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Premier groupe d’hypothèses : utilisation du LAM par des patients hospitalisés

2.6. Questions et hypothèses de recherche

2.6.3. Hypothèses opérationnelles et exploratoires

2.6.3.1. Premier groupe d’hypothèses : utilisation du LAM par des patients hospitalisés

nous possédons peu de données permettant de formuler des hypothèses précises ; nous pouvons cependant nous attendre à ce que cette méthode soit applicable auprès de patients hospitalisés, avec l’attente d’une compliance au signal située entre 70 et 80% (voir section 3.1.4.2). Ces observations seront bien sûr discutées mais ne font pas l’objet d’hypothèses spécifiques.

Concernant le point (3), si nos présupposés sont corrects, une personne qui somatise ressent des émotions mais qu’elle exprime différemment. Ainsi, nous nous attendons à observer peu de différences dans l’évaluation dimensionnelle des ressentis affectifs de base, intensité, valence et activation, avec toutefois une valence plus basse en raison de la charge psychique élevée des patients souffrant de somatisations.

Hypothèse opérationnelle 1a : Il n’y aura pas de différence entre les patients et les sujets témoins quant à leur ressenti affectif de base des dimensions d’intensité et d’activation. Hypothèse opérationnelle 1b : Les patients auront un ressenti affectif de base de la dimension de valence moins élevé que les sujets témoins.

Enfin, concernant le point (4), nous pouvons nous attendre à l’absence d’effets temporels sur le bien-être physique au cours de la période d’observation (voir p. ex. Peters et al., 2000; Stone et al., 2003, au sujet de la réactivité liée à la méthode), mais par contre à une diminution du bien-être physique en fin de journée (Keefe, Lumley, Anderson, Lynch, & Carson, 2001; Peters et al., 2000; Roelofs, Peters, Patijn, Schouten, & Vlaeyen, 2004) (voir ci-après la section 3.1.4.2).

Hypothèse opérationnelle 1c : Nous n’observerons pas d’effet du temps (succession des jours d’observation) sur les données récoltées dans la vie quotidienne par les patients (dimensions du LAM mais en particulier le bien-être physique).

Hypothèse opérationnelle 1d : Nous observerons un effet du contexte temporel, à savoir le moment dans la journée (matin ou soir), sur l’intensité du bien-être physique chez les patients.

2.6.3.2. Deuxième groupe d’hypothèses : traitement affectif et bien-être physique

Les relations potentielles entre le traitement affectif et le bien-être physique peuvent être schématisées de la manière suivante (figure 15). Nous distinguons dans ce tableau le type de mesure (questionnaires ou monitoring ambulatoire), et le type de variable mesuré, que nous situons sur une échelle « ordinale » allant des traits, aux tendances spécifiques et aux états.

QUESTIONNAIRES MONITORING AMBULATOIRE

TRAITS / TENDANCES SPÉCIFIQUES

TENDANCES SPÉCIFIQUES / ÉTATS

RESSENTI AFFECTIF Mesures du traitement affectif (Ouverture émotionnelle : DOE, et alexithymie : TAS-20)

Ressentis affectifs de base dans la vie quotidienne (LAM

– intensité, valence, activation) RESSENTI CORPOREL Mesures de la somatisation (SOMS-2) et du nombre/intensité des symptômes récents (SOMS-

7T)

Mesures quotidiennes du bien-être corporel (LAM) Figure 15 : Représentation schématique des relations possibles entre les variables du traitement des affects et du bien-être physique. Légende : 2a, 2b, 2c, 2d représentent les identifiants des hypothèses dans le texte.

Les relations représentées horizontalement, entre les « traits » ou « tendances spécifiques »23 et

les états sont attendues dans une certaine mesure, malgré le fait que (1) ce sont des mesures différentes de concepts apparentés et (2) il y a des biais dus au rappel rétrospectif (Fahrenberg, Myrtek, Pawlik, & Perrez, 2007a) : en effet, il y a, notamment chez des sujets cliniques, des discordances entre les mesures par rappel rétrospectif et les mesures ambulatoires (Ebner- Priemer et al., 2006), comme c’est le cas dans notre étude entre le bien-être corporel au quotidien et le rappel rétrospectif des symptômes somatiques au cours du monitoring (SOMS-7T). Cependant nous ne proposons pas d’hypothèse spécifique à cette question malgré son intérêt méthodologique évident.

Les relations représentées verticalement et dans les diagonales nous intéressent plus particulièrement.

Nombre de recherches ont souligné le lien étroit unissant la vie affective et le bien-être physique, en particulier la relation entre affects négatifs et douleurs (De Gucht et al., 2004; Keefe et al., 2001; Vendrig & Lousberg, 1997). Dans notre étude, nous considérons cette question d’après une perspective plus positive : nous demandons aux sujets de rapporter leur bien-être affectif (valence positive, dans quelle mesure leur vécu est agréable) et leur bien-être corporel, ceci dans la vie quotidienne. Nous nous attendons à observer la même relation positive entre le bien-être

23Les traits et tendances spécifiques font référence à des caractéristiques stables de la personne, quels que soient le temps ou les situations (traits), ou alors en fonction de périodes ou situations données (tendances spécifiques) (voir Pihet, 2000, p. 42, d'après Reicherts, 1988). Les données récoltées pendant la période

2a 2b

2c

physique et la valence des états affectifs. Cependant, nous serons attentifs à l’auto-corrélation « naturelle » des données récoltées au même moment dans la vie quotidienne, c’est pourquoi nous utiliserons des analyses statistiques spécifiques pour travailler cette première hypothèse, les analyses multiniveaux.

