equivalent de cycles ainsi que la p´eriode pr´edominante de l’excitation, en compl´ement
de l’acc´el´eration maximale, pour caract´eriser le mouvement sismique. Les d´eplacements
irr´eversibles ont aussi ´et´e reli´es `a l’intensit´e d’Arias (Jibson, 2007).
1.5.2 Hypoth`ese d’un bloc rigide
Pour ´evaluer le mouvement sismique d’une masse en glissement, la premi`ere solution
propos´ee par Newmark (1965) consiste `a consid´erer que la masse est parfaitement rigide
et que son acc´el´eration correspond ainsi `a l’acc´el´eration au niveau de la surface de
rup-ture. Cette hypoth`ese a ´et´e consid´er´ee notamment dans les travaux propos´es par Sarma
(1975); Franklin et Chang (1977); Yegianet al.(1991); Watson-Lamprey et Abrahamson
(2006); Jibson (2007); Saygili et Rathje (2008). Pour des ouvrages raides sollicit´es `a basse
fr´equence (et donc `a grande longueur d’onde), l’approximation d’un bloc rigide peut ˆetre
satisfaisante. En effet, dans ce cas l`a, l’ensemble de la masse consid´er´ee se d´eplace en
phase et les d´eplacements sont sensiblement les mˆemes en chaque point de celle-ci. Tandis
qu’`a courte longueur d’onde - i.e. mouvement haute-fr´equence et/ou sol tr`es mou - les
d´eplacements au sein mˆeme du bloc peuvent ˆetre orient´es selon deux directions oppos´ees.
L’acc´el´eration moyenne du bloc est donc n´ecessairement plus faible que celle consid´er´ee
en supposant une masse rigide. Supposer que la masse glissante est rigide peut donc ˆetre
`
a l’origine d’une surestimation de la sollicitation. La n´ecessit´e de prendre en compte la
r´eponse dynamique des barrages dans le calcul des ´eventuels d´eplacements irr´eversibles
en cas de s´eisme a ´et´e mise en ´evidence par Chopra (1966) grˆace `a l’utilisation de calculs
aux ´el´ements finis.
1.5.3 Prise en compte de la r´eponse dynamique de l’ouvrage
1.5.3.1 L’approche des poutres en cisaillement
Probablement introduite pour la premi`ere fois par Mononobeet al.(1936), l’approche
«shear beam» ou«shear slice theory »a ´et´e largement utilis´ee pour ´etudier la r´eponse
dynamique d’ouvrages 2D puis 3D sans efforts num´eriques importants. Elle repose sur
plusieurs hypoth`eses :
• un mouvement du barrage en cisaillement simple, ne produisant que des d´
eplace-ments horizontaux ;
• des d´eformations (ou des contraintes) de cisaillement uniformes `a une profondeur
donn´ee.
Concernant la premi`ere hypoth`ese, Hatanaka (1955) indique que, dans le cas d’un
bar-rage reposant sur un rocher rigide sollicit´e par la composante horizontale d’un s´eisme
1.5 L’analyse simplifi´ee de la r´eponse sismique des barrages
et dont le fruit des pentes est suffisamment important (largeur du barrage ´egale `a au
moins 3 ou 5 fois sa hauteur), les effets de la flexion sont n´egligeables devant ceux
pro-voqu´es par le cisaillement. Ses conclusions sont bas´ees sur la comparaison de la p´eriode
fondamentale de r´esonance estim´ee avec prise en compte ou non de la flexion. Quant `a la
seconde hypoth`ese, Gazetas (1987) conclut, suite `a une s´erie de calculs aux ´el´ements finis,
qu’il s’agit d’une hypoth`ese raisonnable, en remarquant toutefois que les contraintes et
d´eformations s’annulent au niveau des pentes amont et aval (condition de surface libre).
En pratique, l’application de la m´ethode « shear beam » ne se limite pas `a ces deux
hypoth`eses, et il est en plus consid´er´e a minima que l’ouvrage (ou l’ouvrage et son sol
de fondation) repose sur un rocher rigide. Les calculs sous-entendent par ailleurs que
seule la composante horizontale du s´eisme intervient dans la sollicitation. L’ensemble de
ces approximations permettent de passer d’un probl`eme `a deux dimensions `a un calcul
simplifi´e ne d´ependant plus que de la coordonn´ee verticale.
