• Aucun résultat trouvé

les limites de la désarticulation des raisons justifiant l’horaire

Introduction au chapitre 4

1. les impératifs quotidiens enserrant le choix d’un horaire de travail

1.2. les raisons de l’horaire indiquées par les salariés

1.2.3. les limites de la désarticulation des raisons justifiant l’horaire

Cette revue du poids des différentes raisons, prises séparément, a bien évidemment ses limites. Dans la vie, les situations réalistes s’entremêlent et se combinent pour aboutir à un emploi du temps conciliant les différentes contraintes de couplage. Les enquêtés parlent fréquemment de compromis ou de conciliations :

« Qu’est ce qui fait que vous ne voulez pas trop vous décaler des horaires de vos collègues ?

- (Long silence, il réfléchit)  Bah après, euhh, pfff, c’est un compromis, si par exemple, bon.

Il y a quand même la durée des transports qui joue. Si je viens plus tôt, bon je vais vraiment me lever très très tôt. Ou a contrario si je prends un express plus tard, ça a un impact sur mon horaire de sortie du travail et cela me fait quasiment louper le dîner. Cela correspond à un compromis de rythme de vie pour concilier la vie au travail et à la maison. »

Les contraintes de couplage se combinent et s’ajustent donc les unes par rapport aux autres en fonction des injonctions dont elles relèvent ainsi que des ressources dont les individus disposent. De ce point de vue, l’utilisation unilatérale des raisons classées en première position soulève des questions quant aux limites de l’analyse engagée. Sur douze raisons possibles, rappelons que les répondants ont en moyenne signalé 2,8 raisons avec lesquelles jongler pour aboutir à la chronologie de leur début de journée.

Il eut été intéressant d’élargir notre focale en dessous des raisons citées en première position afin d’évaluer les façons courantes d’associer les raisons entre elles : par exemple, plus fréquemment « école » en n° 1 et « réunions » en n° 2, ou l’inverse ? Ou bien encore selon un schéma classique, « préférences personnelles » en n° 1 et « horaires du conjoint » en n° 2, ou bien l’inverse ? Etc. Les résultats de l’Analyse en Composante Principale (ACP) disponible en Annexe 6 ne fournissent cependant pas de conclusions probantes quant à l’existence d’éventuels schémas de classements types. La diversité des logiques et des combinaisons justifiant les horaires de travail paraît la règle. Par conséquent, il aurait été très compliqué de réaliser des traitements statistiques sur des combinaisons-types de raisons. Seule la distinction « préférences »/« contraintes de couplage » semble vérifiable : les personnes qui ont mentionné « préférences personnelles » et/ou « évitement de la congestion » les ont rarement mentionnés en parallèle des contraintes de couplage. Réciproquement, les personnes qui ont mentionné des contraintes d’interaction les ont rarement combinées avec d’autres raisons propres à des préférences. Cette distinction justifie, ici encore, que nous nous préoccupions séparément des préférences dans le chapitre 5.

1.2.4. 6 raisons expliquent majoritairement l’horaire d’arrivée

En prenant du recul sur l’ensemble de notre échantillon nous pouvons à présent observer les bâtons rouges du diagramme de la figure 4.6. Ils reprennent l’information contenue dans les deux diagrammes précédents et nous renseignent sur la distribution des raisons classées en première position par rapport à l’ensemble des raisons proposées.

FIGURE 4.6 Fréquence des raisons sélectionnées et des raisons classées

en 1e position pour expliquer l’horaire d’embauche

Source : Enquête heure de pointe et horaires de travail - Saint-Denis - mai 2015 (3 202 répondants)

Lecture : 20,3 % des enquêtés ont cité les horaires d’écoles en tant que facteur déterminant leur horaire d’arrivée au travail. Un peu plus de la moitié de ces 20 %, soit 11,3 % de l’ensemble des enquêtés, ont classé les horaires d’écoles en première position des facteurs expliquant leur horaire d’arrivée au travail.

Parmi l’ensemble des raisons classées en première position, les « préférences personnelles » et les « horaires fixés » de travail sont les raisons qui apparaissent le plus fréquemment. Elles représentent pour chacune d’entre elles, un peu plus de 17 % des premiers choix. Mais ce n’est pas pour les mêmes raisons. Alors que « préférences personnelles » est la raison la plus citée, elle n’est classée en première position que dans 38,6 % des cas. Les « horaires de travail fixés » ne sont cités que dans 32 % des cas mais lorsqu’ils sont cités, ils sont classés en première position dans 54,2 % des cas.

Ainsi, le classement de ces facteurs est dépendant de deux dynamiques complémentaires. D’un côté, beaucoup de personnes ont signalé être guidées par leurs « préférences personnelles » sans pour autant que cela soit le plus déterminant, et de l’autre côté, assez peu de personnes ont signalé être guidées par des « horaires de travail fixés » mais ceux-ci se retrouvent souvent très déterminants.

Nous trouvons ensuite, les « horaires de transports », « l’évitement des périodes où le réseau est trop chargé », « l’horaire des réunions » et les « horaires d’école » (qui est la raison principale de l’horaire d’arrivée au travail pour 11,3 % des enquêtés). Les autres raisons n’étant que très rarement citées en première position, ces six premières raisons fournissent un éventail assez complet des raisons pouvant déterminer un horaire de travail. Elles totalisent à elles seules 86,7 % des motifs qui justifient prioritairement un horaire d’arrivée au travail.

Du point de vue des recommandations opérationnelles, il devient alors pertinent de se concentrer sur des actions qui agiraient sur ces fondamentaux. Parmi ces six raisons, deux relèvent de préférences propres aux individus, « préférences personnelles », « évitement des périodes où le réseau est trop chargé » sur lesquelles il est difficile d’agir. Les quatre autres relèvent par contre de contraintes horaires pour lesquelles des bénéfices multilatéraux sont envisageables. Les « horaires de travail fixés » par l’employeur, les « horaires des transports », les « horaires des réunions » et les « horaires d’école » deviennent autant de leviers d’action pour induire des changements d’horaires de travail et de potentiels décalages d’horaires en dehors de l’heure de pointe.

À la lecture de ces premiers résultats sur les raisons déterminant un horaire de travail, nous avons pu caractériser l’importance relative des différentes raisons. Cependant nous ne savons pas à quel horaire de travail correspond telle ou telle raison. Or, il est primordial de savoir si les raisons invoquées génèrent des déplacements plutôt en heure de pointe, ou plutôt hors heure de pointe. Les politiques à engager seraient d’ordre opposé selon que nous constations que les raisons favorisent un déplacement en heure de pointe ou hors heure de pointe.

2. Arriver en heure de pointe pour répondre à

Outline

Documents relatifs