Hypothèse opérationnelle 2a : La valence du vécu affectif est un prédicteur du bien-être physique.

Le lien entre le traitement affectif et la somatisation, en tant que caractéristiques relativement stables toutes deux évaluées au moyen de questionnaires, est beaucoup documenté dans les recherches traitant de l’alexithymie (Keefe et al., 2001; Waller & Scheidt, 2004). Une méta-analyse (De Gucht & Heiser, 2003) estime qu’il y a une relation modérée entre la difficulté à identifier ses sentiments et le nombre de somatisations et une relation faible avec la difficulté à décrire ses sentiments. Nous nous attendons à trouver des résultats similaires. En effet, la difficulté à identifier ses sentiments renvoie à la différenciation des émotions et des sensations corporelles et aux descriptions des sujets alexithymiques décrivant nombre de symptômes physiques, descriptions souvent comprises comme une tentative d’expression de sentiments non-élaborés (Jouanne, 2006).

Nous pensons que le modèle de l’Ouverture émotionnelle permettra d’apporter un regard nouveau sur cette question ; il permet d’étudier des composantes du traitement affectif dont les liens avec la santé physique sont démontrés, notamment la régulation des émotions (en particulier chez les personnes ayant une stratégie de régulation de type « répressif » (Rohrmann et al., 2002)) et la communication des émotions, une des composante de l’expression émotionnelle, qui peut être considérée comme une facette du traitement affectif mais aussi comme une stratégie de régulation (voir section 2.3.4. et p. ex. Keefe et al., 2001; Nyklìček et al., 2002).

Hypothèses opérationnelles 2b :

2b1 : les facettes de l’alexithymie « difficulté à identifier ses sentiments » et « difficulté à décrire ses sentiments » seront positivement corrélées à la gravité de la somatisation comme tendance relativement stable (SOMS-2) et au nombre de symptômes somatiques récents rapportés (SOMS-7T).

2b2 (exploratoires) : les dimensions de l’Ouverture émotionnelle « communication des

émotions », « représentation cognitive et conceptuelle » et « régulation des émotions » seront négativement corrélées à la gravité de la somatisation comme tendance relativement stable (SOMS-2) et au nombre de symptômes somatiques récents rapportés (SOMS-7T).

2b3 (exploratoires) : les dimensions de l’Ouverture émotionnelle « perception des indicateurs corporels internes » et « restrictions normatives » seront positivement corrélées à la gravité de la somatisation comme tendance relativement stable (SOMS-2) et au nombre de symptômes somatiques récents rapportés (SOMS-7T).

L’étude des relations représentées dans les deux diagonales est relativement novatrice dans ce domaine puisqu’elle nous permet de tester l’influence de caractéristiques relativement stables sur les états rapportés dans la vie quotidienne. Par ex., la régulation des émotions semble diminuer les douleurs (Paquet, Kergoat, & Dubé, 2005) alors que l’alexithymie globale est liée à leur intensité (Glaros & Lumley, 2005). Concernant l’expression émotionnelle, une étude récente montre que la tendance à inhiber sa colère prédit des douleurs accrues chez les femmes fibromyalgiques (van Middendorp et al., 2010). Les autres composantes du traitement affectif n’ont pas, à notre connaissance, été étudiées dans le contexte des douleurs ou symptômes physiques au quotidien.

Hypothèses opérationnelles 2c :

2c1 : les facettes de l’alexithymie « difficulté à identifier ses sentiments » et « difficulté à décrire ses sentiments » seront négativement corrélées au bien-être physique rapporté dans la vie quotidienne.

2c2 : les dimensions de l’Ouverture émotionnelle « communication des émotions » et « régulation des émotions » seront positivement corrélées au bien-être physique rapporté dans la vie quotidienne.

2c3 (exploratoire) : les dimensions de l’Ouverture émotionnelle « représentation cognitive et

conceptuelle », « perception des indicateurs corporels internes » et « restrictions normatives » seront corrélées au bien-être physique rapporté dans la vie quotidienne (hypothèse non- orientée).

Enfin, nous pensons que le fait d’avoir une plus ou moins grande tendance à somatiser va s’observer au niveau du vécu affectif quotidien, soit au niveau du bien-être moyen, soit au niveau de sa variabilité.

Hypothèse exploratoire 2d :

2d1 : La tendance à la somatisation, évaluée au moyen du SOMS-2 et du SOMS-7T, est liée à l’évaluation quotidienne globale (moyennes individuelles) des dimensions de base du vécu affectif, la valence, l’activation et l’intensité.

2d2 : La tendance à la somatisation, évaluée au moyen du SOMS-2 et du SOMS-7T, est liée à la variabilité globale des évaluations quotidiennes (écarts-types moyens individuels) des dimensions de base du vécu, la valence, l’activation et l’intensité.

2.6.3.3. Troisième groupe d’hypothèses : utilisation du vocabulaire affectif via le LAM,