• Aucun résultat trouvé

Maroni (DTM) Pays aluku et pays wayana

Carte 16. Parcours de reconnaissance du PNN Amacayacu

3. Analyser les informations du terrain au travers de la méthode systémique : fonctionnement et structure

Nous avons consacré la première partie de ce chapitre à justifier le choix de nos trois terrains d’étude et l’intérêt que nous portons à la comparaison internationale, ainsi que l’importance que nous accordons au travail de terrain et à la démarche pluridisciplinaire. Sur ce point nous avons exposé les diverses méthodologies mises en place pour la collecte d’informations et pour la compréhension des contextes socioculturels locaux. Toutes ces informations et observations ont mis en évidence la complexité de chaque territoire protégé étudié. Désormais, en ce qui concerne l’analyse de cette complexité, nous avons choisi de travailler avec la méthode systémique, car « La systémique peut être considérée aussi bien

comme une manière générale de voir les choses ou les systèmes que comme une méthode de traitement de la complexité » (Durand 2013 ; Yatchinovsky 2004).

Un système se caractérise principalement par l’interrelation entre les parties qui le composent et la totalité de l’ensemble. Pour Edgar Morin le système est « […] une unité globale

organisée d’interrelations entre éléments, actions ou individus » (Morin 1977, 102) ; ces

interrelations ou « [cet] ensemble d’éléments en interaction dynamique sont organisés en

fonction d’un but spécifique » (Rosnay 1977). Le système est aussi composé d’entrées et de

sorties (d’information, d’énergie ou de matière) entre le système et l’environnement qui l’entoure et qui lui aussi est composé d’autres systèmes complexes.

La complexité d’un système peut répondre principalement à trois causes : en premier lieu, au nombre d’éléments qui composent le système et au nombre de liaisons qui existent entre ces éléments - en second lieu, aux incertitudes et aux aléas de l’environnement interne et externe du système - et en troisième lieu, « aux rapports ambigus entre déterminisme et hasard

apparent, entre ordre et désordre » (Durand 2013, 13). Dans cet ordre d’idées, nous identifions

les parcs nationaux naturels anthropisés (PNNa) comme des systèmes complexes car ils répondent à ces caractéristiques structurelles et fonctionnelles. L’approche systémique a comme but de considérer un système dans sa totalité, sa complexité et sa dynamique propre. C’est à cet exercice de compréhension de la complexité des parcs nationaux habités analysés dans cette contribution que nous attacherons dans les chapitres 5 et 6.

Le système PNNa est composé principalement de trois sous-systèmes : un système naturel (environnement naturel) qui peut être subdivisé en divers sous-systèmes biologiques - un système politico-administratif (parc naturel national) - et des systèmes socioculturels

(populations résidentes) hétérogènes (schémas 8). Chacun de ces systèmes défend des buts (intérêts) spécifiques dans l’objectif (hypothétique) d’assurer un but plus général pour la totalité de l’ensemble PNNa. Les interrelations entre les différents éléments du système caractérisent ainsi sa complexité et donnent « vie » à ses dynamiques internes et externes ; ces dernières se trouvent par ailleurs dans un contexte de transformation et d’ajustement permanent. De ce fait, l’analyse comparative que nous proposons dans cette contribution ne portera pas sur la totalité du système. En revanche, elle sera focalisée sur quelques éléments préalablement identifiés (dispositifs de gestion – populations) afin de faciliter la comparaison internationale.

Il faut aussi tenir compte de la dimension temporelle de cette recherche. La description et l’analyse réalisés ici correspondent à des étapes bien précises de la « vie du Système PNNa – (SPNNa) », dont les transformations rapides ont sans doute modifié les contextes étudiés à l’époque. Or, la description de cette complexité temporelle permettra dans le futur de mettre en évidence les évolutions des dispositifs et des dynamiques de gestion analysés ici.

