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4.2.2 qui n’induisent pas nécessairement de l’interdisciplinarité

É TUDIER L ’ IMPLICATION DE DIFFÉRENTES DISCIPLINES DANS DES PROJETS CONCRETS

4.3 Posture méthodologique et approche du terrain

Le choix théorique que nous faisons entraîne une posture méthodologique particulière. Ainsi, nous ne parlerons pas d’ « acteurs », dans le sens que nous ne nous intéresserons pas ici aux motivations de l’action. Nous ne nous intéresserons donc pas, en particulier, aux biographies des enquêtés. En nous intéressant au système tel que défini par J. Habermas, et à son opposition au monde vécu (Habermas, 1987), nous faisons donc abstraction de l’intention et de la volonté des acteurs pour ne prendre en compte que les conséquences de l’action. Dans la perspective de l’opposition entre système et monde vécu, nous nous attacherons à distinguer si les processus que nous observons sont la conséquence de stratégies orientées vers le succès ou, au contraire, participent de la poursuite d’un consensus autour de valeurs partageables. 107 Ibid., p.6 108 Ibid. p.15. 109 Ibid. p.17 110 Ibid., p.6

107 Nous avons mené 60 entretiens111 avec 1) des chercheurs du champ des « nanos » afin de

saisir au mieux leurs pratiques quotidiennes ; 2) des « décideurs » de la recherche ou parties prenantes du système politique ; nous regroupons sous ce terme à la fois des représentants du système politique (élus, chargés de missions, fonctionnaires de la Région Midi-Pyrénées, de Toulouse-Métropole et de la Préfecture de Midi-Pyrénées) et des chercheurs occupant des postes de direction ou de gestion dans les organismes de recherche (CNRS, Inserm) ou les universités ; 3) des représentants du secteur industriel (PME et start-ups, mais aussi organismes de soutien à l’innovation).

Les entretiens ont tous été enregistrés et intégralement retranscrits (de 45 minutes à 1h45). Ils ont pratiquement tous été menés dans l’environnement professionnel des enquêtés, dans leur bureau la plupart du temps, ou bien dans des salles de réunion sur leur lieu de travail. Seulement trois ont été menés par téléphones.

Nous avons également pu visiter plusieurs laboratoires et salles d’instrumentation, et nous avons assisté à quelques expériences de laboratoire. Ces observations et explications sur les instruments utilisés pour la recherche en « nanos » se sont révélés des moments nécessaires et extrêmement instructifs. En effet, s’approprier un tel domaine scientifique ne peut se faire sans une approche concrète et directe des objets en question. Ainsi, voir des chercheurs utiliser des microscopes, lire les résultats sur un écran d’ordinateur, ou encore fabriquer des objets micrométriques par lithographie 3D en salle blanche sont quelques-uns des moments qui nous ont permis de saisir la réalité de leur travail, mais surtout d’appréhender ces nano-objets sur lesquels ils travaillent.

Enfin, nous souhaitons ici mettre en avant une particularité de notre terrain, qui est celui de la « sphère de la recherche », et dans laquelle il peut être difficile de différencier clairement entre système et monde vécu. En effet, comme nous l’avons expliqué, la sphère de la recherche présente la particularité de ne pouvoir être définie strictement ni comme partie intégrante du système, ni toutefois comme appartenant au monde vécu. Ce sont des pairs qui évaluent les chercheurs, et ceux-ci sont présents à tous les niveaux de décision concernant la politique de recherche. En effet, les chercheurs sont présents dès le niveau de la définition des programmes de recherche et de l’évaluation des projets qu’il convient, ou non, de financer, jusqu’à l’évaluation des résultats de la recherche (comités de lecture des revues scientifiques), tout comme de l’évaluation des carrières (comités de recrutement des chercheurs et enseignants-chercheurs, puis comité d’évaluation de l’avancement des carrières).

108 Ainsi, parmi nos enquêtés, certains sont à la fois dans la catégorie des chercheurs et dans la catégorie des décideurs, parce qu’ils sont, ou ont été, à un moment donné, conseiller ou chargé de mission auprès d’un Ministère ou de la Région, ou bien encore parce qu’ils sont responsables au niveau régional du CNRS, ou bien Vice-Président dans une université et à ce titre, chargés de relayer la politique de leur établissement, et, plus largement, de l’État.

