2.5.1 Principales donn´ees disponibles
Les principales caract´eristiques du site ´etudi´e sont synth´etis´ees sur le sch´ema pr´esent´e
sur la figure 2.1. La digue est localis´ee le long de l’Is`ere, dans le bassin grenoblois, entre
les massifs de Chartreuse au Nord et de Belledonne au Sud. Le remplissage s´edimentaire,
compos´e d’argiles lacustres entremˆel´ees de d´epˆots sableux en profondeur et d’alluvions
fluviatiles plus grossi`eres en superficie, est tr`es ´epais au niveau du site (´epaisseur d’environ
800 m). Le substratum rocheux est constitu´e d’une alternance de marnes et de calcaire
marneux du Jurassique tr`es raides (V
Sě 2000 m{s). La nappe phr´eatique se situe `a
faible profondeur.
3m
calcaire marneux
argiles lacustres
et d´epˆots sableux « 800m
V
Sě2000 m/s
sables
graveleux 9m
Amont
Aval
Figure 2.1 – Site B : principales caract´erisiques du site.
Concernant plus particuli`erement l’ouvrage en lui mˆeme, sa hauteur du cˆot´e de l’Is`ere
(entre la crˆete et le lit du cours d’eau) est de 9 m environ, avec un fruit
3moyen de
la pente cˆot´e rivi`ere ´egal `a 1.5. De l’autre cˆot´e, la hauteur de digue est beaucoup plus
petite, la diff´erence d’altitude entre la crˆete et le terrain naturel est l´eg`erement inf´erieur
`
a 3 m, le fruit moyen est ´egal `a 1.6. L’ouvrage est globalement constitu´e sables fins `a
3. Le fruit repr´esente le rapport entre les variations horizontale et verticale, c’est l’inverse de la
tangente de l’angle form´e entre le talus et l’horizontale.
2.5 Digue B
grossiers graveleux (`a galets ou cailloutis), comme l’indique le log du sondage carott´e de
4 m de profondeur r´ealis´e depuis la crˆete de la digue (annexe A.2.1).
Pour rappel, dans ce manuscrit, le talus du cˆot´e du cours d’eau principal (ici l’Is`ere), est
appel´e talusamont, tandis que l’autre talus de la digue, est appel´e talusaval (voir figure
2.1).
2.5.2 Dispositifs mis en place
Les mesures effectu´ees suivent le programme de reconnaissances pr´esent´e en
intro-duction, sans la r´ealisation d’un crosshole/downhole. Au niveau du terrain naturel, des
mesures en sismique r´efraction (tomographies ondes P et S) viennent compl´eter
l’ana-lyse de la propagation des ondes de surface (ondes de Love et Rayleigh). La figure 2.2
sch´ematise la localisation des mesures effectu´ees. Deux profils de sismique active sont
consid´er´es :
• un profil transversal `a l’axe de l’ouvrage, depuis la crˆete jusqu’au terrain naturel
(tomographie sismique en ondes P et S), en pouvant acc´eder `a une partie du talus
cˆot´e Is`ere ;
• un profil au niveau du terrain naturel (tomographie sismique en ondes P et S ainsi
que MASW Love et Rayleigh).
Les caract´eristiques des mesures en sismique active sont synth´etis´ees dans le tableau 2.2.
Par ailleurs, des mesures ponctuelles de vibrations ambiantes sont effectu´ees
transversa-lement `a l’axe de la digue le long des talus amont et aval (6 points de mesure, repr´esent´es
par les ronds de couleur sur la figure 2.2) ainsi qu’au niveau du terrain naturel (3 points
de mesure, repr´esent´es par les ronds gris sur la figure 2.2).
3m
profil sismique active transversal
profil sismique active au niveau du terrain naturel
points de mesure H/V
Terrain naturel Digue 9m
Figure 2.2 – Site B : localisation des mesures r´ealis´ees.
2.5.3 Synth`ese des r´esultats
Situation g´en´erale La figure 2.3 synth´etise les valeurs de vitesse des ondes de
cisaille-ment obtenues sur cet ouvrage. Les deux ronds noir et rouge permettent de localiser les
79
Profil Type de mesure
Lin´eaire
en
surface
Nombre de
g´eophones
Espacement
entre les
g´eophones
Transversal
digue
Tomographie
sismique (P et S) 44 m 21 2 m
Terrain naturel Tomographie
sismique (P et S) 55 m 23 2.5 m
MASW (Love et
Rayleigh)
Table2.2 – Sites B : caract´eristiques des profils de mesure par sismique active (r´efraction
et/ou MASW).
points o`u les courbes H/V sont pr´esent´ees par la suite. Le corps de digue est peu
com-pact´e et une vitesse des ondes de cisaillement de 300 m{s y est estim´ee. Les mesures
par sismique r´efraction permettent d’estimer cette vitesse jusqu’`a environ 12 m de
pro-fondeur. Des vitesses plus faibles sont identifi´ees sur les deux premiers m`etres (150-200
m{s). La nappe, repr´esent´ee par la ligne bleue, est localis´ee `a environ 3 m de profondeur
grˆace `a la mesure de la vitesses des ondes P. Des vitesses similaires sont mesur´ees depuis
la surface du terrain naturel, l´eg`erement inf´erieures `a celles obtenues dans la digue. La
vitesse des ondes de cisaillement augmente l´eg`erement `a partir de 3 m de profondeur et
est estim´ee `a 400 m{s `a environ 10 m. Les vitesses obtenues par les diff´erents dispositifs
de mesure sont pr´esent´ees plus en d´etail dans les paragraphes suivants.
