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1.4. L’expression de la passion : sortie du cercle

1.4.2. Vers la parole passionnelle

Faire apparaître pleinement la complémentarité du second Discours et de l’Essai sur l’origine des langues et neutraliser leurs dissonances188 réclame le déliement des différents plans de l’argumentation proposée par Rousseau. Le second Discours apparaît comme le lieu du rôle à la fois fondateur et tout à fait limité de l’expression du besoin. C’est bel et bien par le besoin que les hordes sont créées, et plus particulièrement lorsque sa satisfaction entre en conflit avec l’autonomie de la machine ingénieuse qui s’exprime alors par son caractère le plus physique, à savoir le corps-machine. Cette expression uniquement physique se double, dans sa compréhension, d’une pitié se transformant, moralisante et liant toujours déjà les deux versants physique et moral de l’humain. L’expression physique de la machine ingénieuse, qu’elle soit vocale ou gestuelle est issue des besoins et est caractisée par son automatisme, son universalité, sa simultanéité et son inarticulation. En d’autres termes, les signes naturels ne sont ni le lieu de la convention linguistique, ni celui du pacte social. En outre, la reprise, dans le second Discours, de la théorie gradualiste condillacienne passant de l’inarticulation des cris et des gestes à l’articulation d’un langage d’action à prépondérance gestuelle, ne requerrant

185Rousseau (1964 [1755]) : 148

186Le geste ne permet pas de décrire des objets absents, complexes et porte moins que la voix qui d’ailleurs éveille l’attention tandis que le geste l’exige. Cf. Rousseau (1964 [1755]) : 148

187cf. supra note 127

188Starobinski (1971) : 356

pas réellement de convention, puis vocale, de par les avantages pratiques de la voix, débouche sur le versant logique du double cercle aporétique des origines. Ainsi, le besoin ne permet pas logiquement la convention linguistique189.

L’Essai sur l’origine des langues doit alors être considéré comme étant le lieu du déploiement de la passion. En effet, la première aporie doit être considérée comme résolue dès le début de l’Essai sur l’origine des langues. L’histoire des différentes expressions du langage humain commence dans le cadre d’une proto-société, les hordes, déjà constituée et en cours de stabilisation à travers les relations familiales. L’on pourrait également affirmer que la théorie développée par Rousseau dans cet ouvrage ne concerne plus la communication mais réellement le langage humain toujours réalisé dans des langues particulières. Post-communicationnel, l’homme de l’Essai sur l’origine des langues est également post-physique. Il ne s’agit plus de traiter de la machine ingénieuse autonome et limitée à des besoins physiques n’ayant trait qu’à la survie mais d’un homme dépendant de plus en plus d’autrui et dont les besoins se transforment en passions :

Ainsi l’on s’aperçoit que pour Rousseau l’évolution du langage n’est pas séparable de l’histoire du désir et de la sexualité, elle se confond avec les étapes de la socialisation ; elle entretient des rapports étroits avec les divers modes de subsistance et de production. (Starobinski (1971) : 363-364

Le rapport entre le langage et la passion convoque la sexualité qui, dans son rapport à la socialisation, illustre les liens avec les besoins, empêchant toute dialectique de rupture et de causalité univoque. Ces rapports sont traités indépendamment du langage dans le second Discours :

Quoiqu’en disent les Moralistes, l’entendement humain doit beaucoup aux Passions, qui, d’un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi : C’est par leur activité, que notre raison se perfectionne ; Nous ne cherchons à connoître que parce que nous desirons de jouïr, et il n’est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n’auroit ni désirs ni craintes se donneroit la peine de raisonner. Les Passions, à leur tour, tirent leur origine de nos besoins, et leur progrès de nos connoissances ; car on ne peut desirer ou craindre les choses, que sur les idées qu’on en peut avoir, ou pour la simple impulsion de la Nature ; et l’homme Sauvage, privé de toute sorte de lumiéres, n’éprouve que les Passions de cette derniére espéce ; Ses desirs ne passent pas ses besoins Physiques (Rousseau (1964 [1755]) : 143)

