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enseignants pour cerner le problème

2.2 Que ressort-il de cette première investigation ? investigation ?

2.2.1 Des pratiques uniformisées mais guère identifiées

2.2.1.3. Comment cet enseignement est-il planifié ? planifié ?

Les enseignants reconnaissent ne pas avoir établi de progression concernant la compréhension. Le travail dans ce domaine correspond aux textes étudiés et constitue une réponse aux obstacles rencontrés par les élèves ou soulevés par les textes. Les supports choisis sont variés et leur diversité correspond au hasard ou au choix de l’enseignant. Au hasard parce que leur étude peut dépendre de leur disponibilité en bibliothèque ou des choix des élèves. C’est aussi fonction du choix des enseignants, en lien avec leurs envies, les thèmes choisis, les projets de la classe, une programmation établie en fonction des types de textes ou pour répondre aux intérêts des élèves.

L’explication de ces choix de textes s’effectue ainsi pour une enseignante : « c’est moi qui

pioche les textes (…) de toute façon pour la plupart je prends des livres au CDDP donc c’est un peu en fonction de ce qui est disponible et de ce qu’ils m’ont attribué généreusement323… »,

pour un autre « ils ont un livre qui leur est propre, qu’ils ont choisi un livre à la médiathèque

320 Annexe B3

321 Annexes B3

322 Annexes B14

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et on fait un temps de lecture chaque jour, libre324», pour une troisième « en début d’après

-midi on fait toujours un moment de lecture orale, donc c’est eux qui choisissent un album ou

qui ramènent un livre qu’ils ont envie qu’on partage, c’est moi qui lis et après on parle de la

compréhension.325 ». Une quatrième interviewée fait remarquer : « la progression, c’est en fonction des albums en fait, enfin moi j’ai une liste d’albums que je…[silence] que je prépare en début d’année après que je ne suis pas forcément ou qu’est, qu’est pas… en général, souvent je choisis un thème, j’essaie de rester dans un thème, plusieurs thèmes dans l’année, et de choisir des albums en fonction des thèmes. Donc voilà, c’est comme ça que je fonctionne et

puis on essaie aussi de faire des liens, par exemple, l’année dernière il y avait aussi un projet musique alors c’est vrai qu’il y a eu un moment un projet musique aussi bien au niveau des albums qu’au niveau du vocabulaire. (…) Alors, euh… cette année par exemple, j’ai choisi le thème, j’ai choisi le loup comme personnage.326 » Deux enseignants travaillent la compréhension à partir des albums et des exercices proposés par la méthode de lecture Ribambelle, mais ils n’ont pas forcément conscience des critères de progression de cette méthode en compréhension puisque lorsque la question est posée la réponse est « je ne me suis pas posé la question327». Cependant certains enseignants énumèrent des critères précis quant au choix des textes. Il s’agit pour une enseignante de proposer aux élèves des textes suffisamment résistants qui s’inscrivent dans une certaine progression les uns par rapport aux autres : « je vais lire plusieurs petits textes ou alors justement je vais apporter le texte pour passer à un niveau un peu supérieur, je vais faire exprès de trouver de la difficulté (…)

Maintenant on va aller un peu au-dessus ou pour amener justement plus les… de trouver les

implicites, des choses comme ça, voilà, pour être plus là-dedans, cela va dépendre d’où ils en

sont.328». Cependant le choix des textes ne répond pas à une progression, les critères de choix sont variés et propres à chaque enseignant. Alors que parfois le critère peut être simplement de permettre à l’enseignant une économie de préparation, ainsi pour le choix « cela dépend si t’as

des questions prêtes ou pas329» pour d’autres, ils peuvent être contradictoires entre enseignants. L’un explique en effet : « je cherche des livres avec un vocabulaire plutôt simple, je ne cherche pas forcément à confronter les élèves à des difficultés de vocabulaire

324 Annexes B6 325 Annexes B9 326 Annexes B13 327 Annexes B5 328 Annexes B15 329 Annexes B15

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importantes. Le problème de la littérature c’est qu’il y a tout de suite des livres très littéraires et en CLIS c’est vraiment difficile, ça j’enlève, je n’en suis pas là avec mes élèves. Je prends

des livres assez basiques en termes de vocabulaire, de structure de phrase, des livres pas trop

compliqués en lecture, d’un niveau CE1 grand maximum. Et je fais attention aussi à… qu’il n’y ait pas forcément d’illustrations. J’essaie de varier les plaisirs alors ça peut être des BD, des romans, des livres-documentaires sur les animaux par exemple. Et la taille des lettres, c’est

important aussi330» alors qu’un autre enseignant mentionne : « moi je suis toujours à la recherche de textes littéraires adaptés à leurs intérêts, à leur compréhension… Tu vois quand j’entends « on va acheter des séries de lecture cycle 3, cycle2 », quand je lis le cycle 2, le sujet

me paraît pas spécialement adapté à mes élèves qui ont dix ans parce que c’est un peu bébête… on n’est quand même pas sur du CP, CE1… après quand je vois les séries cycle 3 avec cent

pages… je me dis que sur la longueur ils ne tiendront pas alors que là, le sujet pourrait être intéressant… Tu vois, c’est toujours ça, au niveau de la recherche de textes adaptés à leurs

sujets de prédilection et à leur compréhension331… ». Certains enseignants en revanche,

proposent effectivement des livres de cycle 3 à leurs élèves332 tels Joker333ou encore Les Fables

d’Ésope alors que d’autres334 peuvent proposer des textes de niveau cycle 1 tels que Où vas-tu petite souris ?335pour un groupe d’enfants.

Pour la compréhension, les enseignants ne conçoivent pas de progression et ne peuvent par conséquent l’énoncer. Cependant, pour une enseignante, la variété des supports et des entrées est préférée à une progression linéaire : « j’essaie de rentrer dedans avec différents supports,

différentes portes336… » et pour une autre, même si elle ne peut présenter une progression en compréhension, on peut la percevoir une en filigrane dans ses propos. Elle établit effectivement une gradation dans les questions qu’elle pose aux élèves au sujet des textes : aux plus faibles ou aux débutants elle réserve les questions globales, à ceux déjà un peu avancés les questions littérales et aux plus performants les questions inférentielles. Elle explique ainsi : « après moi,

par rapport à un travail, un travail de compréhension, c’est vrai que je suis plus exigeante et j’ai une autre programmation dans le groupe 3 que dans le groupe 1. On est plus… avec le

330 Annexes B6

331 Annexes B11

332 Annexes B9 et Annexe B8.

333 MORGENSTERN, S. (1999). Joker. L’École des loisirs. Paris.

334Annexes B10.

335 KRAUS, R. (1996). Où vas-tu petite souris ? L’École des loisirs. Paris.

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groupe 1 je suis plus dans la compréhension générale de textes… et pour le groupe 3, ceux qui sont déjà décodeurs, qui n’ont aucun problème de décodage mais qui ont des problèmes de

compréhension, on fait des inférences337 » alors qu’elle ajoute un peu plus tard au sujet d’une éventuelle progression « c’est par période, je fais un choix de textes littéraires ».

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