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4.2.2 qui n’induisent pas nécessairement de l’interdisciplinarité

L A MONTÉE DU THÈME DES « NANOS » À T OULOUSE

Toulouse bénéficie en 2003 du programme « Réseau national de grandes centrales de technologie pour la Recherche Technologique de Base » (RTB), lancé par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche pour appuyer le développement des « nanos ». L’objectif est de « permettre à la recherche publique française (CEA, CNRS, Universités,...) de faire face dans de bonnes conditions aux formidables enjeux de micro et nanotechnologies et nanosciences pour les années à venir »171. Ce programme, porté par l’Insis (Institut des Sciences de l’Ingénierie et

des Systèmes) du CNRS et par le laboratoire LETI du CEA (d’autres unités du CNRS et du

167 Ibid.

168 Institut de Pharmacologie et de Biologie Structurale, UMR 5089, http://www.ipbs.fr/

169 Entretien avec Jean Cros, Brochure de présentation de la journée « Le Triangle Bio-Info-Nano-

Technologies », op.cit.

170 Ibid.

136 CEA étant bien évidemment concernées), vise à équiper un certain nombre de centrales technologiques dans des laboratoires de recherche publique en équipements de pointe.

Quatre centrales technologiques sont ainsi retenues dans le réseau : Grenoble, Paris, Lille et Toulouse (Laas-CNRS). Ces salles blanches reçoivent ainsi des subventions pour s’équiper avec des équipements de très haut niveau et, en contrepartie, à côté de leurs propres travaux de recherche, elles doivent se mettre au service de structures extérieures au laboratoire, en particulier du secteur industriel.

La salle blanche du Laas à Toulouse est retenue à ce moment-là dans le RTB pour plusieurs raisons172. Le Laas tout d’abord est le premier laboratoire public ayant réalisé une

salle blanche (1968), il bénéficie donc d’équipements déjà importants ; plusieurs laboratoires toulousains présentent des compétences dans le domaine des « nanos »; et enfin, Toulouse bénéficierait de plusieurs domaines susceptibles d’utiliser et de valoriser les recherches et projets des laboratoires publics : l’aéronautique, les matériaux, les systèmes embarqués, la santé, l’agroalimentaire. On retrouve d’ailleurs ces compétences dans les trois pôles de compétitivité 173 de Midi-Pyrénées : le pôle mondial Aéronautique-Espace-Systèmes

Embarqués (AESE, avec l’Aquitaine) ; le pôle Cancer-Bio-Santé (CBS) et le pôle Agrimip Innovation.

Cette reconnaissance de Toulouse dans le RTB constitue le point de départ d’un processus qui aboutira en 2009 à sa désignation en tant que Centre d’intégration en « nanos » au moment du Grand Emprunt (Nano-Innov).

5.4 Le contexte de l’explosion de l’usine AZF:

renouveler l’industrie à Toulouse

5.4.1 Reconstruire sur un site sinistré

L’explosion de l’usine AZF en 2001174 ouvre un espace au développement des

biotechnologies à Toulouse. En effet, il s’agit désormais de renouveler l’industrie du territoire. Suite à la catastrophe, le gouvernement met en place un CIADT (Comité

172 Entretien avec un ancien directeur du Laas-CNRS, 19.03.2013.

173 Les pôles de compétitivité sont lancés en 2004, il s’agit de « l’association, sur un territoire donné,

d’entreprises, de centres de recherche et d’organismes de formation, engagés dans une démarche partenariale (stratégie commune de développement), destinée à dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un (ou de) marché(s) donné(s) » http://www.midi-

pyrenees.gouv.fr/web/Portail_Midi-Pyrenees/2761-les-poles-de-competitivite.php .

174 Le 21 septembre 2001 survient l’explosion de plusieurs centaines de tonnes de nitrates d’ammonium

déclassés dans un hangar de l’usine chimique AZF, propriété du groupe Grande Paroisse, filiale du groupe TotalFinaElf depuis 2000. L’explosion est ressentie dans toute l’agglomération, des dégâts sont recensés sur plusieurs kilomètres, et trente et une personnes perdent la vie, dont vingt-deux dans l’usine.

