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collectivités locales et employeurs : la Commission 3T (Trajet, Trafic, Temporalités)

1.1.2. les objectifs et le fonctionnement de la Commission 3T

Le terrain sélectionné est le pôle d’activité de la Plaine Saint-Denis, regroupant environ 40 000 emplois. Ce secteur se situe à proximité immédiate de deux gares SNCF, La Plaine – Stade de France (RER B) à l’Est, et Stade de France – Saint-Denis (RER D) à l’Ouest. Le territoire est d’autant plus intéressant qu’il a connu une véritable explosion, récente, en termes d’emplois. D’autre part sa desserte par les RER B et D vient d’être renforcée et elle a atteint un niveau de fréquence de passage maximal1 en période de pointe (un train toutes les 6 minutes pour le RER D entre 7 heures et 10 h 13, un train toutes les trois minutes pour le RER B entre 7 heures et 9 h 35). Pour améliorer les conditions de déplacements des travailleurs en heures de pointe, des politiques temporelles de gestion de la demande de déplacements paraissent par conséquent tout à fait indiquées.

La Commission 3T (pour Trajets, Trafics et Temporalités) s’est bâtie avec la conviction suivante : SNCF Transilien ne peut lutter seule contre le phénomène d’heures de pointe et doit impliquer des entreprises de secteurs d’activité différents dans une démarche territoriale et collaborative. Cette conviction a pu se concrétiser grâce à « Plaine Commune Promotion », association d’employeurs chargée du développement économique du territoire, l’appui de la communauté d’agglomération « Plaine Commune » et l’impulsion du transporteur SNCF Transilien.

IMAGE 3.2 - Inauguration de la Commission 3T, le 14 novembre 2014

Lecture : sont présents le Directeur Général de SNCF Transilien, le Maire de Saint-Denis,la représentante des entreprises volontaires et Présidente de la Commission 3T, lePrésident de Plaine Commune Promotion, et le Président de la communauté d’agglomération Plaine Commune.

La Commission 3T rassemblera pendant trois années et à raison d’assemblées trimestrielles, des représentants de la collectivité locale, de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Seine Saint-Denis, du Syndicat des Transports d’Île-de-France. Mais elle permettra surtout d’engager des discussions et des travaux avec des représentants de huit entreprises volontaires à la Plaine-Saint Denis pour co-construire et expérimenter des solutions visant à étaler la concentration des déplacements en heures de pointe en RER par le décalage des horaires d’embauche de leurs salariés.

Ses membres se sont accordés sur les quatre objectifs principaux de la Commission :

- Alimenter une réflexion d’ensemble sur le sujet de la saturation aux heures de pointe ; - Co-construire un recensement des solutions possibles à partir de l’analyse des logiques

individuelles et collectives sous-tendant à la fois les pratiques actuelles d’horaires de travail mais aussi de potentiels leviers de changements ;

- Mettre en pratique les solutions envisagées sur le territoire de la Plaine Saint-Denis ; - Former une communauté d’acteurs sensibilisés aux enjeux de la saturation.

Pour atteindre les objectifs opérationnels recherchés, la Commission 3T s’appuie sur une démarche collaborative visant à créer des synergies entre les différentes parties prenantes de la question de la saturation des transports collectifs en heure de pointe et de la simultanéité des horaires de travail. Néanmoins, face à ces intentions on ne pourra faire l’économie de reprocher à ce groupe de travail d’avoir écarté les premiers concernés des débats : aucun représentant des salariés des entreprises volontaires n’est invité à la table des discussions pour réfléchir à la question de la qualité de leur déplacement quotidien et de leur horaire d’embauche.

D’autre part, la sélection du territoire de la Plaine Saint-Denis révèle une certaine ambiguïté vis-à-vis des objectifs de désaturation des RER à l’heure de pointe. En effet, les RER B et D amenant la majorité des salariés de la Plaine Saint-Denis sont comparativement à d’autres tronçons du réseau transport ferré lourd francilien assez peu chargés à l’heure de pointe. Puisque la majorité des travailleurs de la Plaine Saint-Denis habitent Paris ou transitent par Paris avant d’arriver à la Plaine Saint-Denis (APUR, 2015), ils s’insèrent dans des flux en « contre-pointe ». C’est-à-dire qu’ils circulent à l’inverse de la grande majorité des flux observés durant la période de pointe du matin et du soir : le matin les trains et RER saturés sont ceux qui vont de la banlieue au cœur de l’agglomération, vers Paris intra-muros, le soir ce sont les transports qui vont de Paris vers la banlieue. Dès lors, les flux orientés vers la Plaine Saint-Denis et ayant majoritairement pour origine la ville de Paris le matin sont - comparativement aux flux centrifuges - nettement moins soumis à des phénomènes de saturation à l’heure de pointe du matin.

Ces remarques dévoilent incontestablement des écueils affectant l’efficacité de la démarche et de la finalité opérationnelle d’écrêtement des flux aux heures de pointe par le décalage des horaires d’embauche des salariés de la Plaine Saint-Denis. Cependant du point de vue de nos objectifs de recherche, les travaux engagés avec des salariés d’entreprises tertiaires du pôle d’activité de la Plaine Saint-Denis fournissent un terrain d’investigation fertile en vue d’améliorer notre compréhension des logiques individuelles justifiant un choix d’horaire de travail.

1.2. l’Île-de-France, le pôle d’activité de la Plaine

Saint-Denis, les entreprises membres de la Commission 3T :

résonnances avec la problématique

Nous choisissons d’exposer les spécificités de notre terrain et des salariés qui le composent selon trois échelles. Premièrement, notre terrain de recherche se situe en Île-de-France et cette région regorge déjà de nombreuses spécificités qui, du point de vue des comportements de déplacements, des manières de travailler et plus généralement des modes de vie, se révèlent particulièrement propices à l’étude des choix d’horaire de travail en heure de pointe (Boulin & du Tertre, 2000). Deuxièmement notre terrain de recherche se situe sur un pôle d’activité tertiaire très fréquenté par des populations de cadres. Or nous verrons que cette catégorie de salariés se révélera être un groupe d’étude de premier choix pour dénouer les logiques d’action justifiant un choix d’horaire de travail. Les huit entreprises et les salariés que nous avons pu enquêter constituent une sous-population de 12 000 salariés appartenant à la population des 40 000 travailleurs présents sur le secteur de la Plaine Saint-Denis. Enfin, nous étudierons les particularités de cette sous-population à la lumière des exigences demandées par nos objectifs de recherche.

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