• Aucun résultat trouvé

enseignants pour cerner le problème

2.2 Que ressort-il de cette première investigation ? investigation ?

2.2.2 Un point de vue flottant sur la compréhension des élèves

2.2.2.4 La place de l’étayage

Afin de répondre aux obstacles ou aux difficultés observées, les enseignants mettent en place des étayages, mais les objectifs de ceux-ci ne correspondent pas forcément à l’apprentissage visé.

L’étayage peut être établi de façon transversale et décrochée, sans lien direct avec un texte étudié. Ainsi, pour permettre aux élèves d’accroître leur culture générale et littéraire, des enseignants mettent en place une fréquentation régulière des bibliothèques ainsi qu’un travail tout aussi régulier d’apprentissage du vocabulaire.

L’opportunité de ritualiser les séances voire les exercices pour rendre disponibles les élèves sur l’apprentissage est également envisagée pour une enseignante : « il y a tout un travail de ritualisation pour libérer un peu justement la capacité à comprendre433 ». C’est aussi ce que met également en place une autre enseignante : « je travaille toujours des exercices identiques

429 Annexes B3 430 Annexes B1 431 Annexes B3 432 Annexes B14 433 Annexes B12

164

en fait. C’est très ritualisé, très systématique, avec une même présentation pour que vraiment

ils accèdent tout de suite à la compréhension des consignes et puis aux procédures à mettre en

œuvre. Moi, je n’ai plus à intervenir sur la phase enseignant de CLIS et du coup après je peux travailler avec une autre difficulté de compréhension mais qui est liée à des problèmes de vocabulaire, des problèmes de syntaxe… », mais elle est également très critique quant à sa

façon de faire : « quand on ritualise, on rend la noyade plus accessible [Rires] , ils ont l'impression, ça y est, de sortir la tête de l'eau parce que la maîtresse a dit qu'il y a ça, après il y a ça... et puis nous aussi, face à eux, on dit : « Ah, ça y est, ils s'en sortent ! » mais au final dès qu'on les sort de ça et bien « plouf », ils replongent !434»

L’étayage peut être également conçu et donné en amont de la tâche avant que le problème ne soit posé, il est anticipé par expérience. Ainsi certains enseignants expliquent les mots de vocabulaire avant qu’ils n’aient représenté un obstacle : « donc ce qu’on observe… beaucoup

de problèmes de vocabulaire déjà… du vocabulaire simple, qui n’est pas acquis, donc avant en lecture en fait… Quand on travaille des documents, des textes littéraires, on travaille le vocabulaire avant donc d’entrer dans la lecture…435 ». Le recours aux images est également une réponse proposée aux manques de vocabulaire et de culture. « Google images est notre ami 436» dit une enseignante, rejointe sur cette idée par ceux qui pensent437qu’il faut passer par des représentations visuelles concrètes pour que les élèves comprennent. Les images cependant peuvent également être un frein à la compréhension pour des élèves qui « restent fixés dessus438».

D’autres enseignants surlignent en couleur les paragraphes au sein desquels se trouvera la réponse à la question posée pour répondre aux difficultés de repérage dans le texte : « pour

ceux qui ont des difficultés, je leur mets en fluo les mots… 439» dit l’une. C’est ce qu’explique également une autre : « certains sont pas ordonnés… alors il faut que je leur mette, que je leur dise : « tiens ça c’est sur la deuxième ligne » je suis obligée de les aider pour voir la réponse. 440» 434 Annexes B14 435 Annexes B3 436 Annexes B3 437 Annexes B10 et B11 438 Annexes B9 439 Annexes B7 440 Annexes B1

165 Cet étayage est également envisagé pour permettre aux élèves de réussir et ainsi ne pas poser de difficultés au sein de la classe ce qui éloigne d’un étayage permettant l’apprentissage de la compréhension et éloigne davantage encore de l’apprentissage lui-même. Ainsi, comme « ils ont pas de méthode, ils cherchent partout. Moi, je leur mets au fluo, je leur dis : « ben voilà, ça sera dans ça, dans ces dix lignes-là, tu trouveras la réponse… » Je les aide un peu comme

