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2. LE MODÈLE CONCEPTUEL DU SAVOIR AGIR AVEC COMPÉTENCE

2.3 Le paradigme de gestion « l’agir compétent » et son rapport avec l’IE

D'après (Zapata, 2004) « c'est à travers le cadre de référence auquel adhère le futur praticien que s'élabore l'intelligibilité des actions actées, intelligibilité qui assurera l'intégration du paradigme de la pratique visée/construite » (p. 18). Il mentionne que la pratique est un fait social qui se traduit par un construit humain. Plus spécifiquement, il

36 Goffman (1974) définit le terme de « face » comme étant : « la valeur sociale positive qu'une personne revendique effectivement à travers la ligne d'action que les autres supposent qu'elle a adoptée au cours d'un contact particulier. La face est une image du moi délinéée selon certains attributs sociaux approuvés, et néanmoins partageable, puisque par exemple, on peut donner une bonne image de sa profession ou de sa confession en donnant une bonne image de soi » (p. 9).

définit la pratique comme étant un ensemble d'actes repérables qui produit un résultat par une personne. Selon ses dires, la pratique possède les caractéristiques suivantes : elle est contextuelle, du fait qu'elle existe au sein d'un contexte, avec des conditions adaptées à la nature de la pratique, permettant d'appréhender le sens de l'action ; elle est évènementielle, car elle ne se situe pas dans une continuité d'actions, mais fait plutôt référence à une suite de moments bien repérables, en rupture avec d'autres moments ou activités ; elle est singulière, car elle ne peut jamais se reproduire de manière identique et ne peut être transposable d'une situation à une autre.

L’IE est une habileté fondamentale pour aider la direction à interpréter les situations émotionnelles et améliorer ses pratiques de gestion à l’égard des réalités intangibles, multiformes, ambiguës et subjectives de la communication interpersonnelle (Cormier, S., 2011) auxquelles il doit agir avec compétence. Masciottra et Medzo (2009) énoncent un changement de paradigme37 qui touche les réformes contemporaines et en particulier celles qui sont en cours au Québec, au Niger, au Cameroun et au Madagascar, fondé sur le postulat suivant « qu’une compétence s’exerce et se développe dans et par l’action en situation et par la réflexion sur l’action » (p. 15). L’agir compétent, une approche situationnelle qui est une traduction particulière de l’approche par compétence sur laquelle s’appuie de plus en plus les curriculums à travers le monde laissant émerger diverses interprétations à l’instar des programmes d’études, des pratiques éducatives et autres relevant parfois d’orientations théoriques controversées. La conception de l’approche situationnelle de la compétence se veut ainsi une interprétation renouvelée de l’approche par compétences, mais avec des nuances importantes qui invitent à la reformuler en termes d’approche situationnelle en y ajoutant l’action et la réflexivité au cœur de la compétence (Ibid., 2009). La conception de l’approche situationnelle de la compétence est sous-jacente à l’expression : agir compétent situé, qui renvoie à un individu « qui agit avec intelligence pour se situer, se positionner en situation, transformer la situation en vue de l’améliorer et prendre un recul réflexif vis-à-vis de la situation lorsque nécessaire » Masciotra (2005 dans

37 Un nouveau paradigme constitue un changement profond dans notre vision du monde et conséquemment dans nos modes de penser et d’agir (Masciotra et Medzo, 2009, p. 15).

Masciotra et Medzo, 2009, p. 62). En somme, d'après Masciotra et Medzo (2009) une personne dite compétente « se situe autant qu'elle est située par les circonstances et le contexte dans lesquels (sic) elle se trouve » (p. 61).

