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Pour quels bénéfices potentiels ? Des bénéfices éducatifs

Dans le document La santé mentale,l’affaire de tous (Page 152-155)

2 . Développer les compétences cognitives, émotionnelles et sociales lors de la scolarité

2.2. Pour quels bénéfices potentiels ? Des bénéfices éducatifs

Les progrès des sciences cognitives, des neurosciences et des sciences sociales ont amené une meilleure connaissance des modalités

Chapitre 6

d’apprentissage et de développement de l’intelligence. D’aucuns reconnais-sent les bienfaits des compéten ces psychosociales en matière éducative. Une plus grande autonomie, confiance en soi, créativité, capacité d’adaptation sont autant d’éléments clés en vue de la réussite scolaire.

En outre, la mise en place d’un climat scolaire agréable et détendu est propice à l’apprentissage.

Enfin, à l’issue du parcours scolaire, chaque enfant peut espérer avoir acquis, d’une part, la compétence d’apprendre à apprendre, et d’autre part, la capacité et la volonté d’assimiler de nouvelles compétences spécifiques pour s’adapter aux évolutions qui jalonneront son parcours universitaire ou professionnel.

Des bénéfices sociaux

Les habilités sociales acquises pendant la période préscolaire et scolaire facilitent l’intégration sociale des enfants en développant les normes de civilité, le contrôle et la modulation des émotions ou encore les capacités d’attention et de concentration (encadré n° 18).

De nombreuses études démontrent par exemple qu’une bonne maîtrise de ses émotions dès le plus jeune âge réduit les problèmes d’adaptation, qui s’accompagnent de rejet par les autres élèves, de victimisation, de découragement vis-à-vis de l’école. Ces parcours se terminent trop souvent par des décrochages scolaires et par des déviances sous l’influence de pairs négatifs.

Enfin, ces compétences sont importantes en termes de cohésion et d’homogénéité sociale, car elles peuvent permettre de compenser l’inégalité des contextes de socialisation des enfants.

Encadré n° 18

Exemples de programmes étrangers visant à développer les compétences cognitives-émotionnelles-sociales

L’expertise collective INSERM publiée en 2004 sur « les troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent » dresse un tableau des différents programmes de prévention des troubles de conduite menés dans les pays anglo-saxons. Ils semblent présenter des résultats positifs, mais il faudrait les expérimenter en France en prenant soin de les adapter à notre contexte culturel.

Parmi les programmes visant des enfants et adolescents âgés de 3 à 16 ans, les interventions centrées sur les jeunes cherchent essentiellement à développer les compétences sociales, cognitives et émotionnelles telles que les capacités de résolution de problèmes, les attitudes prosociales, la gestion de la colère, la compréhension des émotions, les capacités de raisonnement.

Cette stratégie d’intervention peut être associée à d’autres méthodes dans le cadre d’un programme multimodal. Ainsi, un certain nombre de ces programmes, comme Fast Track aux États-Unis, incluent des interventions ciblant les parents. Elles correspondent le plus souvent à des formations qui favorisent le développement de capacités de régulation émo tion nelle, la mise en place d’une discipline positive et d’une meilleure communication.

En outre, face au constat que les parents ne sont pas les seuls acteurs dans ces stratégies préventives, surtout lorsque les enfants grandissent et se détachent progressivement d’eux, des formations peuvent aussi être proposées aux enseignants. Elles ont pour but de mettre en place un enseignement coopératif, un management proactif, et de développer les capacités des enseignants à résoudre les problèmes des élèves.

Le Seattle Development Project est ainsi un programme – au cours des six années d’école primaire – qui, en plus de chercher à développer les compétences sociales, cognitives et émotionnelles des enfants, propose des formations aux enseignants et parents afin d’influer sur les facteurs de risque pour les enfants (problèmes de comportement, rejet des pairs, échec scolaire, pratiques éducatives inappropriées…) par le renforcement des liens avec la famille et l’école. Les enseignants participent à une formation abordant management proactif, enseignement interactif et apprentissage coopératif, développement des capacités cognitives et de refus de l’enfant. Durant tout le cycle du primaire, des enseignements sont aussi offerts aux parents au sein de l’établissement scolaire dans le but d’améliorer leurs capacités de régulation, de support, de soutien scolaire.

Les évaluations ont démontré que les élèves ayant bénéficié de l’ensemble du programme ont obtenu des résultats positifs dès la 5e année de primaire en matière d’engagement, d’attachement à l’école, de lien et de communication familiale, d’implication. Parallèlement, les capacités éducatives des parents se sont révélées significativement supérieures. Un suivi effectué à l’âge de 17- 18 ans permet d’observer des effets positifs sur les comportements violents et délinquants, l’abus d’alcool et l’engagement au niveau scolaire.

Enfin, certains programmes de prévention cherchent à agir sur l’environnement.

Deux méthodes ont été validées dans ce cadre : les interventions visant à améliorer l’environnement scolaire, par exemple le School Transitional Environment Project, et la mise en place de tuteurs adultes, ou « mentoring ».

Ces programmes multimodaux présentent une plus grande efficacité que les programmes unimodaux, surtout lorsqu’ils ne font pas intervenir seulement les parents et qu’ils sélectionnent les méthodes d’intervention en fonction de la population ciblée. En outre, les interventions gagnent à utiliser des méthodes interactives s’appuyant sur l’expérience plutôt que de se limiter à une simple transmission d’information. Deux autres critères déterminants pour leur réussite sont leur durée (plusieurs années) et une certaine intensité (volume annuel supérieur à 20 heures).

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Autres bénéfices

Ces aptitudes pourraient développer le « capital bien-être » des plus jeunes en leur conférant un degré élevé de respect et d’estime personnels, une bonne connaissance d’eux-mêmes et de leurs capacités, et le sentiment de maîtriser leur vie. On peut alors considérer la santé mentale comme un bien public qui vaut la peine d’être ciblé, une fin en soi.

En outre, une bonne santé mentale peut constituer un levier pour accéder à d’autres biens, par exemple la prospérité économique. À ce titre, elle devient un moyen de parvenir à d’autres fins valorisées.

Ces compétences peuvent ainsi se révéler à l’avenir un atout de la croissance économique, au même titre que le socle commun des acquis acadé miques ou les compétences mathématiques et scientifiques.

De nombreux travaux démontrent à quel point il est essentiel de développer ces aptitudes qui se révèlent in fine plus adaptées aux demandes du marché du travail. Les critères de « recrutabilité » utilisés par les employeurs ne cessent en effet d’évoluer : les capacités comportementales et relationnelles sont de plus en plus considérées aux côtés des critères professionnels traditionnels.

Dans une économie de la connaissance et des services, l’accent est placé sur les dispositions des individus et sur une nouvelle manière de travailler, qui privilégie la réactivité et le travail en mode projet. Se doter des capacités nécessaires pour répondre à la rapidité du changement social, savoir faire face à l’afflux massif d’informations et le transformer en connaissances utiles sont des atouts majeurs. Le développement d’un « capital personnel » devient décisif sur un marché de l’emploi où le diplôme seul ne suffit plus.

2.3. Un modèle éducatif français qui tend à négliger les compétences

Dans le document La santé mentale,l’affaire de tous (Page 152-155)