C’est le caractère double de toutes les créatures considérées comme machine ingénieuse qui permet de comprendre le jeu complexe entre entendement, besoins et passions. Certes réduites à des besoins physiques aisément satisfaisables, les machines ingénieuses ont pour mobile le souci de conservation, lieu de l’émergence d’une passion réduite à son minimum, c’est-à-dire

189 C’est pourquoi il nous semble qu’une succession de « l’empire du besoin » à « celui du désir » (Starobinski (1971) : 367), s’il est bel et bien prégnant dans le passage des hordes aux familles, ne doit pas conduire à supposer une succession réelle des gestes à la voix dans le cadre de l’immédiateté et de la simultanéité de la simple communication, des signes naturels.

tout à fait superposée aux besoins. Or le caractère particulier de la machine ingénieuse humaine, toujours déjà relationnelle, conduit à déployer la passion à partir des besoins au-delà de ces derniers au gré des circonstances. Une fois les hommes assemblés en hordes par les cris de la nature et isolés par différentes circonstances naturelles, la famille se stabilise et la tendance à la comparaison nécessaire à l’homme dès ses premières actions se développe à partir du désir d’autrui. Ainsi, après avoir involontairement mené les autres à soi à travers les cris d’appel à l’aide, tout individu humain se projette au-dehors, tout autant intellectuellement que passionnément, au moyen de la parole par désir d’autrui. L’émergence du langage humain de même que sa réalisation dans la parole marquent le passage de l’enfance à l’adolescence de l’espèce humaine qui, à l’instar d’Emile dans le quatrième livre, naît une seconde fois pour le sexe, pour le rapport à autrui et donc pour la société et l’histoire commune.

L’Essai sur l’origine des langues est, au contraire de la théorie des signes naturels de la première partie du second Discours, le lieu de la convention et d’une certaine forme de pacte social. En effet, nous avons souligné que l’homme décrit dans cet ouvrage est post-communicationnel et post-physique. L’enjeu n’est plus d’établir des signes naturels. Pour reprendre la terminologie condillacienne, il ne s’agit pas de décrire un langage d’action établi en l’homme par la nature mais de rendre compte d’un second langage d’action, volontaire et fondé à partir des signes naturels, marquant l’appropriation et la continuation par l’homme de ce qui a été initié en lui par la nature. En des termes plus rousseauistes, il s’agit de rendre compte du contrôle des cris et mouvements de la nature par une machine ingénieuse n’étant plus autonome et limitée aux simples besoins physiques mais participant à des associations se stabilisant dans le cadre de la famille et ressentant les premières passions provoquées par autrui. Toute allusion aux passions ainsi qu’aux besoins dans la formation des langues doit être alors comprise comme conditionnant la réalisation d’une certaine artificialité, d’une tentative d’établir, inconsciemment, une convention langagière toujours particulière. Ce particularisme des langues, que nous avons déjà soulevé, est extrêmement important dans le cadre de la théorie des origines. Rappelons que les hordes se constituent déjà par la rencontre de circonstances communes permettant la compréhension des signes naturels à leur fondement. Toute association prend dès lors la forme d’une différentiation. Les hordes se formant sont distinctes des individus restés solitaires ou des autres tribus en formation. Bien que les cris et les gestes restent universels, leur émission est déjà particulière puisque conditionnée par des circonstances précises conduisant au rassemblement lorsque tous les membres de la communauté en devenir les ont expérimentées. Les besoins ou les passions évoqués dans l’Essai sur l’origine des langues et conditionnant la réalisation d’une faculté de

langage humain dans des idiomes particuliers sont les raisons qui tiennent « au local » évoquées par Rousseau dès le premier chapitre pour expliquer la diversité des langues humaines190.

Malgré toute la diversité des langues, certaines généralités peuvent être soulevées, notamment sur la formation des langues méridionales s’opposant à celle des langues septentrionales191. La fable de la formation des langues méridionales illustre l’influence de la passion à son paroxysme :

Mais dans les lieux arides où l’on ne pouvoit avoir de l’eau que par des puits, il falut bien se réunir pour les creuser ou du moins s’accorder pour leur usage. Telle dut être l’origine des sociétés et des langues dans les pays chauds.

