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Chapitre I Le rôle de l’élevage dans les

3. Instabilité des échanges commerciaux et fragilité des ressources naturelles ; remise

3.3. Politiques de soutien aux productions animales

Face à la croissance démographique qui se stabilise seulement depuis peu32, l’autosuffisance alimentaire fait toujours partie des préoccupations du gouvernement tunisien, notamment concernant les productions de céréales, lait et viande ; en 2004, les importations se réalisaient à hauteur de 9 900 tonnes de viande en provenance d’Allemagne et d’Irlande lors du mois de Ramadan, soit l’équivalent de 10% de la production annuelle tunisienne (de 114,8 mille tonnes en 200433).

3.3.1. Améliorer l’alimentation des troupeaux

Jusqu’en 1982, le gouvernement a mené une politique de subvention au secteur de l’élevage à travers notamment la disponibilité fourragère, qui s’est traduite par une importation massive d’aliments du bétail dans un premier temps (Abaab et. alii, 1995). Si depuis, le soutien au prix des aliments du bétail n’est plus systématique, il s’instaure néanmoins au cours des sécheresses, selon un barème régional préférentiel pour le sud. Les importations de céréales s’effectuent essentiellement auprès de la France et des Etats-Unis, bien que la Tunisie diversifie ses fournisseurs en s’adressant marginalement (autour de 1% des importations) aux pays d’Ex- Union soviétique (Ukraine, Russie, Bulgarie) sans doute dans l’objectif de profiter de prix plus avantageux (Rapport de la Banque centrale de Tunisie, 2004). En 2003 et 2004, la France accordait un crédit à trois ans de 43 millions € pour l’achat de céréales provenant de France (blé et céréales fourragères). De même, les Etats- Unis ont accordé un crédit à 7 ans de $ 7,6 millions pour la même opération (France Export Céréales, 2003).

Le tableau suivant des volumes de céréales alimentaires produites et importées montre que la Tunisie est encore loin de pouvoir assurer la demande nationale en céréales. Les niveaux d’importation d’orge nous intéressent particulièrement car la production est également destinée à l’alimentation du bétail. On constate que les importations sont liées aux conditions climatiques – l’année 2002 a été particulièrement sèche et 2003 et 2004 plus arrosées -, mais également à la constitution de stocks en année pluvieuse (2004 par exemple).

Tableau 3 : Volumes d'importation et de production des principales céréales en Tunisie Blé tendre (103 T) Blé dur (103 T) Orge (103 T)

Campagne Production Importation Production Importation Production Importation

2002 50 1 013,9 370 801,8 90 825,3

2003 340 773,6 1 640 472,4 920 75,1

2004 330 940,4 1 400 102,0 620 210,0

(Source : Banque Centrale de Tunisie, 2004)

3.3.2. Améliorer la productivité des animaux

Les avancées techniques depuis 1990 portent principalement sur l’augmentation de la productivité dans l’élevage bovin. En effet, l’Etat tunisien a engagé depuis cette date des mesures visant à augmenter les productions laitières ; amélioration du cheptel par l’importation de génisses Pie Noire et PN Holstein, développement de la production de fourrages en irrigué, développement du tissu industriel de transformation du lait – dont l’une se situe à Koutine, dans notre secteur d’étude – ont permis d’accomplir la mission. La production de lait est passée de 275 millions de litres en 1970 à 670 millions de litres en 2000, couvrant 90% de la consommation nationale en 2000 (Bourbouze, 2003a). Les élevages de caprins et d’ovins plus répandus au sud du pays restent en marge, même s’ils bénéficient indirectement du soutien aux bovins en terme d’alimentation (les industries de fabrication d’aliments proposent plusieurs types de produits dont certains sont utilisés pour la lactation des brebis et l’engraissement des agneaux).

Aujourd’hui, les centres de recherches tels que celui de l’IRA Médenine conduisent des travaux spécifiques aux productions agricoles en région aride, avec peu de moyens toutefois, pour augmenter la productivité des espèces ovines et caprines ; amélioration génétique (introduction de races exotiques dont l’alpine, croisements, caractérisation de la population locale), amélioration des rations alimentaires (fourrages irrigués, aliments manufacturés…). De même, les CRDA (Commissariats Régionaux de Développement Agricole) et leurs antennes locales proposent des cycles de formations et d’appui technique aux pratiques innovantes, ainsi que des formes de crédit avantageuses pour la construction de bâtiments d’élevage… Ils effectuent également des campagnes de vaccination annuelles antirabiques pour les chiens bergers et des campagnes de vaccination des troupeaux contre la brucellose et la fièvre aphteuse.

Concernant l’espèce ovine, deux races principales sont identifiées et sont l’objet de recherches ; la brebis bergui à « queue fine » et à toison blanche, dont l’origine algérienne l’apparente à la race Ouled Djellal, et la Barbarine, à toison blanche tachetée de noir et de marron à « queue grasse » - réserve de graisse, dont le poids varie entre 1 et 4 kg (Atti et al., 2004) -. Cette dernière constituait environ 60% des effectifs ovins en Tunisie en 1995 (Ben Gara, 2000) ; localement nommée ardhaouia – « du terroir » - elle est différenciée par les éleveurs du sud tunisien en fonction de sa toison et peut prendre plusieurs appellations (cf. glossaire). Ses capacités d’adaptation aux périodes de restrictions alimentaires - un mouton peut perdre plus de 40% de son poids initial en deux mois de jeûne et le reprendre sur une période comparable (Le Houérou, 1992b) – font qu’elle est particulièrement appréciée par les éleveurs pastoraux du sud. Par contre, elle présente des performances zootechniques moins élevées que la bergui : les taux de fécondité sont en moyenne de 90% pour une UZ Barbarine contre 132% pour une brebis bergui (Bourbouze, 2001).

Parmi l’espèce caprine, la grande majorité des effectifs est représentée, dans le Sud du pays, par la population locale la rapprochant des races Kurde et Nubio-Syrienne (Charlet et Le Jaouen, 1976) : les spécimens possèdent des cornes et leur toison est généralement noire. Les femelles présentent des taux de fécondité plus élevés que les brebis issues de la population locale y compris en situation de sécheresse, soit 117% par UZ en moyenne, ce qui justifie en partie la mixité des troupeaux de la région (Bourbouze, 2001). Une minorité des effectifs, dans le sud, présentent les caractéristiques de la race alpine – essentiellement la chamoisée – et la damasquine, race Nubio-syrienne améliorée. Ces animaux sont de race pure ou sont issus de croisements.

3.4. Remise en question des schémas de développement à l’aube du