137 Interministériel d’Aménagement et de Développement du Territoire) pour examiner la situation de Toulouse175. Celui-ci charge un groupe de travail toulousain de proposer des

initiatives autour des biotechnologies, qui apparaissent alors comme devant remplacer l’industrie chimique, s’appuyant sur la réflexion amorcée autour de la « Cité des Biotechs » et du « Triangle Bio-Info-Nano ». Il est alors envisagé par le Maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, d’implanter une « Cité des biotechnologies » sur le site sinistré d’AZF176.

L’IDÉE DE L’ITAV

Ainsi un groupe de travail, dans lequel on retrouve des chercheurs déjà engagés dans les deux projets déjà cités (Cité des biotechs et Triangle Bio-Nano-Info), est missionné par les pouvoirs publics locaux afin d’animer une réflexion visant à faire émerger des initiatives autour du thème des biotechnologies, dans le but de redynamiser le territoire affecté par la catastrophe AZF. En effet, « le Gouvernement souhaite développer un pôle de premier plan dans le

domaine des bio-technologies »177.

Le groupe de travail rend en juin 2002 au CIADT un rapport dans lequel figure l’initiative du projet de création d’un institut, appelé Institut des Technologies Avancées en Sciences du Vivant (Itav). Il s’agit de développer des technologies innovantes, en particulier les « nanos », afin de favoriser les innovations dans le domaine des Sciences du vivant. Pour cela, l’institut devra permettre une interaction forte entre la recherche publique et le secteur privé. Le projet, porté par Alain-Michel Boudet, professeur de biologie végétale à l’Université Paul Sabatier (UPS), est entériné par le CIADT -entre autres projets- qui souligne que le projet de l’Itav « repose sur l’existence à Toulouse, d’un potentiel de recherche de grande ampleur dans les

disciplines d’interface avec la biologie »178.

Dans le cas des projets d’aménagement du territoire, les financements sont généralement le fait d’un fond national179, de fonds FEDER et des collectivités locales. Toutefois, à ce

stade, même validé au niveau national, le projet reste une simple idée. Une fois validé, le travail commence, puisqu’il s’agit de construire le projet concrètement et notamment de trouver des financements.

175Entretien avec l’ancienne déléguée régionale du CNRS, 10.04.2013.

176 Marion Cauhopé, « De la Poudrerie nationale de Toulouse au Cancéropole : la catastrophe d'AZF dans

les dynamiques territoriales d'un espace industriel urbain (1850-2008) », thèse de doctorat en géographie, Toulouse, 2011, p.124.

177Comité Interministériel d’Aménagement et de Développement Du Territoire, Dossier de presse,

Matignon, 13 décembre 2002, p.38

178Ibid.

179 Le Fond national d’aménagement et de développement du territoire (FNADT) qui a connu plusieurs

138 L’intérêt pour le secteur des biotechnologies trouve une triple justification : scientifique, politique et économique. D’abord, il s’appuie sur les compétences de scientifiques toulousains sur ce thème. Au-delà, les biotechnologies apparaissent, au début des années 2000, comme un secteur en plein essor au niveau mondial, dynamisé par les progrès scientifiques portés par les programmes de génomique et porteur d’innovation à travers la création de nombreuses start-ups. Dans ce contexte, « le renforcement de la compétitivité des pays

européens dans le domaine des biotechnologies par rapport aux grands concurrents (États-Unis, Japon) apparaît comme une priorité de l’Union Européenne »180.

Parmi les projets entérinés par le CIADT, figure aussi, indépendamment du projet de l’Itav, « l’appui d’une zone d’activités dédiée aux biotechnologies, corollaire de l’effort consacré à la recherche

[…] sur le site de Montaudran »181. On se trouve bien ici dans le prolongement de la réflexion

amorcée autour de la « Cité des biotechs ». Ainsi les promoteurs de l’Itav ont pensé à ce moment-là que celui-ci serait construit sur le site de Montaudran182, puisqu’il s’agissait d’un

projet destiné à participer au développement des biotechnologies. En tout état de cause, la construction de l’Itav n’est pas entreprise de suite, car les fonds ne sont pas encore acquis.

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