Il ne s’agit donc pas de nous arrêter à l’étiquette « chercheur », laquelle peut être ambiguë dans la perspective de notre cadre théorique. Il s’agit de prendre la parole des chercheurs enquêtés en rapport avec leur fonction au moment de l’entretien.

Le choix des enquêtés a été motivé par un souci de cohérence avec le cadre théorique. En effet, nous avons cherché à différencier d’un côté les exigences stratégiques de la politique de recherche et de l’autre les pratiques concrètes de la recherche. Les entretiens menés n’avaient ainsi pas vocation à retracer des biographies d’acteurs ni le point de vue des enquêtés sur les évolutions de la recherche, ils visaient à mettre au jour d’un côté des pratiques de recherche et leurs évolutions, et de l’autre des injonctions politiques motivées par des intérêts stratégiques, afin d’éclairer les rapports des chercheurs à la politique de recherche. Ainsi, les entretiens ont été complétés par la lecture de textes et rapports officiels permettant d’appréhender la politique des « nanos ».

Afin de saisir les tensions qui peuvent s’exprimer entre injonctions politiques et pratiques de l’activité de recherche, nous avons choisi de focaliser notre travail de terrain sur un institut créé en 2009 à Toulouse, l’Institut des technologies avancées en Sciences du vivant (Itav). L’Itav a attiré notre attention parce qu’il a été porté et soutenu par le système politique en tant que vecteur d’une nouvelle organisation de la recherche, censée favoriser le développement technologique et l’innovation. En ce sens, il a constitué une opportunité de saisir les tensions entre des exigences politiques et la pratique quotidienne de la recherche, elle-même porteuse d’enjeux et de valeurs. L’Itav présentait un intérêt d’autant plus grand qu’il s’agissait d’une structure neuve en cours de construction, qui a connu de fortes transformations et réorientations durant notre travail de thèse.

Il existe des limites à appréhender une institution en train de se construire, en particulier la difficulté à arrêter à un moment donné le suivi de l’évolution de l’Itav pour répondre aux contraintes temporelles du travail de thèse. Cette interruption nécessaire du travail de terrain s’accompagne d’une incertitude sur les évolutions futures de la structure étudiée et nous amène à présenter une analyse nécessairement partielle qui demande à être prolongée.

109

C

ONCLUSION DU CHAPITRE

4

À l’intérieur du mouvement général de nouvelles injonctions qui tendent à être imposées par la politique de recherche aux chercheurs, nous avons avancé l’idée dans ce chapitre que la thématique spécifique des « nanos » représentae une opportunité particulière de mettre en lumière les évolutions de la politique scientifique.

Ce travail s’inscrit dans la continuité des travaux qui soutiennent que l’une des principales nouveautés des « nanos » se situe au niveau de la recomposition de l’organisation de la science qu’elles mettent en place (Schummer, 2008 ; Bensaude-Vincent, 2009 ; Hubert, Chateauraynaud, Fourniau, 2012).

La deuxième caractéristique est que la politique des « nanos », qui se traduit à travers les programmes de recherche, est traversée par des critères de pertinence industrielle, les « nanos » étant portées comme moteur de l’innovation. Les collaborations entre la recherche académique et le secteur industriel apparaissent depuis le milieu des années 2000 de plus en plus comme une condition pour les financements « nanos ». Toutefois le domaine des « nanos » n’est pas un bloc homogène. À l’intérieur de ce domaine, ce sont

les Sciences de l’ingénieur qui apparaissent comme le vecteur de ces transformations et nouvelles exigences.

L’intérêt pour les « nanos » apparaît en France dès le début des années 1990. L’effort financier massif qui sera consenti dans les années 2000 suite à la NNI nord-américaine s’appuie sur les avancées scientifiques, instrumentales en particulier, réalisées depuis les années 1990. Le CNRS a joué un rôle d’accompagnement dans le développement des « nanos » en finançant dès 1990 un programme destiné à l’amélioration des outils, de microscopie notamment (Ultimatech, 1990), et qui participe à l’amélioration du STM et de l’AFM. Puis, dans les années 2000, les programmes « nanos » passent du CNRS au Ministère de la recherche, et, finalement, à l’ANR. Le programme PNano, lancé dès la création de l’ANR en 2005, est destiné à financer la recherche partenariale (publique-privée), et oriente la recherche vers le transfert.

