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Chapitre III Analyses monographiques

1.2. Moyens de production 1 Main d’œuvre :

L’élevage occupe 5 personnes de façon permanente : deux bergers à une distance minimum de 50 km du siège d’exploitation ainsi que deux petits enfants, sur le siège, qui assurent les tâches quotidiennes relatives au lot d’animaux faibles et qui sont aidés de temps à autre par l’éleveur 1.

Les travaux sur les cultures occupent occasionnellement les femmes (2) et une petite fille ainsi que des salariés journaliers – 5 ou 6 personnes pour sur quinzaine de jours pour les céréales - ; les travaux mécaniques sont également effectués par un salarié.

Un berger supplémentaire est employé lors de la transhumance sur les parcours du sud du pays et de la Libye. Cela permet à l’un des trois bergers de prospecter les parcours en préalable au déplacement de tout le troupeau. Lors de la tonte des brebis, du personnel salarié est recruté pour une période de deux ou trois jours.

Un troisième fils a une activité extra agricole en milieu urbain ; il ne contribue plus aux activités agricoles depuis son départ.

Tous les employés appartiennent à la même fraction ethnique. Certaines tâches sont réalisées en commun avec les membres rapprochés (« cousins ») de la famille ; il s’agit essentiellement de la tonte des moutons qui regroupe tous les membres de la khlata, association des propriétaires d’animaux mis en pension (entre 10 et 15 personnes), ainsi que de la récolte des olives (celui qui travaille reçoit sa part). Peu de main d’œuvre affectée à la récolte des ressources fourragères quelles que soient les conditions pluviométriques de l’année, l’éleveur compte sur le pâturage. L’organisation des travaux sur les cultures et de la gestion du troupeau (tonte, transhumance) s’appuie sur les liens ethniques et permet de ne pas avoir de contraintes de main d’œuvre. 1.2.2. Foncier :

L’éleveur 1 dispose de 40 ha Henchir El Majel, des jessour en piémont à Ouargigen, et 90 ha appropriés individuellement à Barouan, ainsi que des droits d’accès à des espaces de parcours communs à Barouan, El Ouara et dans le Dhahar, sur une surface « illimitée », de plusieurs centaines d’hectares.

En année sèche et pluvieuse, les terres de plaine appropriées individuellement et indivises sont utilisées pour le pâturage des animaux (avec des temps de permanence variable).

En année pluvieuse, les cultures et la collecte de khortan - sur les parcelles autour du siège avant labour - s’effectuent sur les parcelles de piémont et une partie des terres de plaine sur le siège d’exploitation.

L’élevage occupe de façon permanente la majeure partie des possessions foncières éloignées du siège d’exploitation, aussi bien indivises que privées. Les parcelles plantées en oliviers assoient la propriété à proximité du siège.

1.2.3. Cheptel :

Ovins : l’effectif est globalement stable sur l’ensemble du suivi (255 têtes en décembre 2001, 275 en juillet 2003 approximativement) malgré une mise en réforme importante pendant les mois d’hiver – janvier, février – des années sèches (-1/3 des effectifs en 2001). Cette mise en réforme a été compensée par un taux de renouvellement faible au printemps 2002 (40 têtes) et plus important au printemps 2003 (75 têtes).

Les brebis sont issues de la population locale ardhaouia ; l’amélioration génétique a lieu en priorité à travers le choix de reproducteurs pour augmenter la productivité des femelles, en procédant par échanges ou achats de béliers auprès d’autres éleveurs transhumants.

Caprins : L’effectif suit des variations identiques à l’espèce ovine ; le troupeau de 70 têtes (adultes et chevrettes) subit un taux de réforme de 50% des adultes en été 2002 avec un renouvellement de 40% en été 2002 et de 20% (10 têtes) en été 2003. La consommation de 20 chèvres au mois d’août 2003 crée une diminution de l’effectif qui passe à 40 femelles en fin de suivi.

La race élevée est locale, il n’y a pas de projet d’amélioration génétique sur cette espèce (moins d’enjeux en terme de vente).

Projet : l’objectif à court terme est de rehausser les effectifs ovins et caprins (50 chèvres adultes et 300 à 350 brebis) pour parer à d’éventuelles nouvelles périodes de sécheresse.

Le fils de l’éleveur 1, aujourd’hui berger mais qui devrait prendre la succession de son père en terme de décision de la production, souhaiterait métisser une petite partie du troupeau (10 %) à l’aide d’un bélier bergui pour augmenter le format des agneaux d’une part et favoriser une deuxième période de mises bas d’autre part. Ce lot serait principalement conduit sur le siège d’exploitation, mais cela impliquerait une réorganisation du travail et de la conduite du troupeau, ce qui est actuellement peu probable.

Les caprins sont exploités pour des fonctions d’autoconsommation et de trésorerie ; ils accusent des fluctuations plus importantes.

1.2.4. Agriculture :

Les 200 pieds d’oliviers qui ont été irrigués pendant la sécheresse procurent l’huile d’autoconsommation avec une possibilité de vente du surplus les bonnes années.

Les céréales semées en année pluvieuse sont entièrement consommées ; en 2003 50 kg semés et 5 tonnes moissonnées approximativement, qui devraient assurer l’autoconsommation pendant 5 à 6 ans. Les céréales sont distribuées aux animaux – lot à proximité – lorsqu’elles ne sont plus consommables par les humains.

