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3 L’individu  et  les  autres

3.3 Le  personnage  principal

3.3.3 Owen,  parangon  d’individualité

Par le nom choisi pour le protagoniste de A Prayer for Owen Meany, John Irving établit d’emblée la dimension religieuse de son septième roman. En effet, le nom complet d’Owen est Paul O. Meany Jr., qui comportant une référence incontestable au saint chrétien264, confère au personnage une dimension mystique et annonce ses nombreuses évocations de la grandeur divine. Comme St Paul, Owen prêche tout au

264 Surnommé l’Apôtre des gentils (c’est-à-dire des païens), Saint Paul partit d’Antioche pour prêcher et fonder des communautés chrétiennes au cours de trois voyages missionnaires dans l’Orient hellénisé.

long de sa vie la Parole de Dieu. Il est même érigé par le narrateur au statut de représentation parfaite de foi et de ferveur religieuse :

‘BELIEF IS NOT AN INTELLECTUAL MATTER,’ he complained. ‘IF HE’S GOT SO MUCH DOUBT, HE’S IN THE WRONG BUSINESS.’

But who, besides Owen Meany and Rector Wiggin, had so little doubt? Owen was a natural in the belief business […]265

Ainsi, Owen se détache de la foule des personnages. La caractérisation et l’élaboration d’une identité fondée sur le particularisme débutent. Dans cette même optique, son second prénom, Owen, renvoie très certainement à la notion de dette présente dans le verbe « owe ». Owen, comme tous les Chrétiens fervents, est décrit comme se sentant redevable à Dieu d’avoir sacrifier son fils unique pour la rédemption des pêchers : ‘IF YOU DON’T BELIEVE IN EASTER,’ Owen Meany said, ‘DON’T KID YOURSELF – DON’T CALL YOURSELF A CHRISTIAN.’266 Sa ferveur spirituelle est, par conséquent, un témoignage de reconnaissance envers Dieu mais constitue également un élément notable de particularisation dans un roman où la plupart des autres personnages sont décrits en proie au doute. Sa ferveur se manifeste également par de nombreuses citations de la Bible et par le respect stricto sensu des paroles des chants utilisés lors de la crèche vivante organisée par le Révérend Wiggin et son épouse Barbara :

‘IF IT SAYS THERE WAS NO CRIB, WHY DO WE HAVE A CRIB?’ Owen asked. […] ‘THERE’S ANOTHER THING,’ Owen advised us. ‘YOU NOTICE HOW THE SONG SAYS, “THE CATTLE ARE LOWING”? WELL, IT’S A GOOD THING WE’VE GOT THE COWS. THE TURTLEDOVES COULDN’T DO MUCH “LOWING.”’267

Alors agé de seulement onze ans, Owen n’hésite pas à entrer en confrontation avec deux adultes. Ce signe d’individualisation de la part de l’auteur est conforté, magnifié même, lorsque le protagoniste en ressort vainqueur. Dès la première page du roman, le narrateur ancre son récit dans un contexte religieux incontestable et propulse Owen au statut de prophète, voire de messie : « I am a Christian because of Owen Meany. »268 Cette affirmation dénote pourtant un paradoxe. La religion est, en général, perçue comme une valeur positive par ses adeptes. L’utilisation de la préposition « because of » est pour le moins surprenante car elle suggère une certaine négativité inappropriée dans

265 John Irving, A Prayer for Owen Meany, p. 126.

266 Ibid., p. 294.

267 Ibid., p. 179.

ce contexte. La religion devient par conséquent pour le narrateur beaucoup plus une contrainte qu’une source de bien-être et d’espérance. Cette appréhension est d’autant plus révélatrice d’un problème sous-jacent qu’elle est reprise ultérieurement par le narrateur : « I trust in God because of Owen Meany. »269 La question de la religion et de la foi apparaît donc problématique et contribue à démarquer Owen : la foi inébranlable du premier entre en rupture totale avec l’indécision du second.

