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la flexibilisation des horaires de travail accentue la synchronisation des horaires d’embauche

Introduction au Chapitre 1

2. la concentration des horaires d’embauche en Île-de-France au regard de la flexibilisation

2.2. la flexibilisation des horaires de travail accentue la synchronisation des horaires d’embauche

Nous cherchons à lier des observations qui concernent l’évolution de la part d’emploi pour lesquels les actifs occupés peuvent choisir leurs horaires à l’évolution de la répartition et de la concentration des horaires d’arrivées au travail. Pour cela, nous avons croisé les données des Enquêtes Globales Transport (EGT)1 avec des résultats ciblés à l’échelle de l’Île-de-France des Enquêtes Nationales de

1. Il s’agit d’une enquête de grande ampleur réalisée environ tous les 10 ans depuis les années 1970 sur les déplacements quotidiens locaux des résidents franciliens. Elle renseigne les caractéristiques des ménages (localisation, structure du ménage, revenu, motorisation…), des individus de 5 ans et plus (âge, sexe, activité, catégorie socioprofessionnelle, permis de con-duire, abonnement au transport public…) et des déplacements des individus un jour de semaine (origine, destination, heure de départ, heure d’arrivée, mode utilisé, distance…). En 2010, l’échantillon s’élève à 14 885 ménages, 32 241 individus et 124 262 déplacements (dont 23 487 en transport en commun). Le choix méthodologique retenu pour étudier les profils horaires est de regrouper les heures d’arrivée en classes de 30 minutes suivant le découpage suivant : 4 h 00 - 4 h 29, 4 h 30 - 4 h 59, 5 h 00 - 5 h 29… Nous construisons ainsi des tranches horaires de fin de déplacement.

Transport et Déplacements (ENTD)1 de 1994 et 2008. Nous utilisons ici les ENTD pour recueillir une information régionalisée sur le mode de détermination de l’horaire de travail. En effet, au cours de ces deux séries d’enquêtes nationales, il a été demandé aux répondants s’étant rendu sur leur lieu de travail habituel la veille de l’enquête, si ce sont eux ou leur employeur qui fixe leurs horaires de travail2. En conséquence, nous allons comparer l’évolution du taux d’emploi francilien à horaires flexibles entre 1994 et 2008 (ENTD) à l’évolution de la distribution des horaires d’arrivée au travail en 1991 et 2010 (EGT), en Île-de-France. Afin d’assurer plus de robustesse aux conclusions qui pourront découler de ces observations, nous comparerons également l’évolution des horaires d’arrivées au travail des cadres supérieurs à celle des horaires des ouvriers franciliens.

1. L’enquête Nationale Transport et Déplacements permet de dresser un panorama général et cohérent de l’ensemble des pratiques de mobilité des Français. En effet, elle permet de décrire une mobilité locale quotidienne (à l’image de l’EGT pour la région Île-de-France) mais aussi des déplacements à longue distance moins fréquents. En outre, cette enquête est plus exhaustive que l’enquête régionale francilienne. C’est pourquoi on y retrouve aussi des informations assez détaillées sur l’emploi de l’enquêté. 2. Cette information n’est pas disponible dans l’EGT.

2.2.1. l’évolution des horaires d’arrivée au travail des actifs occupés franciliens

GRAPHIqUE 1.8– Évolution de la répartition des horaires d’arrivée au travail en TC

au cours d’un jour de semaine, par tranche de 30 minutes, en Île-de-France

Source : Réalisation de l’auteur. EGT 1991, 2010

Lecture : D’après les données de l’Enquête Globale Transport, en 2010, un jour de semaine en Île-de-France, 24,3 % des déplacements dont le mode principal sont les transports collectifs et à destination du lieu de travail habituel se sont soldés par une arrivée entre 9 heures et 9 h 29. En 1991, 21,5 % de ce même type de déplacements se soldaient par une arrivée au travail entre 8 h 30 et 8 h 59 (retardement du pic).

En confrontant l’évolution des horaires d’arrivée au travail entre 1991 et 2010 à l’augmentation de dix points de la part d’actifs occupés à horaire flexibles (Graphique 1.8), nous constatons immédiatement qu’en Île-de-France la flexibilisation des horaires de travail a plutôt l’air d’aller de pair avec une accentuation de la concentration des arrivées au travail. D’autre part comme l’ont constaté d’autres auteurs (cf. Sous-section 1.2), la flexibilisation paraît bien correspondre à un retardement général des horaires de début de journée.

part d’arrivées au travail en %

2.2.2. l’évolution des horaires d’arrivée au travail des cadres franciliens

Les statistiques nous invitent à porter notre regard plus spécifiquement sur la population francilienne des « cadres supérieurs et professions intellectuelles ». De 1991 à 2010, c’est la catégorie socioprofessionnelle qui a connu le plus fort taux de croissance. Alors qu’en 1991, les employés, les professions intermédiaires et même les ouvriers étaient plus nombreux que les cadres en Île-de-France, depuis 2008 les cadres sont la catégorie socioprofessionnelle la plus représentée (Bouleau & Leroi, 2016). Aussi, comme nous allons le voir plus bas, il se trouve que les cadres sont également ceux qui ont connu la flexibilisation la plus forte de leurs horaires de travail entre nos deux périodes d’études.

