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CHAPITRE IV TEL CONTEXTE, TELS APPRENANTS, TELLES

1. Ça pèse combien le français au Liban ?

Nous vivons tous et de façon permanente des situations de négociation, sinon de conflit, de représentations, par l’usage que nous faisons d’une langue, d’un code culturel, ou d’un système de valeurs. Les apprenants qui, souvent, construisent leurs connaissances en milieu pluriculturel ou plurilingue savent qu’il n’est question ici ni de supériorité ni d’infériorité de langues et de cultures en soi, mais d’usages répartis selon les contextes et en fonction des interlocuteurs.

L’observation des situations plurilingues dans le monde nous présente des raisons qui justifient les inégalités entre les langues. Les langues sont d’abord inégales du point de vue statistique : certaines sont très parlées, d’autres le sont peu. De plus, elles sont inégales du point de vue social : certaines sont dominées tandis que d’autres dominent et assurent des fonctions de type officiel, littéraire, culturel, international, ou véhiculaire. Elles sont enfin inégales du point de vue des représentations dont elles sont l’objet. Certaines sont considérées comme prestigieuses, d’autres non ; certaines sont revendiquées par leurs locuteurs comme langues identitaires, d’autres sont abandonnées par ces mêmes locuteurs qui ne les transmettent plus et préfèrent voir leurs enfants en acquérir une autre. En outre, dans un contexte de mondialisation qui tend à reconfigurer les rapports entre les hommes et leurs communautés et à multiplier les réseaux de communication, quels critères faut-il prendre en compte pour « peser » les langues ? Dans ce sens, ça pèse combien les langues notamment le français dans le contexte libanais ? Quels sont les facteurs déterminants qui confèrent à la francophonie un certain « poids » dans ce pays ? Et quels effets ce « poids » peut-il exercer sur les rapports mutuels entre les langues et les cultures en présence ?

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Chiss J.-L. & Cicurel F., 2005, « Cultures linguistiques, éducatives et didactiques », in Beacco J.-C. & alii (Dir.), Les cultures éducatives et linguistiques dans l’enseignement des langues, Paris, Presses Universitaires de France, pp. 5-6.

Lorsque l’on parle du « poids » d’une langue, il faut se rendre à l’évidence que ce terme est employé dans un sens métaphorique. À ce sujet, Ahmad Boukous explique :

« La métaphore du ‘poids’ appliquée à la langue est ambivalente dans la mesure où elle induit deux valeurs sémantiques opposées. En effet, dire d’une langue qu’elle a du poids sur le marché ou qu’elle donne du poids à ses usagers signifie qu’elle représente une force sur le plan économique, qu’elle dispense des profits et des privilèges, qu’elle a une valeur positive dans le système de représentation sociale et qu’elle prodigue du prestige sociale. En revanche, dire d’une langue qu’elle est un poids ou qu’elle constitue un poids pour ses usagers, c'est dire qu’elle est un handicap pour eux, qu’elle leur cause un préjudice, qu’elle leur crée un dommage. Ainsi, dire d’une langue qu’elle a du poids signifie qu’elle occupe une position qui lui permet d’être compétitive sur le marché linguistique, alors que l’expression cette langue ne fait pas le poids signifie qu’elle ne soutient pas la comparaison avec les autres langues. »109

Il existerait donc un double signifié propre à la notion de poids : le poids physique qui renvoie à la physique, au poids mesurable, quantifiable (la langue telle qu’elle existe dans les pratiques), et le poids moral qui renvoie aux représentations que se font les locuteurs de cette langue. La question n’est pas tant d’évaluer le nombre de ses locuteurs que de voir quelles fonctions celle-ci assume dans les échanges quotidiens que les locuteurs ont dans différents espaces et situations de communication.

