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CHAPITRE 2 : L’enseignement bilingue et les sections internationales

2. Les sections internationales

2.4. Principe de Ronjat et programmes des sections internationales du primaire

Lorsque les enseignements en LE sont dispensés par des enseignants étrangers, cela implique que les élèves aient deux professeurs : un pour les enseignements en français et un autre pour ceux en langue de section. Les établissements qui adoptent ce type de fonctionnement appliquent ce que l’on appelle le principe de Ronjat (1913) qui peut se résumer ainsi : ‘un enseignant-une langue’26. Cependant, des enseignants français, de préférence locuteurs natifs

ou ayant une double culture, peuvent également assurer les enseignements en LE. Les élèves ont donc dans ce cas un seul enseignant. Le fonctionnement retenu par les établissements faisant ce choix est ‘un enseignant-deux langues’. Dans l’école internationale qui constitue notre terrain de recherche, le principe de Ronjat est appliqué, les élèves ont donc deux enseignants : un professeur français dans leur classe principale et un professeur étranger dans leur section linguistique. Aussi, pour pouvoir effectuer leur service à plein temps, les

25 http://eduscol.education.fr/cid48116/arrete-du-11-mai-1981.html

26 Le développement du langage chez un enfant bilingue, publié par J. Ronjat en 1913 reprend l‘idée de

Grammont, selon laquelle la formule appropriée pour éviter des dysfonctionnements et assurer le bon développement langagier d’un jeune enfant élevé dans un contexte bilingue est ‘une personne - une langue’.

enseignants de cet établissement exercent dans deux niveaux de classe différents (souvent dans deux cycles distincts).

Comme nous l’avons expliqué dans le chapitre précédent (cf. chapitre 1, § 3), contrairement à l’enseignement traditionnel des LE pour lequel les élèves doivent atteindre le niveau A1 du CECRL en fin de CM2, c’est le niveau A2 qui est visé à ce stade de la scolarité dans les sections internationales et ce, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. Cependant, les sections chinoises bénéficient d’un aménagement concernant le niveau du CECRL à atteindre en fin de CM2 :

[Le programme des sections chinoises27] prend en compte les spécificités liées à la

dimension graphique de la langue chinoise, langue à écriture non alphabétique. Les niveaux de compétences attendus sont [...] A1 en expression et compréhension écrites et A2 en expression et compréhension orales à la fin de l’enseignement élémentaire. (Programme des sections chinoises, Annexe Langue et littérature chinoises, p. 1)

Notons que seules les sections chinoises bénéficient d’un programme d’enseignement, publié dans l’arrêté du 9 juillet 2008, relatif aux programmes de langue vivante et langue et littérature des sections internationales de chinois. Ce programme précise que l’enseignement portera principalement sur la compréhension orale :

Il mettra en place des activités touchant de près le quotidien des enfants et favorisant le plaisir de découvrir, de comprendre et de parler. L’approche de la langue et de la culture ménagera une part importante au jeu, aux activités de mémorisation et de réactivation visuelles, auditives et kinésiques, à l’apprentissage par cœur de poèmes, refrains, chansons et comptines, ainsi qu’à la connaissance des principales traditions et fêtes chinoises. (Programme des sections chinoises, Annexe Langue et littérature chinoises, p. 1)

Puisqu’il n’existe pas de programme pour les autres sections internationales, il est tout à fait légitime de s’inspirer de celui-ci, si l’on garde à l’esprit que dans les autres sections linguistiques, le niveau A2 est visé, tant à l’écrit qu’à l’oral. La citation précédente peut tout à fait convenir aux autres sections concernant la compréhension et l’expression orale en l’adaptant aux pays où la langue de section est parlée concernant la connaissance des traditions et des fêtes. En revanche, concernant la compréhension et l’expression écrite, le programme des sections chinoises n’est pas transposable aux autres sections internationales : « en fin de primaire, un premier éveil à la pratique de la calligraphie de style régulier sera mis en place, ainsi qu’une présentation de l’évolution de l’écriture chinoise. » (Programme des

sections chinoises, Annexe Langue et littérature chinoises, p. 1) S’il n’existe pas de programme spécifique aux autres sections internationales, des recommandations générales sont données : « Dans les sections internationales, les enseignements sont dispensés conformément aux programmes en vigueur dans les classes considérées » (Horaires et programmes d’enseignement, site Éduscol)28. Néanmoins, des aménagements fixés par arrêté

du ministre, sont apportés au programme d'enseignement des Disciplines Non Linguistiques (DNL). Ces aménagements peuvent porter sur l'ensemble des disciplines, à condition que les horaires minimaux de chaque domaine d'enseignement soient respectés. L’enseignement dispensé dans les sections internationales correspond donc à un enseignement général selon les programmes français, auquel vient s’ajouter un enseignement spécifique dispensé en langue de section. Ce dernier porte en principe sur l’enseignement de langue et littérature et sur une DNL. Il s’agit le plus souvent de l’histoire-géographie, à laquelle peuvent s’ajouter les sciences économiques ou les mathématiques. Le programme de l’enseignement de langue et littérature dispensé en supplément des DNL est fixé par arrêté du ministre.

Dans l’école internationale qui constitue notre terrain de recherche, les enseignements sont dispensés selon le principe de la parité : 50% en français et 50% en langue de section. Au primaire, les élèves alternent un jour en français avec un jour en langue de section, et ce, dès la petite section de maternelle. Toutes les disciplines sont enseignées dans les deux LSco. Cependant, pour une même matière, certaines leçons ne sont faites qu’en français et d’autres, uniquement qu’en langue de section, après concertation des deux enseignants. Les professeurs des écoles français doivent ainsi harmoniser leurs enseignements avec les enseignants de toutes les sections linguistiques représentées parmi les élèves de leurs classes, de façon à éviter une redondance inutile ou au contraire à la favoriser s’ils le jugent nécessaire. Les élèves couvrent l’ensemble des programmes français en classe principale et ceux du pays où leur langue de section est parlée en section linguistique.