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la période de pointe et les horaires de travail flexibles : variété des concepts

Introduction au Chapitre 1

1. la flexibilisation des horaires de travail pour écrêter les pics de déplacements aux heures

1.2.4. la période de pointe et les horaires de travail flexibles : variété des concepts

Les résultats empiriques permettent difficilement de conclure que la flexibilisation des horaires de travail produit une diversification des horaires de travail et un étalement des flux aux marges des périodes de pointe. Seule une étude (He, 2013) permet de décrire un effet net mais somme toute assez faible de la flexibilité des horaires de travail sur la diminution des déplacements en période de pointe. Pour le reste, les résultats des recherches dans le domaine du transport décrivent tantôt un

1. Ces horaires regroupent les horaires adaptables d’une journée à une autre et les horaires directement décidés par les salariés. Selon cette classification, 25 % des salariés français (Enquête Emploi du Temps 1999) bénéficient d’horaires non-imposés par

effet nul des horaires flexibles, tantôt des effets conduisant à des arrivées plus tardives sans toutefois permettre d’identifier si elles correspondent bien à des déplacements après la période de pointe. Les conclusions des analyses statistiques réalisées en France autour des horaires de travail hybrident quant à elles ces indécisions. Elles signalent que face aux horaires de travail fixés, les horaires flexibles conduisent à la fois à plus d’horaires standards (9 heures-17 heures) et plus d’horaires légèrement plus tardifs (10 heures-19 heures).

Ce déficit de consensus peut être considéré comme gênant si l’on considère qu’il serait dû à un trop faible nombre d’études se focalisant vraiment sur le sujet des effets des horaires de travail flexibles.. Mais selon nous, même si la quantité de recherches allouées à ces questions augmentait, nous pensons qu’il demeurerait difficile d’aboutir à un consensus. Les effets des horaires flexibles sur la dilution des déplacements en période de pointe restent très largement dépendants de la manière dont les chercheurs définissent leurs objets d’étude mais aussi de la façon dont les objets se déforment naturellement selon leur ancrage géographique et culturel.

Dans certains cas la période de pointe du matin est définie en fonction de la répartition temporelle du trafic (McCafferthy & Hall, 1977). Mais le plus souvent ce sont plutôt des bornes horaires canoniques (de type 7 heures-9 heures) qui servent à décrire si un déplacement est effectué en période de pointe ou non (Yang, Steiner, Srinivasan, 2016 ; He, 2013). Selon les régions et les auteurs, la définition de ce qui est considéré comme des périodes de pointe peut ainsi être tout à fait variable.

Puisqu’il semble exister un flou sur la définition des périodes de pointe dans les transports, nous en profitons pour proposer de mieux définir le concept. Pour définir plus précisément les différentes dimensions des périodes de pointe nous proposons de nous appuyer sur trois échelles de temps qui vont nous conduire à définir trois dénominations de périodes de pointe que nous remobiliserons au fil de notre exposé.

Les phénomènes de pointe puisent leur dénomination dans la représentation graphique de la distribution des pratiques, des fréquentations, ou encore des consommations dans le temps. Généralement la délimitation des périodes de pointe se réfère justement à la pointe, au pic ou encore à la forme de cloche que définit la distribution temporelle des usages. Cependant, il règne une confusion sémantique quant à l’usage de différentes terminologies pour parler des périodes de pointe. On parle assez indifféremment des heures de pointe, de l’heure de pointe ou encore de l’hyperpointe. Durant la suite de l’exposé nous nous proposons d’utiliser ces différentes terminologies en les associant à différents pas de temps caractérisant la concentration des arrivées au travail. Ainsi :

- L’hyperpointe se rapporte à la demi-heure la plus fréquenté.

- L’heure de pointe se réfère à l’heure, ou plus précisément aux deux demi-heures consécutives

les plus fréquentées.

- Les heures de pointe se réfère à la durée pendant laquelle la « cloche » de la distribution

des déplacements s’étend avant de rencontrer les périodes « creuses ». Cette durée peut-être variable selon les terrains d’étude et selon que l’on s’intéresse à la pointe du soir ou du matin mais généralement elle ne dépasse pas trois heures.