Là se formérent les premiers liens des familles ; là furent les prémiers rendez-vous des deux séxes. Les jeunes filles venoient chercher de l’eau pour le ménage, les jeunes hommes venoient abruver leurs troupeaux. Là des yeux accoutumés aux mêmes objets dès l’enfance commencérent d’en voir de plus doux. Le cœur s’émut à ces nouveaux objets, un attrait inconnu le rendit moins sauvage, il sentit le plaisir de n’être pas seul. L’eau devint insensiblement plus necessaire, le bétail eut soif plus souvent ; on arrivoit en hâte et l’on partoit à regret. Dans cet âge heureux où rien ne marquoit les heures, rien n’obligeoit à les compter ; le tems n’avoit d’autre mesure que l’amusement et l’ennui. Sous de vieux chênes vainqueurs des ans une ardente jeunesse oublioit par dégrés sa férocité, on s’apprivoisoit peu à peu les uns avec les autres ; en s’efforçant de se faire entendre on apprit à s’expliquer. Là se firent les prémiéres fêtes, les pieds bondissoient de joye, le geste empressé ne suffisoit plus, le avoix l’accompagnoit d’accens passionnés, le plaisir et le desir confondus ensemble se faisoient sentir à la fois.

Là fut enfin le verai berceau des peuples, et du pur cristal des fontaines sortient les prémiers feux de l’amour.

(Rousseau (1995 [1781]) : 406)

Dans les pays chauds, l’homme ne cherche à s’exprimer volontairement que sous la pulsion du désir192. Rappelons que si les signes naturels, doivent permettre d’assembler les hommes, la simple communication n’est plus suffisante dans le cadre d’une communauté stabilisée. Il devient dès lors nécessaire de « persuader des hommes assemblés »193. Les langues de sud,

« filles du plaisir et non du besoin »194 répondent à cette exigence de persuasion. Par des inflexions volontaires de la voix, les jeunes hommes et les jeunes femmes tentent de se séduire, de convaincre autrui de céder à un plaisir partagé. Les langues méridionales illustrent parfaitement le lien unissant la voix et la passion. Il faut d’ailleurs souligner que l’on passe, avec la tentative de séduction des langues méridionales, du simple cri à la voix, doux chant dont les accents et les inflections émeuvent. Or la naissance des langues septentrionales semble mettre à mal ce passage du cri à la voix. En effet, aux « infléxions touchantes qui viennent des mouvements de l’ame » constituant les langues méridionales parlées par des

190Sur la question du lien entre idiomes particuliers et diversité des communautés, cf. Starobinski (1971) : 367-368.

191Rousseau (1995 [1781]) : 394

192Sur une analyse des métaphores du désir dans ce passage, cf. Schmouchkovtich (2004), "La fonction du désir dans l’origine des langues selon Rousseau" : 103-111

