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Ouverture émotionnelle (OE)

4.3. Deuxième question : Traitement affectif et somatisation

4.3.2. Ouverture émotionnelle (OE)

Les caractéristiques du traitement affectif évaluées dans le modèle de l’OE sont relativement liées à la sévérité de la charge psychique (GSI). Dans le groupe contrôle, l’indice GSI corrèle négativement à REGEMO (r=-.33, p<.05). On observe la même relation négative avec REGEMO dans le groupe clinique (r=-.49, p<.01) ; les patients qui rapportent le plus de difficultés psychiques ont aussi des scores plus élevés sur PERINT (r=.42, p<.05), PEREXT (r=.47, p<.05) et RESNOR (r=.39, p<.05). Par contre, comme pour l’alexithymie, le statut socioéconomique (score composite du questionnaire IPSE) n’est lié à aucune des dimensions du DOE, ni dans le groupe clinique, ni dans le groupe contrôle.

Le groupe clinique diffère du groupe contrôle sur la majorité des dimensions de l’Ouverture émotionnelle, à l’exception de la dimension PEREXT (figure 29). En particulier, les personnes souffrant de somatisations se caractérisent par une moins bonne représentation de leur capacité à réguler leurs émotions et à les communiquer. Elles perçoivent aussi plus de restrictions normatives liées à l’expression des émotions. Une analyse de variance multivariée nous indique, en utilisant le test Pillai-Bartlett trace (V), qu’il y a un effet significatif du groupe sur les six dimensions du DOE (V=0.27, F(6,88)=5.52, p<.01). Les analyses de variance univariées, sur chaque

dimension du DOE séparément, indiquent un effet significatif du groupe sur COMEMO1 (F

(1,93)=6.43, p<.05), REGEMO (F(1,93)=13.58, p<.01) et RESNOR (F(1,93)=5.47, p<.05). On observe un effet marginal

pour REPCOG (F(1,93)=3.20, p<.10) et PERINT (F(1,93)=3.29, p<.10). Enfin, le groupe n’a pas d’effet significatif sur PEREXT.

Dimensions de l'Ouverture Emotionnelle

2.5 2.2 2.1 2.0 2.4 2.1 2.2 1.8 2.4 2.3 1.8 2.5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0

REPCOG° COMEMO** PERINT° PEREXT REGEMO** RESNOR*

Groupe contrôle, N=66

Groupe clinique, N=30

Figure 29 : Dimensions de l’Ouverture émotionnelle dans les deux échantillons

Légende : REPCOG : représentation cognitive et conceptuelle des émotions ; COMEMO : communication des émotions ; PERINT : perception des indicateurs internes ; PEREXT : perception des indicateurs externes ; REGEMO : régulation des émotions ; RESNOR : restrictions normatives. ° : p<.10 ; * : p<.05 ; ** : p<.01 .

Cependant, en conduisant la même analyse de variance multivariée que ci-dessus mais en introduisant la sévérité de la charge psychique (GSI) comme covariable, il n’y a plus d’effet significatif du groupe sur les six dimensions, mais l’effet du GSI est significatif (V=0.23, F(6,65)=3.17, p<.01). Les analyses de variance univariées indiquent un effet significatif du GSI sur PEREXT

(F(1,72)=7.43, p<.01), REGEMO (F(1,72)=12.07, p<.01), RESNOR (F(1,72)=5.53, p<.05) et, marginalement,

PERINT (F(1,72)=3.60, p<.10). Cela signifie qu’au-delà du fait de souffrir de somatisations, ce sont les

difficultés psychologiques qui sont le plus associées aux caractéristiques du traitement affectif.

Dans le groupe clinique, les dimensions sont relativement bien indépendantes les unes des autres : COMEMO et REPCOG corrèlent positivement (r=.41, p<.05) et ne sont corrélées à aucune autre dimension ; PEREXT est liée positivement à PERINT (r=.42, p<.05) et négativement à REGEMO (r=-.47, p<.01), elle-même corrélée à RESNOR (r=-.44, p<.05) (figure 30, schéma (a)). Par contre, les dimensions sont plus liées entre elles dans le groupe contrôle (figure 33, schéma (b)). Bien que toutes les relations aillent dans le même sens que dans le groupe clinique, on peut noter l’absence de relation entre COMEMO et REPCOG, pourtant positive dans le groupe clinique chez qui la communication de ses émotions semble dépendre de la capacité à se représenter ses émotions aux niveaux cognitifs et conceptuels. Il y a aussi des liens supplémentaires chez les sujets témoins : REGEMO est non seulement liée à PEREXT (r=-.53, p<.01) et RESNOR (r=-.28,

négatives : une personne ayant une perception élevée de sa capacité à réguler ses émotions estime peu ressentir les indicateurs internes et externes de ses émotions, peu les communiquer à autrui et percevoir moins de restrictions normatives à leur expression. Une autre relation inverse que l’on observe chez les personnes du groupe contrôle se situe entre REPCOG et PEREXT (r=- .26, p<.05). PEREXT est non seulement liée à PERINT (r=.30, p<.05) mais aussi à COMEMO (r=.32,

p<.01). Enfin, PERINT a des liens supplémentaires, dans le groupe contrôle, avec COMEMO

(r=.39, p<.01) et RESNOR (r=.40, p<.01), elle-même liée à COMEMO (r=.36, p<.01).

Figure 30 : Relations entre les dimensions du DOE (a) dans l’échantillon clinique et (b) dans l’échantillon contrôle

Légende : Les traits noirs indiquent des corrélations positives significatives à p<.05 ; les traits rouges indiquent des corrélations négatives significatives à p<.05.

Le groupe clinique se différencie par une relation entre REPCOG et COMEMO, absente dans le groupe contrôle : la capacité à réguler ses émotions y est perçue comme liée uniquement à des facteurs « externes » (au niveau corporel (PEREXT) ou social (RESNOR)), alors que dans le groupe contrôle, cette capacité est aussi liée aux facteurs « internes » (au niveau corporel (PERINT) et social (COMEMO)). La communication des émotions ne dépend que de la capacité à se les représenter aux niveaux cognitifs et conceptuels dans le groupe clinique, alors que dans le groupe contrôle, elle ne dépend pas de cette capacité, mais plutôt de la perception des indicateurs corporels de l’émotion, internes et externes, des restrictions normatives, et des compétences de régulation des émotions. De même, alors que la perception des indicateurs corporels internes n’est liée qu’à celle des indicateurs externes chez les patients ayant des somatisations, chez les sujets témoins, cette facette est aussi liée à la communication à autrui de ses émotions (on communique plus lorsqu’on perçoit mieux ses indicateurs internes), aux restrictions normatives (on perçoit plus de restrictions normatives lorsqu’on perçoit beaucoup ses indicateurs internes) et à la régulation des émotions (jugée moins bonne lorsqu’on perçoit plus les indicateurs émotionnels internes). Ces patterns montrent ainsi que les relations entre les différents domaines de représentation de son vécu affectif semblent moins intégrées dans le groupe de patients : il y a moins de relations entre les dimensions (bien qu’elles soient consistantes à celles observées dans le groupe contrôle).

a) sujets avec des somatisations b) sujets tout venant COMEMO REPCOG PERINT PEREXT REGEMO RESNOR COMEMO REPCOG PERINT PEREXT REGEMO RESNOR

4.3.3. Liens entre le traitement affectif, les somatisations et la charge