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Pratiques parentales de communication et capacité de compréhension des concepts de base chez les enfants vietnamiens

Thanh Hue Ngo

Enseignante-chercheur

Ecole Internationale, Université Nationale du Vietnam à Hanoï

Notre recherche a pour objectif d’analyser l’impact des pratiques parentales de communication sur la capacité de compréhension des concepts de base chez les enfants vietnamiens. Elle se base sur une population de 83 enfants, âgés de trois ans et scolarisés dans trois classes de petite section de deux écoles maternelles au Vietnam. Au vu des résultats obtenus, nous pouvons observer que les pratiques parentales de communication ont un impact positif sur la compétence de compréhension des concepts de base chez l’enfant vietnamien.

1° - Problématique

Tout au long de la petite enfance, l’enfant se construit, implicitement ou explicitement, des habiletés de langage. Dans le cadre des activités familiales, les pratiques du langage entre les parents et leur enfant sont mises en place, plus ou moins efficacement, par les parents eux-mêmes. Nous cherchons à mettre en évidence les conditions d’élaboration de l’acte de compréhension que les parents organisent pour leur enfant.

Dans une étude, Farrow (2004) indique que l’apprentissage du langage est développé grâce aux activités pratiques et intellectuelles. Les apprentis peuvent examiner leurs connaissances langagières en les utilisant, développer leurs compétences à partir de multiples perspectives, résoudre des problèmes directement dans le processus d’apprentissage. Les pratiques sont un support optimal pour développer les compétences des apprentis. Les autres recherches nous montrent également que la compréhension relève d’une capacité cognitive générale qui se développe spontanément au contact du langage oral et des textes (Bianco et Coda, 2002).

2° - Méthodologie

L’étude sur l’impact des pratiques du langage des parents sur la capacité de compréhension des concepts de base des enfants a été réalisée à partir de la population ci-avant présentée.

Un questionnaire était destiné aux parents. Il a été adapté du questionnaire CLEO Préscolaire, Conception vis-à-vis du Langage Ecrit et Oral des enfants de 2 à 3 ans (Lanoë, 1999). Ce questionnaire s’intéresse surtout aux pratiques de langage des parents avec leur enfant.

De plus, pour mesurer l’effet des pratiques de conversation des parents sur la capacité de compréhension des concepts de base, nous avons utilisé une épreuve de compréhension de phrases orales, notamment les concepts de base, pour les enfants de trois ans : nous avons utilisé, en l’adaptant, le test des concepts de base version Préscolaire de Boehm

(1990). Il évalue le niveau de compétence de compréhension des concepts de base des enfants en passation individuelle.

3° - Résultats

Nous avons utilisé les résultats du questionnaire auprès des parents et l’épreuve de compréhension des concepts de base, adapté du test des concepts de base, version Préscolaire de Boehm.

Tous les résultats sont produits à partir de Statview en utilisant le test d’Anova de Statview, et ce afin d’analyser notre hypothèse. Nous soulignons que nous avons divisé la fréquence de pratiques de conversation des parents avec leur enfant, observée sur une semaine classique, en quatre niveaux : niveau 1 (0 à 2 fois), niveau 2 (3 à 5 fois), niveau 3 (6 à 8 fois) et niveau 4 (9 fois et plus).

Les résultats de l’étude montrent l’existence d’une différence significative (F(3 ;79) = 18,615 et p<.0001) des performances, en moyenne, des enfants dans l’épreuve de compréhension des concepts de base selon le niveau des pratiques parentales de conversation. Ainsi, les enfants bénéficiant de plus de pratiques parentales de conversation ont une meilleure capacité de compréhension des concepts de base par rapport aux autres qui ont moins de pratiques parentales de conversation. Nous constatons des différences significatives entre les performances de compréhension des concepts de base des enfants selon le niveau de pratiques parentales de conversation, et plus spécifiquement entre les niveaux : Niveau 1/ niveau 3 et niveau 4 (p<.0001) ; Niveau 2/ niveau 3 et niveau 4 (p<.0001) ; Niveau 3/ niveau 4 (p<.02).