Vitesse des ondes de cisaillement sous l’axe de la digue La vitesse des ondes
de cisaillement au niveau de la digue est fournie sur ce site uniquement par la sismique
r´efraction en ondes S le long du profil transversal `a l’ouvrage. La profondeur maximale
d’investigation est de l’ordre de 12 m permettant d’obtenir la vitesse des ondes de
cisaille-ment dans la digue. La tomographie en ondes S le long de ce profil fournit les r´esultats
pr´esent´es sur la figure 2.4. Elle est de l’ordre de 250-300 m{s dans la digue et jusqu’`a
une dizaine de m`etres de profondeur sous la crˆete.
Vitesse des ondes de cisaillement au niveau du terrain naturel La vitesse des
ondes de cisaillement au niveau du terrain naturel est fournie par deux dispositifs de
mesure : la sismique r´efraction (tomographie) en ondes S et l’analyse de la propagation
des ondes de Love et Rayleigh (MASW). La figure 2.5 compare les r´esultats obtenus avec
ces deux approches. Cette figure distingue les profils issus du diagramme de dispersion
des ondes de Love et ceux issus du diagramme de dispersion des ondes de Rayleigh. Les
r´esultats sont globalement coh´erents entre eux (et avec la r´efraction) mais n’ont pu ˆetre
invers´es conjointement, le milieu n’´etant probablement pas parfaitement 1D. La vitesse
2.5 Digue B
3m 300m/s
250m/s
argiles lacustres
400m/s
et d´epˆots sableux « 800m
300m/s
calcaire marneux
V
Sě2000 m/s
Figure 2.3 – Site B : synth`ese des vitesses des ondes de cisaillement d´eduites des diff´
e-rentes mesures. Le trait en pointill´es violet (- - -) mat´erialise les limites de p´en´etrations
(maximales) th´eoriques des m´ethodes de sismiques actives non-invasives (MASW et r´
e-fraction).
des ondes de cisaillement est de l’ordre de 250-300 m{s jusqu’`a 10 m de profondeur.
Courbes H/V Les courbes H/V obtenues au niveau du terrain naturel et en crˆete
de digue sont pr´esent´ees sur la figure 2.6. Ces courbes sont globalement identiques et
aucun effet de la digue n’est identifiable. La principale explication avanc´ee pour justifier
de l’absence d’un impact de la digue sur les courbes H/V est l’absence de contraste de
vitesses entre le corps de la digue et le sol sur-lequel elle est fond´ee. Un pic (amplitude
environ ´egale `a 6) est observ´e `a la fr´equence 0.3 Hz. Il s’agit de la fr´equence fondamentale
de r´esonance du bassin grenoblois.
2.5.4 Conclusions sur ce site
Ce site permet de consid´erer le cas d’une petite digue reposant sur une couche tr`es
´epaisse d’alluvions, sans contraste avec cette derni`ere. Les courbes H/V mesur´ees en
crˆete et au niveau du terrain naturel sont identiques et enti`erement contrˆol´ees par la
r´esonance de la couche de sol `a 0.3 Hz. Elles ne permettent pas de mettre en ´evidence une
81
Figure 2.4 – Site B : vitesse des ondes de cisaillement dans la digue. R´esultats de la
tomographie sismique en ondes S le long du profil transversal `a l’axe de la digue. L’axe
horizontal correspond `a l’abscisse des g´eophones, le profil de mesure est orient´e de l’Is`ere
au cˆot´e sec (premier g´eophone, d’abscisse 0 cˆot´e Is`ere).
quelconque«signature»de la digue, et notamment d’identifier sa fr´equence de r´esonance.
Concernant l’obtention de la vitesse des ondes de cisaillement dans l’ouvrage et au niveau
du terrain naturel, l’ensemble des m´ethodes g´eophysiques employ´ees (sismique r´efraction
et analyse de la propagation des ondes de surface) convergent globalement vers les mˆemes
valeurs. ´Etant donn´ees les limites de p´en´etration associ´ees aux dispositifs employ´es, il
n’est n´eanmoins pas possible d’obtenir le profil de vitesse des ondes S jusqu’`a 30 m de
profondeur et ainsi de d´eduire la valeur de V
S30.
Dans le document
Stabilité des digues sous chargement sismique : vers une nouvelle génération de méthodes simplifiées
(Page 117-121)