John Wheelwright, le narrateur homodiégétique du roman, met constamment en exergue le particularisme d’Owen, ce qui contribue inévitablement à faire de ce protagoniste un parangon d’individualité et d’unicité. Selon John, Owen est en effet un modèle dans de nombreux domaines et cet aspect de sa « personnalité » se cristallise particulièrement en matière de foi. Afin de souligner la dimension mystique d’Owen, John l’associe très souvent à la religion. D’ailleurs, la première description d’Owen le présente au catéchisme :

Owen was so tiny, we loved to pick him up; in truth, we couldn’t resist picking him up. We thought it was a miracle: how little he weighed. […] He was the colour of a gravestone; light was both absorbed and reflected by his skin, as with a pearl, so that he appeared translucent at times – especially at his temples, where his blue veins showed through his skin (as though, in addition to his extraordinary size, there were other evidences that he was born too soon).270

Dès la première rencontre avec Owen, le lecteur est amené à le considérer comme un personnage quelque peu différent, hors norme. Utilisant la caractérisation externe, John nous présente d’abord l’apparence physique d’Owen. L’anormalité de celle-ci est notifiée par l’adverbe « so » et par la proposition « how little he weighed ». Owen est si petit et si léger, qu’il est aisé, même pour des enfants, de le soulever. En outre, la présence des mots « miracle » et « gravestone » lui confère une dimension surnaturelle, par ailleurs soulignée par sa carnation fantomatique. La transparence de sa peau ne fait qu’ajouter à l’impression d’indicibilité et d’évanescence émanant du personnage. L’effroi que pourrait inspirer une telle description est adouci par la présence du mot « pearl ». Le caractère précieux conféré au personnage d’Owen s’incarne dans la métaphore de la perle. Trahissant les sentiments du narrateur, elle insiste, une fois de plus, sur l’étonnant particularisme d’Owen. Par ailleurs, le jeu des enfants se révèle symptomatique du caractère du personnage, qui est ou s’arrange pour être au-dessus — se démarquer — des autres tout au long du roman. Ce jeu symboliserait alors la

269 John Irving, A Prayer for Owen Meany, p. 98.

tendance d’Owen à la mégalomanie. Toutefois, ce mouvement ascendant fait également écho aux efforts constants du personnage pour élever son âme et se rapprocher de Dieu. Enfin, l’élévation physique d’Owen peut être assimilée à la représentation métaphorique de l’Ascension. Si tel était le cas, la scène d’ouverture préfigurerait naturellement un possible épilogue au roman.

Entre ces deux extrémités, le récit de John est une tentative permanente de modelage de la dimension christique d’Owen. Là encore, cet élément contribue au particularisme du personnage, dont les différences signe la particularisation. Ainsi, le narrateur associe-t-il constamment son meilleur ami avec la Bible : « It was January 25, 1987, when the lessons proper for the conversion of St Paul reminded me of Owen. […] It is on red-letter days, especially, that I think about Owen. »271 Comme pour tous les chrétiens fervents, l’année de John est ponctuée par les célébrations religieuses. Point de repère temporel incontestable, ces jours particuliers sont également l’occasion pour lui de se remémorer les paroles ou actions d’Owen, qui, même décédé, reste omniprésent dans sa « vie ». Insistant sur l’importance de ce personnage pour lui, John en établit également l’immanence, ce qui a pour conséquence immédiate d’accentuer l’aspect religieux, voire divin d’Owen et d’en souligner le caractère unique, éléments qui deviennent évidents lorsqu’Owen s’exprime pour la première fois :

Now I’m convinced it was a voice not entirely of this world.

‘PUT ME DOWN!’ he would say in a strangled, emphatic falsetto. ‘CUT IT OUT! I DON’T WANT TO DO THIS ANYMORE. ENOUGH IS ENOUGH. PUT ME DOWN! YOU ASSHOLES!’272

Assurément l’utilisation des majuscules souligne visuellement la particularité de sa voix, du reste établie par le commentaire du narrateur. Néanmoins, si l’on considère que dans certaines versions de la Bible, la parole de Dieu est, elle aussi, transcrite en lettres aisément identifiables — en rouge —, ce procédé prend une toute autre ampleur. Dans l’esprit de John, Owen est définitivement une incarnation moderne de Jésus Christ. L’influence incontestable d’Owen sur la vie et la « personnalité » du narrateur s’en trouve alors magnifiée. De la même façon que Jésus Christ incarne un modèle pour tous les Chrétiens, Owen représente la référence de John.