En revanche, il n’y a pas de différence significative entre les performances de compréhension des enfants des niveaux 1 et 2.

Ainsi, les résultats de cette analyse montrent un impact positif des pratiques de conversation avec les parents sur les compétences de compréhension des concepts de base chez les enfants. Les enfants bénéficiant de plus de conversations avec leurs parents ont obtenu une meilleure performance dans cette épreuve que les autres enfants. Cependant, ces pratiques parentales ont un effet, si leur fréquence est au moins de trois fois par semaine.

4° - Discussion et conclusion

Rappelons que la connaissance des concepts de base est nécessaire aux enfants pour se conformer aux instructions de l’enseignant, comprendre le contenu du matériel éducatif et communiquer avec les autres (Boehm, 1990). Le langage maternel adressé à l’enfant en voie d’acquisition du langage est modifié et adapté dans ses différentes prosodies, phonologie, contenus sémantiques, aspects sémantiques-structuraux, morphologie, syntaxe et aspects pragmatiques (Snow, 1977 ; Rondal, 1982 ; Chapman, 1981). De plus, les enfants qui ne parviennent pas à se faire entendre, qui se trouvent en marge du processus communicatif, sont défavorisés pour progresser dans la maîtrise de la langue (Florin et al., 2002). Dans une étude, Cross (1981) estime le niveau réceptif de l’enfant comme déterminant principalement les adaptations langagières parentales.

Les activités langagières dyadiques entre le parent et son enfant (notamment la conversation interpersonnelle) prédisent les compétences lexicales en compréhension des enfants de trois ans. Ces résultats rejoignent ceux de De Baryshe (1993). Selon cet auteur,

les pratiques de lecture fréquentes réalisées entre le parent et son enfant, comme les lectures conjointes et les activités langagières (chants, comptines, diapositives, livres, conversation…) stimulent la compréhension orale des enfants de deux-trois ans.

Ainsi, à partir des résultats de notre recherche et ceux des autres études, nous pouvons conclure que les pratiques parentales de communication ont un effet positif sur le développement de la capacité de compréhension des concepts de base des enfants vietnamiens de 3 ans.

Bibliographie

BIANCO, M., CODA, M. (2002). La compréhension en quelques points. In Bianco, M., Coda, M. (Eds).

La compréhension. Grenoble : Les éditions de la Cigale, p. 93-97.

BOEHM, A. (1990). Test des concepts de base, Version Préscolaire. Paris : Les éditions.

CHAPMAN, R. (1981). Mother-children interaction in the second year of life. In Schiefelbusch, R., Bricker, D. (eds.). Early language : Acquisition and intervention. Baltimore : University Park Press, p. 201-250.

CROSS, T. (1981). The linguistic experience of slow language learners. In Nesdale, A., Pratt, C., Grieve, R., Field, J., Illingworth, D., Hogben, J. (eds.). Advances in child development : theory and

research. Perth : University of Western Austrlia, p. 110-121.

DE BARYSHE, B.D. (1993). Joint picture-book reading correlates of early oral language skill. Journal of

Child Language, n°20, p. 455-461.

FARROW, S. (2004). Language and culture. Language & Communication, n°24, p. 269-274.

FLORIN, A., VÉRONIQUE, D., COURTIAL, J.P., GOUPIL, Y. (2002). Apprentissage de communication

en milieu scolaire. Synthèse pour la Direction de la Recherche : Programme Cognitique, Ecole et

Sciences cognitive.

LANOË, C. (1999). Approche interactionniste du développement langagier des enfants de 2 à 8 ans. Thèse de doctorat de psychologie. Université de Nantes, Labécd.

RONDAL, J.A. (1983). L’interaction adulte-enfant et la construction du langage. Bruxelles : Mardaga. SNOW, C. (1977). The development of conversation between mothers and babies. Journal of Child

Développement normal et pathologique des praxies chez l’enfant :

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