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Dans ce chapitre, afin d’identifier les déterminants d’un horaire de déplacement domicile-travail en heure de pointe, nous nous sommes intéressés aux stratégies des salariés décidant de leur horaire de travail et qui sont donc a priori libres d’éviter les périodes de pointe. Pour sonder ce champ d’investigation nous avons défini un cadre théorique permettant d’isoler les potentiels déterminants d’un choix d’horaire de travail. Parmi une infinité de facteurs justifiant probablement un choix d’horaire de travail, nous nous sommes inspirés de façon conjointe des travaux de la Time-Geography (Hägerstrand, 1970) et de la Sociologie Compréhensive (Weber, 1922), pour ne retenir finalement que trois angles d’attaque qui doivent nous permettre de comprendre pourquoi les salariés décident d’arriver au travail durant l’heure de pointe.

En nous inspirant de l’école scandinave de la Time-Geography, nous avons admis que le choix d’horaires de travail relevait pour beaucoup de contraintes de couplage et de préférences individuelles. Selon ces deux premiers segments explicatifs, les salariés choisissant leur horaire de travail peuvent le faire par pure préférence individuelle et/ou être contraint de choisir un horaire qui leur permette de se « coupler » avec autrui (sur ou en dehors du lieu de travail). Ces contraintes de couplage doivent se lire au sens d’une stratégie contrainte car elles nécessitent d’être à l’heure à un « rendez-vous » au sens large du terme, c’est-à-dire de se trouver dans un lieu à un moment précis et pour une durée généralement convenue. Afin d’expliquer un choix d’horaire de travail, l’originalité de la thèse réside surtout dans le fait d’associer aux logiques utilitaristes (contraintes/préférences) de la Time-Geography, certaines logiques axiologiques (normes sociales) de la Sociologie Compréhensive. Au sein de la Time-Geography, il semble en effet manquer un pan des logiques d’actions individuelles pouvant expliquer le choix d’un horaire de travail (Schwanen, 2008). Les études et les recherches qui intègrent la notion de normes sociales en tant que facteur explicatif d’un horaire d’arrivée au travail sont encore extrêmement rares (Thorauge, 2016 ; Schwanen, 2008). De plus lorsqu’elles intègrent ces segments explicatifs, elles n’abordent en fait qu’indirectement les normes en tant que manifestation de valeurs pouvant être communes. Au-delà d’une communauté de représentations symboliques, les études s’intéressent plutôt à l’expression agrégée de croyances personnelles vis-à-vis d’un horaire de travail. De notre côté, tout comme ces derniers, nous ne pourrons faire l’économie de discuter de l’appropriation et de l’expression individuelle des normes sociales d’horaires de travail. Cependant nous retournerons

aussi temporairement le paradigme de l’individualisme méthodologique pour étudier le poids de la norme horaire en tant qu’agrégat qui pèse assez uniformément sur l’ensemble des salariés.

FIGURE 2.4- Récapitulatif du cheminement de recherche : du problème de l’heure de pointe

aux hypothèses de recherche

Source : Auteur

En miroir de ce cadre théorique tridimensionnel nous avons défini nos trois hypothèses de recherche. La première hypothèse vise à apporter des éléments de réponse à notre question de recherche, de la façon peut-être la plus intuitive : si les salariés arrivent au bureau durant l’heure de pointe alors qu’ils peuvent décider de leur horaire c’est parce qu’ils restent toutefois contraints (par des contraintes de couplage) de le faire. Dit avec plus de précision, nous pensons que bien que de plus en plus de salariés puissent à présent choisir leur horaire de travail, il subsiste dans la vie au travail, et en dehors, des contraintes de couplage qui les poussent à débuter leur journée en même temps que tout le monde.

Selon une conception un peu moins courante, la seconde hypothèse de recherche s’intéresse au poids des préférences individuelles face aux horaires d’arrivées au travail en heure de pointe. Les préférences des individus, prises indépendamment de toutes contraintes de couplage peuvent-elles générer des arrivées en heure de pointe ? On a coutume de dire que les déplacements en période de pointe sont le reflet de mobilités subies, mais rarement de mobilités choisies. Notre seconde hypothèse de recherche exposera l’idée à contre-courant selon laquelle les salariés qui peuvent décider de leur horaire sans contrainte de couplage préfèrent arriver au travail avant, mais aussi pendant, l’heure de pointe. Notre troisième hypothèse de recherche apparaît en réponse au fait que les salariés choisissent d’arriver pendant ou avant l’heure de pointe, mais quasiment jamais après, dès lors qu’ils sollicitent leurs préférences individuelles. Pour expliquer les fondements de ce constat, nous dépassons le paradigme de la rationalité aussi temporairement le paradigme de l’individualisme méthodologique pour étudier le poids de la norme horaire en tant qu’agrégat qui pèse assez uniformément sur l’ensemble des salariés.