D’après Masciotra et Medzo (2009) l’idée est la suivante : « Une compétence s’articule et prend sa signification dans un réseau de concepts ou de notions : intelligence, débrouillardise, prise d’initiative, réflexivité, stratégie, contrôle de soi et autonomie » spécifiant que la notion d’autonomie renvoie à la maîtrise de soi et à la maîtrise des situations (p. 35). Or, la maîtrise de soi et la maîtrise des situations renvoient notamment à la dimension de la régulation réflexive des émotions du modèle de CE (Mikolajczak, 2014). Masciottra et Medzo (2009) précisent que si la compétence renvoie à l’intelligence des situations, l’autonomie qui s’y attache s’appuie davantage sur l’IE quant au processus d’intervention. Toujours selon Masciottra et Medzo (2009), « Dans une approche par compétences, l'apprenant devient donc un acteur autonome. La notion de compétence se trouve ainsi associée à celle d'autonomie » (p. 29). Selon les dires de Le Boterf (2013), « À la différence du débutant, l'expert sait improviser grâce à l'intelligence des situations qu'il a acquise au cours des expériences variées et fortement contextualisées de sa vie professionnelle » (p. 98). En quelque sorte, cette intelligence des situations et cette connaissance de lui-même présupposent la faculté de se distancier face à l'objet de la situation. Cette capacité de distanciation lui permet de ne pas demeurer au stade de l'empirisme pour mieux conduire ses pratiques professionnelles (Le Boterf, 2013). D’ailleurs, Le Boterf (2007) souligne :

Le professionnel compétent se distingue par son intelligence des situations […] qui peut passer par la construction de représentations fonctionnelles, mais aussi par l’intuition et l’intelligence émotionnelle […] faculté qui lui permet d’agir à bon escient, mais aussi d’anticiper et de pressentir (p. 30).

Cette composante émotionnelle de l’intelligence des situations indique que le professionnel peut agir de façon appropriée sans le préalable d’une représentation anticipée et raisonnée (Ibid., 2007). En ce sens, Le Boterf semble interpréter l'IE en terme de ressource personnelle que la direction peut mobiliser lors de l'agir. De surcroît, l’agir compétent se rapporte à la compétence en action dans une situation professionnelle puis renvoie à une

personne qui agit avec intelligence pour se situer selon ses capacités, se positionner en situation et transformer la situation avec une visée d’amélioration pour se solder par une réflexion sur l’action vécue, si nécessaire (Masciotra et Medzo, 2009). Goleman (2014) indique notamment que l’agir compétent ne relève pas uniquement d’une intelligence rationnelle, mais possiblement plus d’une IE des situations. En effet, « l’agir compétent s’intéresse également au contrôle de ses émotions, de ses sentiments, de ses états d’âme ou de ses intérêts et il est sans doute à son mieux chez la personne passionnée par ce qu’elle fait » (Masciotra et Medzo, 2009, p. 82).

Rappelons que le cadre conceptuel de la recherche renvoie à deux concepts théoriques : 1) l’intelligence émotionnelle et 2) le Savoir agir avec compétence qui présupposent une dynamique interactionnelle entre eux et avec d’autres, construits, dont les compétences émotionnelles et les émotions de manière à se procurer des clés d’intelligibilité pour répondre aux objectifs spécifiques de recherche : 1) repérer les situations professionnelles dans lesquelles sont impliqués la directrice ou le directeur général et les classifier par axe de compétences ; et 2) identifier les compétences émotionnelles qui soutiennent un agir compétent par la directrice ou par le directeur général. Par ailleurs, le référentiel des compétences professionnelles et capacités requises du personnel d’encadrement des établissements d’enseignement collégial (ACCQ, 2013b) est l’outil pragmatique complémentaire à l’analyse des données empiriques.

La figure 4 illustre l’interrelation entre le cadre conceptuel et les construits complémentaires aux fins d’analyse.

Figure 4 : Représentation schématique du cadre conceptuel de la recherche

La prochaine partie présente le référentiel de compétences professionnelles du personnel d'encadrement des cégeps, à savoir un outil pragmatique utilisé lors de l'analyse des données.

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