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Prégnance du critère de croissance économique 1.1.1.

PIB ($ US Milliards

courants) PIB par habitant ($ US courants) Croissance du PIB (% annuel) Croissance du PIB par habitant (% annuel) Population, Millions total Croissance de la population (% annuel) Superficie (km²) Afrique du Sud 366 6 890 2,2 0,6 53 1,5 1 219 090 Argentine 614 14 443 2,9 1,8 43 1,0 2 780 400 Brésil 2 392 11 711 2,7 1,8 204 0,9 8 515 770 Chine 9 491 6 992 7,7 7,2 1357 0,5 9 562 911 Chili 277 15 742 4,2 3,1 18 1,1 756 096 Égypte 272 3 104 2,1 -0,2 88 2,3 1 001 450 Hongrie 134 13 585 1,9 2,2 10 -0,3 93 030 Inde 1 862 1 455 6,9 5,6 1279 1,3 3 287 260 Indonésie 910 3 624 5,6 4,2 251 1,3 1 910 930 Malaisie 323 10 974 4,7 3,1 29 1,5 330 800 Mexique 1 259 10 173 1,4 0,0 124 1,4 1 964 380 Thaïlande 420 6 229 2,8 2,4 67 0,4 513 120 Turquie 823 10 975 4,2 2,9 75 1,2 783 560 Russie 2 079 14 487 1,3 1,1 144 0,2 17 098 250

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en 2001 par la banque d’investissement Goldman Sachs7 ne fait que confirmer la centralité des composantes financières de cette catégorie. L’acronyme reposait sur la thèse selon laquelle les réformes fondées sur l’ouverture des marchés, la stabilité macro- économique, la « bonne gouvernance » et l’éducation seraient des facteurs déterminants du processus d’émergence. D’après cette logique, les économies émergentes auraient « fait preuve de réussite » dans l’ordre mondial libéral moderne, celles-ci étant le produit du tournant libéral né de l’ajustement structurel8 et témoignant de la conjonction d’une croissance rapide, d’une insertion accrue dans les marchés globalisés et d’un « savoir-faire institutionnel » consolidé.

Croissance du commerce et des investissements

Deux autres facteurs sont utilisés afin de caractériser les économies émergentes, à savoir leur participation dans les échanges commerciaux mondiaux et dans les investissements directs étrangers (IDE). Le graphique ci-dessus (Figure 1.1) démontre la variation annuelle du volume des exportations de biens et de services des BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine), qui est fréquemment plus élevée que celle de la moyenne mondiale. En ce qui concerne les investissements, ceux-ci sont encore restreints à certains secteurs et pays, mais les investissements « entrants » et « sortants » de ces économies vers les pays du Sud comme du Nord représentent un phénomène nouveau et majeur (Richet, 2014). La Figure 1.2 démontre les flux croissant d’investissements entrants dans les pays BASIC depuis 2000.

7 Le terme est d’abord apparu dans le rapport « Building better global economic BRICs », signé par l’économiste de

Goldman Sachs, Jim O’Neill.

8 Ces ajustements structurels représentaient le cœur des orientations libérales du consensus de Washington,

incluant ouverture commerciale, privatisations, déréglementations des marchés, libéralisation du système bancaire, et flexibilité du marché du travail.

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Les Figures 1.3 et 1.4 montrent respectivement les flux et les stocks des investissements « sortants » des pays BASIC en comparaison avec ceux du Royaume- Uni, pays européen qui affiche les flux et les stocks les plus élevés entre 2000 et 2014.

Figure 1.2 : Flux IDE entrants (en milliards US courants)

Source: Adapté par l’auteur de l’UNCTADStat (2016)

0 50 100 150 200 250 300 350 Afrique du Sud Brésil Chine Inde États-Unis Royaume- Uni

Figure 1.1 : Volume des exportations de biens et de services (variations annuelles en pourcentage), 2000-2015

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Reposant sur des définitions floues, la composition de la liste des « bons élèves » en matière économique représente un autre « casse-tête ». Sur la base des critères précédemment énoncés, et en tenant compte des classifications proposées par plusieurs

Figure 1.4: Stocks d’IDE sortants annuels, 2000-2014 (en milliards USD courants)

Source : Adapté par l’auteur de l’UNCTADStat (2016)

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 Afrique du Sud Brésil Chine Inde Royaume-Uni

Figure 1.3: Flux d’IDE sortants annuels, 2000-2014 (en milliards USD courants)

Source : Adapté par l’auteur de l’UNCTADStat (2016)

-100 -50 0 50 100 150 200 250 300 350 Afrique du Sud Brésil Chine Inde Royaume-Uni

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agences financières (Boston Consulting Group, Fonds monétaire international, BNP Paribas, Standard & Poor’s), Gabas et Losch (2008) ont identifié une liste à peu près stable des économies considérés émergentes : Argentine, Brésil, Chili, Chine, Egypte, Hongrie, Inde, Indonésie, Malaisie, Mexique et Thaïlande. Nous pourrions également ajouter d’autres pays tels que la Turquie. Comme le rappellent Alden et al. (2013, p. 7), certains analystes considèrent le terme « émergent » inadéquat, puisque la croissance de la Chine ou de l’Inde ne reflète que le retour aux conditions historiques qui ont prévalues durant presque un millénaire jusqu’au XVIIIe siècle. Le même type d’argument peut être utilisé pour la Russie qui, en dépit de ses résultats économiques, représente une puissance impériale – mais non coloniale – qui a été exclue du jeu international au lendemain de la Guerre froide et qui a redessiné sa position internationale dans les années 2000.