271 John Irving, A Prayer for Owen Meany, p. 96-97.

Lors de la distribution des rôles pour le « Christmas Pageant », Owen affirme dès le départ qu’il entend bien prendre la direction des événements. Il refuse catégoriquement de tenir le rôle qui lui était attribué les années précédentes :

‘Well, we all know who our Descending Angel is,’ she told us. ‘NOT ME,’ Owen said.

‘Why, Owen!’ Barb Wiggin said.

‘PUT SOMEONE ELSE UP IN THE AIR, Owen said. ‘MAYBE THE SHEPHERDS CAN JUST STARE ET THE “PILLAR OF LIGHT.” THE BIBLE SAYS THE ANGEL OF THE LORD APPEARED TO THE SHEPHERDS – NOT TO THE WHOLE CONGREGATION.273

Visiblement agacé par Barbara Wiggin — quelques lignes plus haut le narrateur précise : « I could sense Owen’s irritation with Barb Wiggin, in advance. » —, Owen valide sa position par une lecture littérale de la Bible. Témoignant d’une révérence certaine à la parole divine, il se pose en défenseur de celle-ci et semble vouloir, du haut de ses onze ans, expliquer à Barbara Wiggin que son interprétation est erronnée. Persuadé d’avoir raison, il émet ensuite des critiques en cascade : le sourire de Joseph est inapproprié, la présence des tourterelles est injustifiée pour ne citer que deux exemples. Dans le but de souligner le pouvoir d’Owen et son particularisme, l’auteur le décrit comme ne tenant pas compte de l’avis de Barb Wiggin et parvenant à imposer ses choix. Ainsi, il décide que Marie et Joseph seront incarnés par Mary Beth Baird et John Wheelwright. Pourtant, il ne s’arrête pas là et mène le couple Wiggin et les autres enfants à le considérer comme l’unique choix possible pour incarner Jésus enfant :

‘I KNOW SOMEONE WHO CAN FIT IN THE CRIB, Owen said. ‘SOMEONE SMALL ENOUGH TO LOOK LIKE A BABY,’ he said. ‘SOMEONE OLD ENOUGH NOT TO CRY.’

Mary Beth Baird could not contain herself! ‘Owen can be the Baby Jesus!’ she yelled. Owen Meany smiled and shrugged.274

Manifestant un ascendant indubitable sur ses camarades comme sur les adultes, Owen est parvenu à ses fins : « Christmas Pageant » 1953 sera sa vision de la Nativité. Evidemment en s’octroyant le rôle de l’Enfant Jésus, Owen révèle ses pulsions mégalomanes et égocentriques, mais il s’impose également en réincarnation de Jésus Christ.

Loin d’être temporaire, cette vision qu’Owen a de lui-même trouve de nombreuses résurgences dans le roman. En plus de sa révérence à Dieu et de sa bonne

273 John Irving, A Prayer for Owen Meany, p. 173.

connaissance de la Bible — éléments précurseurs de la dimension christique du personnage — Owen se proclame instrument de Dieu après le décès de Tabby, ce qui pointe à son penchant pour la mégalomanie tout autant qu’à son caractère unique :

I KNOW THREE THINGS. I KNOW THAT MY VOICE DOESN’T CHANGE, AND I KNOW WHEN I’M GOING TO DIE. I WISH I KNEW WHY MY VOICE NEVER CHANGES, I WISH I KNEW HOW I WAS GOING TO DIE; BUT GOD HAS ALLOWED ME TO KNOW MORE THAN MOST PEOPLE KNOW – SO I’M NOT COMPLAINING. THE THIRD THING I KNOW IS THAT I’M GOD’S INSTRUMENT […]275