FIGURE 1.3 – 3 échelles de temps pour définir la période de pointe

Réalisation : Mathias Lengyel

D’autre part, il n’existe pas à proprement parler de définition de ce que sont des « horaires flexibles ». Du point de vue des méthodes d’enquêtes, la façon la plus commune de repérer si l’enquêté bénéficie d’horaires flexibles et de le deviner par déduction en demandant si ses horaires sont fixés par son employeur ou non. Mais d’autres méthodes préconisent de demander explicitement au salarié, s’il a la possibilité de choisir librement ses horaires. Or comme nous le verrons plus tard, avoir cette liberté n’est pas tout à fait équivalent au fait de ne pas devoir répondre d’horaires officiels fixés par la hiérarchie. Même si des tentatives d’uniformisation des manières de saisir la flexibilité des horaires de travail sont en cours (Thorauge, Cherchi, Rich, 2014) il reste aujourd’hui difficile de comparer des horaires de travail flexibles d’un pays, d’une région et d’une recherche à l’autre.

Enfin, si l’on recule un peu la loupe du chercheur pour regarder ce que sont les horaires flexibles d’une région du monde à l’autre, on se rend compte que, dans les faits, ces derniers peuvent aussi

Hyperpointe FRÉQUENTATION

HORAIRE

Heure de pointe Heures de pointe

être très différents. Par exemple, en France – et en région parisienne tout particulièrement –, des horaires flexibles se formalisent principalement par des tolérances de plages d’arrivée et de départ du travail pour les salariés. Du point de vue du droit du travail, les horaires aux forfaits, « entièrement libres » paraissent plus rares. À l’inverse dans certains pays, il est probable que les systèmes de plages d’arrivées au travail ne soient pas formalisés et que les horaires flexibles correspondent, en ce cas, en totalité aux « horaires libres ». Ici encore, comparer les effets d’horaires de travail de flexibles n’aura pas beaucoup de sens On trouve néanmoins les traces d’une telle tentative dans une enquête de l’OCDE réalisée au milieu des années 1990. (Tableau 1.4).

TABlEAU 1.4 - Pourcentage des salariés qui déclarent avoir des horaires individualisés en 1995-1996

Pays Horaires

individualisés (%) Pays

Horaires individualisés (%)

Canada 23 Irlande 19

états-UnIs 45 royaUme-UnI 32

Japon 19 aUtrIChe 22 danemark 25 allemagne 33 FInlande 22 pays-Bas 36 sUède 32 BelgIqUe 26 grèCe 23 FranCe 26 ItalIe 19 lUxemBoUrg 18 portUgal 19 aUstralIe 50 espagne 20

Source : OCDE, 2001, p.162. Issue de Thoemmes, 2013

Enfin s’ils sont bien dépendants des choix d’horaires de travail des individus, les effets d’horaires de travail flexibles, s’inscrivent avant toute chose dans un contexte, social, géographique, climatologique, culturel, juridique mais aussi professionnel qui reste largement dépendant du terrain d’étude. Si l’on pense par exemple aux poids de différentes coutumes qui peuvent avoir cours sur le lieu du travail mais aussi aux différences de « rapports au temps » observables dans différentes régions du monde (Glennie & Thrift, 2005 ; Hareven, 1991 ; Adam, 1990), il devient également très difficile d’isoler et de comparer l’effet net d’horaires de travail flexibles entre différentes zones géographiques. Par exemple, selon que le café partagé avec les collègues en arrivant au travail soit une coutume plus ou moins institutionnalisée, l’effet de la flexibilisation des horaires d’embauche sur la diversification de ces derniers pourra être plus ou moins atténué.

Il reste que, de notre point de vue, malgré ces diversités de terrain et de définition, il y a une certaine convergence des résultats pour montrer que la flexibilité ne semble pas corrélée à des déplacements hors-pointe.

2. la concentration des horaires d’embauche en

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