Les représentations sociales de la langue qui constituent un assemblage de savoirs permettant aux acteurs sociaux de co-construire une même réalité sociale, de s’assurer qu’ils la partagent, et d’adapter leurs comportements à la diversité des situations auxquelles ils peuvent être confrontés, permettent de savoir ce que ces acteurs pensent des langues et de leurs pratiques sociolinguistiques. Dès lors comment envisager d’évaluer le « poids » d’une langue sans prendre en compte les connaissances qui déterminent la nature des relations qu’entretiennent les locuteurs avec leur(s) langue(s), mais également avec celles des autres communautés ? Ce

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Boukous A., 2009, « Poids des langues : De la métaphore au paramétrage : Le cas de l’Amazighe », in Gasquet-Cyrus M. & Petitjean C. (Dirs.), Le poids des langues : Dynamiques, représentations, contacts, conflits, Paris, L’Harmattan, pp. 125-126.

que rejoint le constat formulé par Henri Boyer sur la « force des représentations » dans son article « ‘poids’ des langues ou ‘poids’ des imaginaires des langues ? Sur trois situations de normalisation d’une langue minorée ». Boyer suppose qu’en pesant une langue, « évidemment les ingrédients qui paraissent les plus « lourds » sont le nombre d’utilisateurs, le pouvoir économique et politique du pays dont la langue est considérée comme « lourde », de même que sa supériorité en matière d’activité scientifique et technologique. Mais des « facteurs psychologiques », moins évidents, « pèsent » aussi dans la balance […]. »110 En d’autres termes, ces « facteurs psychosociaux » dont parle Boyer sont les représentations et les attitudes linguistiques.

Afin de mieux connaître le rapport qu’entretiennent les apprenants libanais au département de Nabatieh avec leur histoire linguistique, ils ont été interrogés, d’une part sur la présence effective de la langue française dans la société, et d’autre part sur leur connaissance des raisons justifiant son enseignement dans le pays. La question leur a été posée de la manière suivante :

Où parle-t-on français au Liban ? Vous pouvez cocher plusieurs cases :

Uniquement dans les couches sociales aisées

Dans les classes moyennes

Dans toute la société

Dans la presse

Dans la publicité

Dans les centres culturels

À l’école   À l’université   À la radio   À la télévision   Au cinéma   Autres (précisez)..………

D’après-vous, comment se fait-il que le français soit enseigné/parlé au Liban ?

Pensez-vous que le français parlé au Liban est le même que celui parlé dans les autres pays francophones ?

Oui

Non

Autres (précisez)………

110 Boyer H., 2009, « ‘poids’ des langues ou ‘poids’ des imaginaires des langues ? Sur trois situations de normalisation d’une langue minorée », in Gasquet-Cyrus M. & Petitjean C. (Dirs.),

Le poids des langues : Dynamiques, représentations, contacts, conflits, Paris, L’Harmattan, p. 208.

Il est à remarquer que pour toutes les personnes enquêtées, la présence de la langue française, son enseignement-apprentissage ainsi que sa pratique dans la société libanaise est un fait qui « va de soi », parce que « le Liban est un pays francophone ». Ainsi, pour eux « ceci explique cela » comme le montre cette réponse de l’un des apprenants : « on apprend le français au Liban, parce que le Liban est un pays francophone ». Toutes les réponses relatives aux raisons de la présence de cette langue dans le pays font référence au mandat français. Il est à remarquer que le français est loin d’être perçu par ces apprenants comme la « langue du colonisateur », il est plutôt considéré comme un « héritage culturel prestigieux ». Par ailleurs, d’après ces enquêtés, c’est à l’école que l’on pourrait entendre le plus la langue française.

Le graphique suivant montre les lieux de présence de français dans la société du point de vue des apprenants :

Graphique 14 : Présence de la langue française dans la société libanaise selon les apprenants enquêtés

L’usage et la présence de français au Liban varient localement, socialement, selon les types d’interaction, l’âge, la profession des locuteurs, etc. Près de 92 % des enquêtés insistent sur la place importante de français à l’école. Une partie non

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négligeable des apprenants 40 % pensent que le français est encore l’apanage des classes sociales aisées. Par contre, 13 % seulement parmi eux remarquent la présence de français dans « toute la société ». Certes, le milieu social aisé offre des conditions particulièrement favorables pour l’apprentissage des langues en général et pas seulement de français. Or, rares sont les études qui se sont appuyées sur la variable « appartenance sociale » comme critère d’évaluation de la présence des langues étrangères chez les apprenants libanais. Il est donc difficile d’interpréter tous les résultats obtenus au niveau de cette question et cela pour deux raisons : d’une part, rares sont les apprenants qui ont pris le temps de commenter leurs réponses, et d’autre part l’absence de données récentes sur la place effective de français dans la société ne permet pas d’effectuer une lecture plus précise de ces résultats.