Il mentionne également à plusieurs reprises le grave forfait — « the UNSPEAKABLE OUTRAGE » — de l’Eglise Catholique à l’encontre de sa famille, sans pourtant expliquer en quoi ceci justifie son aversion du Catholicisme. Seule la fin du roman nous dévoile la raison d’une telle virulence : sous l’impulsion de ses parents, Owen prétend être le fruit d’une seconde Immaculée Conception, ce qui le rapproche d’autant plus de Jésus. Cependant, c’est probablement aussi en laissant planer le doute sur la nature exacte de sa relation avec Hester276, qu’Owen entretient sa dimension christique.

Owen est donc un fervent croyant qui pratique sa foi dans le respect le plus strict de la Bible ; il est également présenté comme un personnage très respectueux des règles en général : « He was strictly by the book, Owen Meany; he did everything by the rules. »277 Mais l’une comme l’autre affirmation s’avèreront totalement erronées par la suite du roman. Malgré sa ferveur et son engagement religieux, Owen transgresse jusqu’au point d’adopter un comportement relevant de l’iconoclasme ; il ampute puis décapite la statue de Marie Madeleine trônant dans le hall principal de Gravesend Academy :

We sat beside the janitor on the front-row bench in the early light. As always, with Owen Meany, there was the necessary consideration of the symbols involved. He had removed Mary Magdalene’s arms, above the elbows, so that her gesture of beseeching the assembled audience would seem all the more an act of supplication – and all the more hopeless. […] But neither Dan nor I was prepared for Mary Magdalene being

headless – for her head was cleanly sawed or chiselled or blasted off. 278

Cet acte fait suite à son renvoi de l’académie par le nouveau directeur, Randy White. Le message d’Owen à l’attention de Mr. White et de ses camarades est limpide : il ne nie pas que son renvoi de Gravesend Academy soit justifié par la faute qu’il a commise,

275 John Irving, A Prayer for Owen Meany, p. 383.

276 Dans la Bible, le Christ n’a pas de relation physique attestée.

277 Ibid., p. 45.

mais il se place en position de martyr du directeur qui n’a eu de cesse de le dévaloriser et de nier le statut particulier que lui conféraient ses articles dans The Grave, le journal de l’école. La statue représente par conséquent le repentir et la solitude d’Owen et devient, dans la seconde partie de la citation, une métaphore prophétique du devenir de Mr. White au sein de Gravesend Academy, qui sera en effet remercié par le conseil d’administration peu de temps après. Utilisant une statue pour faire passer un message et obtenir finalement gain de cause avec l’éviction du directeur, Owen mutile tout à fait délibérément un objet religieux, ce qui bien entendu va à l’encontre totale de ses convictions et de sa foi. Il nous montre ici sa profonde dualité qui allie finalement foi inébranlable et hérésie. En plus de s’attaquer à un objet de culte, il vénère Tabby comme les catholiques vénèrent la Vierge Marie, ce qui scandalise les membres du culte protestant qu’il a rejoint. Owen se réclame profondément anti-catholique et pourtant il adopte certaines de leurs pratiques. Cette forte contradiction établit le caractère hors norme et transgressif du personnage. A l’instar de Mr. Rose dans The Cider House Rules, les règles que suit Owen à la lettre sont les siennes.

Plus encore que tous les autres personnages du roman, Owen oscille entre norme et marginalité. Il est en effet à la fois castrateur et révélateur, christique et blasphématoire voire hérétique, altruiste et manipulateur, héroïque et tragique. Protagoniste hors du commun s’il en est, Owen ressemble à la manifestation paroxystique de tous les attributs que l’auteur a choisis de lui conférer. Personnage des extrêmes, il ne sait pas faire dans la demi mesure. Ainsi son décès est-il un exemple de plus de cet extrémisme. Lorsqu’il se retrouve dans les bras de la nonne, l’image qui vient à l’esprit est sans conteste celle d’une pietà, ce qui souligne d’autant plus la valeur sacrificielle de son acte : « Another nun kneeled in the bomb litter on the floor; she settled back on her haunches and spread her habit smoothly across her thighs, and the nun who held Owen in her arms rested his head in the laps of the sister who’d thus arranged herself on the floor. »279 A l’instar du Christ pour les chrétiens, Owen a fait don de sa vie pour sauver des enfants. En plus de mettre un point final à l’association entre Owen et Jésus et de sceller l’image d’un personnage unique, l’expression la plus individualisée de l’individualité, cette scène achève un parcours dans lequel la transgression apparaît comme un moyen d’accéder au salut. Par la mort de son protagoniste, John Irving cherche de toute évidence à en résoudre tous les antagonismes.