Dans une première partie de notre analyse comparative, nous décrirons de manière générale quelles sont les caractéristiques et les spécificités de chaque parc national (cf. chapitre 4). Cette première approche nous permettra de faire un premier état des lieux comparatif entre similitudes, différences et spécificités socioculturelles et économiques de nos trois cas d’étude. Puis, dans la troisième partie de cette contribution, nous proposerons une analyse plus approfondie des éléments choisis pour la comparaison : les dispositifs ou macrostructures de gouvernance (cf. chapitre 5) et les dispositifs ou microstructures de gestion participative (cf. chapitre 6). Ceci afin de mieux saisir quelles sont les composantes structurelles170 et fonctionnelles171 de chaque SPNNa, et donc, des relations entre le système de conservation étatique et les systèmes socioculturels locaux.

Le PNNa étant composé d’une dimension sociale importante, et donc, traversé par une logique de jeu de coopération et de lutte propre au système social, « […] il est nécessaire de

prendre en compte non seulement les rationalités individuelles de chaque joueur

[microsystème], mais aussi la rationalité collective [de l’ensemble] » (Durand 2013). Le but final de l’approche systémique opérationnelle que nous développons dans cette contribution est celui de la compréhension du comportement des systèmes de gestion PNNa.

Afin de rendre compte de ces analyses, nous nous appuierons sur divers outils graphiques tels que les cartes géographiques, les tableaux comparatifs et les cartes mentales. Les tableaux comparatifs proposés ici sont de deux sortes : le premier est destiné à comparer de manière générale les niveaux d’action des institutions et des populations dans différents domaines (tableau 2). Le second est focalisé sur l’analyse et la comparaison aiguë de micro-dispositifs de gestion observés et des conflits de pouvoir qui en découlent.

170Frontières et zonages du système, éléments qui le composent, réseaux de gestion et de gouvernance, etc., (d’après les travaux de Durand 2013; Yatchinovsky 2004)

171 Flux entre acteurs et réseaux d’acteurs, logiques d’action, centres de décision, type d’organisation, structures de pouvoir et de contre-pouvoir, etc., (ibid.)

Tableau 2. Exemple de tableau d’analyse comparatif sur les types et les niveaux de

participation des populations locales dans les PNNa

0-Nulle/ 1-basse / 2- moyenne/ 3- élevée

Le tableau ci-dessus illustre un exemple d’analyse général relatif aux dimensions de la participation. Pour faciliter la lecture nous proposons quatre critères allant de zéro (0) à trois (3) afin de mesurer l’intensité de variables observées sur chaque parc national. Ces critères tiennent compte des entretiens, des dispositifs analysés et des observations recueillies pendant les six mois de séjour sur chaque pays. Ainsi, le critère zéro (0) correspond à une intensité presque inexistante (aucune) ; le critère un (1) correspond à une intensité basse ou peu prise en compte ; le critère deux (2) à une intensité moyenne ayant un certain impact dans le fonctionnement interne du système ; et le critère trois (3) correspond à une intensité élevée et prédominante, voire même indispensable pour le fonctionnement de la macrostructure.

Le tableau 3 illustre l’analyse ponctuelle des conflits et des enjeux de pouvoir qui émergent de la mise en place des dispositifs observés. Le « tableau » est ici un outil de classification des informations recueillies par les diverses méthodes mentionnées tout le long du chapitre, ainsi qu’un filtre de synthèse et de comparaison. Il répond aux attentes de l’analyse multi-niveaux utilisée dans l’approche de la political ecology.

Enfin, la figure 1 est un exemple de cartes mentales élaborées pour le chapitre 6. Elles synthétisent de manière graphique et didactique les diverses composantes des microstructures de gestion participatives observées. Ces cartes permettent également une lecture parallèle des informations exposées au travers du texte.

Type de Participation Innu d’Essipit PMSSL Communauté Aluku PAG Communauté Wayana PAG Communauté Ticuna – SMA PNNA Communauté Ticuna – Mocagua PNNA Politique 2 1 1 3 3 Culturel 1 1 1 2 2 Économique 3 2 1 1 2 Conservation 2 2 2 2 3 Réelle-action 3 1 1 2 3 Formelle 3 3 3 2 2 Informelle 1 1 1 3 3

Tableau 3. Exemple de tableau d’analyse comparative de conflits de pouvoir et des jeux d’acteurs au sein de dispositifs de gestion participative observés sur les terrains

TABLEAU 3. Conflits de pouvoir et jeux d’acteurs autour des dispositifs de gestion

participative analysés sur les terrains

PMSSL

Outline

Documents relatifs