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4.2.2 qui n’induisent pas nécessairement de l’interdisciplinarité

DEUX PROJETS, DEUX SITES

5.4.2 La création de la Fondation InNaBioSanté

La création de la Fondation InaNaBioSanté est elle aussi liée à l’explosion de l’usine AZF. En effet, suite à la catastrophe, Total fait une donation de 10 millions d’euros à Toulouse, qui seront investis dans la Fondation InNaBioSanté, présidée par Philippe Douste-Blazy,

142 dans l’objectif de financer des projets de recherche sur le cancer. Cette initiative relève de la mise en place des bases du futur Oncopôle.

En 2004, le gouvernement déclare la recherche « priorité nationale », ambition qui se traduit dans le projet de loi des finances qui prévoie en particulier de promouvoir le financement privé de la recherche par la réforme du crédit impôt-recherche, la mise en place du statut de la jeune entreprise innovante et l'incitation à la création de fondations dans le domaine de la recherche188. Une fondation pour la recherche est une fondation d’industriels,

mais le projet de loi prévoit que pour un euro des industriels, l’État, par le biais de l’ANR, abonde d’un euro. Toulouse a constitué un dossier suite à cet appel à projets lancé pour les fondations pour la recherche, avec les industriels Pierre Fabre, Amgen, GSK, Siemens et Total, qui est le plus gros donateur avec 10 millions d’euros. Le projet soumis est retenu par l’ANR qui abonde de 8 millions d’euros.

La Fondation est construite autour du projet d’allier les sciences « dures », comme la physique, ou les Sciences de l’ingénieur, et le domaine de la biologie et de la santé. Ainsi la Fondation est nommée InNaBioSanté pour technologies de l’Informatique,

Nanotechnologies, Biotechnologie, Santé (on retrouve le Triangle Bio-Info-Nano) mais

entend soutenir aussi le développement « des techniques d’imagerie, de radiothérapie, etc. appliquées

au domaine de la santé en général, et du cancer en particulier, pour pouvoir être à même de faire un focus sur le Canceropôle-Oncopôle de Toulouse »189.

La Fondation lance ses premiers appels à projets en 2007, axés autour de la lutte contre le cancer avec comme exigences l’interdisciplinarité et les partenariats public-privé. En effet, l’idée de la Fondation est de financer des projets de recherche qui présentent un potentiel de valorisation. Or à ce moment-là, un domaine apparaît fortement porteur de valorisation potentielle, celui des « nanos ».

188 Dans le cadre du projet de loi des finances de 2004, il est prévu d’inciter les efforts du secteur privé en

matière de recherche et d'innovation, entre autres en encourageant les fondations de recherche. « Les fondations sont encore très insuffisamment développées en France. On en recensait, en 2001 : 473 reconnues d'utilité publique, dont les deux tiers peu actives, et 500 hébergées par la Fondation de France. Chiffre modeste au regard des 12 000 fondations américaines, des 3 000 « charity trust » britanniques et des 2 000 fondations allemandes. En outre, celles-ci ne contribuent à la recherche qu'à hauteur de 0,04 % du PIB en France, contre 0,2 % au Japon, 0,16 % en Suède, 0,11 % aux États-Unis et 0,10 % en Grande Bretagne. […] Le gouvernement a décidé de compléter le dispositif en faveur de la recherche fondamentale et appliquée privée, en s'appuyant sur le développement des fondations » http://www.senat.fr/rap/a03-074-9/a03-074-

91.html

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« A l’heure actuelle, la plupart des innovations se font « à la frontière de », c’est-à-dire beaucoup dans l’interdisciplinarité, où on met en rapport des physiciens, avec des chimistes et des médecins, là je vous parle de “nanos”. Et sur la dizaine de projets qu’on a financé, on a 7 projets fortement axés “nanos”, pour la simple et bonne raison que les “nanos” c’est fortement interdisciplinaire »190.

Après avoir lancé des appels à projets nationaux les premières années pour répondre aux exigences d’« utilité publique », une décision des administrateurs en 2012 permet à la Fondation de se consacrer aujourd’hui aux projets toulousains sur l’Oncopôle.

Elle jouera un rôle de soutien important dans la construction de l’Itav, avec la promesse d’un soutien financier pour les projets accueillis dans l’institut.

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C

ONCLUSION DU CHAPITRE

5

Dans le cadre des promesses de la NNI et de son programme de convergence NBIC, les nanotechnologies ont été perçues, au début des années 2000, comme un levier pour assurer un développement économique du territoire diversifié.

À Toulouse, l’explosion de l’usine AZF, et la nécessité de renouveler l’industrie du territoire, ont été des opportunités pour développer les biotechnologies, portées depuis plusieurs années par des scientifiques locaux. Les « nanos » sont venues agrémenter la thématique des biotechnologies afin de répondre aux exigences politiques de transfert industriel et de développement économique.

Ainsi, l’Itav naît dans un contexte de reconstruction d’un site sinistré par une catastrophe industrielle. Si ce projet d’un Institut des technologies avancées en Sciences du vivant s’est imposé, c’est qu’il reposait sur une réflexion déjà engagée entre des chercheurs du site toulousain, la « Cité des biotechs », puis le « Triangle bio-info-nano ». Ces projets reposaient sur une mise en dynamique du terrain et répondaient à une volonté politique de diversifier l’industrie du territoire, largement centrée sur l’aéronautique. Toutefois, ils n’auraient certainement pas vu le jour sans l’explosion de l’usine AZF, qui a ouvert la voie aux financements qui faisaient défaut jusque-là (fonds nationaux, fonds européens, Fondation InNaBioSanté grâce à l’investissement de Total).

Parallèlement, ce sont divers projets qui ont, durant toute la décennie 2000, permis à la Région Midi-Pyrénées d’assurer sa place dans la compétition autour des « nanos ». Le Plan Nano-Innov en 2009, ainsi que l’obtention du Labex Next, témoigne de la place qu’occupe aujourd’hui la recherche autour des « nanos » à Toulouse.

Dans cette longue trajectoire pour faire reconnaître les compétences du territoire, et donc assurer des financements pour son développement, l’Itav apparaît comme un levier, à un moment donné, d’une politique de site plus large. À ce titre, il ne peut être appréhendé que dans son contexte, que nous avons tenté de retracer au mieux ci-dessus.

Nous allons maintenant nous intéresser au projet Itav, aux enjeux scientifiques qu’il recouvre et aux intérêts politiques qui ont marqué sa construction.

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HAPITRE

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TENSIONS AUTOUR D

UNE

PERSPECTIVE DE DÉCLOISONNEMENT

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