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VIII. CONCLUSION

3. Ouverture sur de nouveaux horizons

Comme nous avons pu le préciser au début de notre travail, la question de l’évaluation qui nous intéressait, et ce, dans le contexte genevois, est une thématique au cœur des débats actuels. Le système d’éducation autant que sa structure nous semblent fréquemment remis en question et interpellés. Aussi, la validité de nos résultats de recherche nous semble plutôt éphémère. En effet, les pratiques des enseignants ainsi que la manière d’aborder l’évaluation ne sont pas figées mais changent en fonction des instituteurs et des résultats aux diverses recherches concernant l’évaluation. Ajoutons qu’il se peut que nous-mêmes ayons été plus ou moins influencées par notre formation initiale au travers de cette recherche.

VIII. CONCLUSION

3.1. LES PRINCIPAUX CHANGEMENTS AYANT LIEU À LÉCOLE PRIMAIRE

Notre travail, ayant débuté durant le printemps 2008, ne prend pas en compte la nouvelle réforme concernant les directeurs d’école. Dès lors, si nous devions refaire notre recherche, nous inclurions ces acteurs qui, selon nous, ont actuellement un rôle important dans la décision d’orientation des élèves de 6ème primaire. De plus, nous aurions eu à traiter la nouvelle configuration du rapport que les enseignants de 6ème primaire doivent remplir et faire parvenir, par l’intermédiaire du directeur, au cycle d’orientation. Ce dernier semble guider davantage les enseignants dans la rédaction des informations à transmettre au secondaire I.

3.2. LES VOTATIONS CONCERNANT LE CYCLE DORIENTATION

De plus, à l’heure de rédiger cette conclusion, un nouveau changement est en cours. En effet, le 17 mai 2009, le peuple genevois a été appelé à se prononcer pour ou contre l’initiative 134

« Pour un cycle qui oriente ? », ayant abouti à un contre projet « Un cycle d’orientation exigeant et formateur pour tous ».

Le peuple s’est prononcé en faveur du contre projet. Cependant, ce dispositif ne sera pas mis en vigueur immédiatement. En effet, une autre votation en septembre, viendra reformuler cette question de l’orientation, en présentant notamment l’initiative 138.

Avant de présenter rapidement les arguments mis en avant par chacune de ces alternatives, revenons sur le terme d’orientation tel qu’Andreani et Lartigue (2006) le définissent. Selon ces auteurs, l’orientation doit être vue comme un processus élaboré par l’élève, qui résulte d’un projet personnel pour son avenir. C’est également ce que prône la loi sur l’instruction publique relative au cycle d’orientation : « [Le cycle] permet [aux adolescents] de trouver du sens dans leurs apprentissages et leur donne progressivement les éléments de choix pour leur parcours de formation » (Art.44).

Or, comme le déplorent Andreani et Lartigue (2006), ce processus n’a pas vraiment lieu puisque l’orientation effective est souvent imposée et non construite avec l’élève :

L’orientation telle qu’elle s’organise au sein du système éducatif […] est vécue par ceux qui la "subissent". C’est, en effet et trop souvent encore, une procédure plus que l’élaboration d’un projet, une démarche ressentie par les élèves et leurs parents comme extérieure,

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essentiellement scolaire pour au moins deux raisons :

- elle ne tient pas compte des perspectives qui aboutissent nécessairement à l’insertion professionnelle

– elle se décide presque uniquement à partir des résultats obtenus en classe […] (p.9).

Les résultats que nous avons mentionnés dans notre recherche montrent que l’orientation est effectivement, dans la quasi totalité des cas, définie par les notes et que le choix de l’élève est donc limité.

Aussi, c’est ce qui est également prôné par ces deux propositions qui ont été soumises aux votations du 17 mai 2009. En effet, selon l’initiative 134, les élèves sont orientés selon leurs résultats de 6ème primaire dans des regroupements qui nous paraissent davantage cloisonnés, puisqu’ils sont au nombre de 4. Bien que cette initiative tente de donner une chance aux élèves les plus en difficulté en instaurant une année passerelle pour leur permettre d’entrer au cycle, la sélection reste néanmoins bien présente. Les élèves doivent obtenir des résultats satisfaisants pour rester au cycle, le redoublement ne leur étant plus possible par la suite.

