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Port et réseau

Dans le document La Béotie et la mer (Page 69-72)

La région d'Anthédon

3) Port et réseau

Aujourd’hui, sont encore visibles des vestiges de quais bien que leur datation soit difficile à déterminer. Certains estiment qu’ils remontent à l’Antiquité tardive328 mais il est parfois avancé que

la cité n’a jamais dépassé le ler siècle avant J.C. et que ces quais seraient donc ceux construits au IVe

siècle329. Dans tous les cas, Dionysios fils de Calliphon, un poète-géographe du Ier siècle av. J.C.,

décrit en quelques vers toute la côte béotienne et, au sujet d’Anthédon, voici ce qu’il dit330 :

Ἀνθηδὼν δ ’ἔχει Ἀνθηδόνιον τὸν λιμένα· Que Didier Marcotte traduit par :

« Anthédon a son port, l’Anthédonien ;»

Il est intéressant de noter que le port d’Anthédon s’est vu attribuer pour nom l’ethnique local331 ce que confirme Stéphane de Byzance qui mentionne également le port d’Anthédon comme

s’appelant Ἀνθηδόνιον 332. Cette dénomination du port va bien de pair avec la description faite par

Hérakleides, où le port serait au centre de la vie de la cité333, et il serait très probable que l’on y vît

déjà des quais et structures en dur à l’époque de Dionysios voire même aux siècles antérieurs. Le port dispose en effet d’avantages naturels non négligeables, situé comme il l’est dans une petite baie bien protégée ouverte vers l’est seulement. Si le port est bien positionné, il reste de taille modeste mais ce qui serait son seul défaut apparaît largement contrebalancé par la baie de Skroponéri à quelques kilomètres à l’ouest d’Anthédon. Il s’agit d’une longue et profonde baie, très bien protégée par une presqu’île en son milieu. Sur un côté de la presqu’île, on distingue les traces d’un mur circulaire daté habituellement du IVe siècle334 tandis que l’on y a trouvé des fragments de

328 FOSSEY J. M., Topography and Population of Ancient Boiotia, p. 254.

329 On peut retrouver le détail de ce débat dans LYTLE E. « Fish Lists in the Wilderness », p. 279. 330 Dionysios fils de Calliphon, Αναγραφη της λλαδος, v. 91-92.

331 MARCOTTE D., Le poème géographique de Dionysios fils de Calliphon, p. 151. 332 Stéphane de Byzance, Ἀνθηδών : « ἔστι καὶ λιμὴν Ἀνθηδόνιο ».

333 MARCOTTE D., op. cit.

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céramique remontant à l’Helladique et surtout à l’époque classique et romaine (peut-être hellénistique aussi)335. Tout au fond de la baie se trouve un petit fort, que l’on appelle Skroponéri

Kastron, datant vraisemblablement d’une époque romaine tardive336. L’hypothèse

traditionnellement retenue est que le site aurait été aménagé dans le cadre du programme naval d’Épaminondas, au milieu du IVe siècle337 et dépendait alors de Thèbes, comme Anthédon. Avec la

destruction de Thèbes en 335, Anthédon accéda à l’autonomie et la baie de Skroponéri fut naturellement intégrée au territoire de la petite cité. Les deux sont très facilement reliées, le trajet se faisant en environ deux heures de marche338. On peut alors envisager que ce port de

l’Anthédonien soit situé dans la baie de Skroponéri, récupérée par les citoyens d’Anthédon seulement une trentaine d’années après son aménagement, et non le port régulier de la cité qui, lui, était directement rattaché à la ville.

Par la route, Anthédon est assez bien reliée au reste de la Béotie. Hérakleides a emprunté les deux voies principales d’Anthédon pour y arriver et en partir. La première vient directement de Thèbes339 et devait en toute logique passer par les berges du lac Paralimni dont l’extrémité

septentrionale n’est qu’à une heure de marche d’Anthédon340. Alors que Farinetti note que la

communication le long du lac devait être difficile car les rivages sont rocheux et peu praticables341,

Hérakleides ne fait mention de rien de cela et au contraire précise que la route sillonne à travers champs et était adaptée aux véhicules. Il faut donc envisager que la route ne suivît pas strictement le rivage ou qu’elle était facile à pratiquer, à moins qu’elle ne passât pas du tout par là. Dans tous les cas, nous devons retenir que le trajet entre Thèbes et Anthédon n’était pas si problématique.

L’autre route est celle qu’emprunte Hérakleides pour rejoindre Chalcis depuis Anthédon en passant par Salganeus342. Là encore, il ne fait mention d’aucune difficulté et indique simplement

que la route, lisse et non caillouteuse, longe la plage. Depuis Anthédon, il était donc possible de rejoindre aisément les deux cités voisines de Thèbes et de Chalcis, deux cités majeures dans le monde grec et dont les marchés étaient tout aussi importants.

335 FOSSEY J. M., Topography and Population of Ancient Boiotia, p. 262. 336 FARINETTI E., op. cit., p. 5.

337 Voir FOSSEY J.M., « Une base navale d’Épaminondas » et ROESCH P., « Un décret inédit de la ligue

thébaine et la flotte d'Épaminondas », p. 56.

338 FARINETTI E., Boiotian Landscapes, p. 205. 339 Hérakleides le Critique, I, 23.

340 FARINETTI E., Ibid. 341Ibid., p. 204.

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Anthédon apparaît donc comme l’archétype de la petite ville dont la vie est entièrement tournée vers le travail de la mer. Bénéficiant de bonnes conditions portuaires et étant directement reliée à Thèbes, elle a pendant longtemps été rattachée au territoire de cette dernière dont elle était le port. Ce n’est qu’avec la Troisième Confédération béotienne qu’Anthédon se trouve intégrée au

Koinon en tant que polis autonome. Il n’en reste pas moins qu’à toutes les époques, Anthédon devait

constituer un port particulièrement intéressant, notamment d’un point de vue économique étant donné qu’il s’agissait du seul port béotien d’importance situé sur le côté nord du canal d’Eubée tout en étant proche de l’Euripe et de Chalcis.

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