Néanmoins, l’épilogue contredit cette lecture immédiate — avec la mention d’un nouveau mystère relatif aux origines du personnage — et en cela, l’auteur persiste dans sa description d’une individualité particulière, singulière, exceptionnelle, hors norme, hors cadre.

L’univers diégétique de The Cider House Rules, A Prayer for Owen Meany et A Widow for One Year est construit à partir et autour des personnages qui le constituent. Le personnage émerge par conséquent comme un élément fondamental de la production romanesque irvingienne et le premier outil de contestation de l’auteur. Nombreux et aux caractéristiques variées, ils ont néanmoins plusieurs points communs qui permettent d’établir qu’ils proviennent de l’imagination du même homme. Plusieurs influences président à leur écriture, d’où l’émergence d’un phénomène d’hybridité et l’apparition de nombreuses tensions. Ils font état, en outre, d’une vision non-essentialiste de l’individu et peuvent être qualifiés de modernes en ce sens que leur « identité » est une construction « personnelle » résultant de leurs recontres et de leurs expériences. Par voie de conséquence, les romans proposent des interactions permanentes qui donnent lieu à des confrontations non moins régulières avec leur environnement ou les autres personnages expliquées par les dissensions entre revendications individualistes et contraintes imposées par la « vie » en groupe. La relation du personnage-individu à son entourage est donc majoritairement caractérisée par la conjonction de rébellion, violence et transgression. Que ce soit avec la société, la communauté, la famille ou les autres, le personnage irvingien entre invariablement dans un schéma de confrontation, de conflit, voire de combat. Il semblerait donc que la notion de violence soit primordiale à la construction identitaire dans les trois romans. En outre, ces relations conflictuelles favorisent l’apparition de l’acte transgressif, plus uniquement envisagé comme négatif. En effet, à plusieurs reprises, il nous a été possible d’identifier une transgression comme étant la seule réponse sensée à une situation donnée. A cela s’ajoute l’aspect positif qu’elle prend lorsqu’elle entre dans le cadre d’un processus de création, identitaire ou littéraire. Cette conception peu conventionnelle nous paraît résoudre l’ensemble des tensions de l’univers diégétique. Grâce à elle, John Irving parvient à concilier chez ses personnages volonté de se démarquer et désir d’intégration au groupe de la même façon qu’il peut allier son attrait pour la tradition littéraire réaliste et l’originalité de son écriture. Reposant sur l’existant, la transgression positive reste un outil contestataire mais favorise l’avènement d’un ordre nouveau. A travers les nombreuses inversions de la norme qu’il propose mais également par l’entremise de sa redéfinition des rapports sociaux de sexe et de la paternité ou encore par le biais des choix maternels peu conventionnels, John Irving inscrit clairement ses romans dans la mouvance contestataire américaine des années 1960. Mais il envisage et propose une alternative,

preuve qu’il ne s’agit pas uniquement de contestation pour la contestation ou de transgression pour la transgression.

Quoi qu’il en soit, l’espace diégétique est le centre de nombreuses tensions qui marquent de façon récurrente la contestation du patriarcat, du conservatisme, du puritanisme, toutes ces formes de traditionnalisme. John Irving invite donc à une vision moins stricte, plus libérale sans pour autant qu’elle soit révolutionnaire. Parfois provocant, il cherche à faire réfléchir son lecteur ; mais il poursuit également le but de