Le contreprojet quant à lui reste plus fidèle au système actuel. Il est prévu que les élèves soient également répartis dans trois regroupements selon les notes qu’ils obtiennent à la fin de la 6ème primaire, mais les exigences sont revues à la hausse. Comme le mentionne la SPG (article du 20 février 2008), les notes dans les trois disciplines devraient être supérieures à 4 pour permettre à l’élève d’être orienté dans ce qui correspond à l’heure actuelle au regroupement A. Or, actuellement, une moyenne de 4 dans ces trois branches suffit pour y avoir accès. Dans le système préconiser par le contre projet, le redoublement promotionnel est possible, mais les regroupements restent, selon nous, encore très cloisonnés. Enfin, ce même article évoque l’existence de quotas, qui régiraient la sortie du cycle d’orientation des élèves ainsi que l’accès aux filières du secondaire.

Dès lors, ces deux propositions nous semblent être en désaccord avec notre acceptation du terme d’orientation qui est également prônée par la loi sur l’instruction publique. Cependant, l’initiative 138, intitulée « S’organiser contre l’échec solaire et garantir une formation pour tous les jeunes » semble prendre en compte les paramètres qui découlent de notre acceptation du terme d’orientation. En effet, en septembre 2009, il s’agira de se positionner en faveur ou non d’un système dans lequel toutes les questions et les décisions relatives à l’orientation de l’élève n’auraient plus lieu en fin de 6ème primaire mais seulement en fin de 7ème. Si cela venait à se confirmer, la question de l’orientation de l’élève ne serait plus une responsabilité partagée entre

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d’orientation, voire même les acteurs de la vie professionnelle. Dès lors, nous pouvons nous demander si le jugement professionnel émis par l’enseignant de 6ème primaire concernant l’élève sera encore pris en considération dans le passage de l’élève au cycle. En effet, comme le mentionne cette initiative, les élèves bénéficieraient de classes hétérogènes en 7ème. En ce qui concerne la 8ème et 9ème, les classes garderaient leur principe d’hétérogénéité, « avec toutefois une prise en compte des niveaux des élèves et des options »32. Plus encore, cette initiative met en avant une reconnaissance des acquis de l’élève et favorise le passage d’une filière à l’autre.

Ainsi, il s’agirait de mettre en place un véritable projet d’orientation dans lequel participeraient élèves, école, filières secondaires et acteurs de la vie professionnelle. Comme le mentionne l’article 44 de cette initiative, « Les différentes filières doivent être suffisamment perméables et reliées entre elles pour permettre des réorientations tout le long de l'année. Cela exige, entre autres, d'améliorer la concertation entre l'école et les milieux professionnels » (Initiative populaire 138). Si cette initiative semble celle qui favorise le plus un projet d’orientation propre à chaque élève, certains points qu’elle propose nous questionnent néanmoins. En effet, nous nous demandons si un tel degré de collaboration sera possible entre ces différents acteurs. De plus, dans quelle mesure le jugement professionnel de chacun sera-t-il reconnu ?

Les commentaires, comme nous l’avons vu dans notre recherche, visent à étayer et apporter des informations supplémentaires à la note ou moyenne de l’élève. Dans un tel projet qui semble ne pas mettre autant en avant les notes de l’élève, les commentaires des enseignants seront-ils davantage pris en considération lors de l’orientation de l’élève ? Finalement, un tel projet pourra-t-il réellement être mis en place dans les établissements ou est-ce que les modalités qu’il impose seront trop contraignantes et utopiques ?

Autant de questions que nous nous posons encore quant à la problématique de la décision d’orientation et plus particulièrement du poids des commentaires dans cette dernière. Ainsi, au moment où nous réalisons et aboutissons notre travail de mémoire, force est de constater que notre recherche est quelque peu dépassée, ceci avant même son impression finale. Il nous paraîtrait donc intéressant de prolonger cette recherche en prenant en compte le nouveau contexte qui sera mis en place après les prochaines élections de septembre 2009.