Ainsi, les « nanos » ne sont pas uniquement un nouveau domaine de l’activité scientifique. Il est aussi construit autour d’intérêts stratégiques qui s’expriment à travers les programmes de recherche.

Les « nanos » sont au cœur de la convergence. Présentées au niveau politique comme étant par essence interdisciplinaires, elles seraient porteuses d’une recomposition du

110 découpage du savoir en disciplines autonomes. Toutefois, si le domaine des « nanos »

est occupé par des physiciens, chimistes, SI, biologistes, etc., il ne serait pas plus interdisciplinaire que les champs « traditionnels ».

Les « nanos » seraient ainsi davantage caractéristiques de la new disciplinarity (Marcovitch et Shinn, 2012) que de l’interdisciplinarité. La new disciplinarity est caractérisée par l’organisation de la recherche en projets, la recherche autour de problématiques technologiques et une temporalité courte qui s’inscrit en complément de la temporalité longue de la recherche disciplinaire.

Le domaine des « nanos » est marqué par des « dynamiques de coopération » (Jouvenet, 2012), caractérisées aussi bien par le mélange des disciplines que par le mélange des logiques académiques et industrielles. Toutefois, des travaux ont montré qu’au sein de ce domaine interdisciplinaire, chaque équipe continue à travailler sur les « nanos » d’un point de vue disciplinaire. Face à la convergence qui accompagne la politique des « nanos », D. Vinck et E. Robles-Belmont se demandent si l’on assiste à l’émergence de nouvelles pratiques dans la façon de travailler des chercheurs (Vinck et Robles-Belmont, 2012). Or, selon ces auteurs, il n’y a pas de convergence avec les « nanos ». Ni l’échelle « nano », ni le partage d’instruments ne crée nécessairement de la convergence. De même, la convergence au niveau des cadres théoriques est loin d’être évidente. Physiciens, chimistes et ingénieurs travaillent sur des objets de taille « nano » sans en avoir la même conception.

L’étude scientométrique réalisé par J. Schummer sur une série de revues spécialisées sur les « nanos » montre que le nombre de co-signatures entre différentes disciplines n’y est pas beaucoup plus élevé que dans les revues disciplinaires (Schummer, 2004b).

I. Rafols et M. Meyer ont montré que sur la thématique du moteur moléculaire, il y a bien collaborations, mais les affiliations disciplinaires ne sont pas dépassées. L’interdisciplinarité passe davantage par les citations, les références et les instruments, ce qu’ils appellent les « aspects cognitifs de la recherche ». Les chercheurs travaillent au sein d’une seule et même discipline et les liens avec les autres disciplines restent faibles (Rafols et Meyer, 2007).

D. Vinck et E. Robles-Belmont ont montré qu’il en allait de même pour la thématique des MEMS et NEMS. La conception de ces dispositifs repose sur l’articulation de plusieurs disciplines et sous-disciplines, pour autant, rien ne permet de parler de rapprochement des disciplines, ni de convergence de vue et d’objectif (Vinck et Robles-Belmont, 2012).

En revanche, les laboratoires sur puce, types de MEMS conçus pour réaliser des analyses chimiques, biologiques ou génétiques, présentent une particularité. La conception et le développement des laboratoires sur puce constitueraient un domaine nouveau qui ne préexiste au sein d’aucune des disciplines. C’est donc bien un phénomène de convergence

111 de plusieurs disciplines qui le ferait exister. I. Rafols a montré que l’intégration de connaissances est « asymétrique », et que l’interdisciplinarité y est peu fréquente. Il fait une distinction entre l’ « expertise », que l’on retrouve au sein de la discipline d’appartenance, et le « niveau standard de savoir-faire » mobilisé lorsqu’il s’agit d’articuler d’autres disciplines. Il existe, selon l’auteur, différentes stratégies de l’interdisciplinarité qui vont de la sous- traitance, au recrutement et jusqu’à l’apprentissage (Rafols, 2007).