Par ailleurs, ce graphique montre bien le décalage entre la place qu’occupe le français à l’école (92 %) et celle qu’il occupe à l’université (50 %). Il est évident que les apprenants francophones, après avoir fait leur scolarité en français, tournent vers les universités anglophones qui pourraient leur garantir un avenir professionnel plus sûr. Pour sa part, Abou Sélim explique ce phénomène ainsi : « certes, tout le monde admet que la maîtrise, au moins moyenne, de l’anglo-américain est désormais une nécessité professionnelle ; mais dans une région qui a toujours été plurilingue, et où l’usage d’une langue autre que l’arabe a varié d’un pays à l’autre selon les aléas de l’histoire, un principe de hiérarchisation ciblée des langues semble continuer à prévaloir, donnant à la maîtrise du français l’avantage sur l’anglo-américain dans la formation de la personne. Au Liban, où le choix du français comme langue scolaire n’a pas connu de baisse significative, mais où le choix de l’anglais comme langue universitaire se développe, c’est plutôt un trilinguisme hiérarchisé qui se profile : le français, langue de formation et de culture, l’anglais, langue instrumentale, les deux langues étant par ailleurs, avec l’arabe, des langues de communication nationale et internationale. »111

Dans son rapport sur l’état des lieux de la francophonie dans le monde arabe, Katia Haddad résume les motifs de choix de l’anglais à l’université, elle suppose que : « la raison en est que, d’une part, beaucoup de parents estiment que

111 Abou S., 2008, « L’avenir du français au Machrek », in Maurais J. & alii (Dir.), L’avenir du français, Paris, Éditions des archives contemporaines, AUF, p. 201.

l’essentiel de l’intérêt d’une formation francophone pour leurs enfants se trouve dans la formation scolaire, et qu’ensuite des études en anglais constituent un meilleur atout dans la vie professionnelle ; ils considèrent aussi que la langue française étant plus difficile à acquérir et à maîtriser que l’anglais, elle nécessite une plus longue familiarisation, et que des études universitaires en anglais permettent l’acquisition, tardive mais suffisante, de la langue anglaise. »112 Le nombre des universitaires anglophones progresse proportionnellement tous les ans. Cependant, une opinion assez courante reconnaît que la francophonie au Liban est en « croissance parallèle » avec l’anglophonie, puisque le nombre de francophones n’a jamais diminué dans le pays.

55 % des enquêtés soulignent la présence du français dans les centres culturels. Il est important d’indiquer ici qu’il s’agit des centres faisant partie de la Mission Culturelle Française (MCF) qui s’avère être à l’origine de la renaissance des activités culturelles, linguistiques, pédagogiques et artistiques francophones dans le pays. Depuis 1992, la France a renouvelé sa politique culturelle avec le retour de la coopération française, absente pendant la guerre. Cette politique s’est caractérisée par diverses activités touchant à l’ensemble de la population. Le regain des activités s’est manifesté par la constitution des nouveaux centres assumés par l’Ambassade de France à Beyrouth et répartis dans les régions principales de façon à toucher la population libanaise : Beyrouth, Jounieh, Tripoli (Nord), Zahlé (Békaa), Deir El-Quamar (Chouf), Baalbek, Saïda, Tyr et Nabatieh.

