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4.2.2 qui n’induisent pas nécessairement de l’interdisciplinarité

L ES TRAVAUX DE L ’ ÉQUIPE SPIM , AXE IMAGERIE

6.2.1.2 Divergences de vision au sein du CNRS

À ce stade, les réflexions se poursuivent quant à la meilleure formule pour la pérennisation financière de l’hôtel à projets, autour de plusieurs pistes. Le CNRS ne souhaite pas pérenniser l’organisation sous forme d’UMS et veut créer une USR. Pour cela, il faut constituer un projet autour d’une équipe résidente à même de porter le projet scientifique de l’unité.

L’INSB ne conçoit pas l’UMS sans que des chercheurs permanents soient affectés à l’unité. Selon la vision de l’INSB, une UMS peut exister à l’intérieur d’un laboratoire « traditionnel », dans lequel une partie plateformes peut être organisée sous forme d’UMS, mais elle ne peut exister seule, comme un « électron libre ». L’INSB souhaite que des chercheurs permanents y soient associés, pour cela il faut changer de statut et créer une USR. Logiquement, l’INSB va privilégier une équipe relevant de sa tutelle. La directrice était jusque-là une ingénieure de recherche, à ce titre elle manquait de légitimité pour certains. A la fois à l’intérieur de l’Itav pour des chercheurs qui se retrouvaient de fait sous son autorité, et pour le CNRS qui n’envisageait pas de laisser la gestion d’une unité à une ingénieure. Ainsi l’équipe « biologie SPIM », résidente, fixe l’orientation de l’Itav. Toutefois, la situation n’est pas claire entre cette dernière et l’équipe antenne (l’équipe « bionano ») qui pense tirer sa légitimité du fait qu’elle est la première à investir les lieux, ainsi que par son ancienneté dans l’Itav.

L’Itav commence à fonctionner sous le statut d’UMS le 1er janvier 2009 tandis qu’un

porteur pour l’USR273 est en cours de recrutement. Car il n’est pas affiché clairement que le

responsable de l’équipe « biologie SPIM » sera le directeur de l’Itav. Bien que le CNRS ait pris la gestion de l’Itav, les différentes parties prenantes de l’Itav expriment leur point de vue. Les compte-rendu de réunions laissent apparaître que le futur directeur de l’USR devra

273 Une Unité Mixte de Service peut être créée sans passer par des instances d’évaluation. Elle ne fonctionne

pas selon un projet scientifique, il s’agit uniquement d’un projet de services. Cette option a été d’abord privilégiée parce que le CNRS voulait agir au plus vite et que les discussions autour de l’orientation scientifique entre biologie et Sciences de l’ingénieur ne permettaient pas de s’accorder sur un projet scientifique. Une Unité de Service et de Recherche en revanche, est construite autour d’un projet scientifique, et donc d’une équipe qui porte ce projet. Celui-ci doit donc être évalué par les instances du CNRS(entretien avec l’ancienne déléguée régionale du CNRS, 10.04.2013).

185 s’appuyer sur l’équipe-antenne dont les membres ont été actifs durant le montage de l’Itav274.

Toutefois, l’UMS, au niveau du CNRS, est clairement rattachée à l’Institut des Sciences biologiques (INSB), et plus particulièrement au département des Sciences de la vie, en charge de la cellule d’accompagnement des hôtels à projets. Or, celui-ci a une vision très éloignée des créateurs de l’Itav, en particulier de l’équipe-antenne, très investie dans la dynamique de l’Itav. En 2009, la directrice de l’Itav rappelle que l’institut commence à fonctionner selon la vision de l’équipe-antenne.

« À cette époque moi j’avais la vision de ce que faisait [le fondateur de l’Itav], ce qu’il avait fait sur le terrain avec les chercheurs du [laboratoire SI], donc dans une approche assez politique régionale »275.

En effet, la directrice a monté le projet de création d’UMS avec le fondateur de l’Itav et les chercheurs de l’équipe-antenne. Ce projet, très orienté vers le transfert technologique, correspond à la vision de la CAGT et justifie le soutien de l’institution politique. Ainsi, le

soutien aux Sciences de l’ingénieur à l’Itav est davantage le fait des collectivités locales que du CNRS. Les Sciences de l’ingénieur à l’Itav médiatisent les exigences politiques.

Les chercheurs de l’axe « bionano » envisageaient ainsi que leur action soit mesurée à l’Itav en termes de dépôts de brevets et de concrétisations industrielles et commerciales, et non en termes de nombre de publications comme cela est la règle dans les laboratoires.

Cependant, cette vision n’est clairement pas en adéquation avec la vision de la tutelle principale qui est l’INSB :

274 Compte-rendu de réunions. Cette position est défendue par le fondateur de l’Itav, la CAGT et la Fondation

InNaBioSanté.