La majorit´e des ´etudes r´ealis´ees avant les ann´ees 1980 consid`erent la r´eponse ´
elas-tique ou visco-´elastique d’un barrage infiniment long `a section triangulaire sym´etrique,
homog`ene (caract´eris´e par un module de cisaillement, un amortissement et une masse
volumiques uniformes et constants) reposant sur un rocher rigide sollicit´e
horizontale-ment (Martin, 1965; Seed et Martin, 1966; Ambraseys et Sarma, 1967). Il peut ˆetre not´e
que dans ce cas particulier, la p´eriode fondamentale de r´esonance de l’ouvrage est donn´ee
par :
T
0“2.6H
dV
d(1.35)
o`u H
dest la hauteur du barrage et V
dest la vitesse ´elastique des ondes de cisaillement
dans le barrage. Des am´eliorations ont ensuite ´et´e apport´ees, pour mieux repr´esenter
la dissipation d’´energie (Makdisi et Seed, 1977; Gazetas et al., 1982), se rapprocher des
propri´et´es r´eelles des mat´eriaux (Gazetas, 1987), prendre en compte une couche de sol de
fondation (Sarma, 1979) et prendre en compte une g´eom´etrie plus complexe de barrage
et de vall´ee (Gazetas, 1987).
Des comparaisons entre l’approche «shear beam» et l’approche num´erique aux ´el´
e-ments finis ont ´et´e r´ealis´ees pour des sections repr´esentatives de barrages reposant sur un
rocher rigide dans le domaine lin´eaire visco-´elastique (Tsiatas et Gazetas, 1982; Dakoulas,
1985; Dakoulas et Gazetas, 1985, 1986). Gazetas (1987) propose une synth`ese des r´
esul-tats issus de ces comparaisons. Il conclut que l’approximation de la r´eponse dynamique
avec la m´ethode «shear beam »conduit `a une valeur fiable de la fr´equence de r´esonance
de l’ouvrage, celle-ci ´etant g´en´eralement surestim´ee de 5%. La d´eform´ee modale `a la
p´eriode fondamentale est aussi correctement pr´edite. Cependant, concernant les modes
sup´erieurs, plus le mode consid´er´e est ´elev´e, plus la m´ethode «shear beam » surestime
sa fr´equence de r´esonance. La fr´equence de r´esonance du troisi`eme mode propre peut
notamment ˆetre surestim´ee de 25%. Les modes sup´erieurs mobilisent en effet des
mouve-ments verticaux non pris en compte par l’approche simplifi´ee. Par ailleurs, l’analyse du
mouvement vibratoire lorsque l’ouvrage est sollicit´e par 4 enregistrements historiques,
r´ev`elent que les d´eplacements sont correctement estim´es par l’approche «shear beam ».
59
Cependant, la m´ethode conduit `a une surestimation de l’acc´el´eration, principalement au
niveau de la crˆete, o`u un effet«coup de fouet»est mis en ´evidence. L’acc´el´eration
maxi-male en crˆete est surestim´ee d’au moins 50%. Cet ´ecart s’expliquerait principalement par
la mauvaise pr´ediction du mouvement `a haute-fr´equence par l’approche «shear beam »
du fait de la concentration de la d´eformation selon la direction horizontale uniquement.
Pour des ouvrages tr`es raides, dont la r´eponse `a un s´eisme mobilise uniquement le mode
fondamental de r´esonance, cet ´ecart est r´eduit de mani`ere significative.
1.5.3.2 Abaque de Makdisi et Seed
Il s’agit de la premi`ere m´ethode int´egrant la r´eponse sismique du barrage dans
l’esti-mation des d´eplacements irr´eversibles. Les travaux de Makdisi et Seed (1978) ont pour
objectif de proposer des abaques permettant une estimation rapide et simple des ´
even-tuels d´eplacements irr´eversibles pour une application r´eserv´ee `a des remblais dont une
rupture ne provoquerait pas de dommages s´ev`eres et non sujets `a une mont´ee de
pres-sion interstitielle (constitu´es d’argiles compact´ees et de sables non satur´es ou denses). La
m´ethode est appliqu´ee sur des barrages ayant une hauteur comprise entre 30 m et 60 m.