Les activités principales de ces centres sont à la fois linguistique et éducative. Leur action culturelle venant s’intégrer dans le but de rendre la francophonie plus attractive. Pour cela, outre les activités internes, cours de langues, stages pédagogiques, d’autres activités viennent s’ajouter comme ateliers pour enfants, ciné-clubs, expositions et conférences, spectacles pour la jeunesse, le festival du conte, la fête de la musique, le mois de patrimoine, etc. Il faut mentionner que le CCF de Beyrouth prend en charge l’organisation du Salon du Livre « Lire en français et en musique » qui se déroule chaque automne à Beyrouth avec le partenariat du Ministère de la Culture, des maisons d’édition, des différents libraires, de la presse, etc.

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Haddad K., 2002, La francophonie dans le monde arabe : État des lieux, Agence universitaire de le Francophonie, cité dans Abou S., 2008, « L’avenir du français au Machrek », in Maurais J. & alii (Dirs.), L’avenir du français, Paris, Éditions des archives contemporaines, AUF, p. 203.

Les centres ont une double vocation, être un centre culturel mais également éducatif, c’est pourquoi ils collaborent avec la plupart des écoles officielles et privées dans le but d’assurer des stages pédagogiques et linguistiques pour les professeurs, des cours de français pour les enfants et des cours de mise à niveau pour les adultes, des expositions culturelles et pédagogiques y sont également organisées. De même, des bibliothèques et des médiathèques sont mises à la disposition des habitants. Au niveau linguistique, les centres culturels français au Liban assurent des cours de français langue étrangère (FLE). Depuis 1993, le Diplôme d’Etudes en Langue Française (DELF) et, le Diplôme Approfondi de Langue française (DALF) sont délivrés par les centres culturels.

50 % environ des enquêtés ont identifié le français dans le secteur des médias qui semble être l’un des rares secteurs en pleine phase de croissance dans le pays. On compte au Liban 13 quotidiens (11 journaux en arabe, un en français et un autre anglais) et 1500 périodiques de toutes les catégories. Outre les très nombreux magazines arabophones et anglophones, il existe aussi un certain nombre de revues publiées en français comme La Revue du Liban.

En ce qui concerne la radio, la plupart des stations sont diffusées en arabe libanais, parfois en arabe standard. On compte également des stations diffusant partiellement en français comme, Nostalgie FM, Radio Mont-Liban, Voix du Liban. Par satellites, les Libanais ont également accès à France Culture, France Info, France Inter, Radio Suisse Romande Internationale. Quant à la télévision, les stations diffusent principalement en arabe. Selon le rapport d’information de la Commission des affaires culturelles françaises publié en 2001, «[…] les chaînes libanaises diffusent globalement 52 % de programmes en arabe, 28 % en anglais et 20 % en français. »113

L’univers médiatique et publicitaire au Liban fait preuve d’une grande vitalité et la création dans ce domaine reste la plus importante des pays de la région. Beyrouth est aujourd’hui le centre où se développent et s’organisent les campagnes publicitaires non seulement pour le Liban mais aussi pour le reste des pays arabes.

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Commission des affaires culturelles, 2000, La mission d’informations sur les relations culturelles, scientifiques et techniques de la France avec le Liban, la Syrie et la Jordanie, Rapport d'information, N°52 , Paris, Sénat français, http://www.senat.fr/rap/r00-052/r00-052_mono.html, page consultée le 2 février 2008.

Ceci a entraîné le recours de plus en plus à la langue anglaise aux côtés de l’arabe, au détriment du français. Puisque les principales clientèles auxquelles s’adressent ces compagnes sont par excellence les pays du Proche-Orient et les pays du Golfe. Les annonceurs s’adressent à travers la publicité à leurs clients potentiels en arabe, en français et en anglais. Il semblerait que même dans le domaine de la création publicitaire, les trois langues rivales sont aussi inégales dans la mesure où elles ne remplissent pas les mêmes fonctions. À la télévision, la langue arabe sous ses deux formes, est la plus utilisée au Liban pour les films publicitaires. Elle devance considérablement les autres langues dans ce secteur, avec un total de 64 % en 2000. En ce qui concerne la langue française, selon les statistiques de l’Institut IPSOS, on remarque qu’ « […] en 1992, 13 % des publicités à la télévision étaient en français. Elles ne représentaient plus que 8 % du total en 2000. »114

