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l’évolution des mobilités quotidiennes en Île-de-France sur la période 1991-2010 : une diminution des déplacements durant la

Introduction au Chapitre 1

2. la concentration des horaires d’embauche en Île-de-France au regard de la flexibilisation

2.1. Éléments de cadrage et précisions méthodologiques

2.1.2. l’évolution des mobilités quotidiennes en Île-de-France sur la période 1991-2010 : une diminution des déplacements durant la

période de pointe du matin

Avant d’observer en détail les liens entre les changements de modes d’administration des horaires de travail et l’évolution des horaires d’arrivée en TC en Île-de-France entre 1991 et 2010, nous souhaitons fournir quelques éléments plus généraux sur l’évolution des mobilités quotidiennes entre ces deux périodes. Plus précisément, en nous éloignant de la stricte question des déplacements liés au travail et en considérant tous les motifs de déplacements, nous allons regarder si la concentration de l’ensemble des déplacements en TC au cours d’un jour ouvré s’est accentuée durant les heures de pointe du matin entre 1991 et 2010.

GRAPHIqUE 1.5- Évolution de la répartition des horaires de début de déplacement en TC au cours d’un jour de semaine, par tranche de 30 minutes, en Île-de-France

Source : Réalisation de Laurent Proulhac. EGT 1991 et 2010

Lecture : D’après les données de l’Enquête Globale Transport 2010, en 2010, au cours d’un jour de semaine en Île-de-France, 6,7 % des déplacements dont le mode principal sont les transports collectifs ont débuté entre 8 heures et 8 h 29. En 1991, 7,7 % de ces mêmes types de déplacements ont débuté entre 7 h 30 et 7 h 59 (retardement du pic).

D’après le graphique 1.5, la répartition des déplacements effectués en TC durant la période de pointe du matin s’est retardée entre 1991 et 2010. Une part plus importante de déplacements débute entre 8 h 30 et 10 heures tandis qu’il y en a moins entre 6 heures et 8 h 29. Mais le plus important est de remarquer que la concentration des déplacements au moment de l’hyperpointe a diminué. Durant la demi-heure la plus fréquentée en 1991, on comptabilisait 7,7 % des débuts de déplacements recensés au cours d’un jour ouvré. En 2010, ce ne sont plus que 6,6 % des déplacements qui débutent entre 8 heures et 8 h 29. Cependant cet écrêtement du pic de déplacements, plus que d’être attribué à des modifications liées aux emplois du temps des actifs occupés et à leur horaire de travail, doit certainement être relié aux évolutions de la composition sociodémographique francilienne. En effet entre 1991 et 2010, la part de la population fortement susceptible de se déplacer durant les périodes de pointe, i.e. les actifs occupés et les scolaires/étudiants, a diminué alors que la part de la population plus fortement susceptible de se déplacer à d’autres heures de la journée a augmenté. Comme le montre le tableau 1.6, les retraités et les chômeurs représentent une part de la population de plus en plus importante en Île-de-France. Par conséquent, nous pensons que si la part relative de déplacements effectués durant l’hyperpointe du matin a diminué c’est surtout parce qu’une part de la population dont les journées sont rythmées

par des activités contraintes (études et travail) a été remplacée par des retraités et des chômeurs qui ont a priori moins de raisons de se déplacer durant l’hyperpointe ou l’heure de pointe.

TABlEAU 1.6 – Évolution de la composition sociodémographique de la population francilienne

Phases d’enquête

Sociodémographie 1991 2010 Variation relative

Actifs occupés 49,3 % 49,0 % -0,3.

Étudiants-Élèves 24,1 % 21,9 % -2,2.

Retraités 13,6 % 16,6 % +3,0.

Chômeurs 3,8 % 5,7 % +1,9.

Autres inactifs 8,6 % 6,8 % -1,8.

