces de l'infirmité motrice cérébrale peuvent parfois être assimilés à de l'autisme par les parents. La différence notoire demeure cependant que l'autisme connait une origine génétique et pourrait donc potentiellement s'avérer dégénératif alors que l'infirmité motrice cérébrale en tant que cause d'une lésion ischémique du système nerveux central est d'origine purement neurologique et se caractérise donc par des troubles plus stables qui ne seront pas forcément moins nombreux, mais exprimés différemment.

59 WITTENBERG, George F., « Neural plasticity and treatment across the lifespan for motor deficits in cerebral palsy », Developmental Medicine and Child Neurology, vol. 51 n° 4, 130-133.

143 Comme nous l'avons expliqué c'est cette différence qui permet l'adaptation de la personne qui souffre d'infirmités motrices cérébrales dans ce milieu professionnel conventionnel dans les cas les moins aigus de troubles associés, car à l'inverse de l'autisme, l'IMC ne se traduit pas par un trouble de la communication et de l'interaction avec autrui. Elle se traduit par un certain nombre de troubles, qui varie selon le territoire cérébral endommagé et qui peut donc potentiellement laisser intacte le champ des compétences intellectuelles et linguistiques, permettant une intégration pleine et entière dans le milieu professionnel de traduction. Pour les cas d'accidents vasculaires cérébraux, il en va tout autrement car la personne aura généralement déjà été intégrée un quotidien dit « normal », les défis qui sont les siens seront alors très différents car elle ne devra pas apprendre Mais bien réapprendre à gérer un quotidien qui était pourtant le sien avant l'accident cérébral. Sachant cela, le milieu professionnel de la traduction pourrait envisager une nouvelle forme d'adaptabilité pour permettre aux personnes souffrant d'une lésion ischémique par suite d'un accident cérébral de continuer leur activité outre et avec les nouvelles capacités et les nouveaux obstacles qui sont les leurs.