Dans le secteur publicitaire, l’arabe est surtout la langue des publicités de grande consommation : alimentation, produits d’entretien, etc. Quant à l’anglais, c’est la langue publicitaire pour les cigarettes, les voitures, le matériel électronique, etc. Alors que l’emploi du français dans le secteur publicitaire est remarquable dans les films vantant les qualités des produits de luxe (parfums, accessoires, bijoux, etc.) de l’habillement, des produits cosmétiques, et des arts de la table, etc. Ce sont surtout les enquêtés femmes qui ont évoqué une forte présence du français dans la publicité.

Côté cinéma, le cinéma américain prouve une fois de plus son hégémonie. Ceci n’est pas spécifique du Liban même la France souffre de cette américanisation à outrance du cinéma. Au Liban, les films français sont très loin derrière les films américains et égyptiens.

4 % seulement des enquêtés ont évoqué la présence du français sur Internet. Ce domaine témoigne aussi de la suprématie de l’anglais, aussi bien au niveau de la technologie, que des logiciels et des contenus. Comme la majorité d’informations est disponible en anglais, la presque majorité des internautes libanais, comme leurs homologues dans le monde, se trouve, bon gré mal gré, obligé d’utiliser cette

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Monin P., 2001, « Communication et francophonie », in Mouvement Culturel-Antélias, La Francophonie Libanaise, Culture et Humanisme, Actes du Colloque National [2-3 mai 2001], organisé par le Mouvement Culturel-Antelias, dans le cadre des activités préludant au IXe Sommet de la Francophonie, Beyrouth, Éditions du MCA, p. 83.

langue. Cela n’empêche pas de remarquer la présence de quelques sites francophones créés par les défenseurs de la langue française au Liban. En tous cas, toutes les données obtenues ici ne peuvent reconnaître que la relativité des données chiffrées sur la francophonie libanaise (N. Guenier 1993, K. Haddad & S. Abou 1996). Il ne s’agit toujours que d’estimations approximatives, et nul ne prétend avoir constitué des données fiables d’une ampleur telle qu’elles permettraient d’être précis sur ce sujet.

En effet, la vitalité d’une langue dépend d’abord de son efficacité, c'est-à-dire de sa capacité à exprimer le réel, et en particulier, de sa capacité à désigner les réalités nouvelles qui apparaissent au fur et à mesure que le monde change. La vitalité d’une langue dépend ensuite de sa fonctionnalité. Il est clair que l’utilité réelle ou supposée d’une langue sur le marché de l’emploi conduit les parents davantage à la transmettre ou à la faire apprendre à leurs enfants. La place qu’on lui réserve dans les médias, dans la vie culturelle, dans les systèmes scolaires, dans le monde du travail, de l’enseignement, de la recherche, est évidemment capitale.

Mesurer le poids d’une langue dans une société ne peut se limiter seulement à l’évaluation du nombre de ses locuteurs. Une langue n’existe pas isolément, elle existe toujours en relation avec d’autres langues avec lesquelles elle entretient des rapports de force assez complexes. La mondialisation/globalisation engendre des nouvelles perspectives sur la question du rapport entre les langues, les modalités de leurs contacts, l’évolution de leurs statuts respectifs, leur diffusion, leur présence/absence dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication, etc. D’autant plus que la réorganisation des rapports entre les individus et les sociétés a des conséquences sérieuses sur la communication et les échanges langagiers. Dans ces conditions comme l’expliquent Médéric Gasquet-Cyrus et Cécile Petitjean, « […] le poids des langues ne saurait plus reposer uniquement sur le nombre de leurs locuteurs. C’est précisément l’évolution des relations inter et intracommunautaires qui cristallise aujourd’hui la pertinence d’une observation critique de la notion de poids des langues. »115

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Gasquet-Cyrus M. & Petitjean C., 2009, « La métaphore du poids des langues et ses enjeux »,