Un processus de convergence économique ?

L’effet de la croissance dans l’économie ne se réduit pas au déplacement de la sphère d’investissements étrangers ; il ouvre également un débat sur la mise en route d’un processus de « convergence économique globale ». D’après cette logique, l’écart entre les niveaux du PIB de nombreux pays du Sud et du Nord diminue considérablement depuis les années 2000. L’un des principaux représentants de cette perspective est l’économiste Dani Rodrik, opposant des thèses du libre-échange. Dans cette optique, la croissance dans le monde en développement dépendrait non de la croissance dans les économies dites « avancées », mais de la différence des niveaux de productivité des deux groupes de pays (convergence gap). La convergence ne serait pourtant pas automatique et demanderait des changements structurels menés par des politiques publiques (Rodrik 2011).

Certains auteurs défendent quant à eux l’impossibilité de la convergence économique, en comparant les PIB en parité des pouvoirs d’achat (PPA) rapporté au PIB des États-Unis (en USD courants) (Losch 2015). Comme illustré dans la Figure 1.5, ces études montrent que la convergence ne semble pas possible pour les économies émergentes autres que la Chine. Ce débat a attiré notamment l’attention au niveau mondial, mais ce sont principalement les pays asiatiques qui ont bénéficié de ce processus. Il semble néanmoins utile de souligner qu’en 1980 l’Union Européenne et les États-Unis comptaient pour 35 % et 26 % du PIB mondial respectivement alors qu’en 2014 cette part représentait 24 % et 22 % respectivement. L’ensemble des pays de

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l’Organisation de coopération et développement économique (OCDE) est passé de 78 % du PIB mondial en 1980 à 6 3 % en 2014 (Banque mondiale 2015). Il y a donc un déclin de la prédominance de l’OCDE sur le plan économique. L’intérêt des acteurs étatsuniens et européens envers les économies émergentes va ainsi de pair avec les discours politiques « désuets », selon Demailly et al. (2013)9, de retour de la croissance.

Les crises mondiales et l’opportunité pour l’action des économies émergentes

Par ailleurs, la crise économique et financière amorcée en 2007 aux États-Unis sur le marché des prêts hypothécaires (subprimes) et qui s’est étendue en 2008 à l’ensemble des marchés financiers a eu des répercussions sensibles sur l’économie mondiale, des économies « avancées » notamment (Europe, États-Unis, Japon, etc.). Elle a débouché pendant une courte période sur une récession quasi généralisée dans le monde. En parallèle, une « crise alimentaire » a éclaté dans un nombre de pays du Sud, notamment du continent africain, entraîné par la hausse du prix des denrées alimentaires sur le marché international. Certes, comme le rappelle François (2013, p. 93), l’idée d’une crise alimentaire mondiale est trop simpliste pour décrire les aléas climatiques et l’impact sur les sociétés pastorales au Sahel, toutefois cet épisode a contribué à remettre la lutte contre la faim et les politiques agricoles au cœur des préoccupations internationales comme nous le montrerons dans le Chapitre 4. Ces évènements ont contribué à créer une structure d’opportunité pour l’action des pays émergents, qui ont gardé, juste après la crise, des taux de croissance plus élevés qu’en Europe ou aux États- Unis. Ces derniers ont en outre été accusés d’être à l’origine de cet impact économique. Enfin, la crise alimentaire a relancé le débat dans les forums politiques internationaux sur les recettes de développement rural préconisés par les institutions internationales et du Nord.

9 Pour ces auteurs, en matière de prospérité ce n’est pas tant le taux de croissance de l’économie qui importe que

les choix individuels et collectifs qui influent sur les trajectoires de développement : adopter ou non un modèle de développement reposant sur des services « relationnels », et atteindre ou non les objectifs climatiques.

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En conclusion, malgré la fragilité de l’indicateur de croissance du PIB, celui-ci s’est configuré comme facteur de caractérisation des économies émergentes et comme la première source d’intérêts des institutions financières envers ces pays. La participation aux flux commerciaux et financiers internationaux ou la tendance à une convergence économique sont d’autres facteurs qui ont suivi celui de la croissance dans l’étude des émergents. Cette caractérisation reste pourtant très fragile si l’on ne prend pas en compte des aspects politiques ou même les indicateurs internes, tels que ceux des inégalités sociales. Par ailleurs, le rôle central de l’État dans la gestion macro-économique d’une grande partie de ces pays n’a pas été considéré par les agences financières dans leurs classifications. Il s’agit pourtant d’une particularité de la trajectoire politique de la plupart d’entre eux, ce que confronte dans une certaine mesure les orientations dominantes des institutions financières internationales. Cet aspect sera discuté ci- dessous.

Figure 1.5 : PIB des pays BASIC rapporté au PIB des États-Unis en PPA, % (USD courants)

Source : Adapté par l’auteur de World Bank Data (2016)

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 Brésil Chine Inde Afrique du Sud Afrique Sub- saharienne Etats-Unis

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Politiques volontaristes et spécialisation économique

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