193Rousseau (1964 [1755]) : 148

194Rousseau (1995 [1781]) : 407

peuples parmi lesquels la passion domine et engendre le besoin, Rousseau oppose les « cris qu’arrachent les besoins physiques »195 à la base des langues septentrionales parlées par des peuples dont les rares passions ne sont que secondaires par rapport aux besoins touchant à la survie. L’on peine à comprendre comment de telles langues peuvent être distinctes des simples cris inarticulés et l’on doute alors du rôle nécessaire de la passion pour expliquer l’origine du langage au sein même de l’Essai sur l’origine des langues. L’enjeu est pourtant primordial : ne pas substituer une origine passionnelle à une motivation instrumentale du langage renvoie à la seconde aporie rendant logiquement impossible l’institution des signes et le développement d’une pensée abstraite. Concilier le dixième chapitre de l’Essai sur l’origine des langues avec une définition passionnelle du langage et de ses origines est toutefois possible en se référant à l’interdépendance entre besoins et passions telle qu’énoncée dans la première partie du second Discours ainsi qu’en mettant en évidence les différents plans de l’argumentation de l’Essai sur l’origine des langues. D’une part, le souci de conservation est le lieu d’une émergence de la passion certes réduite à son minimum et se confondant avec les besoins physiques196. Toutefois, l’on peut conclure que l’homme, d’autant plus s’il est déjà passablement perfectionné comme c’est le cas pour celui décrit dans l’Essai sur l’origine des langues, n’est jamais simplement réduit à des purs besoins physiques. D’autre part, à partir du huitième chapitre de l’Essai sur l’origine des langues, Rousseau passe de considérations générales sur les langues primitives à des réflexions particulières non pas à chacunes d’entre elles mais à deux groupes distincts. Ainsi, il est établi que, d’un point de vue général, la parole est issue des passions, seules ses formes étant influencées par les conditions dans lesquelles se trouvent les peuples l’employant. Les hommes du nord sont, tout autant que ceux du sud, sujets à l’attachement issu de la stabilisation de la famille. Cependant, le besoin prend le pas sur le désir et l’attachement s’exprime par l’entraide197. C’est pourquoi les langues septentrionales sont bien plus proches du cri de la nature, ces dernières, rudes et peu mélodieuses, n’exprimant pas, comme le relève Rousseau, le désir d’être aimé mais celui d’être aidé198. En définifive, l’importance de la voix semble encore plus prégnante pour les hommes du nord qui doivent l’utiliser pour convaincre autrui de l’aider à survivre.

195Rousseau (1995 [1781]) : 407-408

196Rousseau (1964 [1755]) : 143

197Rousseau (1995 [1781]) : 408

198« le prémier mot ne fut pas chez eux, aimez-moi, mais, aidez-moi. » (Rousseau (1995 [1781]) : 408).

Avant de nous intéresser à la résolution de la seconde aporie, une synthèse est nécessaire pour comprendre la continuité entre le second Discours et l’Essai sur l’origine des langues.

Communication (second

Discours) Langues (Essai sur l’origine des langues)

source besoins physiques (survie) passions (désir/entraide)

expression cris et gestes inarticulés parole (voix) / gestes

(pantomime)

société hordes familles

(fig. 2)

Les langues, expressions particulières du langage, ne peuvent se développer que sur un terrain communicatif. Ce dernier se construit sur les besoins physiques lorsque, suivant les circonstances, ceux-ci mettent à l’épreuve la machine ingénieuse qui s’exprime à travers le corps-machine par des cris et des gestes universels permettant des associations temporaires faisant appel à une pitié en transformation, moralisante. Les langues, quant à elles, sont toujours le fruit de la passion, qu’elle soit minimale et ayant trait à la survie ou plus développée et faisant appel au désir d’union. Le caractère passionnel des langues s’explique par le lieu de leur émergence, à savoir la famille, association stable permettant l’éveil à autrui.

L’expression des langues peut prendre de multiples formes et réclame une autre récapitulation.

langues

méridionales langues

septentrionales langues

instrumentales

source passions besoins purs besoins

physiques

expression parole vocalique parole consonnante pantomimes

(fig. 3)

Il faut comprendre la fig. 3 dans un contexte conventionnel de nomination. Toute langue est une expression volontaire à des fins significatives. Plus précisément, toute langue est d’abord employée pour convaincre. Ainsi, les langues méridionales issues des passions sont employées pour séduire et la parole se fait mélodieuse (prédominance de voyelles) de par son origine et le but poursuivi. De même, les langues septentrionales, produits des besoins, ce qui ne nie pas le contexte passionnel, puisque post-communicatif et post-phyisque, de leur origine, sont plus dures (prédominance de consonnes) et plus proches des cris de la nature dont elles poursuivent le but dans un contexte d’associations stables. Enfin, les langues instrumentales, peut-être hypothétiques ou du moins éteintes, montrent par leur expression purement gestuelle qu’elles sont issues de besoins physiques dans un contexte social où

convaincre est tout autant essentiel que dans le cas des langues méridionales et septentrionales.