186

« Honnêtement, je pense que c’est là que les choses ne sont pas toutes convergentes, je pense que la vision de l’hôtel à projets de l’INSB c’était les Sciences biologiques, les Sciences du vivant, avec les partenaires, et ça, ça fait une interdisciplinarité autour de questions biologiques, avec des partenaires qui sont l’Insis, la physique, les mathématiques, la chimie, autour de questions biologiques pour faire avancer la recherche et la connaissance, après le contexte entrepreneurial vient au second plan. C’est d’abord l’interdisciplinarité. Dans le même temps y avait la vision du terrain qui était les nanotechnologies appliquées à la biologie, ou d’autres choses. Et la vision qui avait été préparée sur le terrain c’était d’abord la vision entrepreneuriale et le partenariat avec la pépinière. Et qui pouvait être peut-être plus de la techno que des questions de recherche fondamentale »276.

Les chercheurs de l’axe « bionano », qui imaginaient avec l’Itav un institut dégagé des tutelles classiques, ont alors tendance à refuser ce modèle et les règles qui découlent d’une unité CNRS. Parmi les règles mises en place à la création de l’UMS, celle pour les porteurs de projets, et tous les chercheurs impliqués dans un projet Itav, d’être présent un certain pourcentage de leur temps à l’Itav.

« Alors on nous a obligés à venir ici [à l’Itav] avec un certain temps, machin, chose, j’ai dit attendez on ne vient pas ici pour être 50% ou 70%, nous sommes au labo là-bas [les laboratoires d’origine], on a les enseignements, mais ceux qui viennent ici ce sont les gens qui travaillent sur les projets, les thésards »277.

Cette contrainte de temps passé à l’Itav est mal perçue par les chercheurs qui ne souhaitent pas se couper de leur laboratoire d’origine parce qu’ils s’investissent dans l’Itav. Les discussions en interne au CNRS entre la directrice de l’Itav, la délégation régionale Midi- Pyrénées et la cellule d’accompagnement des hôtels à projets, témoignent de ce qu’aucune directive claire n’émane du CNRS au niveau national pour l’Itav et entretient la confusion sur son orientation. Fin 2009, deux orientations différentes pour l’Itav sont défendues au sein de la cellule d’accompagnement des hôtels à projets. L’une souhaite mettre en avant l’interface nanotechnologies/biologie qui pourrait devenir la spécialité de Toulouse, tandis que l’autre soutient la priorité à l’interface chimie/biologie, également défendu au niveau local par la délégation régionale du CNRS, dans ce cas il conviendrait de restaurer un équilibre manquant au niveau de l’équipe résidente vers la chimie. La première vision médiatise la vision stratégique de la recherche : l’interdisciplinarité Sciences de l’ingénieur/biologie est envisagée dans un objectif de favoriser l’innovation pour le développement économique. La deuxième vision médiatise une vision plus « académique »,

276 Entretien avec une représentante du CNRS, 30.06.2014.

187 dans laquelle l’activité de recherche n’est pas orientée prioritairement vers des enjeux stratégiques : les avancées en matière de Sciences du vivant passent par des collaborations renforcées et facilitées entre la biologie et la chimie.

« Dans les Sciences de l’ingénieur ils vont apporter des solutions techniques, ou alors au contraire ils ont déjà développé des outils très performants et après ils cherchent à les appliquer à quelque chose. Tandis qu’en biologie on se pose des questions très fondamentales sur le fonctionnement de la cellule et des choses comme ça, et, au fur et à mesure qu’on se pose des questions on essaie de trouver des moyens de développer des approches expérimentales pour répondre à ses questions et c’est là, c’est vrai, qu’on a beaucoup besoin de nos partenaires »278.

Ce sont deux visions de l’interdisciplinarité qui s’affrontent entre les biologistes et les SI à l’itav. Ces discussions sur l’axe scientifique à mettre en avant laissent planer une incertitude sur l’évolution de l’Itav, et favorisent les tensions entre équipe-antenne et équipe résidente à l’Itav. La biologie est l’orientation principale du fait de l’équipe résidente, toutefois, l’équipe antenne de « bionano » cherche à peser dans le sens d’une interdisciplinarité biologie/nanotechnologies. Les tensions sont tellement vives qu’une lettre est adressée par les tutelles en mai 2010 à la directrice de l’Itav ainsi qu’au directeur de l’équipe résidente et aux deux porteurs de l’équipe-antenne. Signée par le directeur général délégué scientifique du CNRS, les directeurs de l’Insis et de l’INSB, le directeur scientifique pour le site de Toulouse, le président de l’UPS et le directeur de l’Insa Toulouse, ce courrier se veut une tentative de « calmer » ces tensions entre équipes en apportant un soutien à la direction en place à l’Itav et en réaffirmant la structure sous forme d’UMS avec possibilité d’affectation de chercheurs.

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