ça… il sont quandmême… là, pour l’instant, ils n’en sont quand même pas à se questionner pendant trente minutes sur le texte… C’est que si je trouve pas dans les dix minutes qui

viennent, j’envoie tout balader, du moins je ne fais plus. (…). Je peux plus faire parce que je

suis trop en échec et du coup ça me renvoie trop de choses quoi, donc faut pas non plus tenter

le diable en les…441 »

Lorsque l’étayage est mis en œuvre au cours de la séance, il s’effectue « au coup par coup » et réside essentiellement dans la présence et la relation avec l’adulte, en fonction des élèves et des difficultés rencontrées : « je lis la question, ils essaient de trouver la réponse et après je lis la suivante, soit comme ça, soit ils font quand même en autonomie et je passe à côté de chacun,

je lis la question, le temps qu’il trouve la réponse je vais voir un autre… c’est plus souvent que

je me promène dans la classe et je vais vers eux, il y en a une qui est plus autonome que les autres donc elle je vais juste aller guetter un petit coup voir si elle a besoin ou pas.442 ». Il s’agit aussi parfois de lire à la place de l’enfant ou de l’aider à se recentrer443. Un autre argumente sur les raisons d’un tel étayage est le suivant : « ils ont pas les mêmes difficultés, ils

ont pas les mêmes aides. Après, non, je vais m’apercevoirde la difficulté d’un gamin, je vais me mettre vers lui, je vais le soutenir, l’aider à retrouver les informations, mais j’ai pas de support. C’est plutôt une réaction, une réactivité dans la séance… et puis pour l’instant j’ai pas vu de trucs récurrents chez un enfant où je me dis à chaque fois, lui, il faut que je lui… 444» L’étayage n’est ainsi pas pensé a priori : l’enseignant réagit sur l’instant et tente de répondre aux difficultés des élèves.

Toutefois, il est parfois théorisé et s’oppose à cette présence constante de l’enseignant. Il s’agit de laisser faire les élèves, de se taire. Un enseignant explique : « c’est d’en faire le moins possible, moi, je suis assez… je ne fais pas de cours magistraux, je ne suis pas du tout dans ce registre de compréhension (…). Donc les élèves travaillent à une tâche et c’est par rapport à

441 Annexes B11

442 Annexes B1

443 Annexes B15

166

une situation sur laquelle il bloque, sur laquelle il est en difficulté que je vais intervenir, mais

j’interviens que lorsqu’il est dans une situation de recherche. (…) là je vais pouvoir apporter

un soutien ou une aide, mais voilà, mon outil principal, c’est ça, c’est d’en dire le moins

possible445». Une enseignante signifie de même : « je crois qu’il faut surtout les écouter… et ne pas avoir peur du silence. Souvent l’enseignant parle trop. On parle, on parle, mais on ne

les écoute pas assez. Il faut les laisser faire, les laisser se débrouiller. Ne pas venir leur donner les réponses. Ils peuvent trouver, à leur manière, et souvent on vient trop vite.446». Une autre enseignante, s’inscrivant dans la même idée, regrette : « je pense que je les devance trop, en fait, je leur laisse peu de temps pour juste dire, retranscrire ce qu’ils ont pu comprendre. Je pense que je les guide vite par mes questions… 447».

Aider en découpant la tâche, en intervenant régulièrement pour permettre la réussite ou aider en laissant faire, en confrontant l’élève à la tâche complexe, tels sont les deux axes d’étayage choisis. Bienveillants, tous les enseignants mettent en œuvre un étayage, répondant à l’une ou l’autre de ces deux points de vue, mais cet étayage n’est pas toujours pensé en rapport avec l’apprentissage visé.

Outline

Documents relatifs