Ainsi, la convergence ne va pas de soi. L’affichage politique de l’interdisciplinarité serait davantage un moyen de transformer l’organisation des institutions de la recherche (Rafols, 2007).

Cependant, nous verrons à travers notre étude de terrain que des obstacles à l’interdisciplinarité se maintiennent au sein même des institutions scientifiques, qui se situent en particulier au niveau du recrutement et de l’évaluation professionnelle des chercheurs.

112

CONCLUSION

DE

LA

PARTIE

1

Dans cette première partie, nous avons d’abord cherché à délimiter le domaine des « nanos » tel que nous l’appréhendons dans ce travail (chapitre 1). Nous avons montré qu’il s’agit d’un domaine scientifique dont les contours et délimitations restent objet de controverses, une contextualisation des différentes approches des « nanos », à la fois scientifique et politique, apparaissait donc nécessaire.

Depuis la mise en place de la NNI aux États-Unis, politique reprise en Europe et en France, les « nanos » sont un levier sur lequel s’appuie le système politique pour transformer l’organisation de la recherche, dans l’objectif d’orienter la recherche vers la poursuite de résultats transférables au secteur industriel. Dans l’ « économie de la connaissance », la recherche est portée comme le moteur de l’innovation.

Nous avons ensuite retracé les transformations des politiques de recherche depuis les années 1970, et leur accélération dans les années 2000 (chapitre 3). Nous avons insisté sur les deux principales caractéristiques de ces transformations, qui sont :

1) le passage d’un financement récurrent de la recherche publique de la part de l’État à

un financement qui se fait désormais majoritairement par projets. Cette évolution s’accompagne d’une injonction aux collaborations entre la recherche publique et le secteur industriel.

2) les injonctions accrues à l’interdisciplinarité dans le but de favoriser l’innovation, et

une pratique en hausse des collaborations interdisciplinaires du fait du mode de travail par projets de plus en plus fréquent.

Ces transformations remettent en cause un mode d’organisation « traditionnel » de l’activité de recherche et des rapports des chercheurs au système politico-économique. Ce mode est caractérisé par des financements récurrents, une séparation -plus ou moins nette et contestée- entre recherche fondamentale et appliquée, ainsi que par l’organisation disciplinaire de la recherche scientifique.

Nous avons également fait état d’études existantes sur les effets de ces transformations des exigences de la politique de recherche sur la pratique des chercheurs. En particulier, elles entraînent une perte, ou une reconfiguration, de l’autonomie professionnelle des chercheurs, en tendance revendiquée comme constitutive de l’activité de recherche. En outre, les injonctions à orienter l’activité de recherche de façon à mieux répondre à des

113 objectifs de développement économique amène à une remise en cause de l’autonomie de l’activité de recherche en tant que production désintéressée de connaissances.

Enfin, nous avons avancé que les « nanos », bien que portées au niveau politique comme un domaine favorisant l’interdisciplinarité, ne sont pas un domaine plus interdisciplinaire que d’autres champs scientifique « traditionnels » (chapitre 4). Des travaux ont montré qu’au sein du domaine des « nanos », chaque équipe continue à travailler d’un point de vue disciplinaire. Selon D. Vinck et E. Robles-Belmont, il n’y a pas de convergence avec les « nanos », et ni l’échelle « nano », ni le partage d’instruments ne crée nécessairement de la convergence. Ainsi, les physiciens, les chimistes, les ingénieurs, etc., continueraient de travailler sur des objets « nano » sans en avoir la même conception et selon des logiques disciplinaires (Vinck et Robles-Belmont, 2012).

J. Schummer a montré, à travers une étude scientométrique sur une série de revues spécialisées sur les « nanos » que le nombre de co-signatures entre différentes disciplines n’y est pas beaucoup plus élevé que dans les revues disciplinaires (Schummer, 2004b). S’il y a des collaborations, les affiliations disciplinaires ne sont pas dépassées. Les chercheurs travaillent au sein d’une seule et même discipline et les liens avec les autres disciplines restent faibles (Rafols et Meyer, 2007).