Tout l’intérêt de l’Essai sur l’origine des langues pour notre perspective est que, à partir de la résolution de la première aporie dans le second Discours, cet ouvrage donne une réponse à la seconde aporie des origines, c’est-à-dire à son versant logique représenté en bas de la fig.

1.199 Alors qu’il était possible de résoudre la première aporie par une entrée dans le problème de la nécessité du langage (représenté en haut à gauche de la fig. 1.) la résolution de la seconde aporie requiert d’être abordée par la question de l’utilité et de l’acquisition du langage (en bas à droite de la fig. 1.). En d’autres termes, c’est tout le problème de la première convention qui permet, dans l’Essai sur l’origine des langues, d’échapper aux impossibilités logiques décelées chez Condillac par Rousseau et évoquées, sans nommer l’abbé, dans le second Discours. Rappelons avec Charrak200 que l’objection faite à Condillac par Rousseau trouve toute sa profondeur dans le problème de la convention pour signifier « les idées qui, n’ayant point un objet sensible, ne pouvaient s’indiquer ni par le geste, ni par la voix »201. Or, l’utilité du langage nous est apparue clairement à plusieurs reprises dans un contexte social où il est nécessaire de convaincre autrui à effectuer une certaine action. Loin d’une pensée théorique, le langage procède d’une pensée pratique. Aussi bien la parole que le pantomime répondent à cette exigence de practicité. Le pantomime permet de désigner objets, pensées et actions tandis que la parole est particulièrement adaptée à susciter l’émotion et, par extension, à convaincre. Loin d’être logiciens, les premiers hommes sont avant tout sentimentaux et Rousseau de conclure « [o]n nous fait du langage des prémiers hommes des langues de Geométres, et nous voyons que ce furent des langues de Poëtes. »202 C’est donc dans ce cadre bien plus que par les signes naturels que se déploie réellement le « signifieur »203. Les premiers signes institués sont autant d’expressions de soi, du sentiment ressenti basé sur les derniers restes de la « voix de la nature »204. Le problème de la convention pour les objets extérieurs est quant à lui résolu par un appel au Cratyle de Platon. Soulignons que Rousseau invoque une partie seulement du dialogue platonicien dans laquelle est défendue la thèse d’une correspondance entre les sons et les choses signifiées205. Le cas particulier du

199Cf. supra p. 49

200Charrak (2003) : 102

201Rousseau (1964 [1755]) : 147

202Rousseau (1995 [1781]) : 380

203Starobinski (1971) : 367

204Starobinski (1971) : 358-360

205Platon, Cratyle : [393d-430a]

pantomime échappe particulièrement bien au problème de la convention par son caractère monstratif réduisant cette dernière à son minimum. En outre, c’est dans ce contexte d’un homme poète n’ayant pas encore subi la parole répressive de celui qui, rhéteur plus que poète, affirme de manière assez convaincante le « ceci est à moi »206, que la réponse au problème de la pensée abstraite doit être cherchée. Dans ce « bonheur à mi-chemin »207 suivant le silence de l’état de nature et précédent la « vaine parole »208 des sociétés dominées par l’amour-propre et où les débuts du pacte social et de la convention permettent le déploiement de la plénitude du langage et du sentiment, le discours apparaît et les propositions poétiques et non pas logiques permettent de conduire aux premières abstractions. En définitive, le cadre passionnel dans lequel le langage émerge permet de court-cicuiter l’objection logique à laquelle la définition instrumentale du langage doit faire face.

Deux points principaux complémentaires de la théorie rousseauiste de l’origine du langage sont particulièrement capitaux pour notre étude. D’une part, Rousseau soulève les problèmes inhérents à une définition instrumentale du langage ; d’autre part le philosophe genevois les résout par une transformation du statut du langage qui devient passionnel. C’est ce

Deux points principaux complémentaires de la théorie rousseauiste de l’origine du langage sont particulièrement capitaux pour notre étude. D’une part, Rousseau soulève les problèmes inhérents à une définition instrumentale du langage ; d’autre part le philosophe genevois les résout par une transformation du statut du langage qui devient passionnel. C’est ce