1.2.5. Equipement :

Un âne pour le transport d’eau de consommation et autres charges, une citerne de 200 litres.

1.3. Trésorerie

D’une manière globale, les activités liées à l’élevage – production et prise en pension d’animaux – procurent la totalité des revenus (6207 dinars en 2002 – 4035 €– et 31435 dinars en 2003 – plus de 20000 €).

La famille compte 13 personnes à charge, soit 15 dinars de dépense/personne/mois pour l’alimentation. Le niveau de vie quotidien de la famille est peu élevé ; les dépenses (habillement…) ont essentiellement lieu lors d’évènements sociaux et religieux (mariages, pèlerinage…). La dépense exceptionnelle du mois d’août 2003 correspond au mariage du fils aîné ; ne sont pas comptabilisées les dépenses liées à l’achat de l’ameublement d’une dépendance de la concession : une vingtaine de tapis, meubles, ventilateur, téléviseur…. Ni la quantité d’or (de 4 à 5 dinars le gramme en 2003) sous forme de bijoux offerts à la mariée.

En 2002, 10% des dépenses familiales concernent le transport mensuel de l’éleveur 1 sur le parcours et un pourcentage équivalent correspond à l’achat d’un téléphone portable. En 2003, les déplacements ne représentent plus que 5% des dépenses familiales, par contre, le mariage du fils aîné équivaut à plus de 50% des dépenses annuelles de la famille.

Figure 6 : calendrier Recettes-Dépenses Eleveur 1 255 275 70 40 ∆° cheptel caprin Agriculture Dépenses famille ∆° cheptel ovin Élevage Août 03 Juil. 03 Juin 03 Mai 03 Av. 03 Mar. 03 Fév. 03 Jan. 03 Déc. 02 Nov. 02 Sept 02 Août 02 Juil. 02 Juin 02 Mai 02 Av. 02 Mar. 02 Fév. 02 Jan. 02 Déc. 01 Oct. 02 0 200 400 -400 -200 0 -400 -200 0 200 400 -400 -200 0 200 400 Revenus prise en pension

3500 10000 -2230 -1600 3000 4000 1200 1650 5400 1400 2000 1800 1450 7900 10500 -1800 -1800 -1500 -1790 -1960 -2000 -2000 -1964 -775 -775 -2 -2 -20 + 60 + 75 - 20 + 20 + 10 - 40 - 45 -20 -3 - 10 - 15 Légende : Effectif de femelles dans le troupeau X Décès, don, consommation Renouvellement Achat Cheptel : Vente

Postes trésorerie (en DT) :

Dépenses exceptionnelles Dépenses courantes, vente de produits Phases Vente d’adultes ∆ Variations Pluies

On remarque en premier lieu qu’en année sèche, les dépenses engagées pour l’alimentation du bétail sont équivalentes à la productivité des animaux. En effet, la productivité s’élève à 68,0 dinars/UZ ovine/an et 63,5 dinars/UZ caprine/an avec un coût d’alimentation de 86,7 dinars/UZ/an pour les ovins et 52,5 dinars/UZ/an pour les caprins (transport d’aliments compris et sans compter le transport d’eau). Par contre en année pluvieuse, la productivité des animaux est plus élevée du fait d’un meilleur taux de fertilité : 116,9 dinars/UZ ovine/an (en émettant l’hypothèse qu’une quinzaine d’agneaux seront vendus à l’cayd 2004 pour un prix de 120 dinars/tête) et 100 dinars/UZ caprine/an, pour une

dépense d’alimentation nulle. La décapitalisation en année sèche se justifie pour maintenir le système de production et le niveau de vie de la famille, alors qu’en année pluvieuse, seule la vente des agneaux et chevreaux maigres au printemps (agneaux à 125 dinars - 81,25 €/tête - et chevreaux à 50 dinars - 32,5 €/tête) dégage des revenus importants permettant d’employer de la main d’œuvre pour les travaux sur les cultures (octobre 2002 et mai 2003), le financement d’un événement social – mariage en août 2003 –et l’assurance de pouvoir passer les prochaines campagnes sèches sans encombre.

La prise en pension des animaux a également un effet régulateur ; en année sèche, le tarif appliqué par le berger est de 3 dinars/tête/mois alors qu’en année pluvieuse il s’élève à 20 dinars/tête/an. L’augmentation de la tarification en année sèche permet d’ajuster le temps de transhumance par rapport à la disponibilité en ressources pastorales tout en augmentant la rémunération. En année pluvieuse, l’augmentation des rentrées d’argent est directement liée à la présence de ressources sur les parcours.

Variations d’effectifs : « Les brebis, c’est le capital. Les chèvres c’est pour égorger et la trésorerie de la famille ». Alors que le cheptel ovin est globalement stable (accru de 20 jeunes pas définitif en fin de suivi), c’est le cheptel caprin qui est « sacrifié » pour les festivités du mois d’août 2003.

Les caprins représentent un enjeu monétaire moindre (leur consommation se cantonne à la boucherie et les mariages dans le sud du pays uniquement). De plus, leur rusticité permet de faire fluctuer les effectifs plus rapidement, bien que les chevreaux supportent mal les hivers de la steppe (mortalité élevée).

La main d’œuvre masculine étant affectée à la conduite du troupeau, des salariés sont employés pour les opérations liées à la céréaliculture en année pluvieuse (labour, moisson) ; les dépenses sont largement compensées par les revenus d’élevage et de prise en pension d’animaux.

1.4. Conduite du troupeau