Seuls les laboratoires sur puce, des dispositifs technologiques conçus pour réaliser des analyses chimiques, biologiques ou génétiques, constitueraient un domaine nouveau qui ne préexiste au sein d’aucune des disciplines. C’est donc bien un phénomène de convergence de plusieurs disciplines qui le ferait exister (Rafols, 2007).

Ainsi, dans le domaine des « nanos », la convergence ne va pas de soi. L’affichage politique de l’interdisciplinarité serait davantage un moyen de transformer l’organisation des institutions de la recherche (Rafols, 2007).

Nous avons choisi d’étudier ici les « nanos » en tant que révélateur des tensions qui apparaissent entre les chercheurs et les exigences que la politique de recherche fait peser sur leur travail. Pour répondre à notre problématique, le cadre théorique de Jürgen Habermas nous est apparu comme pertinent, car il permet d’opérer une distinction entre la pratique de l’activité de recherche, orientée par des normes et des valeurs, mais aussi traversée d’enjeux stratégiques, de carrière notamment, et les intérêts politiques et économiques qui s’expriment à travers la politique de recherche (chapitre 2).

Notre question est alors de saisir l’articulation entre la politique scientifique et l’activité de recherche. Les chercheurs opposent couramment l’autonomie de l’activité de recherche

114 à la tentative de la politique de recherche de leur imposer des contraintes de résultats en termes de développement économique. Quels sont les motifs de la résistance des chercheurs ? Est-elle fondée sur la défense d’intérêts stratégiques (carrière), ou

prend-elle appui sur un accord normatif autour de valeurs ?

Nous avons choisi de focaliser notre travail de terrain sur le thème particulier des

nanobiotechnologies. Celles-ci naissent du rapprochement des techniques de fabrication des

Sciences de l’ingénieur et des problématiques biologiques de compréhension du vivant et, d’un point de vue plus pragmatique, seraient en mesure d’apporter des solutions en termes de diagnostic et de thérapeutique pour la médecine. En particulier, dans le domaine des « nanobio », les laboratoires sur puce seraient des dispositifs représentatifs du concept de la convergence. En ce sens, ce domaine a constitué un levier pour la construction de l’Itav à Toulouse, censé proposer une nouvelle organisation de la recherche, orientée vers le transfert de technologie à l’industrie. Les « nanobio » présentent deux caractéristiques principales qui en font un terrain d’étude pertinent dans le cadre de notre problématique :

1) elles sont un domaine interdisciplinaire dans lequel la collaboration entre biologistes,

chimistes, physiciens, SI, bioinformaticiens, etc. est indispensable ; 2) elles présentent une forte dimension appliquée. L’effort de la politique scientifique est aujourd’hui important sur les recherches à l’interface entre les technologies et les Sciences du vivant, du fait des nombreuses innovations espérées dans le cadre de la détection et de la thérapeutique de certaines maladies, comme le cancer par exemple.

Nous proposons dans la partie suivante une analyse des transformations portées par le système politique afin de faciliter le rapprochement des activités de recherche et des enjeux économiques et industriels. Notre analyse portera sur un exemple concret, celui de la constitution de l’Itav. Face à une dynamique impulsée par le système et contestée par

les chercheurs, nous nous intéresserons à la façon dont la sphère de la recherche, qui revendique son autonomie par rapport aux intérêts politiques et économiques, peut résister à ces transformations. Ce sont à la fois les motifs et les formes de cette résistance que nous chercherons à éclairer.

Les études sociologiques que nous avons mentionnées dans cette première partie se sont beaucoup intéressées à la figure du chercheur en tant que « professionnel ». Nous proposons ici une autre analyse, de par son ancrage dans les Sciences de la communication. Ce n’est pas le chercheur en tant qu’acteur, individuel et stratégique, qui sera l’objet de notre intérêt ici. Au contraire, nous serons plutôt attentive aux positions communes

115

susceptibles de s’ériger en contre-poids aux injonctions du système politique et économique.

116

PARTIE

2.

DÉVELOPPER

LES

NANOBIOTECHNOLOGIES :

UN

ENJEU

POLITIQUE

PORTÉ

PAR

LES

SCIENCES

DE

L’INGÉNIEUR.

L’EXEMPLE

DE

L’ITAV

À

117 Nous avons consacré notre travail de terrain à un institut créé en 2009 à Toulouse,

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