FIGURE 2.4 - Récapitulatif du cheminement de recherche : du problème de l’heure de pointe aux hypothèses de recherche

Source : Auteur

En miroir de ce cadre théorique tridimensionnel nous avons défini nos trois hypothèses de recherche. La première hypothèse vise à apporter des éléments de réponse à notre question de recherche, de la façon peut-être la plus intuitive : si les salariés arrivent au bureau durant l’heure de pointe alors qu’ils peuvent décider de leur horaire c’est parce qu’ils restent toutefois contraints (par des contraintes de couplage) de le faire. Dit avec plus de précision, nous pensons que bien que de plus en plus de salariés puissent à présent choisir leur horaire de travail, il subsiste dans la vie au travail, et en dehors, des contraintes de couplage qui les poussent à débuter leur journée en même temps que tout le monde.

Selon une conception un peu moins courante, la seconde hypothèse de recherche s’intéresse au poids des préférences individuelles face aux horaires d’arrivées au travail en heure de pointe. Les préférences des individus, prises indépendamment de toutes contraintes de couplage peuvent-elles générer des arrivées en heure de pointe ? On a coutume de dire que les déplacements en période de pointe sont le reflet de mobilités subies, mais rarement de mobilités choisies. Notre seconde hypothèse de recherche exposera l’idée à contre-courant selon laquelle les salariés qui peuvent décider de leur horaire sans contrainte de couplage préfèrent arriver au travail avant, mais aussi pendant, l’heure de pointe. Notre troisième hypothèse de recherche apparaît en réponse au fait que les salariés choisissent d’arriver pendant ou avant l’heure de pointe, mais quasiment jamais après, dès lors qu’ils sollicitent leurs préférences individuelles. Pour expliquer les fondements de ce constat, nous dépassons le paradigme de la rationalité

Contraintes de couplage Préférences

Normes sociales

Heure de pointe dans les transports Simultanéité des

horaires pratiqués par les salariés « Choix » d'horaire

de travail en heure de pointe ? logiques d'action

individuelles sociologique Phénomène de synchronisation

Problème collectif d'ingénierie

instrumentale, des préférences et des choix individuels, pour ouvrir la boîte de logiques plus cachées et silencieuses, mais qui ont selon nous un pouvoir explicatif important vis-à-vis des choix d’horaires de travail : les normes sociales. C’est pourquoi au cours d’une dernière étape, nous chercherons à vérifier si les normes sociales d’horaires de travail empêchent les salariés d’arriver au travail après l’heure de pointe. À présent, la formulation de nos hypothèses de recherche va orienter les décisions à prendre quant aux méthodes de collecte de données et à la nature de l’échantillon à choisir. En effet, il est par exemple probable que nous ne puissions pas investiguer selon les mêmes méthodes les normes sociales qui canalisent discrètement un choix d’horaires de travail et les contraintes et préférences qui justifient explicitement la pratique d’un horaire de travail.

aussi temporairement le paradigme de l’individualisme méthodologique pour étudier le poids de la norme horaire en tant qu’agrégat qui pèse assez uniformément sur l’ensemble des salariés.

FIGURE 2.4 - Récapitulatif du cheminement de recherche : du problème de l’heure de pointe aux hypothèses de recherche

Source : Auteur

En miroir de ce cadre théorique tridimensionnel nous avons défini nos trois hypothèses de recherche. La première hypothèse vise à apporter des éléments de réponse à notre question de recherche, de la façon peut-être la plus intuitive : si les salariés arrivent au bureau durant l’heure de pointe alors qu’ils peuvent décider de leur horaire c’est parce qu’ils restent toutefois contraints (par des contraintes de couplage) de le faire. Dit avec plus de précision, nous pensons que bien que de plus en plus de salariés puissent à présent choisir leur horaire de travail, il subsiste dans la vie au travail, et en dehors, des contraintes de couplage qui les poussent à débuter leur journée en même temps que tout le monde.

Selon une conception un peu moins courante, la seconde hypothèse de recherche s’intéresse au poids des préférences individuelles face aux horaires d’arrivées au travail en heure de pointe. Les préférences des individus, prises indépendamment de toutes contraintes de couplage peuvent-elles générer des arrivées en heure de pointe ? On a coutume de dire que les déplacements en période de pointe sont le reflet de mobilités subies, mais rarement de mobilités choisies. Notre seconde hypothèse de recherche exposera l’idée à contre-courant selon laquelle les salariés qui peuvent décider de leur horaire sans contrainte de couplage préfèrent arriver au travail avant, mais aussi pendant, l’heure de pointe. Notre troisième hypothèse de recherche apparaît en réponse au fait que les salariés choisissent d’arriver pendant ou avant l’heure de pointe, mais quasiment jamais après, dès lors qu’ils sollicitent leurs préférences individuelles. Pour expliquer les fondements de ce constat, nous dépassons le paradigme de la rationalité

Contraintes de couplage Préférences

Normes sociales

Heure de pointe dans les transports Simultanéité des

horaires pratiqués par les salariés « Choix » d'horaire

de travail en heure de pointe ? logiques d'action

individuelles sociologique Phénomène de synchronisation

Problème collectif d'ingénierie

Présentation du terrain d’étude

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