La m´etode d´evelopp´ee repose sur des calculs ´el´ements finis prennant en compte une d´
e-pendance du module de cisaillement et de l’amortissement avec la d´eformation (approche
lin´eaire ´equivalente). L’acc´el´eration moyenne de diff´erentes masses de glissement
carac-t´eris´ees par la profondeur de sortie est calcul´ee par la m´ethode propos´ee par Chopra
(1966). Des r´esultats obtenus en analyse shear beam par Martin (1965) et Ambraseys et
Sarma (1967) sont par ailleurs utilis´es en compl´ements. Dans l’ensemble des calculs le
barrage est consid´er´e comme reposant directement sur un rocher rigide. Les cercles de
glissement sont consid´er´es comme ´etant circulaires, caract´eris´es par leur profondeur de
sortie y
bnormalis´ee par la hauteur du barrage H
d.
La synth`ese des r´esultats permet de fournir l’abaque pr´esent´e sur la figure 1.23. Cet
abaque permet de d´eduire l’acc´el´eration maximale d’un bloc potentiel de glissement `a
partir de l’acc´el´eration en crˆete de barrage. Pour une estimation simplifi´ee de l’acc´el´
e-ration maximale en crˆete, l’Annexe A de Makdisi et Seed (1977) sugg`ere d’utiliser
l’ap-proche«shear beam»pour une section triangulaire d’un barrage homog`ene reposant sur
un rocher rigide. La m´ethodologie indiqu´ee permet d’adapter le module de cisaillement
et l’amortissement en fonction de la d´eformation estim´ee par un calcul it´eratif (approche
lin´eaire ´equivalente). L’acc´el´eration maximale est obtenue par moyenne quadratique des
acc´el´erations maximales calcul´ees selon les trois premiers modes propres.
La m´ethode de Makdisi et Seed (1978) est particuli`erement int´eressante car il s’agit de
la premi`ere approche propos´ee permettant d’estimer simplement la r´eponse dynamique
de l’ouvrage. Cependant elle est associ´ee `a de nombreuses limitations particuli`erement
dans un contexte d’application sur des digues :
• La hauteur des ouvrages consid´er´es pour l’´etablissement des abaques est plus
im-portante que celle des digues ce qui peut influencer leur r´eponse dynamique ;
1.5 L’analyse simplifi´ee de la r´eponse sismique des barrages
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
a
blocmax{a
crˆetemax(crˆete)
y
b{
H
b0
1
0.2
0.4
0.6
0.8
Courbe
moyenne
H
dy
bFigure 1.23 – Abaque propos´e par Makdisi et Seed (1978) pour l’estimation de l’acc´
e-l´eration maximale d’un bloca
blocmax`a partir de l’acc´el´eration maximale en crˆete a
crˆetemax.
• Le barrage est suppos´e reposer sur un rocher rigide, alors que les digues sont
majo-ritairement construites dans des vall´ees alluviales et s´edimentaires ; cette hypoth`ese
peut conduire `a une surestimation des d´eformations dans l’ouvrage et de l’acc´el´
e-ration en crˆete ;
• L’estimation de l’acc´el´eration en crˆete par l’approche«shear beam»peut conduire
`
a une surestimation de cette derni`ere, mˆeme si la prise en compte de la dissipation
d’´energie dans le barrage devrait permettre de limiter l’effet «coup de fouet» en
crˆete (Gazetas, 1987).
1.5.3.3 Autres approches simplifi´ees
Avec le d´eveloppement d’outils num´eriques, d’autres approches simplifi´ees ont ´et´e
d´evelopp´ees par analyse statistique d’un ensemble de r´esultats obtenus num´eriquement.
C’est le cas notamment des formulations propos´ees par Bray et Rathje (1998) donnant
entre autre la sollicitation maximale de massifs de d´echets. Ces m´ethodes permettent
potentiellement de consid´erer des comportements vibratoires plus complexes (comme
la non-lin´earit´e ou le couplage entre le glissement du bloc et sa d´eformation). C’est
aussi le cas des travaux de Papadimitriou et al.(2014), pr´esent´es plus en d´etails dans le
paragraphe 1.5.4.3 car int´egrant la mod´elisation d’une couche de sol `a la base du barrage.
61
1.5.4 Prise en compte de la r´eponse dynamique de l’ouvrage et
Dans le document
Stabilité des digues sous chargement sismique : vers une nouvelle génération de méthodes simplifiées
(Page 97-101)