GRAPHIqUE 1.9 – Évolution de la répartition des horaires d’arrivée au travail en TC au cours d’un jour de semaine, par tranche de 30 minutes, pour les cadres franciliens

Source : Réalisation de l’auteur. EGT 1991, 2010

Lecture : D’après les données de l’Enquête Globale Transport, en 2010, un jour de semaine en Île-de-France, 30,5 % des déplacements des cadres supérieurs dont le mode principal sont les transports collectifs et qui sont à destination du lieu de travail habituel se sont soldé par une arrivée entre 9 heures et 9 h 29. En 1991, 28,1 % de ces mêmes types de déplacements des cadres supérieurs se soldaient par une arrivée au travail entre 9 heures et 9 h 29.

À travers l’étude de l’évolution des horaires de travail de cadres franciliens (Graphique 1.9), nous distinguons ici encore que l’importante flexibilisation des horaires qu’a connue cette catégorie de salariés n’a pas induit un écrêtement de la concentration de leurs arrivées. À l’inverse, les cadres sont ici aussi plus nombreux à arriver au moment du pic que lorsqu’ils bénéficiaient moins d’horaires

%_2010 35 30 25 20 15 10 5 0 %_1991 %

flexibles. D’autre part, il est utile de noter qu’alors qu’en moyenne en 2010, 24,2 % des actifs occupés arrivent au moment du pic (9 heures-9 h 29), 30 % des cadres arrivent durant cette même plage. Les horaires de travail des cadres sont donc à la fois plus flexibles et plus concentrés.

Pour avoir plus de certitudes sur les liens existant entre flexibilisation et concentration des horaires d’arrivée au travail, regardons comment a évolué la distribution d’horaires de travail d’une sous-catégorie de population qui n’a pas connu de flexibilisation de ses horaires. C’est le cas des ouvriers, entre 1994 et 2008, ils ne sont toujours que 4 % à pouvoir choisir leurs horaires.

2.2.3. l’évolution des horaires d’arrivée au travail des ouvriers franciliens

GRAPHIqUE 1.10 - Évolution de la répartition des horaires d’arrivée au travail en TC

au cours d’un jour de semaine, par tranche de 30 minutes, pour les ouvriers franciliens

Source : Réalisation de l’auteur. EGT 1991, 2010

Lecture : D’après les données de l’Enquête Globale Transport, en 2010, un jour de semaine en Île-de-France, 17,5 % des déplacements des ouvriers dont le mode principal sont les transports collectifs et qui sont à destination du lieu de travail habituel se sont soldés par une arrivée entre 7 h 30 et 7 h 59. En 1991, 23,0 % de ce même type de déplacements d’ouvriers se soldaient par une arrivée au travail entre 7 h 30 et 7 h 59.

Tandis qu’ils sont toujours aussi peu nombreux à bénéficier d’horaires flexibles, les déplacements de cette catégorie de population sont aujourd’hui moins concentrés dans le temps (Graphique 1.10). Ils ne sont en effet plus que 17,8 % d’entre eux à arriver au moment du pic entre 7 h 30 et 7 h 59. L’atténuation de la concentration temporelle de leurs arrivées au travail ainsi que la diversification de celles-ci n’est pas du tout liée à une hypothétique flexibilisation de leurs horaires. Elle est certainement plutôt due au fait que si les ouvriers conservent des horaires toujours fixés par leur employeur, ces horaires prennent des formes de plus en plus atypiques (Brousse, 2015 ; Lesnard 2009). Enfin, il est précieux de noter – indépendamment de l’évolution de leurs horaires – que les ouvriers, en même temps qu’ils ne bénéficient pratiquement pas de flexibilité horaire, décrivent des horaires d’arrivées au travail très peu concentrés : aujourd’hui, par rapport au profil opposé des cadres qui sont plus de 30 % à arriver au travail durant la même demi-heure, les ouvriers sont moins de 18 % à arriver en même temps.

3. Impasse opérationnelle et problème

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