Population totale (6 ans et +) 9 643 891 10 452 086 +8,4 %

Source : Réalisation de Laurent Proulhac. Données redressées de l’EGT 1991 et 2010

Lecture : En 1991, 13,6 % de la population francilienne de 6 ans et plus est retraitée. En 2010, 16,6 % de la population francilienne est retraitée. Le poids relatif des retraités dans la population francilienne a augmenté de 3 points entre 2010 et 1990.

Cette diminution du poids des déplacements quotidiens motivés par le travail se ressent encore plus précisément lorsqu’on compare la part quotidienne de déplacements réalisés à destination ou au départ du lieu travail habituel entre 1991 et 2010. En 1991, 40 % des déplacements quotidiens sont motivés par un aller ou un retour du travail. En 2010, ce ne sont plus que 33 % des déplacements réalisés en TC un jour de semaine qui sont motivés par le travail.

Toutefois cette chute des déplacements motivés par le travail ne pourrait se lire uniquement à l’aune de la faible diminution (-0,3.) de la part d’actifs occupés en Île-de-France. Pour décrypter la diminution relative de la part de déplacements effectués en période de pointe mais aussi de la part de déplacements motivés par le travail, nous devons également parler des modifications liées à la stabilité et à la spatialité du travail. Les actifs occupés se rendent aujourd’hui moins fréquemment sur leur lieu habituel d’exercice de l’activité (leur bureau, leur entreprise) que par le passé. Aujourd’hui, pour un jour de semaine, un actif occupé francilien sur cinq ne s’est pas déplacé pour le travail contre un sur huit, vingt ans plus tôt (Proulhac, 2017). Cela s’explique en grande partie par les lois de 1998 et 2000 sur la réduction du temps de travail hebdomadaire qui ont plus fréquemment conduit à des compensations en termes de journées de repos (RTT) qu’en termes d’aménagement du temps de travail quotidien (Lallement, 2002 ; Méda, 2001).

Les lieux d’exercice de l’activité de travail se diversifient et se multiplient (Rosanvallon et al., 2011 ; Massot et al., 2006). Cet élément pourrait aussi avoir un impact sur la concentration de l’hyperpointe. Aujourd’hui, 73 % des actifs occupés franciliens fréquentent exclusivement leur lieu de travail fixe et habituel durant une journée travaillée et 18 % exclusivement des lieux variables, alors qu’ils étaient respectivement 82 % et 5 % au début des années 1990 (Proulhac, 2017).

Ce faisceau de changements structurels entre 1991 et 2010 doit être pris en compte pour interpréter l’évolution de la répartition temporelle des déplacements au cours des jours ouvrés. Il pourrait expliquer en grande partie que la concentration des déplacements durant la pointe du matin se dilue quelque peu. Pour autant ces constats ne doivent pas nous éloigner de notre questionnement sur les liens entre la flexibilisation des horaires de travail et la dilution des horaires des déplacements liés au travail. Nous avons donné ici des éléments de cadrage sur l’évolution de la répartition temporelle de l’ensemble des déplacements effectués en TC durant la matinée. Néanmoins, la structuration des déplacements en heure de pointe reste toujours grandement déterminée par l’activité de travail (Graphique 1.7). Des changements dans les modes d’administration des horaires de travail doivent aussi jouer un rôle sur la répartition des horaires de déplacements pour se rendre au travail et ils ne se voient pas forcément au travers de cette analyse concernant l’ensemble des motifs de déplacements. Nous allons maintenant tenter de vérifier si la flexibilisation des horaires d’embauche en Île-de-France a bien un rôle concomitant dans l’écrêtement de la concentration des déplacements matinaux que nous venons de constater.

GRAPHIqUE 1.7 - Poids des différents motifs de déplacements réalisés en TC selon l’horaire de début du déplacement

Source : Réalisation de Laurent Proulhac et de l’auteur. EGT 2010

Lecture : 553 904 déplacements débutent entre 8 heures et 8 h 29. Parmi ce total, 122 562 sont à destination du lieu d’études.303 018 sont à destination du lieu habituel de travail, soit 54,7 % des déplacements débutés durant cette tranche horaire.

2.2. la flexibilisation des horaires de travail accentue la

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